À Montréal, la place Royale plonge ses racines dans mille ans d’occupation humaine, de la présence amérindienne jusqu’au milieu du XXe siècle. Véritable carrefour d’échange et de commerce, elle accueille le marché du XVIIe au XIXe siècle. En 1836-1838, l’édifice de la première douane de Montréal y est érigé et, à ses pieds, le square de la Douane est aménagé. Elle prend le nom de place Royale en 1892. Un siècle plus tard, la place Royale et l’ancienne douane sont intégrées à Pointe-à-Callière, cité d’d’archéologie et d’histoire de Montréal, qui les met aujourd’hui en valeur.
Devant l’ancienne école Guigues, à Ottawa, deux plaques commémoratives, l’une de la Ville d’Ottawa, l’autre de la Fiducie du patrimoine ontarien, témoignent de la lutte épique des francophones de l’Ontario pour la sauvegarde de leurs écoles et le maintien du français comme langue d’enseignement. Les plaques rappellent que l’école Guigues fut un centre du mouvement en faveur des droits de la minorité en Ontario lorsque le gouvernement lança, en 1912, une directive, couramment appelée le règlement 17, limitant l’éducation en langue française aux deux premières années d’école primaire. Le tollé de protestations, notamment à l’école Guigues en 1915-1916, força le gouvernement à modérer sa politique et en 1927, les écoles bilingues furent officiellement reconnues.
La maison de George-Étienne Cartier (1814-1873), bâtie en 1837, apparaît comme un élégant édifice en pierre. Elle est protégée par un toit en fausse mansarde (1893), trait commun à tant d’autres maisons montréalaises de la fin du XIXe siècle. Une partie du bâtiment recrée l’univers bourgeois où vécut, de 1862 à 1871, la famille du célébrissime homme politique. Cette maison est à la frange nord-est du Vieux-Montréal, angle Notre-Dame Est et Berri. Son emplacement, jadis celui de la citadelle militaire, avoisine l’édifice recyclé de l’ancienne gare Dalhousie (1883-1884), la plus ancienne gare ferroviaire de Montréal, toujours existante. La restauration et l’interprétation qui est faite dans ce lieu historique national permet de comprendre la carrière politique de Cartier et de retracer l’histoire de cette maison, de son quartier environnant et, plus globalement, l’évolution du développement urbain de Montréal. Elle permet également de comprendre le mode de vie et les relations sociales de cet homme politique marquant.
L’amateur de patrimoine à la recherche de la maison Van Horne sur la rue Sherbrooke à Montréal ne la trouvera pas. À l’endroit où elle a été construite, dans la seconde moitié du XIXe siècle, se dresse aujourd’hui un bâtiment de 17 étages aux lignes épurées. Toutefois, l’importance de la demeure victorienne ne réside plus tellement dans sa valeur matérielle, mais dans le débat soulevé par la campagne de sauvegarde qui défraya la chronique médiatique au cours de l’année 1973. L’offrande consentie à la métropole moderne bouscula les consciences et galvanisa les associations de protection du patrimoine tout en transformant la conception du fonds patrimonial national des Québécois.
Fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal en 1642, Jeanne Mance meurt en 1673 « en réputation de sainteté », selon mère Juchereau de Saint-Ignace qui est alors supérieure de l’Hôtel-Dieu de Québec. Jeanne Mance est née en 1606 à Langres, en Champagne, et a quitté sa ville natale à l’âge de 34 ans pour répondre à une vocation missionnaire irrésistible qui l’a emmenée au Canada. Les Langrois vont ignorer qu’elle est née parmi eux jusqu’à la découverte de son acte de baptême en 1931. Il faudra alors la mobilisation du clergé québécois en faveur de la béatification de Jeanne Mance, des années 1940 aux années 1960, pour rendre possible la survivance de sa mémoire dans sa ville natale. Aujourd’hui personnalité langroise reconnue, le visage de Jeanne Mance a évolué : la fondatrice de l’Église canadienne est devenue une « infirmière sans frontières » au fur et à mesure que l’Église catholique perdait de son influence, tant en France qu’au Québec. En 2012, elle a aussi été reconnue officiellement co-fondatrice de la ville de Montréal.
Depuis quelques années, on assiste à une véritable renaissance du métier traditionnel de forgeron autour de la ferronnerie d’art, du fer décoratif et de la restauration d’édifices patrimoniaux. Certains centres d’interprétation des métiers du fer, créés sur le site d’anciennes forges, vont jusqu’à offrir aux visiteurs et aux communautés avoisinantes un ensemble de produits utilitaires fabriqués sur demande par des artisans forgerons. Cette résurgence de pratiques que l’on croyait disparues ne peut se comprendre qu’à la lumière de la longue trajectoire historique des forgerons québécois, marquée par un enrichissement progressif des savoir-faire depuis l’époque de la Nouvelle-France. Il faut aussi souligner leur esprit de résilience face à tout ce qui pouvait constituer une menace pour leur profession : environnement inhospitalier, vicissitudes des cycles économiques, percée de la production industrielle de masse après 1850 et avènement de l’automobile au début du XXe siècle.
Né à Laon, dans le nord de la France, en 1637, le père jésuite Jacques Marquette a découvert le fleuve Mississippi en 1673, en compagnie de Louis Jolliet, explorateur, commerçant et seigneur né à Québec. Le père Marquette est mort près de l’actuelle ville de Ludington au Michigan en 1675. Héroïsé aux États-Unis à partir de 1877, après la découverte de ses ossements, il est resté largement méconnu en France. L’histoire du monument que lui a consacré sa ville natale en 1937 illustre les aléas de la mémoire locale de ce héros américain. Jésuite longtemps renié par les anticléricaux français, le père Marquette n’a finalement pu être honoré dans son pays que lorsqu'on a mis en avant sa figure d’explorateur-cartographe de l’Amérique du Nord.
Les peuples métis, de descendance mixte française et autochtone, sont aussi issus d’autres cultures, notamment la culture écossaise. C’est dans les Prairies canadiennes au cours des années 1800 que le mot métis connut un usage courant pour désigner les enfants nés de marchands canadiens-français et de femmes des Premières Nations, principalement Crie et Ojibwé. Ces intermariages donnèrent lieu à une culture syncrétique et à la création de langues distinctes, appelées Mitchif ou Métchif, de vêtements, de nourriture et de musique également. Au cœur de la culture musicale métisse, à la fois passée et présente, existe une tradition liée au violon et à la danse qui se veut le reflet des racines écossaise, française et autochtone, ainsi que d’autres influences. La musique de violoneux a été à ce point associée à la culture métisse que les joueurs de Turtle Mountain déclarent : « Un Métchif sans violon, ça n’existe pas. La danse, le violon et le Métchif ne font qu’un »(NOTE 1).
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École Guigues d’Ottawa
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Monument du père Marquette à Laon : la mémoire d'un héros américain en terre française
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Encyclopédie du patrimoine culturel
de l'Amérique française.