Héritage patrimonial de grande valeur, la collection Paul-Provencher est actuellement conservée au Musée régional de la Côte-Nord situé à Sept-Îles, au Québec. Elle se compose de photographies, de diapositives, d’objets personnels et de peintures, qui forment autant de témoignages exceptionnels de la Côte-Nord d’une autre époque. Dans cette abondante collection, les huiles et les aquarelles de Provencher constituent un ensemble artistique et documentaire remarquable, tandis que les objets rattachés à ses expéditions et à ses activités de chasse revêtent aussi un grand intérêt, révélant la vie amérindienne nord-côtoise et tout particulièrement les activités traditionnelles des Montagnais (Innus). Cette collection s’avère donc un précieux témoignage de l’histoire mais surtout du patrimoine naturel et culturel de cette région du Québec.
Le lac Tremblant est connu par la proximité du mont Tremblant qui le surplombe. L’originalité du site réside dans le fait que le lac Tremblant est scindé en deux cantons par un découpage territorial historique qui a engendré deux trajectoires paysagères distinctes. La partie sud du lac et la montagne qui le surplombe se sont développés en une station récréative internationale ; tandis que le nord du lac s’est affirmé dès le début du XXe siècle comme un patrimoine protégé, témoignant des caractéristiques naturelles de la région. La Municipalité de Lac-Tremblant-Nord a ainsi préservé et modelé les paysages qui constituent aujourd’hui son identité propre, fortement revendiquée par ses résidents. Ce patrimoine naturel précocement préservé, à la puissance évocatrice traditionnelle, est aujourd’hui menacé.
Né en France le 6 avril 1763, Jean Mandé Sigogne est ordonné prêtre séculier en 1787. Cinq ans plus tard, il est contraint par la Révolution française à s'exiler en Angleterre, d'où il accepte en 1799 de se rendre en Acadie de la Nouvelle-Écosse. Il fonde au Cap-Sable et à la Baie Sainte-Marie deux paroisses composées d'Acadiens démunis et rétablis suite à la Déportation de 1755-1763. Pendant 45 années, il fait bâtir neuf églises, crée des écoles et obtient d'importantes concessions de terre pour les Acadiens. Il meurt le 9 novembre 1844, après avoir exercé une influence profonde et durable. Aujourd'hui encore, à travers ses écrits, certains éléments du patrimoine bâti et des monuments érigés en son honneur, il demeure très présent dans la mémoire des Acadiens de la Nouvelle-Écosse.
Le terme aboiteau est devenu synonyme du peuple acadien, tellement cette technologie est intimement liée à la naissance et à l'évolution de celui-ci, aux XVIIe et XVIIIe siècles. Depuis la Déportation acadienne des années 1750, cette pratique agricole a été maintenue dans certaines régions acadiennes. Les aboiteaux ont cependant acquis une valeur symbolique pour la communauté acadienne qui continue d'en cultiver et d'en perpétuer la mémoire. Pendant toute la période coloniale, les Acadiens furent les seuls à cultiver, de façon aussi importante, des terres situées sous le niveau de la mer en Amérique du Nord. La fécondité exceptionnelle de ces terres a été à la base de la prospérité de la communauté acadienne avant 1755. De plus, ces réalisations d'envergure étaient des projets communautaires, ce qui les différencie de projets semblables entrepris ailleurs dans le monde. Ces corvées communautaires ont contribué à forger l'identité acadienne.
Au cœur de Victoria, capitale de la Colombie-Britannique et ville de culture essentiellement anglophone, se trouve un fleuron architectural qui rappelle par ses lignes classiques et majestueuses l’apparence sereine des couvents du Québec. Initialement conçue par un Canadien français du Québec, le frère Joseph Michaud, et construite sous la direction d’un architecte de Montréal, l’Académie Sainte-Anne (Saint Ann’s Academy) fut pendant plus d’un siècle la maison-mère des Sœurs de Sainte-Anne sur la côte ouest du pays. Cet établissement se consacra à l’éducation des filles, prodiguant un enseignement d’une qualité telle que des jeunes femmes du monde entier se rendirent à Victoria pour en bénéficier. Après que l’Académie dût fermer ses portes en 1973 pour des raisons principalement financières, le gouvernement provincial racheta le bâtiment et en fit un site du patrimoine, désormais ouvert au public. Bien que l’Académie Sainte-Anne ait été un établissement d’éducation anglophone, son existence nous rappelle la présence et l’influence des Canadiens français dans l’histoire de l’éducation en Colombie-Britannique.
En 1868, l’arrivée de six religieuses hospitalières de Saint-Joseph à Tracadie pour soigner les lépreux constitue un évènement majeur pour la communauté francophone du Nord-Est du Nouveau-Brunswick. Elle marque le début de la création de nombreuses institutions de santé et d’enseignement que les Hospitalières vont diriger et développer jusqu’aux années 1970. Les religieuses apporteront aussi leur aide aux malades. Pour répondre aux souhaits de leurs évêques, les religieuses vont fonder une première école en 1873, un orphelinat en 1888, puis une seconde école, en 1903, qui prendra son expansion à partir de 1912, quand elles ouvriront l’Académie Sainte-Famille. Malgré les menaces de destruction qui ont pesé sur cet édifice après le départ des religieuses en 1978, il reste le seul témoin historique des œuvres des hospitalières à Tracadie. Les célébrations de son centenaire ont montré à quel point la population est attachée à l’œuvre des religieuses hospitalières de Saint-Joseph.
L'hiver québécois est long et rigoureux. Lorsque les premiers Français se sont établis sur les rives du Saint-Laurent, l’adaptation à l’hiver représentait pour eux un défi de taille. Tous les aspects de leur vie ont été touchés : agriculture et alimentation, transports, habitation, vêtement, relations humaines et culture. Les Amérindiens ont grandement facilité leur adaptation. Puis, de génération en génération, l’ingéniosité des habitants et leur volonté d’atténuer les contraintes de l’hiver ont suscité l’invention d’outils et d’équipements plus performants, ainsi que l’apparition de nouvelles façons de faire. Aujourd’hui, il est possible de poursuivre à peu près les mêmes activités à l’année longue, une situation inconcevable il n’y a pas si longtemps. L’adaptation progressive à l’hiver marque notre histoire, notre patrimoine; elle meuble aussi nos musées et nos mémoires.
Le périple qu’Alexis de Tocqueville (1805-1859) a effectué aux États-Unis en 1831-1832 en compagnie d’un collègue magistrat, Gustave de Beaumont, avait comme but officiel d’étudier le système pénitentiaire. En fin de compte, il a surtout permis à Tocqueville de comprendre le phénomène de la démocratie et de son irrésistible avènement. Ce périple a en outre permis aux deux voyageurs de prendre contact avec des manifestations de la colonisation française en Amérique du Nord et avec des communautés francophones ayant survécu à la fin de la présence politique et militaire de la France sur le continent. Ainsi, Tocqueville et Beaumont ont séjourné au Bas-Canada à la fin de l’été 1831 et, du 1er au 3 janvier 1832, en Louisiane, plus spécifiquement à La Nouvelle-Orléans. Les observations réalisées lors de cette dernière visite constituent comme un contrepoint aux observations faites au Bas-Canada.
Les écrits d'Alexis de Tocqueville comptent de multiples pages consacrées à la population, à la destinée historique et à la situation politique et culturelle du Bas-Canada dans l’Empire britannique. Ces pages proposent de sagaces observations et des analyses lucides sur ces sujets. Alexis de Tocqueville (1805-1859) est particulièrement réputé pour son chef-d’œuvre De la démocratie en Amérique (1835), qui présente une brillante analyse de l’irrésistible avènement de la société démocratique des jeunes États-Unis d’Amérique. Dans cet ouvrage, Tocqueville examine de façon perspicace une civilisation caractérisée par le désir de l’égalité, l’individualisme parfois forcené et la tyrannie toujours possible de la majorité. L’ouvrage repose sur des observations méthodiques, engrangées au cours d’un périple de neuf mois dans tout le pays (du 9 mai 1831 au 20 février 1832) avec un collègue magistrat, Gustave de Beaumont. On sait moins que les deux voyageurs ont aussi séjourné au Bas-Canada du 23 août au 2 septembre 1831, parce que ce séjour n’a pas inspiré à Tocqueville un ouvrage spécifique.
Alexis Lapointe est connu sous le nom du «Trotteur», du «Cheval du Nord», du «Surcheval» ou encore du «Centaure». Il a fait l’objet d’admiration, mais souvent aussi de railleries. De son vivant, il est demeuré un modeste travailleur un peu obscur suscitant la joie autour de lui par ses pitreries, mais après sa mort il devint un personnage fantastique ou un incroyable athlète tel que lui-même n’aurait sans doute jamais osé l’imaginer. Et que dire de l’exhumation de ses restes en novembre 1966 au cimetière de La Malbaie, 42 ans après sa mort, ou encore de l’exposition de son squelette dans des musées du Saguenay depuis près de 35 ans? C’est que cet homme de peu semble susciter plus d’intérêt encore après sa mort qu'il n'a pu le faire de son vivant.
Le voyage de Chateaubriand aux Etats-Unis et sur la frontière canadienne en 1791 fut un voyage initiatique qui a marqué toute son œuvre. Son chant du Nouveau Monde décliné dans ses romans et ses récits en a fait, pour les générations romantiques du XIXe siècle, « l’inventeur de l’Amérique » et, plus particulièrement, le réinventeur de la Louisiane. En récapitulant et en magnifiant les expériences des explorateurs, des missionnaires, des voyageurs et des naturalistes des débuts de la Nouvelle-France jusqu'à son époque, son oeuvre a donné le goût de l’Amérique à de nombreuses générations d’Européens. C’est ainsi que Chateaubriand appartient pleinement au patrimoine culturel de l’Amérique française.
Inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979, le parc du château de Versailles accueille près de 10 millions de visiteurs chaque année. En 1999, une tempête dévastatrice a mis en évidence l’attachement des Français à ce patrimoine mais également celui des Canadiens et des Québecois, qui se sont mobilisés pour y planter leur arbre emblème. La restauration de ce « lieu de mémoire » a fourni l’occasion d’une relecture de l’histoire qui révèle la complexité des appropriations liées au patrimoine. Du point de vue des gouvernements du Québec et du Canada, les relations avec la France y prennent sens de manières différentes et les rituels de replantation d’arbres organisés après la tempête en montrent toute la portée identitaire.
L'art animalier est très répandu au Québec. Son origine se perd dans l'anonymat d'auteurs qui ont laissé derrière eux des œuvres étonnantes de réalisme ou, au contraire, très fantaisistes. En sculpture, le bestiaire est riche et diversifié mais presque toujours en lien avec l'habitat naturel des artistes qui, au cours des générations, se sont transmis ce savoir-faire. Autrefois ignoré, parfois même franchement méprisé, le genre connaît depuis quelques décennies un regain d'intérêt auprès des collectionneurs, des chercheurs de différentes disciplines et des muséologues. Entré au musée par la porte de service, la sculpture animalière a récemment acquis ses lettres de noblesse.
Un astrolabe ayant vraisemblablement appartenu à l’explorateur Samuel de Champlain a été découvert en 1867 près de la rivière des Outaouais. Plus d’un siècle plus tard, cet instrument de précision connu sous le nom d’« astrolabe de Champlain » est devenu l’un des objets patrimoniaux les plus valorisés au Canada. Il fait aujourd’hui partie de l’exposition permanente que le Musée canadien des civilisations consacre à l’histoire du pays. Le parcours singulier de cet objet-icône de l’histoire canadienne ressemble à un conte dont Champlain et l’astrolabe sont tour à tour les héros. Nous vous proposons de découvrir comment cet instrument de navigation du XVIIe siècle a pu acquérir un tel statut patrimonial.
Les commémorations se succèdent : ainsi, en 2008, Québec fêtait le 400e anniversaire de sa fondation; en 2009, Trois-Rivières son 375e et Gaspé son 475e – autant d’occasions de célébrer le patrimoine et de rappeler le passé. Or, au moment même où l’on fête ces anniversaires, un nouveau discours se met en place et propose de nouvelles images du patrimoine : la banlieue et sa maison caractéristique, le bungalow.
Après avoir connu un succès considérable en Europe lors de leur parution en 1702-1703, les trois livres de Lahontan , principalement inspirés du long séjour qu'il a effectué en Nouvelle-France de 1683 à 1693, connurent une longue éclipse. Ils ont été redécouverts dans les années 1970 et sont alors apparus comme indispensables pour mieux comprendre l'évolution de la forme littéraire des relations de voyage et le courant libertaire qui a gagné l'Europe des «Lumières» au 18e siècle. Cette œuvre constitue également un précieux témoignage sur l'histoire du Régime français. Lahontan, anti-héros dont la fortune médiatique n'a rien de comparable à celle de Champlain ou d'autres figures mythiques de la Nouvelle-France, a produit une œuvre qui continue de nourrir notre compréhension du patrimoine culturel et de l'histoire.
Le barrage Daniel-Johnson et la centrale Manic 5, ce complexe hydroélectrique situé à 214 km au nord de Baie-Comeau dans la région de la Côte-Nord, sont encore porteurs d’une symbolique très forte pour une majorité de Québécois. Celle-ci pourrait se résumer par cette simple expression: « Après tout, on est capable »NOTE 1! D’un côté, ce patrimoine (le plus grand barrage à voûte et contreforts au monde) exprime un indéniable savoir-faire mis en action par les ingénieurs d’Hydro-Québec et des groupes d’ingénieurs-conseils québécois. De l’autre, ce complexe hydroélectrique, plus que tout autre, incarne une société qui reprend définitivement en main le développement de son principal patrimoine : ses ressources hydrauliques, pour le mieux-être de la collectivité.
Construite entre 1824 et 1829 puis modifiée à l’intérieur dans les années 1870, l’église Notre-Dame de Montréal, élevée au rang de basilique en 1982, occupe une place particulière dans l’histoire de la ville et dans l’imaginaire des Montréalais, voire des Québécois. L’architecture de l’édifice, son décor intérieur et ses œuvres d’art suscitent de fortes impressions et sont également porteurs de messages savants, une dualité qui n’est pas étrangère à la présence sulpicienne dans son histoire. Par le contexte culturel de sa création, par ses dimensions imposantes, par son style néogothique qui évoque le monde médiéval, par l’émerveillement que son décor architectural suscite et les mystères de la foi catholique auxquels elle fait référence, Notre-Dame de Montréal est sans conteste une grande église romantique.
Pour le voyageur qui passe aujourd'hui dans la région de Fort Lawrence, petit village agricole sis à la frontière qui sépare la province de la Nouvelle-Écosse de celle du Nouveau-Brunswick, il est difficile d'imaginer que cette région a été le théâtre d'événements marquants aux XVIIe et XVIIIesiècles. Pourtant, c'est là que s'est joué le sort d'un grand nombre d'Acadiens et d'Acadiennes de cette époque. Depuis 2007, l'agence Parcs Canada organise des fouilles archéologiques publiques à cet endroit en vue de faire découvrir à toute personne intéressée par cette activité le riche passé de la région. Ce projet permettra de jeter un peu de lumière sur le premier siècle de présence européenne dans cette région connue à l'époque acadienne sous le nom de Beaubassin ou Mésagouèche.
Depuis les années 1980, citoyens et communautés de chercheurs ont lancé un cri d’alarme afin de protéger le béluga du Saint-Laurent. Depuis lors, cette petite baleine blanche à l’allure sympathique est devenue un symbole mondial de la faune menacée. Aujourd’hui, le béluga fait l’objet de nombreuses études scientifiques, et, bien qu’il jouisse de plusieurs mesures de protection, il est encore menacé de disparition. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. En 1920, par exemple, une lutte sanguinaire s’est engagée pour réduire le nombre de bélugas, alors considérés comme l’ennemi des pêcheurs. On les accusait de manger les morues, les saumons et autres poissons d’intérêt commercial. La place du béluga dans la vie des communautés humaines du Saint-Laurent et sa valeur en tant que ressources naturelles à exploiter, ou patrimoine à préserver, se sont donc beaucoup modifiées au fil du temps.
La bière est la boisson alcoolique la plus consommée au Canada et au Québec. Boire de la bière est une tradition qui a pris racine au temps de la Nouvelle-France; le métier de brasseur est donc l'un des plus anciens pratiqués sur les rives du fleuve Saint-Laurent. Les conditions d'exercice de ce métier, ainsi que la popularité de la bière, se transforment cependant sous l'impulsion britannique, quand l'industrie de la bière prend véritablement son envol avec la fondation de la première grande brasserie de l'ère moderne, la brasserie Molson. À la faveur de la Révolution industrielle, la bière devient un produit de consommation de masse, fabriqué et emballé en usine, puis distribué au moyen de réseaux de plus en plus sophistiqués. De nos jours, les microbrasseries revalorisent les pratiques de brassage artisanal, tandis que plusieurs festivals font découvrir et apprécier les variétés de cette boisson très ancienne.
Le boulevard Saint-Laurent est une des rares artères montréalaises importantes dont le tracé remonte à l'époque française. Tout à tour chemin rural, puis zone de transit et de commerce en périphérie de la ville fortifiée, il est devenu à la fin du XIXe siècle le théâtre d'un important mouvement d'urbanisation et d'industrialisation qui allait gagner toute la société québécoise. Le boulevard a aussi attiré à lui une diversité culturelle, artistique et linguistique exceptionnelle, souvent née de l'immigration, qui en a fait pendant plusieurs décennies un témoin exceptionnel de la modernité. Pour toutes ces raisons, le boulevard Saint-Laurent a été désigné lieu historique national par le gouvernement du Canada en 1996.
Vers la fin du XVIIIe siècle, les femmes métisses de la région des Grands lacs et de la rivière Rouge, au Manitoba, confectionnaient des mocassins, des sacs à tabac, des selles, des gants et des habits décorés de perles et de soies de couleurs vives qui retenaient l'attention des visiteurs de passage. Grâce au fruit de leur inspiration, elles développent un style distinct de motifs floraux qui deviendra la norme tout au long du XIXe siècle. C'est ce style qui leur valu l'appellation amérindienne de « peuple de broderies de perles à motifs floraux ». Les femmes métisses ont laissé au Canada un patrimoine culturel unique par le style qu'elles ont développé au fil du temps. Bien que cet art ait été oublié et qu'il soit, encore aujourd'hui, largement méconnu du grand public, il existe quelques collections muséales qui mettent en valeur certains de ces objets, notamment celle de James Carnegie (9e Earl of Southesk), exposée au Royal Alberta Museum à Edmonton. En outre, comme par le passé, les femmes métisses continuent de produire et de vendre des vêtements et des objets qui leur permettent d'acquérir une plus grande indépendance économique au sein de leur famille et de leur communauté.
L'Université de Montréal a annoncé en janvier 2009 qu'elle offrirait aux futurs ecclésiastiques un cours de troisième cycle intitulé « La religion des Canadiens de Montréal ». Au lieu de tourner l'affaire en dérision, les médias ont pris la question très au sérieux. Deux mois plus tard, quand on a appris que les soucis financiers du propriétaire américain des Canadiens le forçaient à mettre l'équipe en vente, la nouvelle amena un questionnement, pour ne pas dire une crise spirituelle généralisée. En peu de temps, ces deux évènements laissèrent entendre que les Canadiens étaient plus qu'une équipe de hockey, et qu'ils représentaient un composé essentiel de l'identité québécoise, peut-être un peu comme l'Église catholique à une autre époque. Il y a de quoi se demander si les Canadiens de Montréal ne procurent pas carrément une raison de vivre à des millions d'individus.
Le corridor formé par le canal de Lachine et ses abords a été reconnu Lieu historique national du Canada en 1996. Ce canal, inauguré en 1825, a permis d'ouvrir à la navigation la voie tumultueuse du Haut Saint-Laurent et a joué un rôle majeur dans le développement de l'Ouest du pays. De plus, sa position stratégique entre les portions est et ouest du Saint-Laurent a amené, sur ses rives, la concentration industrielle la plus diversifiée du pays. Ces éléments ont également favorisé le développement du port de Montréal, faisant de cette ville la première métropole du Canada.
En 2000, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada a désigné le caribou de la Gaspésie « espèce en voie de disparition ». Le troupeau de caribous de la Gaspésie, estimé à 200 têtes en 2006, est un vestige des grandes populations de caribous des bois qui parcouraient encore la majeure partie du nord-est de l’Amérique jusqu’à la fin du XIXe siècle. Il s’agit du seul troupeau de cette espèce qui vive encore au sud du fleuve Saint-Laurent. Malgré les mesures de protection en place sur le territoire du parc national de la Gaspésie, qui est aujourd’hui le principal habitat du caribou de la Gaspésie, la survie de la population est toujours menacée et fait débat. Les nombreux efforts de conservation qui sont déployés pour maintenir cette population relique, à la fois témoignage du passé et attrait touristique majeur de la région, ne sont pas sans conséquences pour d’autres espèces animales et pour l’économie de la région.
Témoins de la présence française et catholique dans l’Ouest canadien, six églises se sont succédé depuis 1818 à Saint-Boniface, une ville aujourd’hui annexée à Winnipeg (Manitoba), au bord de la rivière Rouge. La mission de Saint-Boniface a connu un extraordinaire développement en une cinquantaine d’années, passant d’une simple mission au siège d’un vaste archidiocèse couvrant presque tout l’Ouest canadien. Cette expansion a entraîné la construction de cinq cathédrales successives. La plus grande et la plus prestigieuse de celles-ci, œuvre du deuxième archevêque, Adélard Langevin, a été inaugurée en 1908. Au grand désarroi de la population francophone, qui voyait en elle le symbole de sa vitalité, un violent incendie la dévaste en 1968. Aujourd’hui, au cœur des ruines de cet édifice exceptionnel, l’actuelle cathédrale de Saint-Boniface, consacrée en 1972, perpétue la valeur patrimoniale de ce lieu hautement symbolique de la présence francophone dans l’Ouest.
La ceinture fléchée est un symbole vestimentaire fort de la culture francophone d'Amérique. Cet objet a connu un usage quasi généralisé pendant environ un siècle, soit de la fin du XVIIIe siècle à la fin du XIXe, avant de subir un déclin lié à celui du commerce des fourrures. Par la suite, ce « chef-d'œuvre de l'industrie domestique au Canada », comme l'écrivait E.-Z. Massicotte, a toujours été associé aux cultures traditionnelles canadiennes-françaises et métisses. Aujourd'hui, des passionnés se sont investis dans la sauvegarde de cette pratique. Grâce à des artisanes et des artisans qui continuent à tisser des ceintures selon la tradition, cette technique exclusive reste vivante.
La fête de Noël n’a pas été de toujours le foyer d’attention des Canadiens français pendant les mois de décembre et janvier. Jusque tard dans le XIXe siècle, la fête du Nouvel An représentait la grande célébration collective hivernale. C’est, assez étonnamment, sous l’action conjointe des prêtres catholiques et des marchands que Noël va peu à peu remplacer le jour de l’An dans le cœur de la population. Seulement, alors que le clergé cherchait à imposer la figure du petit Jésus, c’est finalement le père Noël qui va bientôt devenir le symbole par excellence du temps des Fêtes.
Les gens avaient le cœur à la fête lors des célébrations du 100e anniversaire de la fondation de la Société du Parler Français de (la) Saskatchewan. C’est à Duck Lake, en février 1912, que la première convention des catholiques de langue française de la Saskatchewan a eu lieu. Qui plus est, c’est aussi en 1912 que la petite ville de Duck Lake a été constituée. C’est donc à la célébration d’un double centenaire que les Fransaskois et les citoyens de Duck Lake ont été conviés le 25 février 2012.
Le Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF) est le plus ancien centre de recherche sur la littérature, la culture et l’histoire du Canada français. À cet égard, le CRCCF se démarque et joue un rôle de premier plan de par ses fonctions de recherche, de publication, de diffusion, d’acquisition et de conservation d’une riche collection de fonds d’archives. Organisme scientifique et culturel, le Centre est le principal conservateur de la mémoire collective de l’Ontario français, qu’il met en valeur par le biais d’initiatives interuniversitaires, de colloques, d’expositions, de conférences et de publications afin de favoriser l’avancement et l’épanouissement de cette culture.
Créé en 1972, le Centre franco-ontarien de folklore célèbre son 40e anniversaire en 2012. On y conserve les travaux de son fondateur, Germain Lemieux s.j, qui constituent une œuvre fondatrice incomparable dans le domaine du patrimoine franco-ontarien. Reconnu en 1991 comme un organisme provincial, le CFOF est aussi pour les communautés francophones de la province un espace culturel important où, encore de nos jours, on s’affaire à recueillir, sauvegarder, diffuser, développer et mettre en valeur le patrimoine de l’Ontario français, notamment le répertoire de la tradition orale.
Le Centre Morrin est un centre culturel de langue anglaise situé à Québec. Son histoire illustre les changements survenus dans les relations entre les francophones et les anglophones au cours des deux derniers siècles. L’édifice, de style néo-palladien, est un lieu historique national du Canada qui a déjà abrité une prison, un collège presbytérien et la plus ancienne société savante du pays. Au cours des dernières décennies, le lieu a pris une importance symbolique pour plusieurs citoyens de la minorité anglophone de la région, qui ont milité en faveur de sa préservation et de son développement.
Créés en 1915 par le ministère de l’Agriculture, les Cercles de Fermières du Québec devaient à l’origine servir de rempart contre les effets néfastes engendrés par l’urbanisation et la modernisation de la société. Dès leur fondation, les Cercles ont eu comme objectif de veiller à la transmission du patrimoine culturel et artisanal du Québec. Ils se sont aussi donné comme mission l’amélioration des conditions de vie des femmes et le bien-être de la communauté. Leur longue histoire, parfois mouvementée, témoigne d’une ferme volonté de poursuivre ces deux aspects de leur mission, en dépit des nombreux défis qui se sont dressés sur leur route. Malgré une baisse importante de leurs effectifs au cours des trente dernières années, les Fermières continuent d’agir aujourd’hui comme gardiennes des traditions et de la justice sociale.
La chanson traditionnelle française demeure l’élément du folklore traditionnel le plus dynamique et le mieux documenté chez les francophones de l’Ontario. En plus du nombre impressionnant de chansons qui ont été recueillies et cataloguées par les folkloristes, la chanson continue de faire partie des fêtes familiales et communautaires à travers les régions francophones de la province. Depuis les refrains entonnés par les premiers voyageurs jusqu’aux festivals culturels contemporains, en passant par les chansons accompagnant les travaux dans les camps de bûcherons, la chanson traditionnelle a toujours reflété les facteurs historiques de peuplement des diverses régions de la province. Plus que tout autre élément de la tradition orale, elle a joué un rôle important dans l’expression identitaires et l’appartenance culturelle des Franco-ontariens. Elle constitue un élément clé de la mémoire collective.
Les négociants canadiens-français et les Métis ont établi un vaste réseau de routes commerciales à travers les Prairies en se servant des sentiers indiens qui, souvent, suivaient les pistes empruntées par les bisons. Les artisans métis des colonies de la rivière Rouge ont créé une charrette unique qui a joué un rôle crucial dans l’expansion de ces routes commerciales : la charrette de la rivière Rouge, l'un des symboles les plus connus de la culture métisse. Elle symbolise l’ingéniosité des Métis, leur mode de vie nomade et leur habileté commerciale qui ont contribué au développement de l’économie des Prairies. Le Red River Metis Heritage Group fabrique encore cette charrette aujourd’hui à St. Norbert, au Manitoba.
La chasse à l’orignal occupe une place importante dans l’histoire et les traditions québécoises et canadiennes-françaises. Roi des forêts d’Amérique du Nord, gibier fabuleux, cet animal à l’allure puissante et à l’imposant panache incarne la force et l’endurance. Sa chasse a longtemps été non seulement une nécessité liée à la survie alimentaire, mais aussi un rite de passage pour les jeunes hommes. Depuis le milieu du XXe siècle, elle est devenue une activité essentiellement sportive et récréative, qui demeure encore fort appréciée de nos jours, tandis que l’on continue d’admirer la force symbolique et la charge mythique associées à l’orignal.
La province de Québec est le berceau du cheval canadien, la plus ancienne race de chevaux en Amérique du Nord. Ce cheval patrimonial, aussi appelé « cheval canadien-français » ou « petit cheval de fer », a fait l’objet de nombreux efforts de conservation depuis la fin du XIXe siècle : on a alors établi formellement ses caractères distinctifs et on a créé des organismes visant à garantir la race. Depuis 1999, il est reconnu au niveau provincial comme race du patrimoine agricole du Québec, rejoignant ainsi la vache canadienne et la poule chantecler. Il a aussi été nommé Cheval national du Canada par le Parlement canadien en 2002. Il est même devenu un archétype; en octobre 2007, le ministère des Transports du Québec a modifié tous les panneaux de signalisation québécois comportant un cheval pour y reproduire la silhouette du cheval canadien. Malgré tout, cet important représentant de notre patrimoine animalier est encore mal connu et menacé.
À un kilomètre du Parlement canadien, le secteur de la chute des Chaudières compte de précieuses traces de l’Amérique française. Le sentier des Voyageurs, les glissoirs à radeaux, le pont des Chaudières et le cadre bâti industriel sont autant de vestiges porteurs d’un vécu francophone interrelié à d’autres communautés. À ces biens s’ajoutent des personnages historiques nationaux dont Philemon Wright, fondateur du patelin qui deviendra la ville de Gatineau. Fait intéressant, la trajectoire historique du secteur des Chaudières se décline en une série d’œuvres paysagères qui ajoutent au lieu à la fois de la mémoire et de l’imagination, soit de l’esprit. Ces œuvres deviennent ainsi un important vecteur de l’esprit du lieu.
Le Cimetière Québec (Quebec Cemetery) est un cimetière militaire administré par la Commission des Champs de bataille britanniques (Commonwealth War Graves Commission, CWGC). Localisé près du village de Chérisy dans le département du Pas-de-Calais (France), le cimetière rassemble des sépultures de soldats canadiens morts pendant la Première Guerre mondiale. Une majorité des combattants qui y sont enterrés étaient des francophones du 22e bataillon du Corps expéditionnaire canadien. Ce bataillon fut anéanti lors de la bataille de Chérisy des 27 et 28 août 1918. Jusqu'à ce jour, Chérisy constitue l'une des pires défaites de l'histoire militaire du Québec. Le Cimetière Québec est un rare lieu de mémoire de cette tragédie.
Le cimetière Notre-Dame-de-Belmont à Québec, aménagé au milieu du XIXe siècle, est un exemple fort éloquent du concept de cimetière-jardin, très populaire à cette époque, tant en Europe qu’aux États-Unis. Figurant parmi les premiers cimetières construits à l’extérieur des murs de la ville, le cimetière Belmont, par son intégration dans l’environnement naturel et l’organisation de ses allées et de ses lots, devient, pour les défunts, non seulement un lieu de repos, mais de résidence. De nombreuses personnalités publiques, dont plusieurs ont laissé leur marque dans le monde des arts et de la politique du Québec et du Canada, y sont inhumées.
Lieu sacré et lieu de mémoire, le cimetière acadien a beaucoup changé au cours des siècles. Situé en milieu rural et près d’une chapelle ou d’une église paroissiale, le cimetière acadien est passé d’un simple espace vert planté de quelques croix de bois à un terrain soigneusement nivelé où dominent des stèles parfaitement alignées. L’iconographie mortuaire a aussi évolué. La croix, le doigt pointant vers le ciel et le cœur flamboyant ont cédé la place aux symboles profanes évoquant le travail ou le plaisir, comme le bateau de pêche, la scène de chasse, la carte de bingo ou la quinte au roi de cœur. Qu’ils soient anciens ou modernes, ces cimetières témoignent des coutumes et des valeurs de plusieurs générations d’Acadiens.
Le cinéma direct a profondément marqué l’histoire du 7e Art. Grâce à du matériel de tournage plus léger disponible au cours des années 1950, les documentaristes ont pu s’approcher de leurs sujets et rendre leurs films plus vivants et personnels. En même temps, ces sujets devenaient plus authentiques, plus « vrais », au point qu’on a parfois qualifié ce courant de « cinéma-vérité ». Les cinéastes de l’Office national du film du Canada ont grandement contribué à son développement, particulièrement à la fin des années 1950 et dans les années 1960. Ils ont donné à cette forme cinématographique ses lettres de noblesse en réalisant des films incontournables tels Les raquetteurs, La lutte et Pour la suite du monde. On reconnaît aujourd’hui l’importance des principaux créateurs du cinéma direct au Canada, tels Michel Brault et Pierre Perrault. Les cinéastes qui ont participé à la création de ce mouvement ont légué au monde un nouveau langage cinématographique qui sert encore de référence en 2010, alors que le fruit de leur travail se trouve abondamment documenté par de nombreux écrits et des coffrets de compilation des films des cinéastes les plus connus.
Le cirque connaît aujourd’hui un développement spectaculaire au Québec. Bien que présent dès la fin du XVIIIe siècle, il connut son premier véritable élan en terre québécoise en 1984, avec la création du Cirque du Soleil. En se distinguant nettement de l’image traditionnelle du cirque, il a réussi à insuffler quelque chose de nouveau dans cet art, par sa théâtralité et sa grande diversité artistique. De nombreuses troupes ont vu le jour depuis, apportant à chaque fois une nouvelle couleur au genre. Séduisant des centaines de milliers de spectateurs dans le monde, les cirques en provenance du Québec ont désormais une place de choix dans l’univers artistique contemporain. S'inscrivant dans une tradition des arts de la scène et contribuant à la fierté de tout un peuple, ils sont devenus un patrimoine culturel québécois mondialement reconnu.
La Citadelle de Québec est la plus importante fortification construite au Canada encore administrée par des militaires en service actif. Érigée au sommet du Cap-Diamant, elle est adjacente aux Plaines d'Abraham et s'intègre au système des anciennes fortifications de la ville. La Citadelle fut construite par les Britanniques au début du XIXe dans le but de protéger Québec contre une éventuelle invasion américaine. De nos jours, le Royal 22e Régiment des Forces canadiennes y tient garnison et elle abrite l'une des résidences officielles du Gouverneur général du Canada. La Citadelle de Québec est reconnue comme lieu historique national du Canada.
Une tête au-dessus. Voilà peut-être la caractéristique la plus remarquable des personnages qui habitent les tableaux de l'artiste-peintre Claude Le Sauteur (1926-2007). De prime abord, leurs visages peuvent apparaître flous, voire indistincts, parfois leurs yeux paraissent absents. Mais la tête domine. Ce n'est pas une tête torturée, ni éclatée. Pas de place ici pour un surréalisme de façade. Le geste est posé et réfléchi. Le ton est juste. C'est la tête du gardien de phare qui sait observer. L'artiste a séduit les plus grands comme les plus humbles. Il fut à la fois discret et reconnu. Dans ses représentations des paysages, des scènes et des héros du Québec, particulièrement de la région de Charlevoix, les couleurs éclatent un peu, autrement elles apaisent. Comme un gardien de phare, Claude Le Sauteur a vu loin : il est temps de mieux comprendre les regards étonnants qu'il nous laisse sur une facette quasi inédite de notre culture nationale et régionale.
À Montréal, la place Royale plonge ses racines dans mille ans d’occupation humaine, de la présence amérindienne jusqu’au milieu du XXe siècle. Véritable carrefour d’échange et de commerce, elle accueille le marché du XVIIe au XIXe siècle. En 1836-1838, l’édifice de la première douane de Montréal y est érigé et, à ses pieds, le square de la Douane est aménagé. Elle prend le nom de place Royale en 1892. Un siècle plus tard, la place Royale et l’ancienne douane sont intégrées à Pointe-à-Callière, cité d’d’archéologie et d’histoire de Montréal, qui les met aujourd’hui en valeur.
La collection Picard provient de cette famille qui a compté trois grands chefs hurons. Ces derniers ont joué un rôle important en tant que représentants de leur nation auprès de l'élite euro-canadienne. Ainsi, la diversité des objets qui la composent est un reflet du double aspect de la culture huronne, à la fois marquée par la proximité culturelle avec la communauté canadienne-française, mais aussi par sa spécificité amérindienne. Constituée progressivement, à différentes étapes de l'histoire muséale de la ville deQuébec, la vocation ethnographique de cette collection est depuis peu reconnue par le Musée de la civilisation.
Plus d’un million d’objets et de spécimens d’intérêt scientifique, artistique ou patrimonial sont rassemblés dans les collections d’enseignement et de recherche de l’Université Laval, héritage légué par ses chercheurs, ses professeurs et ses étudiants. La plupart de ces collections sont actuellement conservées dans la réserve du pavillon Louis-Jacques-Casault. Ces spécimens et artefacts sont autant de témoins du développement de la science et de l’enseignement supérieur en Amérique française, des domaines pour lesquels l’Université Laval et le Séminaire de Québec ont joué un incontestable rôle de pionniers.
Les collections du Séminaire de Québec constituent l’une des collections muséologiques québécoises les plus significatives en raison de la qualité des objets, des œuvres et des documents qu’on y trouve. Le fait que ces collections aient été conservées et développées par une même institution pendant plus de trois siècles dans un même lieu, afin de servir d’outils de développement pour la formation d’une élite francophone, confère à l’ensemble une valeur d’unicité. Confiés depuis 1995 au Musée de la civilisation du Québec, ces œuvres, ces objets et ces documents témoignent de l’histoire et de l’évolution de la culture française en Amérique. Le patrimoine du Séminaire de Québec permet donc de porter un regard unique sur l’histoire de l’Amérique française. C’est pourquoi les archives du Séminaire de Québec sont inscrites depuis 2007 au prestigieux registre du programme Mémoire du monde de l’UNESCO.
Plusieurs figures centrales des premières décennies de la Nouvelle-France et de l’Acadie ont étudié ou enseigné au collège jésuite de La Flèche, telles que le premier évêque de la colonie, François Montmorency de Laval, le promoteur de la fondation de Montréal, Jérôme Le Royer de la Dauversière, et plusieurs missionnaires jésuites, dont deux saints martyrs canadiens, Isaac Jogues et Gabriel Lalemant. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, ce collège situé dans l’ancienne province française de l’Anjou se distingue nettement des autres centres de recrutement missionnaire à destination de l’Amérique. Le collège jésuite de La Flèche a donc joué un rôle clé dans l’épopée missionnaire de la Nouvelle-France et de l’Acadie, ainsi que dans la création de l’Église canadienne.
À l’angle de la rue Kathleen et de l’avenue Notre-Dame, à Sudbury, une plaque de la Fiducie du patrimoine ontarien marque l’emplacement du Collège du Sacré-Cœur. Des milliers d’élèves ont franchi le seuil de cette institution d’enseignement dont les finissants ont occupé d’importants rôles de leadership dans la communauté franco-ontarienne et ailleurs dans le monde. La plaque commémorative se lit comme suit : « Fondé par les jésuites en 1913 et devenu exclusivement francophone en 1916, le Collège du Sacré-Cœur fut le centre d'éducation des jeunes Franco-Ontariens pendant plusieurs dizaines d'années. En 1957, il deviendra l'Université de Sudbury qui, quelques années plus tard, forme la section catholique de l'Université Laurentienne. » Le Collège du Sacré-Cœur a joué un rôle de premier plan dans le développement de l’identité et de la mémoire franco-ontarienne. C’est d’ailleurs en ses murs que la Société historique du Nouvel-Ontario (SHNO) a vu le jour en 1942. Cet organisme revêt une importance particulière dans le domaine du patrimoine : il a pour but de faire connaître l’histoire régionale par l’entremise de ses collections d’archives, de conférences et de publications.
En 1997, le Collège Saint-Jean situé en Alberta, reçoit le Prix du 3-juillet-1608 du Conseil de la langue française du gouvernement du Québec. Cette distinction vient souligner l’importante contribution du Collège à la promotion de la langue et de la culture françaises en Amérique du Nord, ainsi que le rôle clé que l’institution a joué et joue encore au sein de la communauté franco-albertaine. Depuis bientôt 100 ans, les francophones de l’Alberta profitent de la vitalité et du rayonnement de cette institution, qui est aujourd’hui reconnue partout au Canada pour ses programmes d’éducation post-secondaires et, au plan international, pour ses activités de recherche.
Le Consulat général de France à Québec, créé sous le Second Empire (Napoléon III) en novembre 1858 pour des motifs essentiellement commerciaux, dans une phase d'entente cordiale franco-britannique, fait aujourd'hui figure de quasi-ambassade. Deux phases majeures de son histoire dessinent l'action et l'image du Consulat depuis 150 ans. Pendant les premières années de sa fondation, la conjoncture politique et économique du Second Empire et la désignation de consuls chargés des affaires du Bas-Canada le font apprécier du gouvernement et de la population. L'autre période marquante commence au début des années 1960, quand la volonté politique partagée de la France décolonisatrice et du Québec de la Révolution tranquille confère à ce Consulat un statut spécial et un rôle essentiel, notamment pour conduire une coopération bilatérale sans équivalent. Depuis un siècle et demi, cette institution incarne la présence de la France et s'inscrit ainsi dans le patrimoine culturel et politique du Québec.
Il existe des centaines d'ouvrages consacrés à l'expédition de Lewis et Clark, chargés par le président Jefferson de trouver « la voie de communication par eau la plus directe et la plus praticable pour traverser le continent ». Pour les Américains, le bassin ouest du Mississippi, c'est l'inconnu. Il en va tout autrement pour les Canadiens qui fréquentent cette région depuis les débuts du XVIIIe siècle. Dès 1721, le père Charlevoix s'arrête à Kaskaskia, Cahokia et Natchez; il signale que le Missouri conduit sans doute à la mer de l'ouest. La petite ville de Saint-Louis, située à l'embouchure du Missouri, deviendra le point de départ du corps expéditionnaire de Lewis et Clark. Ils y recrutent des Canadiens familiers avec le Missouri. Ceux-ci agiront comme guides, pilotes, interprètes et chasseurs. Même si on le signale rarement, ils assureront le succès de l'entreprise. À titre d'exemple, Lewis n'entreprend jamais une action importante sans être accompagné de Georges Drouillard qui « mérite la plus haute recommandation », notera-t-il dans son journal au retour de l'expédition. La fameuse expédition de Lewis et Clark appartient sans conteste à l'histoire de l'Amérique française.
L’industrie des croisières sur le fleuve Saint-Laurent possède une longue et riche histoire remontant au début du XIXe siècle. La très forte compétition entre quelques groupes d’hommes d’affaires du Québec a provoqué la naissance d’un véritable empire du transport des passagers qui s’est consolidé avec la formation de la Canada Steamship Lines en 1913. Cette compagnie a administré le célèbre circuit de croisière des « bateaux blancs », qui ont été en activité des années 1840 aux années 1960, ainsi que les luxueux hôtels destinés à sa riche clientèle. Au tournant du XXe siècle, ces croisières, ces hôtels et les régions de villégiature où ils étaient situés jouissaient d’une réputation continentale. De nos jours, cette industrie se tourne de plus en plus vers la clientèle des croisières internationales en positionnant les ports du fleuve Saint-Laurent comme d’incontournables escales.
Près de 3 000 croix de chemin sont aujourd’hui érigées le long des routes du Québec. Elles constituent un précieux héritage patrimonial. Les premières croix sont élevées par Jacques Cartier en signe de prise de possession du territoire. Plus tard, les pionniers font de même pour souligner la fondation d’un village, ainsi que l’habitant lorsqu’il prend possession de son lopin de terre. Plusieurs raisons amènent les Canadiens français à élever une croix de chemin : les cultivateurs en installent près de leurs champs pour invoquer une protection divine; le curé, pour indiquer l’emplacement d’une future église; les paroissiens en placent à mi-chemin du rang et s’y réunissent pour la prière du soir. Si les croix de chemin sont d’abord des objets religieux, leur caractère patrimonial s’affirme peu à peu en imprimant d’un cachet particulier les campagnes québécoises, puis en devenant des objets culturels témoignant du passé de foi de nos ancêtres.
En Ontario français, particulièrement dans sa partie septentrionale dont l'occupation date d'à peine un siècle, se perpétue avec une vitalité inégalée un rituel du mariage qui sanctionne l'aîné célibataire le jour des noces de son cadet. Parmi toutes les désignations dont on l'affuble, selon les époques et les régions, la « danse sur les bas » ou la « danse dans l'auge » sont les plus courantes. Curieusement, cette pratique, connue dans toute l'Amérique française, n'a été étudiée que récemment et à partir de terrains périphériques, car les populations anciennes qui en forment le cœur l'ont généralement rejetée, comme la France qui en aurait été la courroie de transmission.
Les premières années du XXe siècle sont difficiles pour les communautés francophones de la Louisiane. Pour la première fois, à compter de 1915, l’industrialisation rapide et, surtout, l’obligation de fréquenter l’école anglaise menacent leur langue et leur culture. Ainsi, des générations entières perdent graduellement l’usage du français. En 1968, une partie de la communauté réagit, se mobilise et crée le CODOFIL, un organisme qui se donne pour mission de réintégrer le français dans l’enseignement et de valoriser la culture francophone en Louisiane. Bien que parfois critiqué, cet organisme a néanmoins permis de faire de grandes avancées dans la sauvegarde de la langue et de la culture françaises. Le vidéaste Helgi Piccinin a recueilli divers témoignages sur cet aspect fondamental du patrimoine francophone louisianais.
L’année 2009 marquait le centenaire de l’ouverture de Saint-Paul-des-Métis à la colonisation canadienne-française. Bien que la communauté existe depuis 1896, il est intéressant de noter que l’on marque l’anniversaire de l’arrivée des Canadiens français dans la région, passant ainsi sous silence le passé métis de cette communauté. L’ouverture de la colonie métisse aux Canadiens français a suscité au fil des années des débats chez les historiens, mais a aussi laissé de profondes cicatrices dans le cœur des familles métisses qui ont été obligées de quitter Saint-Paul pour aller s’installer ailleurs. Avec le temps, Saint-Paul est devenue une communauté dynamique déterminée à préserver la langue française et la culture francophone, mais aussi une ville réputée pour son multiculturalisme.
L’enregistrement sur disque de chansons canadiennes-françaises a débuté au tournant du XXe siècle. Alors que la musique anglo-américaine dominait tous les marchés, des facteurs sociaux et culturels comme la forte émigration de Canadiens français aux États-Unis et l’apparition de la musique destinée spécifiquement aux divers groupes ethniques qui immigraient aux États-Unis ont stimulé l’enregistrement de chansons populaires en français. On oublie souvent que la période d’effervescence qui a précédé la Grande Dépression des années 1930 a donné naissance à l’industrie québécoise du disque. En effet, pendant les années 1920, les enregistrements de chanteurs canadiens-français effectués à Montréal se sont multipliés et ont connu un grand succès.
La démocratie parlementaire québécoise influera largement sur la transformation et le développement des institutions publiques, et plus particulièrement sur celui de l'administration publique. Entre 1970 et 2000, la population du Québec verra s'accroître la prestation de services, dans un contexte de tertiarisation de l'économie, avec la mise en place d'importantes réformes touchant la gestion de plusieurs secteurs d'activité liés aux services. En moins de huit législatures, les gouvernements successifs auront donné un coup de barre pour moderniser l'État québécois, tout en faisant passer celui-ci de l'ère analogique à celle des technologies de l'information et du gouvernement en ligne, facilitant ainsi l'accès aux services gouvernementaux.
Alexander Mackenzie est avant tout un explorateur. Il découvre d’abord le fleuve qui porte aujourd’hui son nom, qui se déverse dans l’océan Arctique. Puis il est le premier à réussir la traversée des Rocheuses pour atteindre le Pacifique. Dans le domaine du commerce des fourrures, il faut retenir que Mackenzie a été l’un des premiers à comprendre que l’avenir de la traite en Amérique passait par la fusion des deux principales compagnies rivales, la Compagnie du Nord-Ouest (North West Company) et la Compagnie de la Baie d’Hudson (Hudson’s Bay Company). Mais Mackenzie manquait de talent diplomatique, autant dans ses relations avec ses associés de la Compagnie du Nord-Ouest qu’avec les Amérindiens et il a proposé cette fusion trop tôt. Néanmoins, Alexander Mackenzie était un voyageur intrépide et infatigable qui a laissé sa marque dans l’histoire du Canada, en contribuant de façon importante à l’agrandissement du territoire et l’avancement des connaissances géographiques. Comme d’autres personnages historiques, Alexander Mackenzie a marqué l’imaginaire de plusieurs générations, qui ont rendu hommage à sa mémoire de multiples façons : en donnant son nom à des lieux, des bâtiments, des bateaux, des stations de métro, des parcs, des rues, etc.; en mettant en valeur les sites où il a vécu et parfois ceux où il est simplement passé; en reconstituant son histoire par des livres, des films, des expositions; en rappelant son nom par diverses formes de commémoration : installation de monument, pièces de monnaies, timbres, etc.
En 1832, quelques années avant la Révolte de 1837-38, les membres du parti Patriote adoptent un drapeau arborant trois bandes horizontales (verte, blanche et rouge). Après la défaite, la pendaison des Patriotes et la publication du rapport Durham, les Canadiens français se retrouvent à la recherche d'un nouveau drapeau national n'ayant pas le caractère révolutionnaire de ce drapeau tricolore. Quelques années plus tard, lors du défilé du 24 juin 1848 à Québec, la Société Saint-Jean-Baptiste présente à la foule un drapeau qui aurait été témoin de la victoire de Montcalm sur l'armée britannique à Carillon, en 1758. Ce drapeau frappe l'imaginaire du peuple qui, même s'il ne l'adoptera pas comme tel, lui vouera un culte au point d'influencer l'allure définitive du drapeau québécois.
Des lendemains des Troubles de 1837-1838 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les Canadiens français arborent le plus souvent le drapeau de la France, le tricolore bleu-blanc-rouge, qui, à leurs yeux, représente le mieux leur caractère distinct. Mais, au tournant des XIXe et XXe siècles, émerge chez les francophones le désir de se doter de leur propre drapeau, plus en accord avec leur identité nord-américaine. Plusieurs projets soumis dans les années 1901 à 1905 participent à la genèse du drapeau actuel, tout particulièrement le fleurdelisé du curé Elphège Filiatrault et le Carillon-Sacré-Cœur. Après bien des péripéties, le fleurdelisé, tel que nous le connaissons aujourd’hui, devient, le 21 janvier 1948, drapeau officiel du Québec. Depuis, il constitue un symbole fort de l’identité des Québécois, flottant sur les bâtiments officiels du Québec, ainsi que devant bien des résidences privées, ou encore fièrement hissé par la population en diverses circonstances, particulièrement lors des moments forts de son histoire.
Lorsque le drapeau franco-ontarien est hissé pour la première fois au mât de l’Université de Sudbury le 25 septembre 1975, les deux concepteurs, Michel Dupuis et Gaétan Gervais, choisissent de rester anonymes. Ils veulent que le drapeau rassemble toute la communauté franco-ontarienne sans qu’il soit rattaché à un groupe particulier, comme celui de Sudbury ou de l’Université Laurentienne. Leur pari porte fruit. Depuis sa création, le drapeau franco-ontarien s’est visiblement positionné comme l’emblème de la communauté franco-ontarienne dans son ensemble en flottant lors de fêtes, de célébrations, de rallye et de manifestations.
Le réseau ÉCONOMUSÉE® a pour mission de mettre en valeur et de perpétuer les métiers et savoir-faire inspirés des traditions. En alliant culture par la diffusion de métiers traditionnels, éducation par la transmission des savoir-faire et économie par le soutien d'entreprises artisanales, le réseau des ÉCONOMUSÉE agit au service de la diversité culturelle en région, du patrimoine vivant et du développement durable. Inspiré par l'oeuvre de Félix-Antoine Savard à la Papeterie Saint-Gilles, à Saint-Joseph-de-la-Rive dans Charlevoix, ce réseau, créé dix ans après sa mort, compte aujourd'hui une cinquantaine de membres au Québec et dans les provinces atlantiques, en plus de prendre de l'expansion au Canada et à l'international.
L'accès à l'éducation française a constitué un enjeu central à l'épanouissement de la vie française en Alberta. L'histoire de la lutte de la communauté franco-albertaine pour l'éducation en français a profondément marqué l'identité de cette communauté et constitue un patrimoine à la fois fondamental et original. Sans le courage et la persévérance des générations qui les ont précédés, les membres actuels de la communauté franco-albertaine n'auraient pas la chance de faire éduquer leurs enfants en français. Ces luttes politiques permettent aujourd'hui à plus de 5000 élèves de fréquenter les écoles françaises de l'Alberta.
L’Église catholique française a joué un rôle clé dans la définition et le soutien du patrimoine culturel de la Louisiane contemporaine. L’archidiocèse de la Nouvelle-Orléans a longtemps été le noyau spirituel de ce patrimoine. Au cœur de la Nouvelle-Orléans, sur la place Jackson, la première église catholique dédiée à Saint-Louis s’est transformée au fil des années en Cathédrale-Basilique de Saint-Louis, siège du diocèse puis de l’archidiocèse de la Nouvelle-Orléans et symbole du pouvoir ecclésiastique. Au XIXe siècle, l’Église catholique de la Louisiane entame une longue campagne visant à préserver la langue française comme langue de la foi. Elle réclame aussi sa reconnaissance comme institution culturelle francophone au sein d’une église nationale américaine de langue anglaise. Au siècle suivant, c’est au diocèse de Lafayette, constitué en 1912, que revient la responsabilité de préserver le français et la foi catholique comme fondements de l’identité franco-louisianaise. L’histoire de l’Église catholique française en Louisiane est donc étroitement liée à l’identité distincte dont se réclament aujourd’hui les populations d’origine franco-louisianaise.
L’église Notre-Dame-des-Victoires, dont la construction a débuté en 1688, s’élève à l’endroit considéré comme étant le berceau de l’Amérique française. En effet, sur ce même emplacement, Samuel de Champlain érigeait son Habitation en 1608, acte fondateur de l’histoire de la ville de Québec et du Canada. Le nom de l’église rappelle deux victoires remportées contre les Anglais, lors de tentatives infructueuses de prendre Québec, en 1690 et 1711. Les bombardements qui précédèrent la prise de Québec par les troupes de Wolfe en 1759 laissèrent en ruines de nombreux bâtiments de la Place-Royale, dont cette église. Par la suite, les nombreuses rénovations réalisées pour assurer la survie du monument en ont transformé l’aspect extérieur. Mise en valeur par un système d’éclairage depuis 2008, en l’honneur du 400e anniversaire de la fondation de Québec, l’église Notre-Dame-des-Victoires témoigne aujourd’hui de plus de trois siècles de patrimoine architectural.
« La semence a levé » (Matthieu 13), dit la bannière que la paroisse Saint-Joachim a préparée pour marquer le 125e anniversaire de l’établissement du diocèse d’Edmonton, en 1996. Cette parole extraite de l’Évangile s’applique aussi bien à la paroisse qu’à l’église Saint-Joachim de la ville d’Edmonton. Déclarée monument historique par le gouvernement de la province de l’Alberta, l’église représente bien cette paroisse qui, depuis son établissement au milieu du XIXe siècle et le début du développement de l’Ouest canadien, n’a pas cessé de rayonner et d’enrichir la vie des francophones de la province de l’Alberta. En effet, depuis sa construction en 1854, le premier bâtiment modeste baptisé « Mission Saint-Joachim » a continuellement pris de l’ampleur. En 1899, avec la construction de l’église Saint Joachim actuelle, c’est une véritable institution qui est établie et qui subsiste encore aujourd’hui.
Les escaliers publics sont un aspect incontournable de la culture urbaine de Québec. Difficile de se déplacer à pied sans les éviter. Avec leurs centaines de marches et de paliers, ils constituent des lieux de passage à la fois discrets et essentiels dans une ville où la topographie condamne ses résidents à monter et descendre sans cesse. Ils ont accompagné le développement des quartiers centraux, ils participent à la vivacité de leur quotidien, et ils contribuent à leur charme. À une époque où l'on se soucie d’environnement et de revitalisation du centre-ville, ces escaliers continuent de jouer un rôle important, autant pour les résidents que pour les visiteurs. Ils constituent des témoins de l'histoire de la ville, comme ils ont marqué certaines ruptures géographiques et sociales.
En 1890, la congrégation des Eudistes arrive de France afin de fonder une maison d'enseignement pour les Acadiens de la baie Sainte-Marie, en Nouvelle-Écosse. Ils prennent aussi en charge deux paroisses de la région. Au cours des décennies suivantes (principalement jusqu'aux années 1970), les Eudistes vont jouer les rôles d'éducateur, de prêtre, de bâtisseur, d'administrateur, d'écrivain et même de nationaliste. Leur présence à la Pointe-de-l'Église illustre la rencontre qui s’est produite entre la France et l'Acadie, tant au niveau architectural, culturel que cultuel. Le passage progressif d'un personnel composés de pères français à un personnel composé de pères d’origine canadienne va permettre d'établir un point d'équilibre entre ces deux facteurs culturels. La contribution des Eudistes au patrimoine francophone de la Nouvelle-Écosse a pris de nombreuses formes au cours des années.
Du 27 avril au 29 octobre 1967, plus de 50 millions de personnes ont franchi les tourniquets d’Expo 67 pour visiter ce qui s’avérera l’une des plus grandes expositions universelles de l’histoire. Encore aujourd’hui, Expo 67 demeure un évènement majeur ancré autant dans le paysage métropolitain de la ville de Montréal que dans la mémoire collective du Québec contemporain. Cette manifestation, qui couronnait le centenaire de la Confédération canadienne, rassembla 62 nations participantes, des organisations internationales, des grandes compagnies et des organismes canadiens, tous regroupées autour de la thématique « Terre des Hommes ». Elle a ouvert le Québec sur le monde. Elle a également permis l’émergence de savoir-faire aujourd’hui bien ancrés dans la personnalité distinctive de Montréal et du Québec, comme l’organisation de festivals et d’expositions muséales d’avant-garde. Un circuit culturel et diverses manifestations commémoratives contribuent à garder bien vivant le souvenir de cet événement exceptionnel.
Félix Leclerc, écrivain à grand succès du début des années 1940, notamment avec Adagio, Allegro et Andante, ne se concevait pas comme un chansonnier. La raison en est fort simple : c’est que la chanson poétique qui était celle de ses rares premiers textes n’était pas prise en compte par l’institution littéraire de son temps au Canada français. Tout au plus, pour les critiques littéraires d’alors, la chanson se confondait-elle avec la chansonnette, un genre futile à leurs yeux, ou avec le folklore, peu estimé. C’est l’accueil fait aux chansons de Félix Leclerc en France qui changera la donne de cette « poésie orale sonorisée » qui était la sienne. En même temps, Leclerc attirait l’attention et donnait du prestige à la « chanson à texte » qui allait bientôt connaître des heures de gloire en France, au Québec et ailleurs au Canada français. C’est l’un des principaux héritages de Félix Leclerc.
Au printemps 2009, une équipe de jeunes vidéastes quitte le Québec pour traverser l’Amérique du Nord à bord d’un autobus scolaire. Cette aventure collective baptisée Vidéo Eldorado les conduit d’abord en Louisiane, où le contact avec la culture francophone bien particulière de cette région les fascine. Ils s’arrêtent en premier lieu à Lafayette pour profiter du Festival International de Louisiane qui est un événement très important pour les franco-américains. Ce Festival rassemble plusieurs artistes des domaines du théâtre, des arts visuels et surtout de la musique. Il présente principalement des manifestations de la culture « cadienne », et fournit l’occasion de faire rayonner la culture francophone métissée du sud des États-Unis. Il met donc en valeur un riche patrimoine immatériel accumulé au fil des générations. Helgi Piccinin, de l’aventure Vidéo Eldorado, a poursuivi pendant tout un mois son exploration de la minorité francophone de la Louisiane et nous invite à partager ses découvertes dans une série d’articles reposant sur les témoignages qu’il a recueillis.
Si Montréal a la réputation d'être une ville de festivals, on peut en dire autant du Québec tout entier. Ancrés dans la culture et dans le quotidien des Québécois, s'enracinant dans une longue tradition de fêtes foraines, les festivals s'égrènent tout au long de l'année dans plusieurs centaines de villes et de villages de la province. Environ la moitié de ces rassemblements populaires sont de type saisonnier (festival d'été ou carnaval d'hiver, par exemple), l'autre moitié s'appuyant plutôt sur des expressions culturelles, des manifestations sportives, ou encore sur une caractéristique ou une identité locale particulière. Dans de nombreuses régions, ces événements servent à soutenir la vie communautaire et le développement économique. Les festivals s'avèrent sans contredit un élément constitutif original du patrimoine culturel immatériel du Québec.
Méconnues, les Filles du roi qui ont immigré en Nouvelle-France entre 1663 et 1673 souffrent encore de la mauvaise réputation qu’on leur a faite injustement. En effet, certains commentateurs ont pris plaisir à les qualifier de « filles de joie », malgré la fausseté maintenant démontrée de cette affirmation. Les commémorations du 350e anniversaire de l’arrivée des premières d’entre elles, qui se sont déroulées tant en France qu’au Québec en 2013, avaient pour but de rappeler leur inestimable contribution au développement de la fragile colonie qu’était alors la Nouvelle-France. Ces célébrations ont aussi mis en valeur leur rôle de « mères de la nation québécoise », titre bien mérité puisqu’elles sont à l’origine d’une grande partie de la population du Québec contemporain.
Il est un patrimoine, bien oublié aujourd'hui, qui a pourtant longtemps servi à représenter le Canada à l'étranger : les films fixes d'enseignement. Ces films servaient de support visuel dans les classes françaises, notamment pour enseigner l'histoire du Canada. Destinés à tous les cycles de l'enseignement primaire et secondaire, ils présentaient des dessins, des photographies ou des tableaux choisis pour leur pouvoir d'évocation de ce que l'on considérait être la « réalité canadienne ». Pour la plupart réalisés par l'Office National du Film, dès sa création (1945), les films fixes sur le Canada ont été remis par l'ambassade du Canada à l'Éducation nationale française et intégrés dans le circuit du cinéma éducateur, où ils ont été utilisés jusqu'à ce que les diapositives les détrônent dans les années 1970. Véritable mine d'or du point de vue iconographique, on commence à peine à découvrir leur potentiel pour étudier la représentation du Canada à l'étranger : plusieurs projets de recherche s'attachent actuellement à numériser, classifier et analyser ce riche patrimoine documentaire.
Floribec fait partie de l’imaginaire collectif des Québécois depuis près de 50 ans. Film, roman, publicités, reportages ont largement participé au fil des ans à la consécration de ce haut lieu du tourisme québécois dans la grande région de Miami, en Floride. Floribec est d’abord né du tourisme pour se transformer en une communauté transnationale. En effet, après avoir visité le sud-est de la Floride, des touristes québécois ont choisi d’y vivre en permanence et de subvenir à leurs besoins en offrant des services en français aux autres francophones. Motels, restaurants, dépanneurs, avocats et autres services destinés aux hivernants sont apparus et ont fait naître une communauté floribécoise dont le style de vie et l’économie reposent essentiellement sur la présence constante de touristes québécois, que ce soit pour une semaine ou plusieurs mois. Il en résulte un milieu francophone hors Québec fort distinct des autres milieux francophones en Amérique du Nord. Mais ce phénomène en déclin est aujourd’hui menacé.
Les vestiges de la première entreprise industrielle du fer au Canada, demeurée en activité de 1730 à 1883, sont conservés et mis en valeur au Lieu historique national Les-Forges-du-Saint-Maurice, situé à 15 kilomètres au nord de Trois-Rivières. Une plaque commémorative déposée sur le site dès 1923 par la Commission des Lieux et Monuments historiques du Canada signale d'ailleurs la reconnaissance précoce de l'importance des forges du Saint-Maurice dans l'histoire du Canada. Les recherches historiques et archéologiques initiées au cours des années 1960 par le ministère des Affaires culturelles du Québec, et prolongées par Parcs Canada depuis 1973, ont fait découvrir la richesse de l'héritage français de ce témoignage du patrimoine industriel dans la région. Elles montrent notamment que la formation de l'établissement s'inspire largement des technologies en usage dansles anciennes forges françaises.
Situé près de Prairie du Rocher dans l’état de l’Illinois, le Fort de Chartres est le seul fort en pierre construit par les Français au cœur du continent nord-américain. Trois forts se succèdent entre 1720 et 1755, témoins de l’Empire colonial français établi dans le bassin du Mississippi au XVIIIe siècle. Laissé à l’abandon pendant plusieurs décennies, c’est dans l’élan de développement de sites historiques de la première moitié du XXe siècle que l’état de l’Illinois le reconstruit en partie afin de perpétuer la mémoire de la présence française dans la région.
Construit à la hâte au lendemain de la prise de la ville de Québec par l’armée britannique en 1759, le fort Jacques-Cartier fut un quartier d’hiver, ainsi qu’un lieu d’entreposage important pour l’armée française postée dans la région de Québec. Il fut aménagé avec des ressources matérielles et financières limitées et les modes de construction employés, témoins de cette réalité, en font un exemple unique en Amérique. Il s’agit là de la seule fortification de campagne française construite pendant la guerre de Sept Ans et dont il nous reste des traces archéologiques tangibles. Aujourd’hui, le cap sur lequel le fort est construit est en proie à une importante érosion et l’intégrité du site est menacée. Déjà, certains vestiges ont été emportés au bas du cap et ces dommages sont irréversibles.
Le Fort William, centre opérationnel de la Compagnie du Nord-Ouest entre 1803 et 1821, constitue une plaque tournante dans l’histoire du Canada. À compter de 1971, il a été fidèlement reconstruit comme site historique, à 15 km de son emplacement originel à l’embouchure de la rivière Kaministiquia, sur la rive nord du lac Supérieur. Fort William est un lieu de passage majeur à bien des égards. Aux XVIIIe et XIXe siècles, il servait de point de rencontre entre l’est et l’ouest du continent dans l’importante industrie de la fourrure à l’ouest des Grands Lacs. Aujourd’hui, il joue encore ce rôle, mais entre les dizaines de milliers de visiteurs contemporains qui fréquentent ce site chaque année et les personnages autochtones, canadiens-français et écossais de cette époque charnière de l’histoire canadienne.
Le Lieu historique national du Canada du Fort-Témiscamingue-Obadjiwan illustre l’importance de la traite des fourrures dans l’économie canadienne et témoigne de la rivalité franco-anglaise pour le contrôle de ce commerce. Il joue également un rôle central dans la définition identitaire des habitants du Témiscamingue, qu’ils soient d’origine anishinabe (algonquine), française ou anglaise. Cet endroit est fréquenté depuis 6 000 ans. Il a servi de lieu de rencontre et d’échange aux Anishinabes, aux voyageurs français et anglais qui se sont livrés à la traite des fourrures, aux colons canadiens-français du Témiscamingue. Devenu aujourd'hui lieu touristique, le site fonctionne dans un esprit de gestion conjointe entre Parcs Canada et la Timiskaming First Nation en vertu d’une entente de partenariat sur le point d'être conclue. Cette entente a pour objectif d'offrir aux visiteurs un programme d’interprétation pluriculturel.
Vue du large, la Forteresse de Louisbourg se dresse sur une péninsule basse située sur la rive nord-est de l'île du Cap-Breton, comme si elle surgissait de la mer. Par voie terrestre, le long de la route 22 à partir de Sydney, les quelques cinquante bâtiments de ce pittoresque complexe historique créent une impression tout aussi forte, tels des survivants d'une autre époque. En y regardant de plus près, le visiteur s'aperçoit que cet ensemble évoquant le XVIIIe siècle, presque entièrement entouré de fortifications, semble là depuis plusieurs siècles. Bien sûr, il n'en est rien, puisqu'il s'agit d'une reconstitution de Louisbourg au cinquième de la ville fortifiée originale qui comptait 250 édifices érigés par des colons français entre 1713 et 1745. Cet ambitieux projet de reconstruction a été élaboré dans la seconde moitié du XXe siècle et réalisé entre 1961 et 1975, afin de créer une attraction touristique culturelle d'importance au Canada atlantique et de susciter intérêt et fierté à l'égard d'un pan alors peu connu de l'histoire du Canada.
Le Québec est aujourd'hui jalonné de plusieurs fortifications ou vestiges de ce qui fut jadis des places fortes, témoins de l'histoire militaire de la Nouvelle-France à nos jours. Intimement liées au contexte politique et socio-économique de la colonie, ces fortifications sont de véritables livres ouverts permettant de redécouvrir le passé. L'archéologie, à travers une démarche visant à replacer les découvertes réalisées sur ces sites dans leur cadre historique, permet une lecture approfondie de ces vestiges perdus et retrouvés. Il devient alors possible de retracer la démarche des ingénieurs militaires et des artisans concepteurs de ces ouvrages, de positionner ces lieux à l'intérieur des stratégies de défense de l'époque, mais aussi de voir dans quel état se trouvait la colonie à un moment donné de son histoire.
En 1713, l’Acadie échappe à la France pour être cédée à l’Angleterre en vertu du traité d’Utrecht. Jusqu’en 1763, alors que la Nouvelle-France passe définitivement aux mains de l’Angleterre, la France va maintes fois tenter de reconquérir l’Acadie perdue. Pendant un demi-siècle, la péninsule acadienne sera donc le théâtre de violents conflits entre ces deux puissances européennes en raison de sa grande valeur stratégique. Aujourd’hui, de nombreux vestiges archéologiques témoignent de cette période mouvementée. Parmi ceux-ci, les sites des forts Beauséjour et Gaspareaux ont été désignés Lieu historique national par le gouvernement fédéral dans les années 1920. La mise en valeur patrimoniale de ces deux places fortes révèle deux facettes d’une même période historique et deux façons de rappeler cet épisode critique du fait français en Amérique.
Le site des forts et châteaux Saint-Louis occupe le sommet de la falaise dominant la ville basse de Québec, à proximité de l'hôtel Château Frontenac, sous la terrasse Dufferin. Bien qu'il s'agisse d'un site archéologique majeur associé à tous les gouverneurs français et à la majorité des gouverneurs britanniques de la période coloniale, il n'a été désigné lieu historique national qu'en 2001. À la suite d'une campagne de fouilles archéologiques fructueuses effectuées par Parcs Canada entre 2005 et 2007, le site a été ouvert au public à l'occasion du 400e anniversaire de Québec, en 2008. Plus de 300 000 personnes ont alors visité les vestiges des châteaux Saint-Louis successifs, signe d'un engouement indéniable du public pour ce patrimoine exceptionnel.
Les francophones représentent aujourd'hui une fraction minime de la population de Terre-Neuve-et-Labrador. Si les Français ont laissé plusieurs traces historiques sur ce territoire depuis le 16e siècle, aujourd'hui leur présence ressemble davantage à un espace imaginaire qu'elle ne traduit un enracinement concret. Ce lieu anthropologique s'apparente en quelque sorte à une communauté « fantôme », nourrie par de nombreux souvenirs, des échos culturels transmis par l'histoire et la littérature, ainsi que par la toponymie et quelques vestiges d'un passé presque disparu. Pourtant, cette présence française est connue, étudiée et même célébrée. Les fêtes commémoratives de 2004 ont d'ailleurs été l'occasion de raviver le patrimoine francophone de Terre-Neuve-et-Labrador.
France Daigle compte aujourd’hui parmi les auteurs acadiens les plus réputés et sa renommée s’étend, au-delà de son Acadie natale, dans tous les pays où l’on s’intéresse à l’histoire et la culture acadiennes. Ayant vécu par moments à Toronto, à Montréal et à Paris et ayant voyagé comme jeune adulte en Europe et jusqu’au Moyen Orient, Daigle est toujours revenue dans la région de Moncton où elle réside, un espace urbain en pleine évolution qu’elle représente comme nul autre. L’Acadie dans ses romans n’est plus celle du passé, repliée sur elle-même : elle est désormais ouverte sur le monde.
Terre de brassages culturels, la Louisiane a été officiellement proclamée territoire français par l’explorateur Cavelier de Lasalle en 1682, en l’honneur de son roi Louis XIV. Ce territoire connaît ensuite une histoire mouvementée. Cédé à l’Espagne par le Traité de Paris en 1763, récupéré par la France en 1800, puis revendu trois ans plus tard aux États-Unis par Napoléon, ces changements d’allégeance ne font pas disparaître le fait français. Ils y produisent cependant un mélange culturel spécifique dû aux migrations successives d’Acadiens, de Créoles, d’Amérindiens, d’Espagnols et d’Européens d’origines diverses. Jusqu’au début du XXe siècle, la langue et la culture francophone y demeurent prédominantes. Dans cet article, le vidéaste Helgi Piccinin explore le mélange caractéristique de couleurs et d’influences culturelles qui subsiste aujourd’hui en Louisiane francophone.
French Prairie, située dans la vallée de la Willamette dans l’État d’Oregon, tire son nom des familles biculturelles canadiennes-françaises et indiennes qui ont colonisé la région au cours des années 1820 et 1830. Ces colons franco-indiens ont été d’importants acteurs historiques dans la colonisation euro-américaine de la région qui a débuté dès les années 1810 avec le commerce des fourrures par voie terrestre. À l’origine, French Prairie était le domaine des Ahantchuyuk Kalapuyan, peuple autochtone dont la population a abruptement chuté au cours des années 1830 et 1840, à cause de la maladie et de l’émigration euro-américaine. Plus tard, la vallée de la Willamette est devenue une des principales destinations des colons américains empruntant la piste de l’Oregon pendant les années 1840. Après l’assimilation éventuelle des familles franco-indiennes et l’ascension politique des Anglo-Américains, le rôle historique des francophones a souvent été négligé dans les textes traditionnels de l’histoire de l’Oregon. Malgré tout, l’histoire et le patrimoine des colons francophones ont survécu dans la mémoire de leurs descendants. Aujourd’hui, les touristes du XXIe siècle qui visitent le Champoeg State Heritage Area ont l’occasion de découvrir les colons franco-indiens de French Prairie.
Les fresques murales de Québec, qui fleurissent sur les murs de la capitale depuis une dizaine d’années, sont devenues une véritable attraction touristique et un élément fort du patrimoine urbain. Ces fresques illustrent l’histoire de la ville et de ses habitants et permettent aux visiteurs soit de découvrir, soit de se remémorer un fragment du passé. Ce patrimoine encore en construction change le visage de Québec, interpelle le passant et remplit de couleurs et d’histoire des lieux urbains auparavant anonymes.
Les fromages du Québec jouissent depuis longtemps d’une renommée internationale. Le goût pour cet aliment fermier a bien évolué au fil des ans, s’enrichissant de nombreux apports culturels et technologiques. Les premiers colons l’époque de la Nouvelle-France apportent certaines traditions fromagères, puis les innovations techniques anglaises permettent de développer le savoir-faire québécois. Vers la fin du XIXe siècle, l’augmentation de la production laitière et la demande grandissante pour le fromage produit au Québec stimulent l’industrie laitière : le cheddar devient l’un des fleurons de l’économie agricole québécoise. Si la production fromagère s’est longtemps limitée à quelques variétés, on peut à présent trouver au Québec des centaines de fromages de toutes les régions. L’audace de certains artisans québécois conjuguée aux savoir-faire ancestraux des artisans venus plus récemment de France et d’autres pays d’Europe ont considérablement enrichi et diversifié la production québécoise. S’il a une longue histoire, ce précieux patrimoine alimentaire semble promis à un succulent avenir!
L’exposition d’aliments, le plus souvent d'origine animale, à la fumée de bois pour en assurer la conservation et l'aromatisation est une technique pratiquée depuis longtemps par l'Homme et, tout particulièrement, par les Amérindiens. Avec l'arrivée en Nouvelle-France des premiers colons, qui éprouvent certaines difficultés à s'adapter à leur nouveau milieu de vie, on observe rapidement un transfert culturel de cette technique autochtone. Moins pratiqué que le salage ou le saumurage, techniques de conservation privilégiées par les Européens, voire que la congélation, qui tire profit des hivers rigoureux de la vallée du Saint-Laurent, le fumage s'intègre tout de même aux pratiques alimentaires qui s'élaborent au fil des siècles au Québec. On en trouve encore aujourd’hui des manifestations dynamiques et l'industrie du fumage demeure bien vivante.
La nation métisse d'Amérique du Nord naquit de la rencontre entre les mondes amérindiens et européens entre le XVIIe et le XIXe siècle. Gabriel Dumont, figure emblématique de ce peuple aux côtés de son ami Louis Riel, en défendit les droits par les armes non seulement à Batoche en 1885, mais aussi en paroles en Nouvelle-Angleterre et au Québec, où il tenta à partir de 1888 de présenter les Métis canadiens-français comme civilisateurs des Prairies. Ses capacités d'organisateur, sa loyauté, son esprit de décision et son obstination hors du commun inspirent toujours les multiples organismes métis à travers le Canada et les États-Unis. Les gestes posés par Gabriel Dumont inscrivent en toute légitimité la nation métisse au cœur du patrimoine de l'Amérique française.
La goélette Saint-André a été construite à La Malbaie, dans le comté de Charlevoix, en 1956. par un des derniers constructeurs de goélettes du fleuve Saint-Laurent, le maître charpentier Philippe Lavoie. Son propriétaire, le capitaine Fernand Gagnon ,a fait du cabotage sur le fleuve Saint-Laurent jusqu’en 1976 principalement entre Montréal et Sept-Îles. À cette époque, les goélettes de bois ont été remplacées par des navires de métal beaucoup plus gros, plus rentables et adaptés à la navigation hivernale. Un des derniers témoins de la longue tradition maritime propres aux Québécois, la Saint-André, a été classée « bien culturel » en 1978. Nouvellement restaurée, elle est conservée au musée maritime de Charlevoix, tout près des rivages qui l’ont vu naître.
Prise globalement, la minorité francophone du Canada a survécu et se développe grâce à un investissement constant dans ce qu’on pourrait appeler la gouvernance communautaire, c’est-à-dire les formes d’organisation qu’elle s’est données afin de se constituer en collectivité et d’influer sur les pouvoirs publics. Aujourd’hui tissée de long en large à travers le pays, la gouvernance minoritaire francophone s’est progressivement instituée contre les assauts d’une majorité souvent malveillante. Par sa persistance et son ressort, cette gouvernance est riche en enseignements et s’inscrit dans le patrimoine culturel de l’Amérique française.
Le patrimoine religieux est lié de près à l’identité des francophones de l’Ontario. Depuis son édification en août 1907, la grotte Notre-Dame-de-Lourdes offre à la population du Nord de l’Ontario un lieu de rassemblement et de prière important, en plus de représenter un jalon historique à Sudbury. Au cours des derniers cent ans, la grotte n’a cessé d’évoluer. Elle a connu des moments de grande popularité et traversé des périodes d’abandon. Mais grâce aux efforts et au dévouement de plusieurs membres de la communauté, le site reprend aujourd’hui de l’ampleur en tant que lieu d’animation culturelle et de culte œcuménique.
Situé non loin de la petite ville d’Annapolis Royal en Nouvelle-Écosse, le lieu historique national du Canada de Port-Royal a pour but de redonner vie à la colonie française fondée en 1605 par Pierre Dugua de Mons et ses compagnons, dont l’illustre Samuel de Champlain et le non moins célèbre Jean de Biencourt de Poutrincourt et de Saint-Just. À l’approche de ce lieu historique national du Canada, le visiteur peut facilement se méprendre sur l’authenticité de ce complexe fortifié du début du XVIIe siècle, sis sur le bord de la route 1 qui longe le bassin d’Annapolis. En réalité, cet ensemble de bâtiments caractéristiques d’une autre époque n’est qu’une reconstitution historique, la première de son genre au Canada, dont l’origine remonte à la fin des années 1930.
Personnage aux multiples facettes, Henri-Gustave Joly de Lotbinière a été un politicien intègre, homme d'affaires sagace, sylviculteur passionné et figure de marque de la dualité linguistique canadienne au XIXe siècle. Né et éduqué en France, descendant d'une grande famille de la Nouvelle-France, il laisse sa marque dans le paysage politique du Québec, de la Colombie-Britannique et du Canada. Sa passion de l'horticulture et des arbres l'amène à promouvoir la conservation des forêts et à aménager dans le domaine familial un immense parc-jardin romantique, récemment mis en valeur et toujours réputé pour sa beauté et ses espèces rares. Il a laissé le souvenir d'un homme affable à la probité irréprochable, d'un champion de la tolérance et d'un visionnaire dans le domaine du progrès agricole et de la conservation forestière.
À l’arrivée des premiers immigrants français dans la vallée du Saint-Laurent, au début du XVIIe siècle, la raquette à neige était d’usage universel chez les Amérindiens. Elle leur permettait de se déplacer en hiver sans s’enfoncer dans la neige profonde. Les Français les ont aussitôt imités pour vaquer à des occupations parfois vitales comme chasser, faire la guerre, communiquer entre eux ou s’approvisionner en bois de chauffage. Au XIXe siècle, la raquette devient un loisir très populaire dans toutes les couches de la société. Aujourd’hui, après une brève période d’hibernation, elle reprend sa place dans le monde du sport et des loisirs grâce à de récents perfectionnements techniques. Le parcours de la raquette à neige illustre à merveille la persistance d’un patrimoine très ancien et son adaptation à l’évolution de la société, face à une constante de l'environnement canadien : l’hiver.
Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, la traite des fourrures dans les « Pays d’en haut » voit naître deux communautés distinctes issues d’unions entre femmes autochtones et hommes blancs : les Métis francophones et les Métis anglophones (les « Halfbreeds »). Avec le temps, le français ou l’anglais que les enfants métis avaient appris de leur père a évolué de manière particulière et a donné naissance à deux variétés locales : le français mitchif et le bungee -- une forme vernaculaire de l’anglais. Mais ces enfants métis avaient également appris la ou les langues de la mère et une nouvelle langue est apparue, le mitchif, étonnante fusion d’éléments français et d’éléments cris et ojibwés. Tout ce patrimoine linguistique est aujourd’hui en voie d’extinction.
Célébré pour sa beauté, honni pour sa durée, son intensité et ses tragédies, l'hiver est un thème récurrent dans la représentation graphique du Québec, et cela dès la fin du XVIIIe siècle. Cet élément identitaire important a été exploré sous différentes facettes, notamment par les peintres, les photographes et les cinéastes. Depuis les Britanniques servant la cause de l'Empire jusqu'aux nationalistes québécois affirmant l’un des traits les plus pénétrants de leur identité, les images de l'hiver témoignent autant de la réalité de la saison froide que des mythes qu'on lui accole.
Cette petite île de deux kilomètres de long et d’un demi-kilomètre de large, située dans l’estuaire du Saint-Laurent face à la ville de Trois-Pistoles, est reconnue comme site patrimonial tant pour la richesse de ses ressources naturelles que culturelles. La Société Provancher d’histoire naturelle du Canada achète en 1929 l’île aux Basques pour en faire une des toutes premières réserves naturelles protégées au Québec, en raison de sa grande diversité ornithologique. En effet, on y compte quelque 229 espèces recensées, soit près des deux tiers des espèces d’oiseaux connues dans la province. Quant à l’histoire culturelle, l’île renferme une variété importante de sites amérindiens et elle constitue le premier lieu d’établissement des Basques sur le territoire actuel du Québec, à la fin du XVIe siècle. L’île aux Basques est donc l’un des premiers sites d’occupation européenne dans l’est du Canada. Un centre muséographique, baptisé Parc de l’aventure basque en Amérique, a été construit en 1996 sur la terre ferme, à Trois-Pistoles, et un autre sur l’île en 1999, afin d’informer le public de cette page fascinante mais peu connue de l’histoire canadienne. La Commission des lieux et monuments historiques du Canada a classé l’île aux Basques Lieu historique national du Canada en 2001.
L’île d’Orléans est reconnue comme l’un des lieux d’établissement pionnier des immigrants français en Nouvelle-France. Elle est aussi le symbole de leur enracinement durable en Amérique du Nord. C'est pourquoi on qualifie souvent l'île d'Orléans de « berceau de l'Amérique française ». En outre, depuis longtemps, les richesses naturelles de l'île et sa beauté fascinent aussi bien les artistes que les visiteurs qui viennent s'y ressourcer. Ces richesses ont aussi permis aux habitants de l'île d'y maintenir pendant plusieurs générations un mode de vie traditionnel. Cet environnement naturel contribue donc pour beaucoup à la valeur patrimoniale de l'île d'Orléans.
Jack Kerouac, « pape de la Beat Generation », auteur du célèbre roman On the Road, incarne pour plusieurs générations de lecteurs un personnage légendaire de la littérature américaine. Bien qu’elle ait d’abord été publiée en langue anglaise, l’œuvre de l’écrivain s’inspire et se rattache au patrimoine culturel de l’Amérique française. La trajectoire de Kerouac est celle d’un Franco-Américain faisant couramment usage de la langue française pendant toute son enfance dans un « Petit Canada » du Massachusetts. S’il finit par opter pour l’anglais, étant devenu écrivain à New York, il a pourtant clairement envisagé d’écrire en français, comme le révèlent deux manuscrits retrouvés récemment. Sa renommée fut importante dans la francophonie d’Amérique, particulièrement au Québec, où certains ont vu dans sa vie et son œuvre des réminiscences de la condition canadienne-française.
Jacques Cartier est l’un de ces explorateurs européens partis d’Espagne, du Portugal, d’Angleterre et de France au XVIe et au XVIIe siècles, principalement pour découvrir un passage vers la Chine mythique. Cartier est devenu l’un des « découvreurs » d’un nouveau monde, immense continent qui barrait le chemin aux navigateurs : les Amériques. En explorateur méticuleux, il a inventorié un vaste territoire s’étendant du golfe du Saint-Laurent jusqu’au site d’Hochelaga, devenu Montréal, et il a attribué ce territoire au roi de France. Il n’est toutefois pas parvenu à fonder une colonie durable. Les premiers historiens du Canada français l’ont proclamé découvreur du Canada au XIXe siècle, car Jacques Cartier servait très bien les intérêts nationalistes émergents.
Le Jardin botanique de Montréal est d’abord l’œuvre d’un homme déterminé, le frère Marie-Victorin (1885-1944). Cet éminent botaniste et grand pédagogue canadien-français voulait ainsi sensibiliser ses compatriotes francophones à l’importance des études scientifiques qui étaient peu valorisées à son époque, dans une société encore très traditionnelle. Le Jardin a été l’un des principaux fruits de cette mission auquel Marie-Victorin a consacré sa vie. Aujourd’hui, le Jardin botanique de Montréal, conçu par l’architecte paysager visionnaire Henry Teuscher, est parfois qualifié de « véritable miracle boréal ». Cette institution d’envergure internationale conjugue beauté de la nature et vocation éducative, à l’image du projet de son premier artisan. Il constitue également une attraction touristique majeure de la métropole du Québec.
L'année 1979 a été marquante en Acadie : en plus de célébrer le 375e anniversaire de sa fondation, on a vu naître et s'instaurer de façon permanente le fameux Tintamarre du 15 août ainsi que deux grands réseaux sociaux : le Conseil économique acadien - qui deviendra le Conseil économique du Nouveau-Brunswick - et les Jeux de l'Acadie. Ces derniers représentent « la manifestation populaire annuelle la plus courue et l'une des grandes réalisations de l'Acadie moderne », comme l'écrivait déjà Daniel O'Carroll en 1993. En effet, les Jeux représentent une formidable occasion d'apprentissage et de dépassement pour tous les Acadiens, jeunes et adultes : ces Jeux ont beaucoup contribué au développement de l'Acadie contemporaine, riche de talents et d'accomplissements.
Joseph Montferrand, dit Favre, mieux connu sous le nom de Jos Montferrand, demeure l’une des plus grandes figures légendaires du Canada français. En Amérique du Nord, le héros porte entre autres le nom de Montferan, Muffraw Mouffreau, Mufferon, Maufree et Murphy. Bien qu’il soit étroitement lié à l’Outaouais, le bûcheron, draveur, contremaître, cageux et homme fort n’est pas originaire de la région. Il y passe toutefois la moitié de sa vie, attiré par l’industrie forestière qui s’avère le moteur du développement de l’Outaouais au XIXe siècle. C’est là qu’il entre dans la légende, puisque encore aujourd’hui, il s’avère impossible de savoir lesquels de ses exploits relèvent du folklore et de la réalité.
Fondé en 1910 par Henri Bourassa, le journal Le Devoir a été le principal véhicule d’une pensée nationaliste canadienne-française s’étendant à l’ensemble du Canada et des États-Unis. Au début du XXe siècle, les communautés de langue française établies en Acadie, en Ontario et dans l’Ouest canadien, voire même en Nouvelle-Angleterre et en Louisiane, paraissaient unies par des aspirations semblables et un désir commun de survivance. Inlassablement, pendant près de cinquante ans, Le Devoir a soutenu d’un bout à l’autre de l’Amérique du Nord les droits politiques et linguistiques des francophones. Ce contexte s’est modifié au moment de la Révolution tranquille quand le journal s’est recentré sur sa mission d’abord québécoise et montréalaise, délaissant la vision continentale qui avait été celle de son fondateur et de ses principaux animateurs. De nos jours Le Devoir a conservé un certain intérêt pour le sort des minorités francophones canadiennes, mais il a cessé de s’intéresser de près à leur évolution et ne reflète plus leurs aspirations politiques, différentes de celles de la collectivité québécoise.
Dans la partie ouest du Vieux-Montréal, sur la pointe à Callière, se dressent depuis 1693 les vieux murs du premier établissement caritatif de Montréal. Connu comme la « Maison de Charité » ou « l’Hôpital général des Frères Charon ». On y accueillait des pensionnaires pauvres, enfants et adultes abandonnés, leur offrant gîte et compassion. En 1747, Marguerite d’Youville et les Sœurs Grises reprennent l’établissement qu’elles développeront au cours du XIXe siècle, avant leur départ pour un nouveau couvent, en 1871. Partiellement démolis, les bâtiments restants de l’Hôpital général servent ensuite d’entrepôts, avant d’être restaurés pour permettre le retour des Sœurs Grises, en 1981.
L’accueil fait aux chansons de Félix Leclerc en France, à compter de 1952, a donné le coup d’envoi au développement et à l’émancipation de la chanson québécoise. L’œuvre et la personnalité de ce poète chantant ont par la suite exercé une influence considérable sur plus d’une génération d’artistes qui continuent d’interpréter ses chansons et de saluer l’importance de sa contribution culturelle. Aujourd’hui, des prix et des trophées perpétuent sa mémoire et les traces les plus diverses soulignent l’affection et l’estime que suscite toujours Félix Leclerc dans la population. L’homme et l’œuvre occupent indéniablement le cœur du patrimoine culturel des Canadiens français devenus des Québécois, en plus de rayonner largement dans la francophonie.
Fait remarquable, c’est de la Champagne-Ardenne que sont venus quelques-uns des fondateurs les plus notables de l'Amérique française, en particulier pour Ville-Marie/Montréal. Même si l'apport numérique a été modéré: environ 2,5% du total des habitants. A peu près la même chose que la Bourgogne, un peu plus que la Franche-Comté et un peu moins que la Lorraine, toutes des régions limitrophes. Rien d’anormal étant donné sa position géographique éloignée de l'océan. Depuis l’an 2000, les initiatives se multiplient dans l’ancienne province de Champagne, afin de rappeler l’importante contribution de cette région à l’essor du fait français en Amérique aux XVIIe et XVIIIe siècles.
À l’été 1701, Montréal est le centre d’un événement historique majeur dans les relations entre les nations amérindiennes et les Français : le traité de la Grande Paix, signé le 4 août. Ce traité met fin à plusieurs décennies de conflits opposant les Iroquois aux Français et à leurs alliés autochtones. En 2001, la société pour la diffusion de la culture autochtone Terres en vues et le musée d’archéologie et d’histoire de Montréal Pointe-à-Callière s’associent pour commémorer le tricentenaire de cet événement. Pendant 150 jours, 150 activités permettent aux nations amérindiennes et aux Québécois de tisser des liens d’amitié et de respect mutuel, tout en soulignant l’importance des relations complémentaires qui existaient entre les Français et de nombreuses nations autochtones à l’époque de la Nouvelle-France.
L'adoption de la loi accordant aux femmes le droit de vote et d'éligibilité modifiera à jamais la démocratie représentative au Québec. Une fois ce droit acquis, les femmes l'exerceront de façon massive et régulière, faisant ainsi mentir ceux qui s'y opposaient, à commencer par les prétentions de l'ancien premier ministre Louis-Alexandre Taschereau selon lesquelles les femmes n'en voulaient pas. Ainsi, la lutte des femmes suffragettes aura permis beaucoup plus que la reconnaissance de ce droit, notamment la possibilité de faire dorénavant valoir le point de vue des femmes dans l'espace public au plus haut niveau, soit au Parlement, et de sortir du rôle traditionnel auquel elles étaient confinées depuis longtemps. Résultat : en 1961, Claire Kirkland-Casgrain deviendra la première femme de l'histoire du Québec élue députée à l'Assemblée nationale, pavant ainsi la voie au changement des mentalités en démocratie.
On assiste aujourd’hui à un regain d’intérêt pour la culture et le patrimoine francophone en Louisiane, après une longue période de recul causée principalement par l’obligation de s’instruire en anglais. Cette transformation forcée a mené à l’adoption de plusieurs éléments de la culture américaine et de la langue anglaise dans toutes les sphères de la société. De sorte qu’aujourd’hui, la première langue parlée en Louisiane est l’anglais et le nombre de personnes qui déclarent parler français à la maison a beaucoup diminué. Cependant, depuis 1968, il est de nouveau possible de s’instruire en français en Louisiane et la minorité francophone prend son avenir en main pour sauvegarder sa culture particulière. Fait à noter, la diffusion et la valorisation de la langue française par les jeunes se fait beaucoup par le biais de la culture et des arts. Le vidéaste Helgi Piccinin s’est penché avec attention sur ce sujet.
L’histoire de La Rochelle, c’est l’histoire de ses différents ports qui traduisent la capacité des Rochelais à participer à toutes les dynamiques atlantiques entre le XIIe et le XVIIIe siècle. La participation précoce aux grandes découvertes, les échanges avec les Amériques et avec le reste du Monde au gré des entreprises coloniales et des opportunités économiques installent la ville-port dans le groupe des grandes cités maritimes du monde atlantique. Une vieille histoire ! Il n’est pas étonnant de voir sur le territoire d’une agglomération forte aujourd’hui de près de 150 000 habitants et dans le paysage urbain de la vieille ville, les marques de cette aventure française en Amérique du Nord. Une aventure de coopération France-Québec qui se poursuit d’ailleurs aujourd’hui de multiples façons.
Un théâtre francophone amateur existe en Saskatchewan dès les premiers peuplements francophones dans la province au début du XXe siècle. Toutefois, c'est seulement depuis 1985 qu'y existe une troupe professionnelle francophone. La Troupe du Jour s'est donné comme mission originale de devenir un centre de création dans l'Ouest canadien. Elle a ainsi participé à la formation d'une communauté d'artistes fransaskois. Au fil de son histoire, cette troupe a produit de nombreuses créations originales ainsi que des œuvres classiques du vaste répertoire théâtral de la francophonie. La Troupe du Jour a été intronisée au Margaret Woodward Theatre Hall of Fame en 2003.
La Vérendrye fait partie des explorateurs marquants de l’histoire de la Nouvelle-France. Il reste une des grandes figures emblématiques de l'Ouest canadien du fait qu'il est le premier voyageur à atteindre la région de Winnipeg. Il est particulièrement célébré au Manitoba par des fêtes commémoratives, des événements culturels et par les arts : ces manifestations soulignent que le fait français dans les Prairies remonte aux initiatives du découvreur. Aux yeux de plusieurs, La Vérendrye se présente comme l'archétype du voyageur idéal. Il symbolise le courage et l’esprit d'aventure, des qualités bien ancrées dans la mentalité des voyageurs francophones, métis et anglophones qui ont peuplé progressivement cet espace géographique de l'Amérique du Nord.
Le 24 juillet 1991, Douglas Crosby, président de la Conférence oblate du Canada, choisissait le site sacré du lac Sainte-Anne pour présenter, au nom de 1 200 Oblats, des excuses aux Premières nations du Canada pour « certains effets négatifs » que les pensionnats ont eus sur les autochtones. Le choix de ce lieu n'est pas anodin : le lac Sainte-Anne revêt en effet une grande importance dans la spiritualité traditionnelle, mais aussi dans l'histoire des relations franco-amérindiennes de l'Ouest. Situé à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest d'Edmonton, en plein cœur de la province de l'Alberta, le lac Sainte-Anne était un lieu de rassemblement ancestral. Depuis 1889, les autochtones (Cris, Dénés, Pieds‑noirs et Métis) viennent y célébrer la fête de sainte Anne. Chaque année, en juillet, le site reçoit de 35 000 à 40 000 pèlerins provenant du Canada et des Etats-Unis. Le 19 juillet 2007, Parcs Canada et la Commission des lieux et monuments historiques du Canada y dévoilaient une plaque commémorant l'importance historique nationale de ce lieu de pèlerinage.
Selon le recensement de 2006, la population de langue maternelle française du Manitoba représente un peu moins de 4 % de la population totale de la province. L’histoire du fait français dans cette province, faite d’opiniâtreté et d’engagement pour la sauvegarde de ses spécificités culturelles et linguistiques, est toutefois empreinte de la richesse des héritages d’origines diverses qui la constituent. Les variétés de français en usage au sein de la communauté francophone témoignent encore aujourd’hui des traces linguistiques héritées des parlers importés par les colons venus du Québec, ou encore de l’Europe francophone aux alentours des années 1900.
L’identité (qui doit être distinguée de la nationalité comme de la citoyenneté) lorsqu’elle est collective, renvoie au sentiment de spécificité qu’éprouve tout un groupe ; elle est à la fois conscience de soi et image que l’autre (ou les autres) envoie de vous. Parfois l’identité est liée à la religion (lorsqu’elle permet de résister ou de s’opposer à un voisin dominant) ; par exemple : l’orthodoxie des Grecs, le catholicisme des Irlandais et des Polonais. Aujourd’hui l’Islam sous sa version radicale et politique est revendiquée comme une marque identitaire d’affirmation (ou à l’inverse comme objet de stigmatisation). La communauté de langue a aussi été dans le passé comme encore aujourd’hui une caractéristique identitaire, parce que l’identité comme le disait Lautréamont est liée à la permanence qui défie les aléas de l’histoire. Ainsi se trouvent associées trois dimensions : mémoire, langue et identité. Contrairement à la théorie allemande du XIXe siècle qui mettait en avant la langue comme fondement exclusif de la nationalité, la tradition française (et aussi francophone) associe la fidélité à la langue à la volonté collective de la défendre et de l’illustrer, et aussi aux luttes collectives qui permettent aux peuples de s’émanciper et de s’affirmer. Rappelons enfin que la langue n’est pas un simple code de communication mais une mémoire ainsi qu’une âme collective grâce aux milliers d’images, de métaphores, de tournures de phrases, de finesses syntaxiques qui la caractérisent, sans oublier les milliers de mots parfois intraduisibles littéralement, tant ils sont enracinés dans un terreau original fertilisé par une histoire que l’on souhaite continuer à écrire en commun.
L’histoire des familles acadiennes qui ont échappé à la déportation ou qui sont restées en Acadie entre 1755 et 1764 demeure mal connue. Il s’agit pourtant d’un épisode marquant de l’histoire de l’Acadie puisqu’on trouve dans ces familles plusieurs ancêtres des membres actuels de la communauté acadienne du Canada. Ce qui est encore moins connu, c’est le séjour de nombre de ces familles non-déportées au camp d’Espérance de la Miramichi à l’hiver 1756-1757. Au départ, ces familles ont fondé de grands espoirs dans l’établissement du camp, puis une famine et une épidémie ont semé la mort au sein de cette population déjà très éprouvée. La mise à jour récente de nouvelles connaissances sur ce camp permet de mieux comprendre ce qui s’y est vraiment passé, d’évaluer plus précisément le nombre de personnes concernées, et de mettre en lumière le parcours de bien des descendants acadiens d’aujourd’hui.
Depuis 1925, le Cercle Molière présente sans interruption du théâtre en français à Winnipeg, au Manitoba. Le Cercle Molière est reconnu comme la plus ancienne troupe de théâtre au Canada, toutes langues confondues, et représente un des plus beaux fleurons de la culture française enracinée dans l’Ouest canadien. Animée depuis ses origines par des amateurs passionnés de théâtre, la troupe du Cercle Molière est aujourd’hui devenue professionnelle. Elle offre une programmation pour les adultes et pour les jeunes, et donne aussi des sessions de formation en art dramatique. Le Cercle Molière constitue un monument incontournable du patrimoine local; il occupe une place de choix sur la scène des arts et de la culture au Manitoba français. Il a toujours su rallier les énergies de la communauté franco-manitobaine et celle-ci l’a souvent aidé à surmonter les nombreux obstacles qui ont jalonné son parcours.
Chemin du Roy est aujourd'hui synonyme de « route du patrimoine ». En effet, les automobilistes qui circulent sur la rive nord du fleuve entre Québec et Montréal sont invités à emprunter la route 138, qui suit approximativement le tracé du chemin du Roy originel. Là, les panneaux bleus qui jalonnent le circuit touristique du chemin du Roy les guident de ville en village et leur font découvrir les bâtiments et les paysages témoins de notre patrimoine. L'avenue Royale – qui est le prolongement authentique du chemin du Roy originel à l'est de Québec – offre ce même contact avec plusieurs biens patrimoniaux. Mais le véritable chemin du Roy, la première route à relier Québec et Montréal à partir de 1734, révèle en condensé l'histoire des transports dans la vallée du Saint-Laurent.
Homme du peuple, orphelin, modeste ouvrier, humble frère de Sainte-Croix, rien ne destinait le frère André à l'accomplissement d'une œuvre grandiose. Pourtant, depuis plus d'un siècle, son nom est associé à l'un des plus grands sanctuaires chrétiens au monde, l'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal à Montréal. De grands rassemblements de pèlerins se tiennent dans la basilique qu'il a fait construire et des messes y sont célébrées quotidiennement. Cependant, selon le souhait du frère André, c'est l'accueil et l'attention envers les souffrances et les préoccupations des visiteurs qui sont privilégiés. La compassion du frère André envers ses contemporains et l'ampleur de ses accomplissements ont une place de choix dans le patrimoine culturel du Québec.
Le Loudunais est une ancienne province française, actuellement située dans le département de la Vienne, d’où venaient certaines des premières familles de l’Acadie. Après plusieurs décennies de débat scientifique sur l’ampleur de cette migration, l’hypothèse reste controversée auprès des experts, mais est largement acceptée par les gens du Loudunais, qui tentent de conserver la mémoire des racines du peuple acadien. Une étude comparative des sociétés acadienne et loudunaise décèlent certaines ressemblances, tels que l’influence de la guerre, le rôle des représentants sélectionnés par la communauté, l’importance des sacrements de l’Église catholique et une économie basée sur l’exportation de surplus agricoles.
L'héritage politique du Québec repose sur une longue tradition démocratique. Dès la création du Bas-Canada en 1792, le régime parlementaire pose les balises de l'exercice du politique : le droit de vote et la constitution d'une assemblée où siègent les représentants élus par le peuple. La création de la Confédération canadienne en 1867 vient consolider le régime parlementaire : on met alors sur pied des institutions démocratiques - calqués sur le modèle britannique - et on dote les provinces d'une démocratie parlementaire représentative. Bien sûr, le contexte identitaire et linguistique polarise les débats parlementaires : le Québec réalise cependant des gains concernant l'usage du français dans ses propres institutions et l'expression de son identité culturelle. Suivant étroitement les grands courants de la société québécoise, la démocratie évolue au fil du temps. Elle s'adapte notamment aux nouveaux outils de communication : si les journaux ont longtemps été un véhicule privilégié, les nouvelles technologies sont à présent dans la mire des institutions démocratiques et des services publics. À l'heure du web 2.0, le patrimoine politique et démocratique du Québec témoigne ainsi de sa grande adaptabilité et de ses perspectives d'avenir.
La ville de Salem dans le Massachusetts est un palimpseste culturel en ce sens qu’elle porte les traces de tous les gens qui l’ont habitée successivement. Les Canadiens-Français qui ont immigré à Salem à la fin du 19e et au début du 20e siècles ont principalement laissé leur empreinte dans un quartier qu’on appelle « La Pointe ». Un incendie dévastateur a rasé ce quartier en 1914, poussant ses habitants franco-canadiens et franco-américains à l’imaginer à nouveau et à le rebâtir. Cent ans plus tard, la Pointe a été inscrite au Registre national des lieux historiques des États-Unis en raison de l’uniformité de son style architectural et de son importance culturelle pour la communauté franco-américaine.
Mi-légendaire, mi-historique, l’effroyable récit du loup de Lafontaine, petite communauté rurale franco-ontarienne située à environ 160 km au nord de Toronto, fut écrit par le curé Thomas Marchildon et publié par la Société historique du Nouvel-Ontario à Sudbury en 1955. C’est l’histoire de la genèse d’un des plus vieux villages de l’Ontario français fondé au début du XIXe siècle. La légende, qui relate comment un loup maléfique a pu rallier les descendants divisés des premières familles de la région devant un ennemi commun, est devenue le précieux legs d’un auteur inspiré qui s’est servi de la fiction pour écrire l’histoire et garder celle-ci vivante dans la mémoire collective de sa communauté.
Prêtre, naturaliste, écrivain, éditeur, vulgarisateur scientifique, systématicien et taxinomiste, Léon Provancher fut tout cela à la fois. Les scientifiques d'aujourd'hui le reconnaissent comme le pionnier des sciences au Canada et un des grands naturalistes nord américains du XIXe siècle. Il a fondé en 1868 Le Naturaliste canadien, la plus ancienne revue scientifique francophone en Amérique du Nord, une revue qui continue d'exister de nos jours. La réunion de ses collections en sciences naturelles à l'Université Laval, avec sa bibliothèque scientifique et divers documents le concernant, forme un ensemble patrimonial scientifique unique du XIXe siècle et une source de référence et d'étude pour les chercheurs du monde entier.
Huguenots est le surnom donné aux protestants français à partir des années 1560. Après l’interdiction du culte réformé en France, en 1685, le terme désigne aussi ceux d’entre eux qui émigrent clandestinement dans le monde entier Un tout petit nombre s’établit en Amérique britannique (futurs Etats-Unis), où, dès le XIXe siècle, ils laissent des traces mémorielles et patrimoniales sans aucune mesure avec leur importance, sous plusieurs formes : lieux, monuments, objets, toponymes et groupes associatifs. Depuis les années 1990, le Québec explore lui aussi la part de ses origines huguenotes et les patrimonialise à son tour. Cette créativité patrimoniale demande une explication.
La langue française est sans doute l’élément central du patrimoine que partagent les francophones du Nouveau Monde. Pendant plus de quatre siècles, le français d’Amérique a survécu et il a évolué, multipliant les variantes reflétant les environnements naturels et culturels dans lesquels il a pris racine, les chocs et les rencontres qui l’ont marqué, les occupations, vocations et domaines que ses locuteurs ont maîtrisés. Un des documents les plus importants pour l’étude de l’histoire du français nord-américain est le manuscrit intitulé « Façons de parler proverbiales, triviales, figurées, etc., des Canadiens au XVIIIe siècle », un petit calepin rédigé de 1743 à 1758 par le père Pierre Philippe Potier, missionnaire jésuite aux Hurons de la rivière Détroit. Ce lexique du parler canadien-français est le premier et, en fait, le seul à documenter le français parlé en Nouvelle-France. Potier a noté la plupart des mots de son lexique dans la région de la rivière Détroit, où il fut missionnaire de 1744 à sa mort survenue en 1781. Ce document revêt donc une importance capitale pour les francophones de cette région.
Publiée depuis 1978, Liaison se veut la revue des arts et de la culture francophone en Ontario, en Acadie et dans l’Ouest canadien. Établie à Ottawa depuis sa création, elle est aujourd’hui publiée quatre fois par année par Les Éditions L’Interligne. Unique en son genre, elle traite la vie artistique francophone de ces régions et en souligne le dynamisme et l’originalité. Gardant au cœur de ses préoccupations le maintien d’une communauté artistique et culturelle bien vivante, la revue fait place aux artistes de tout domaine et assure aux lecteurs francophones en situation minoritaire au Canada un portrait artistique de leur communauté.
Marie Guyard, mieux connue sous le nom de Marie de l'Incarnation, est née à Tours, en France. Elle y a vécu quarante ans, de sa naissance jusqu'à son départ vers le Canada, soit de 1599 à 1639. Elle figure parmi les pionniers de la Nouvelle-France, où elle a notamment implanté le monastère des ursulines à Québec, première école pour jeunes filles amérindiennes et françaises en Amérique du Nord. Elle a habité ce monastère jusqu'à sa mort en 1672. Si sa mémoire est abondamment commémorée au Québec, son souvenir était quasi oublié dans sa terre d'origine, où seule une poignée de fervents, d'érudits et d'édiles, se souvenaient de cette modeste provinciale du XVIIe siècle, échappée vers les « quelques arpents de neige » du Canada. Cependant, depuis les années 1950, grâce au dynamisme et à la bonne volonté d'un groupe formé de Canadiens et de Tourangeaux, soutenus par quelques élus sensibilisés au rayonnement de la langue française en Amérique du Nord, la mémoire de Marie Guyard reprend enfin ses droits à Tours.
Dans les régions acadiennes du Nouveau-Brunswick, des lieux historiques rendent hommage aux travailleuses et aux travailleurs et permettent en même temps d'analyser leur représentation dans la culture publique. Ces lieux historiques ouvriers sont nés des efforts de différents groupes actifs dans les communautés : les conseils du travail, les syndicats, les familles, les représentants de villes ou de villages et, parfois, un employeur ou l'État. Certains lieux témoignent d'événements tragiques en milieu de travail tandis que d'autres soulignent les contributions de groupes ou d'individus qui se sont illustrés dans leur travail ou au sein de leur communauté. Dans tous les cas, ils mettent en valeur la contribution de ces travailleurs à la communauté.
En 2005, au moment où la Communauté métisse du Domaine du Roi et de la Seigneurie de Mingan émerge en tant qu’organisation politique au Québec, elle se crée un logo afin de signaler sa présence et de se rendre visible comme communauté métisse contemporaine. La Communauté réunit des individus s’identifiant comme Métis et cherchant à se faire reconnaître comme tels devant les tribunaux, alors qu’aucune communauté métisse n’est officiellement reconnue au Québec en 2010. Cette reconnaissance implique l’octroie de droits protégeant leurs activités de subsistance telles que la chasse, la pêche et la cueillette. Les composants de ce logo représentent différents référents culturels illustrant une riche histoire, en même temps que des emprunts et des réappropriations que les membres de la Communauté mettent en valeur dans leurs stratégies politiques de reconnaissance. Ce logo est devenu l’emblème de la Communauté et témoigne de la façon dont les Métis cherchent à s’ancrer, comme groupe distinct, dans l’héritage de l’Amérique française.
Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau, est un personnage marquant de l’histoire de la Nouvelle-France. Grand administrateur, figure de proue du commerce des fourrures, il a contribué à une large expansion du territoire de la Nouvelle-France. Gouverneur de 1672 à 1682, puis de 1689 à 1698, il a représenté pendant près de vingt ans le roi de France Louis XIV dans l’immense Amérique du Nord française et a repoussé victorieusement l’attaque des Anglais sur Québec en 1690. Il est l’un des personnages les plus connus de l’histoire de la Nouvelle-France au Québec, où son rôle a été maintes fois souligné. Par contre, en France, il est resté dans l’ombre jusqu’à une date récente.
Louis Riel, figure emblématique des Métis, est un personnage central mais controversé de l'histoire du Canada : héros et patriote pour les uns, traître et meurtrier pour les autres. Il a pris la tête de deux mouvements de résistance afin de s’opposer à la politique colonialiste de son temps, d’abord à la rivière Rouge (futur Manitoba) en 1869-1870, puis à Batoche (Saskatchewan) en 1885. Ce visionnaire, « prophète du Nouveau Monde » et père fondateur de la province du Manitoba (1870) a toujours soutenu la cause des Métis. Il a payé de sa vie, le 16 novembre 1885, son rêve d'établir une société autochtone et multiculturelle au sein de laquelle tous les Canadiens auraient vécu en bonne harmonie. Peu d’hommes publics de son temps sont encore aussi largement connus que lui.
L'industrie forestière a joué un rôle de premier plan dans le développement économique, social et culturel du Madawaska depuis la première demie du XIXe siècle. Avec le temps, la forêt est devenue une composante importante de l'identité régionale de ce secteur du Nouveau-Brunswick. Partout dans la région, des monuments, des plaques, des œuvres d'art public, des sites architecturaux, des événements - célèbrent les succès et les échecs des travailleurs de la forêt : draveurs, bûcherons, conducteurs d'équipements forestiers, planteurs d'arbres, travailleurs des scieries, cuisiniers et autres. Plusieurs aspects du patrimoine culturel du Madawaska font écho à cette activité économique marquante.
La présence francophone en Colombie-Britannique remonte à plus de deux siècles. Plusieurs membres des expéditions des explorateurs Mackenzie et Fraser traversent d’abord les Rocheuses et atteignent le Pacifique, puis des « voyageurs » francophones de la traite des fourrures s’établissent dans diverses régions de la province au cours du XIXe siècle. À compter de 1909, la communauté de Maillardville constitue un autre exemple du rôle joué par les Canadiens français dans le développement de cette province. Quelques centaines de Canadiens français arrivent alors en Colombie-Britannique, recrutés pour travailler dans une scierie située sur les rives de la rivière Fraser, à l’est de Vancouver. À cette époque, Fraser Mills n’est qu’une petite « ville d’entreprise » entourée d’une forêt. Quelques années plus tard, un village comprenant une église, un couvent, une école, un bureau de poste, un poste de police et de pompiers ainsi que quelques commerces a remplacé la dense forêt au nord de la scierie. Le village francophone de Maillardville était né et allait connaître, au fil des décennies, de multiples évolutions.
La maison de George-Étienne Cartier (1814-1873), bâtie en 1837, apparaît comme un élégant édifice en pierre. Elle est protégée par un toit en fausse mansarde (1893), trait commun à tant d’autres maisons montréalaises de la fin du XIXe siècle. Une partie du bâtiment recrée l’univers bourgeois où vécut, de 1862 à 1871, la famille du célébrissime homme politique. Cette maison est à la frange nord-est du Vieux-Montréal, angle Notre-Dame Est et Berri. Son emplacement, jadis celui de la citadelle militaire, avoisine l’édifice recyclé de l’ancienne gare Dalhousie (1883-1884), la plus ancienne gare ferroviaire de Montréal, toujours existante. La restauration et l’interprétation qui est faite dans ce lieu historique national permet de comprendre la carrière politique de Cartier et de retracer l’histoire de cette maison, de son quartier environnant et, plus globalement, l’évolution du développement urbain de Montréal. Elle permet également de comprendre le mode de vie et les relations sociales de cet homme politique marquant.
L’amateur de patrimoine à la recherche de la maison Van Horne sur la rue Sherbrooke à Montréal ne la trouvera pas. À l’endroit où elle a été construite, dans la seconde moitié du XIXe siècle, se dresse aujourd’hui un bâtiment de 17 étages aux lignes épurées. Toutefois, l’importance de la demeure victorienne ne réside plus tellement dans sa valeur matérielle, mais dans le débat soulevé par la campagne de sauvegarde qui défraya la chronique médiatique au cours de l’année 1973. L’offrande consentie à la métropole moderne bouscula les consciences et galvanisa les associations de protection du patrimoine tout en transformant la conception du fonds patrimonial national des Québécois.
Depuis quelques années, on assiste à une véritable renaissance du métier traditionnel de forgeron autour de la ferronnerie d’art, du fer décoratif et de la restauration d’édifices patrimoniaux. Certains centres d’interprétation des métiers du fer, créés sur le site d’anciennes forges, vont jusqu’à offrir aux visiteurs et aux communautés avoisinantes un ensemble de produits utilitaires fabriqués sur demande par des artisans forgerons. Cette résurgence de pratiques que l’on croyait disparues ne peut se comprendre qu’à la lumière de la longue trajectoire historique des forgerons québécois, marquée par un enrichissement progressif des savoir-faire depuis l’époque de la Nouvelle-France. Il faut aussi souligner leur esprit de résilience face à tout ce qui pouvait constituer une menace pour leur profession : environnement inhospitalier, vicissitudes des cycles économiques, percée de la production industrielle de masse après 1850 et avènement de l’automobile au début du XXe siècle.
La fête de la Mi-Carême demeure une tradition bien vivante dans quelques régions acadiennes de l’est du Canada. À Chéticamp et Saint-Joseph-du-Moine au Cap-Breton, à Fatima aux îles de la Madeleine et à Natashquan et Pointe-Parent sur la Côte-Nord du Québec, la randonnée annuelle des mi-carêmes constitue une riche tradition qui se perpétue probablement depuis l’arrivée des premiers colons. À l’Île-du-Prince-Édouard, dans les paroisses de Tignish et de Palmer Road, plusieurs familles conservent une autre tradition, soit la visite annuelle de la mystérieuse Mi-Carême, personnage mythique qui apporte des friandises aux enfants sages. Ces communautés ont conservé des traditions d’origine française qui autrefois étaient connues dans toute l’Acadie ainsi que dans plusieurs régions du Québec.
Tout au long de son histoire, tant du point de vue linguistique que culturel, la population de la Nouvelle-Écosse s'est constamment diversifiée. Sans entrer dans les détails de cette évolution historique, on observe aujourd'hui que la langue française possède un statut minoritaire car elle n'est parlée que par environ 3 à 5 % de la population totale de cette province. On constate par ailleurs que cette population francophone n'est pas homogène, un francophone sur quatre étant né à l'extérieur de la province. Cette variété linguistique, qui résulte notamment des arrivées et des départs d'individus qui se sont établis dans cette province du Canada atlantique, représente un héritage sans précédent qu'il y a lieu de préserver et de promouvoir pour les futures générations.
En 2000, les augustines de la Miséricorde de Jésus ont résolu de regrouper les archives et les collections de leurs douze monastères en un « lieu de mémoire habité » et de mettre ce trésor à la disposition de la collectivité. Le monastère de l'Hôtel-Dieu de Québec - situé à la haute ville -, érigé dans les années qui ont suivi l'arrivée des premières augustines en 1639, a été désigné par elles pour conserver et exposer cet héritage. Les espaces anciens de l'Hôpital général de Québec - situé à la basse ville -, qui remontent également au XVIIe siècle, offriront un complément de visite à cet ensemble patrimonial exceptionnel, nommé désormais Le Monastère des augustines.
Le mont Royal est directement associé à l'histoire et à l'identité de Montréal. Dominant la ville, « la montagne », comme l'appellent affectueusement les Montréalais, reste toujours fidèle à ce qu'on attend d'elle : point de repère, haut lieu symbolique et patrimonial où se côtoient nature, culture et histoire. Cette petite colline montérégienne de 232 mètres de dénivellation, que Jacques Cartier a baptisé en 1535 en l'honneur du roi de France et sur laquelle le sieur de Maisonneuve planta une croix en 1643, occupe depuis longtemps une place prépondérante dans le cœur des Montréalais. L'engagement indéfectible qu'elle suscite de leur part depuis 150 ans pour la protéger donne la mesure de son pouvoir identitaire. Cette action citoyenne témoigne aussi du rôle clé que joue parfois la population dans la préservation et la mise en valeur du patrimoine collectif.
Le Monument commémoratif du Canada à Vimy est le plus important mémorial dédié à la mémoire de tous les soldats canadiens morts au champ d'honneur lors de la Première Guerre mondiale. Situé sur la crête de Vimy au nord de la France, le mémorial est l'attraction principale du terrain où s'est déroulée la bataille de Vimy du 9 au 12 avril 1917. Ce mémorial se veut également un rappel du sacrifice des militaires canadiens qui n'ont pas de sépultures connues. L'histoire, la portée symbolique et les nombreuses cérémonies commémoratives s'y rattachant font du mémorial de Vimy un lieu de mémoire de notoriété internationale.
Né à Laon, dans le nord de la France, en 1637, le père jésuite Jacques Marquette a découvert le fleuve Mississippi en 1673, en compagnie de Louis Jolliet, explorateur, commerçant et seigneur né à Québec. Le père Marquette est mort près de l’actuelle ville de Ludington au Michigan en 1675. Héroïsé aux États-Unis à partir de 1877, après la découverte de ses ossements, il est resté largement méconnu en France. L’histoire du monument que lui a consacré sa ville natale en 1937 illustre les aléas de la mémoire locale de ce héros américain. Jésuite longtemps renié par les anticléricaux français, le père Marquette n’a finalement pu être honoré dans son pays que lorsqu'on a mis en avant sa figure d’explorateur-cartographe de l’Amérique du Nord.
Le moulin Fleming, situé dans le parc Stinson de l’arrondissementde LaSalle de la Ville de Montréal, fait face au lac Saint-Louis. Construit enpierres des champs en 1827, il est le seul moulin à vent d’inspirationanglo-saxonne du Québec encore debout aujourd’hui. Depuis 1982, il est l’emblèmede la Ville de LaSalle. En 1983, le ministère des Affaires culturelles duQuébec classe le moulin Fleming comme bien archéologique. Restauré en 1990, ildevient un Centre d’interprétation de l’histoire du moulin. Le parcourshistorique du moulin Fleming incarne à la fois l’héritage industriel de LaSalleet la venue d’immigrants de souche écossaise. Ce double héritage fait désormaispartie intégrante de Montréal et de son histoire.
Construit en 1762, le moulin Légaré est encore aujourd’hui activé par la seule force de l’eau. Dès sa construction, il a joué un rôle important dans le développement du village puisque les premiers établissements commerciaux se sont établis à proximité et que le noyau villageois s'est constitué autour du moulin. Il est actuellement la plus ancienne industrie toujours en fonction au Canada. Ce moulin à farine fonctionne grâce à ses mécanismes anciens et au savoir-faire du meunier, qui ne pourraient exister indépendamment l’un de l’autre. Lieu de rassemblement lors de fêtes et d’événements et accueillant toutes sortes d’activités culturelles et récréatives tout au long de l’année, le moulin Légaré fait partie de la vie des Eustachois depuis maintenant 250 ans. Et surtout, il contribue à préserver de manière vivante un pan important du patrimoine matériel et du savoir-faire traditionnel des anciens Canadien français.
Fondé en 1939 le Musée de Saint-Boniface loge depuis 1967 dans le bâtiment le plus ancien de Winnipeg : l’ancien couvent des Sœurs Grises, reconnu lieu historique national exceptionnel par le gouvernement du Canada, désigné par le gouvernement du Manitoba en 1991 et la ville de Winnipeg en 1995. L’édifice constitue d’ailleurs le plus important artéfact du Musée qui a pour mission de le préserver et de le mettre en valeur. Cette institution a également pour mission de faire connaître l’histoire et la culture matérielle des Canadiens français et des Métis de l’Ouest canadien, particulièrement ceux qui sont originaires du Manitoba. Avec sa collection de plus de 25 000 objets, incluant le plus important fonds d’objets se rapportant à Louis Riel au Canada, le Musée de Saint-Boniface joue un rôle culturel majeur au sein de la francophonie manitobaine et de la province du Manitoba.
Avec les années 2000, un nouveau phénomène est apparu, que quelques-uns avaient anticipé mais que plusieurs ne pouvaient imaginer quelques décennies auparavant, soit le vieillissement et la disparition graduelle des communautés religieuses, faute de relève. Les religieux et religieuses encore vivants détiennent une mémoire et des connaissances fort précieuses qui risquent d’échapper aux générations futures si on ne prend garde de les consigner de façon efficace. Chez les Ursulines de Trois-Rivières, des moyens ont été mis de l’avant pour sauvegarder et surtout diffuser ces connaissances sur le point de disparaître avec les personnes qui en sont porteuses. Le Musée des Ursulines de Trois-Rivières est maintenant le dépositaire de cette précieuse mémoire.
Situé dans un magnifique hôtel particulier du XVIIIe siècle, le Musée du Nouveau Monde illustre à travers ses collections les relations que la France entretient avec les Amériques depuis le XVIe siècle à partir de La Rochelle, l’un des principaux ports de commerce et d’émigration vers le Nouveau Monde. Peintures, gravures, cartes anciennes, sculptures, mobilier, objets d’art décoratif, évoquent le Canada, les Antilles ou encore le Brésil avec de nombreux témoignages sur le commerce triangulaire et l’esclavage. Une section est consacrée au Far-West et aux Amérindiens.
Marguerite Bourgeoys a joué un rôle clé dans l’histoire de l’éducation au Québec. En effet, elle a fondé la Congrégation de Notre-Dame, communauté de femmes non cloîtrées vouée à l’enseignement et encore active aujourd’hui à travers le monde. De plus, sœur Bourgeoys a laissé une autre trace remarquable dans le patrimoine matériel québécois : la chapelle de pèlerinage Notre-Dame-de-Bon-Secours, dont la construction remonte au milieu du XVIIe siècle. Ce sanctuaire dédié à la Vierge Marie est le plus ancien site montréalais qui ait conservé sa fonction d’origine, soit celle d’accueillir des pèlerins. Ce patrimoine est mis en valeur au complexe muséal Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours/Musée Marguerite-Bourgeoys, créé en 1998.
Les peuples métis, de descendance mixte française et autochtone, sont aussi issus d’autres cultures, notamment la culture écossaise. C’est dans les Prairies canadiennes au cours des années 1800 que le mot métis connut un usage courant pour désigner les enfants nés de marchands canadiens-français et de femmes des Premières Nations, principalement Crie et Ojibwé. Ces intermariages donnèrent lieu à une culture syncrétique et à la création de langues distinctes, appelées Mitchif ou Métchif, de vêtements, de nourriture et de musique également. Au cœur de la culture musicale métisse, à la fois passée et présente, existe une tradition liée au violon et à la danse qui se veut le reflet des racines écossaise, française et autochtone, ainsi que d’autres influences. La musique de violoneux a été à ce point associée à la culture métisse que les joueurs de Turtle Mountain déclarent : « Un Métchif sans violon, ça n’existe pas. La danse, le violon et le Métchif ne font qu’un »(NOTE 1).
En 2006, à l'occasion du 100e anniversaire de la fondation de la Ville de Gravelbourg, le groupe musical a cappella Octopus lança son premier disque compact... après 43 ans d'existence ! Créé en 1963 au Collège Mathieu par le père Fernand Binette, o.m.i., cette formation fransaskoise allait connaître bien du succès et de nombreuses mutations. Sa longue vie, étroitement associée au Collège Mathieu de Gravelbourg, s'inscrit dans l'histoire de la chanson française en Saskatchewan. Celle-ci a toujours joué un rôle important dans la vie culturelle des Fransaskois, comme forme d'expression, occasion de rassemblement et source d'identité. Au cours du XXe siècle, elle se manifeste sous forme de chants patriotiques, de festivals et de boîtes à chansons, de chant choral et de vedettes nationales comme Hart Rouge. De nos jours, malgré des difficultés économiques certaines, la musique en français demeure bien vivante dans la communauté fransaskoise.
En mars 1973, quelques étudiants de l'université Laurentienne de Sudbury (Ontario), sous la supervision du professeur Fernand Dorais, mettaient sur pied un spectacle multidisciplinaire pour clore un colloque. Musiciens, comédiens et poètes franco-ontariens se succédèrent sur la scène de l'amphithéâtre de l'auditorium Fraser pendant toute une soirée. La Nuit sur l'étang était créée. Trente-cinq ans plus tard, l'événement attire toujours un public fidèle. Peu importe les difficultés et les nombreux changements subis au fil des ans, la Nuit sur l'étang continue de se donner comme objectif de faire une place à la relève artistique et de fournir aux Franco-Ontariens une occasion de célébration. L'espace d'une soirée, des gens d'un peu partout dans la province se rassemblent annuellement pour chanter en français et recréer ce qu'on a déjà qualifié de « folie collective d'un peuple en party (NOTE 1)».
Tous les pays ont un hymne national et le Canada ne fait pas exception à la règle avec son « Ô Canada ». L'hymne national doit être un symbole rassembleur autour duquel se cristallisent le sentiment d'appartenance et l'identité collective. Il est joué ou chanté lors de cérémonies officielles, ou lors d'occasions solennelles, et il a pour fonction d'offrir un condensé de ce qui représente le mieux un pays, une nation. Toutefois, cela est parfois théorique et l'hymne national peut connaître divers destins, fluctuant au même rythme que se transforme le pays ou la nation. C'est ce qui s'est produit pour le « Ô Canada » dont le cheminement historique est pour le moins étonnant. D'abord chant patriotique canadien-français avant d'être l'hymne national du Canada, il reste particulièrement présent lors des événements sportifs comme les matchs de hockey professionnels, ou les Jeux Olympiques, sans pourtant faire l'unanimité sur sa portée identitaire réelle. Aujourd'hui encore, ce chant composé au 19e siècle est l'objet de réflexions et de reconsidérations diverses.
Village à très forte majorité francophone il y a à peine 40 ans, Orléans est aujourd’hui une banlieue d’Ottawa dont à peine le tiers de la population est de langue maternelle française. Le fait français n’y a toutefois pas perdu de son dynamisme, cette population affichant une vigueur peu ordinaire non seulement pour le maintien, mais aussi pour le développement de ses acquis. La communauté francophone d’Orléans s’est dotée d’infrastructures culturelles uniques en Ontario. La bataille menée il y a une vingtaine d'années pour que le gouvernement de l'Ontario écrive « Orléans » avec l'accent aigu sur le e, témoigne de sa volonté de s’affirmer à l’échelle régionale et ontarienne.
Bien qu'elle soit la capitale du Canada, Ottawa est une ville beaucoup plus petite que Montréal et Toronto, qui ont jadis souhaité lui ravir le titre de capitale du Dominion canadien. Plus petite, elle fait également moins parler d'elle dans la littérature franco-ontarienne : moins que Toronto, que Montréal et même Québec. Elle se taille néanmoins une place honorable, souvent sous des traits ironiques, parfois même sous des atours humoristiques. C'est du moins ce que nous révèlent certains journalistes, romanciers et nouvellistes franco-ontariens depuis plus de cent ans.
Entre les Laurentides et les Appalaches, la plaine du Saint-Laurent est ponctuée de collines s'étalant d'est en ouest. Ces collines, appelées Montérégiennes, proviennent de montées de magma en fusion qui se sont produites il y a une centaine de millions d'années. L'une d'elles, le mont Royal, s'élève sur la plus grande île de l'archipel de Montréal, au cœur même de la métropole du Québec. Ce parc urbain exceptionnel est l'objet de mesures de protection et de mise en valeur également exceptionnelles. Explorer les multiples richesses et les divers aspects du patrimoine de cette montagne urbaine, c'est renouer avec l'histoire naturelle et humaine de Montréal. C'est aussi découvrir le charme des paysages et des aménagements qui témoignent de la continuelle recherche d'équilibre entre la nature et la culture.
Le parc Montmorency est situé au sommet de la côte de la Montagne, à Québec, et il voisine l’archevêché et l’ancien hôtel des postes. Il a été désigné lieu historique national en 1949 pour commémorer l’un des lieux de réunion de l’Assemblée législative de la province du Canada entre 1841 et 1866, un jalon important de l’histoire de la démocratie au Canada. Plusieurs autres événements et bâtiments ont enrichi le passé de cet endroit qui a été tour à tour un lieu sacré, où ont été inhumés plusieurs pionniers de la Nouvelle-France, un lieu de pouvoir religieux et civil, ainsi qu’un site militaire stratégique. Le parc Montmorency a été la scène de grandes premières historiques.
En 2001, la création du Parc national d’Anticosti vient consacrer l’inscription de ce territoire dans le patrimoine naturel québécois. Ce parc comprend le secteur de la chute Vauréal, considéré comme un haut-lieu naturel méritant des mesures de protection et une reconnaissance de l’État. Mais Anticosti ne se résume pas à ses caractéristiques biophysiques. Sa patrimonialisation ne peut s’interpréter sans considérer les représentations sociales qui y sont associées et l’histoire de son peuplement humain. À ce titre, Anticosti devient un exemple des relations inextricables entre l’humain et son territoire, et montre l’importance d’inclure ces éléments dans les processus de protection et de mise en valeur de la nature québécoise.
En plus de comprendre le site historique de grande valeur de la colline du Calvaire, le Parc national d'Oka, au Québec, se situe dans un environnement naturel d'une richesse exceptionnelle. La géographie et la géologie ainsi que la faune et la flore de ce milieu y ont favorisé l'activité humaine dès la préhistoire. C'est au début des années 1960 que débutent les efforts de protection et de sauvegarde du territoire actuel du Parc, avec la création de la Réserve de chasse et de pêche de Deux-Montagnes, bientôt rebaptisée parc provincial d'Oka, puis parc national d'Oka. Ce territoire couvre actuellement 23,7 kilomètres carrés et abrite plusieurs écosystèmes qui font l'objet d'un programme permanent de suivi scientifique. Refuge pour la flore et la faune laurentiennes, ce parc témoigne de l'étonnante diversité biologique et géomorphologique du Québec méridional.
Le parc national du Bic fut créé en octobre 1984 afin de préserver et de mettre en valeur un échantillon représentatif de la région naturelle du littoral sud de l’estuaire du Saint-Laurent. Bien que représentatif, le Bic est reconnu depuis longtemps pour ses paysages uniques des plus spectaculaires. Aujourd’hui, le parc abrite de nombreuses espèces fauniques dont le cerf de Virginie, le renard roux, le pékan ainsi que plusieurs espèces d’oiseaux. L’observation du phoque commun, l’animal emblème du parc, de l’eider à duvet et des oiseaux de proie retiennent particulièrement l’attention des visiteurs. Sur le plan floristique, plus de 744 plantes vasculaires y ont été inventoriés par les botanistes au cours du dernier siècle, ce qui exclut les mousses et les carex. Plus de 160 000 visiteurs visitent annuellement le parc pour s’imprégner de ces lieux enchanteurs et y pratiquer une multitude d’activités de plein air et de découvertes.
Le parc national de la Mauricie a été créé en 1970 afin de préserver et de mettre en valeur le riche patrimoine naturel qui caractérise la région des Laurentides méridionales. Posées sur un socle rocheux très ancien, les montagnes aux formes douces sont recouvertes d’une abondante forêt mixte qui abrite près de 150 lacs et une faune abondante. La région de la Mauricie est historiquement un lieu de passage où les peuples autochtones ont pratiqué la chasse et la pêche de subsistance, puis la traite de fourrures. Aux XIXe et XXe siècles, une exploitation forestière intensive a marqué ce territoire. À partir des années 1880, la région est aussi devenue terre de loisirs pour les riches citadins adeptes de la pêche sportive, avec l’avènement de plusieurs clubs privés de chasse et de pêche. Aujourd’hui, le parc national de la Mauricie est le refuge de nombreuses espèces fauniques, dont le loup de l’Est, l’ours noir, le castor, l’orignal et plusieurs espèces de poissons. Les visiteurs peuvent y pratiquer plusieurs activités de plein air et y découvrir une nature qui appelle à la contemplation.
Situé à l’extrémité Est de la Gaspésie, le Parc National Forillon est un site patrimonial de Parcs Canada, représentatif des richesses naturelles et culturelles de la région. Le puissant contraste entre la terre et la mer offre des paysages spectaculaires et incomparables. À Forillon, la mer représente l’élément le plus important parce qu’elle influence tous les aspects du milieu. Elle laisse une empreinte particulière au paysage, façonne le littoral, tempère le climat, supporte une faune marine productive et a généralement été la raison des premiers établissements humains. L’environnement unique du parc est composé de plus de dix formations rocheuses et de colonies d’oiseaux marins. Le site possède également une histoire étonnante. Les premiers Européens se sont installés le long du littoral accidenté, non loin de petites grèves propices pour la pêche au XVIIIe siècle. Dans l’intention de protéger, de mettre en valeur et de transmettre le patrimoine de Forillon, le parc a été créé en 1970. Toutefois, sa création a suscité une controverse puisque les habitants ont été expropriés afin de mettre en place un idéal de nature sauvage.
En toutes saisons, le caractère sauvage du parc national du Mont-Tremblant séduit les visiteurs. Ce parc d'une superficie de 1 510 km2, avec ses montagnes et ses érablières mêlées de sapins à perte de vue, ses 400 lacs et ses six rivières, offre des paysages caractéristiques des Laurentides au nord de Montréal. De sa création comme réserve forestière en 1895 à l'obtention du statut de parc national en 2001, ce territoire a connu plus d'un changement de vocation et de superficie. Tout au long de son histoire, l'usage que les humains y ont fait des forêts et de la faune témoigne de l'évolution des contextes culturels et économiques.
Réalisé entre 1875 et 1886, l’hôtel du Parlement de Québec compte aujourd’hui parmi les édifices les plus représentatifs du patrimoine architectural québécois. Tant par sa facture que par son style, il évoque le passé, le présent et l’avenir d’une nation éprise de démocratie. Son imposante carrure en pierres de taille, sa silhouette distinctive, sa décoration intérieure sont autant d’éléments qui rappellent, selon les intentions de son architecte, Eugène-Étienne Taché, les origines françaises de ce coin de pays en terre d’Amérique. Orientée vers le levant, la façade du bâtiment, édifié tout près des fortifications du Vieux-Québec, s’orne de nombreuses sculptures qui racontent les différentes épopées liées à la fondation du Canada et du Québec. Sur le fronton de l’entrée principale se trouve gravée la devise du Québec : « Je me souviens ». Évocation du chemin parcouru depuis 1534, cette devise actualise l’histoire politique et rappelle à celui qui la lit qu’en ce parlement siègent toujours l’assemblée du peuple et le gouvernement élu.
En 1972, une nouvelle formation politique voyait le jour au Nouveau-Brunswick : le Parti acadien. Formé de militants néonationalistes et syndicalistes surtout situés dans la péninsule acadienne, le Parti acadien maintiendra son existence pendant une décennie complète, avant de s’éteindre en 1982. Au cours de sa brève histoire, il participera à trois élections provinciales, sans jamais faire élire de député. Malgré ses insuccès en période électorale, le Parti acadien s’avère fondateur de l’identité acadienne contemporaine. Ayant mis à l’avant-scène plusieurs enjeux importants pour la population acadienne, son legs le plus important s’inscrit en effet dans la pédagogie, la sensibilisation et l’engagement social. On retient aujourd’hui de l’existence du Parti acadien son discours politique néonationaliste et autonomiste, mais surtout l’une de ses principales utopies, le projet d’une province acadienne.
Ville nouvelle du XVIIe siècle, Rochefort fut fondée en 1666 par Louis XIV pour offrir à la Marine un arsenal au débouché du fleuve Charente. Cette fondation répondait aussi à la nécessité de se doter d’une plateforme d’expansion coloniale vers la Nouvelle-France. Frappé d’obsolescence au XIXe siècle, l’arsenal vécut au siècle suivant un déclassement qui l’a mis à l’abri des destructions. Son patrimoine bâti d’exception supporte depuis un quart de siècle le renouveau de la ville. Rochefort mise aujourd’hui sur son passé pour faire face, grâce au tourisme et à la culture, aux rudes mutations économiques qui ne cessent de l’affecter.
Au XVIIIe siècle, le fort Saint-Joseph est l’un des plus importants postes frontaliers de la portion ouest de la région des Grands Lacs. Fondée par les Français dans les années 1680, ce qui était à l’origine une simple mission deviendra, pendant près d’un siècle, un important centre d’activité religieuse, militaire et commerciale pour les populations amérindiennes et pour les colons européens. Si les collectionneurs de la fin du XIXe siècle connaissaient l’emplacement du site, celui-ci tombe dans l’oubli jusqu’à sa redécouverte, en 1998, par des archéologues de l’Université du Western Michigan. Les fouilles successives jointes à l’implication du grand public pour la préservation et la mise en valeur de ce site ont permis de faire renaître l’intérêt pour l’histoire et le patrimoine de l’époque coloniale française.
Dans le cadre du cours ETN-1107 «Le patrimoine culturel des francophones de l'Amérique du Nord» offert à distance à l'Université Laval, les étudiantes et étudiants auront à réaliser une enquête sur le patrimoine funéraire, plus précisément sur un cimetière de leur localité. Dans cette page se trouvent les documents à utiliser pour effectuer cette recherche. Naturellement, quiconque s'intéresse à cette facette du patrimoine culturel peut consulter ces textes et articles! Les résultats les plus intéressants seront probablement annexés ici, constituant une ébauche de répertoire du patrimoine funéraire en Amérique française.
Le domaine de l’Abbaye cistercienne de Rougemont en Montérégie constitue un patrimoine naturel unique au Québec. Arrivé à Rougemont en 1932, cet ordre monastique s’est rapidement intégré à l’économie régionale en choisissant la pomiculture comme activité lucrative afin d’assurer sa subsistance et son indépendance financière. Avec ses 35 hectares de pommiers, le verger des cisterciens est le plus important du Québec à être ouvert à l’autocueillette. Une partie des récoltes sert également à la fabrication de vinaigre de cidre, de jus de pomme et d’un cidre élaboré selon la méthode champenoise. En étroite relation avec la nature, les moines ont aménagé sur leurs terrains de vastes espaces verts qu’ils réservent en partie au recueillement des membres de leur communauté, ou qu’ils destinent au repos des visiteurs. De plus, en 2008, ils ont transformé leur forêt de 50 hectares en réserve naturelle privée dans le but de préserver la faune et la flore exceptionnelles du mont Rougemont.
Saint-Laurent de Grandin est un site très important du patrimoine religieux des francophones de la Saskatchewan, ou Fransaskois. Il fut un temps où tous les Fransaskois et tous les Métis francophones de cette région de la Saskatchewan étaient de fidèles catholiques, car le clergé oblat y avait joué un rôle actif de conversion. La mission de Saint-Laurent a attiré et attire encore un grand nombre de fidèles. En effet, située au milieu de la province, sur la rive ouest de la rivière Saskatchewan Sud, à environ 10 kilomètres au nord de Batoche, l’ancienne mission métisse accueille chaque été des milliers de fervents pour le pèlerinage annuel dédié à Notre-Dame-de-Lourdes. L’organisation du pèlerinage est maintenant assurée par la paroisse de Duck Lake.
Le plus important lieu de pèlerinage dédié à la Vierge Marie en Amérique du Nord se trouve au Cap-de-la-Madeleine dans la région de Trois-Rivières au Québec. Si le site lui-même a une vocation religieuse depuis le Régime français, le Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap a été consacré en 1888, à la suite de deux événements prodigieux attribués à la Vierge Marie. Le site, fréquenté par de nombreux pèlerins chaque année, a reçu son plus illustre visiteur en 1984 : le pape Jean-Paul II. Malgré le recul des pratiques religieuses au Québec, le Sanctuaire demeure un lieu de rencontre unique pour des visiteurs et des pèlerins de tous les âges et de toutes les origines ethniques.
En 1863 paraît Les Anciens Canadiens de Philippe Aubert de Gaspé, un roman qui se déroule aux environs de la Conquête de 1759. L'auteur y brosse un tableau de moeurs, qui transmet aux futures générations la mémoire d'un mode de vie alors en voie de disparition. Le succès est immédiat. Non seulement l'oeuvre de Philippe Aubert de Gaspé est-elle fort populaire de son vivant, mais son succès ne se dément pas par la suite. Les critiques n'ont jamais manqué d'encenser l'œuvre, que l'on place au rang de classique de la littérature québécoise. « Premier historien des traditions populaires », « premier mémorialiste du Régime britannique », « chroniqueur de la vie des élites et historien des traditions populaires », voilà quelques épithètes accolées à l'écrivain. Le manoir de Gaspé, symbole autant des Anciens Canadiens que de son auteur, a été reconstruit en 2008, près de cent ans après avoir été détruit par les flammes. Il abrite désormais un musée qui poursuit l'œuvre de son ancien propriétaire.
Au cours des derniers siècles, les forêts de l’est de l’Amérique du Nord ont subi des changements draconiens. L’ouverture des terres par les Européens venus s’y établir et les divers épisodes de coupes forestières qui ont suivi ont provoqué une véritable révolution dans la trajectoire écologique des peuplements. Les forêts de pin blanc n’ont pas été épargnées. Elles ont fait l’objet d’une quête acharnée qui a duré plus de 250 ans. L’exploitation de cette précieuse ressource a été si intense que la majorité des peuplements de l’est de l’Amérique du Nord sont aujourd’hui disparus. La coupe a connu son apogée au XIXe siècle, d’abord pour combler les besoins de la marine britannique, ensuite pour soutenir le développement des villes et des villages du Canada et des États-Unis.
Souvent décrit comme un arbre majestueux aux dimensions extraordinaires, le pin blanc a fasciné et inspiré les naturalistes et les artistes de plusieurs générations. Avec plus de 40 m de hauteur et un diamètre à la souche dépassant souvent les 100 cm, c'est le géant des forêts du nord-est de l'Amérique. Dans de bonnes conditions, le pin blanc bénéficie d'une croissance rapide et d'une longévité surprenante. Certains arbres, toujours vivants, ont été témoins de l'arrivée des explorateurs européens du début du XVIIe siècle. Des millions d'hectares de pinèdes qui couvraient l'est de l'Amérique du Nord il y a à peine 400 ans, il ne reste que des miettes, entre 0.25 et 5 % selon les auteurs. Ces forêts morcelées, transformées et affaiblies sont aujourd'hui tributaires des bons soins que les propriétaires terriens et les gouvernements qui en ont la charge voudront bien leur prodiguer. Que fait-on pour assurer la survie de ce précieux héritage naturel?
Le 17 février 1997, une plaque était dévoilée à la législature albertaine à Edmonton. Simultanément, on commémorait le même événement à l'hôtel Fort Garry, à Winnipeg. En ce jour de célébration étaient réunis des membres de la Nation métisse de l'Alberta et du Manitoba ainsi que des représentants du ministère du Patrimoine canadien et d'associations historiques locales. On n'inaugurait aucun monument, on ne rendait hommage à aucune personne. En fait, les représentants des différents organismes présents soulignaient l'importance historique nationale d'une route de transport qui a marqué le Nord-Ouest au cours du XIXe siècle : la piste Carlton.
La Place-Royale à Québec est un site historique et archéologique unique en Amérique du Nord. Considérée comme le lieu de naissance de l’Amérique française, elle a joué un rôle majeur dans le développement socioéconomique de la colonie française puis anglaise du Saint-Laurent, du XVIIe au XIXe siècle. À partir des années 1860, la concurrence du port de Montréal entraîne le déclin de celui de Québec et, par le fait même, du secteur de Place-Royale. Dans les années 1940, l’état de décrépitude des lieux engendre la mise sur pied d’un vaste projet de reconstruction qui sera réalisé dans les années 1970 et 1980, en vue de restituer à cet endroit son cachet français d’Ancien Régime. Les fouilles archéologiques et les recherches historiques effectuées à cette occasion ont révélé la richesse patrimoniale exceptionnelle de ce premier centre-ville français d’Amérique.
De l’ensemble des lieux associés au patrimoine des francophones d’Amérique du Nord, les plaines d’Abraham sont sans doute l’un des sites naturels et historiques les plus connus et les plus fréquentés. Les batailles qui s’y sont déroulées en 1759 et 1760, entre les armées françaises et anglaises, ont marqué la mémoire collective comme un tournant majeur dans l’histoire du Canada et du monde occidental. Au fil des ans et au gré des sentiments d’appartenance, ce site a véhiculé de multiples représentations symboliques et a représenté des idéaux variés. L’histoire des plaines d’Abraham demeure cependant très mal connue.
En 2001, le comité canadien a intégré le poirier des Jésuites à son logo des Grandes Fêtes commémorant le tricentenaire de la fondation de la ville de Détroit par Antoine Lamothe-Cadillac. Selon la tradition, cet arbre majestueux aurait été introduit par les jésuites au début du XVIIIe siècle. Ces poiriers géants, dont les racines remontent à l’époque de la Nouvelle-France, sont typiques de la région mais ils sont devenus rares et leur avenir n’est pas assuré. Depuis 2001, ils sont devenus le symbole vivant de la communauté francophone de Détroit, maintenant concentrée du côté canadien de la frontière autour de la ville de Windsor. En liant symboliquement son sort à celui des poiriers des Jésuites, la communauté francophone du Détroit s’est engagée à protéger leur valeur patrimoniale, historique et culturelle, tout en réaffirmant sa propre vitalité.
Le pont de Québec a marqué l'histoire des transports et du génie au Canada. Il est le plus long pont cantilever au monde, faisant 549 mètres de portée libre entre ses piliers principaux et dépassant de 28 mètres le pont Firth of Forth situé près d’Édimbourg, en Écosse. Au début du XXe siècle, les promoteurs du pont de Québec qualifiaient leur projet de huitième merveille du monde, tant sa construction représentait un défi colossal pour l’époque. En effet, cette prouesse d’ingénierie civile a été réalisée avec difficulté, après des décennies d’attente et deux tentatives infructueuses qui ont causé la mort de 89 ouvriers. Finalement, le pont de Québec a été complété avec succès le 20 septembre 1917 devant plus de 125 000 témoins enthousiastes. Il est aujourd’hui considéré comme un chef-d’œuvre mondial d’ingénierie, désigné Monument historique international du génie civil et Lieu historique national du Canada.
Du début du XVIIIe siècle jusqu'au milieu du XIXe, des centaines de ponts de bois couverts ont été construits au Québec. Ces constructions, qui étaient banales dans nos paysages au siècle dernier, ont traversé plusieurs époques de l'histoire économique et politique de la province. La construction systématique de ces ponts à l'architecture distinctive est un phénomène qui est de plus en plus étudié. Remplacés par dizaines lors de la mise à niveau du réseau routier amorcée dans les années 1950-60, moins d'une centaine de ces ouvrages subsistent. Ils font partie intégrante de notre patrimoine bâti.
Avant l’arrivée des brise-glace et des navires à coque d’acier, les ponts de glace représentaient une part de l’identité des habitants vivant en bordure du fleuve Saint-Laurent. Le terme pont de glace désigne un passage balisé situé sur l’englacement entre les deux rives du fleuve Saint-Laurent. Lorsque le plus connu d’entre eux prenait entre Québec et Lévis, c’était une fête. Il permettait des échanges économiques et une socialisation particulière, à la fois pragmatique et festive. Les ponts de glace constituent un patrimoine immatériel en raison des nombreux récits et représentations picturales qui nous sont parvenus.
Le Lieu historique national du Canada de Port-la-Joye – Fort Amherst est situé à proximité de Rocky Point, près de la route 19 sur la rive sud du comté de Queens, à l’Île-du-Prince-Édouard. Les visiteurs du site peuvent y voir les fondations recouvertes d’herbe du Fort Amherst, érigé par les Britanniques en 1758, ainsi que l’indication de l’emplacement de quelques structures associées à l'ancien Port-la-Joye - un avant-poste colonial français et l'un des premiers établissements coloniaux permanents de l'île. Le site comprend notamment les vestiges d’une maison ayant appartenu à Michel Haché dit Gallant et à son épouse, Anne Cormier, qui ont été parmi les premiers Acadiens à peupler l’île-du-Prince-Édouard.
En 1792, le Bas-Canada, qui deviendra éventuellement la province de Québec, fait sa première expérience en démocratie parlementaire en élisant les membres del'Assemblée législative, qui siégeront à Québec. Jusqu'en 1838, la population ira voter régulièrement, contribuant ainsi à l'établissement d'une toute nouvelle culture politique en terre d'Amérique. Ce faisant, en moins de cinquante ans, la démocratie naissante instillera les vieilles institutions d'alors, insufflant à la population le désir de prendre part aux débats publics par l'entremise de représentants élus. Toutefois, la transition démocratique en cours n'octroiera pas les pleins pouvoirs à l'Assemblée, majoritairement canadienne-française, sinon le droit d'exprimer plus librement ses opinions politiques. Le pouvoir réel sera encore entre les mains d'un cercle restreint d'Anglais, le Conseil exécutif, fidèles à la couronne d'Angleterre. C'est dans ce contexte de tensions, exacerbées par la volonté populaire d'obtenir un gouvernement responsable, que culmineront les Rébellions de 1837 et 1838. Toute cette expérience permettra à l'ensemble de la société d'alors d'adhérer aux pratiques démocratiques riches en éléments patrimoniaux, lesquelles sont toujours bien vivantes.
Au Québec, l’histoire de la presse écrite est intimement liée à celle de la société, de la fin du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours. Cette presse fait son apparition seulement après la Conquête britannique car la monarchie française, soucieuse de contrôler la circulation des idées dans sa colonie américaine, n’autorisera pas l’implantation d’une presse à imprimer en Nouvelle-France. Autre important héritage britannique, le régime parlementaire donnera naissance, au tournant du XIXe siècle, à la presse d’opinion, lieu de débats des idées sociopolitiques. Dans les dernières décennies du XIXe siècle, d’importants changements socioéconomiques engendreront un nouveau modèle de presse écrite qui s’imposera tout au long du XXe siècle, celui du grand quotidien d’information.
Pendant presque tout le XXe siècle, la presse écrite au Québec a été dominée par le modèle d’affaires du grand quotidien d’information, dans lequel l’information journalistique, très diversifiée, côtoie une abondante publicité. Ce modèle est repris par la presse catholique et régionale dès le début du siècle, alors que le format tabloïd s’avère très populaire en milieu urbain auprès de la masse ouvrière à partir des années 1920. Or, dans les dernières décennies du XXe siècle, des changements importants dans les pratiques journalistiques et les habitudes de consommation de l’information transforment considérablement le paysage de la presse écrite. Avec l’avènement du numérique et la pression exercée par les nouvelles technologies sur les médias dits traditionnels, cette presse est appelée à se réinventer à l’aube du XXIe siècle.
Parmi les joyaux du Répertoire du patrimoine culturel du Québec, la Pulperie de Chicoutimi occupe sans conteste une place privilégiée. Rare témoin de l'industrie de la pâte de bois selon le procédé mécanique, l'endroit possède un statut de site historique, tant à l'échelon fédéral que provincial. Accordée depuis 1983, cette double désignation explique sa mise en valeur avec le concours du milieu. Si l'usage de la pierre, dans l'esprit de la tradition française, explique la beauté et la durabilité des bâtiments, les archives révèlent, pour leur part, une histoire plurielle du lieu. Couvrant plusieurs générations, ces documents montrent sa construction, sa transmission et sa conversion à des fins muséales, culturelles et touristiques.
À la différence du célèbre « Vieux Carré » de La Nouvelle-Orléans, le quartier Beauregard à Bâton Rouge reste peu connu. Pourtant, il s’agit d’un exemple rare d’urbanisme français aux États-Unis qui offre aux regards du promeneur, le long de ses rues étroites et ombragées, une vaste palette de couleurs et de styles architecturaux. Le quartier Beauregard reflète l’histoire particulière de cette capitale qui a vu flotter dans son ciel pas moins de sept drapeaux nationaux… sans oublier le célèbre « bâton rouge » indien qui a donné son nom à la ville. En 1980, ce patrimoine urbain et architectural exceptionnel a été inscrit au registre des sites historiques américains.
Le Quartier Petit Champlain à Québec est fréquenté annuellement par des centaines de milliers de visiteurs. Reconnu pour ses nombreuses boutiques d’artisans et ses restaurants, le secteur évoque, par l’aspect de ses bâtiments, un quartier historique d’une grande beauté. Pourtant, c’est un tout autre visage que l’endroit présentait jusqu’aux années 1970. Laissé à l’abandon depuis la fin du XIXe siècle, le quartier, devenu délabré et insalubre, a été le théâtre d’un vaste projet de revitalisation dans les années 1970 et 1980. Ce projet de restauration, né du rêve de deux hommes, constituait une approche inédite au Canada et visait à laisser visibles les traces des siècles passés dans l’architecture des bâtiments et à redonner vie à cette longue rue étroite en lui conférant sa vocation d’antan, celle de quartier d’artisans.
Plus ancien faubourg ouvrier de la ville de Québec, le quartier Saint-Roch a été pendant longtemps le quartier le plus prospère et le plus populeux de la Capitale, en plus de concentrer une grande part de sa population francophone. Du milieu du XIXe siècle à la fin des années 1950, il constitue le noyau commercial, industriel et manufacturier de la ville. De par la richesse de son architecture et l’esprit créatif et innovateur de ses résidents, le quartier Saint-Roch est le témoin vivant de quatre siècles d’histoire de la ville de Québec. Sa relance est, en soi, un immense chantier de sauvetage, de restauration et de mise en valeur du cœur urbain de Québec.
Les radios communautaires acadiennes trônent en tête des intentions d’écoute de la majorité des Acadiens des provinces atlantiques du Canada. Ce mouvement de prise en charge par la population d’un outil de communication de masse a débuté dans la péninsule acadienne au milieu des années 1980 avant de se répandre rapidement aux quatre coins du Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve et Labrador. Étant assumée par les membres des communautés qu’elle dessert, la gouvernance de ces corporations assure que les goûts et les intérêts de celles-ci sont reflétés sur les ondes d’où leur succès populaire.
Personnage attachant, hors du commun et guidé par ses passions, le peintre René Richard (1895-1982) a vécu la première moitié de sa vie dans des conditions extrêmes de survie en forêt, à la recherche de lui-même. Fils d'immigrant suisse venu s'installer en Alberta, il choisit de vivre avec les Indiens Cris et les Inuits du Nord du Canada et c'est dans la solitude des grands espaces qu'il devient artiste. En 1927, il décide d'aller étudier la peinture à Paris et y rencontre le peintre canadien Clarence Gagnon. Revenu au pays en 1930, il reprend sa vie de trappeur au Manitoba et c'est finalement à Baie St-Paul, en 1938, qu'il trouve son port d'attache. Jusqu'à la fin de sa vie, il y peint ses paysages lumineux et colorés, à cheval entre la figuration et l'expressionnisme qui émergent au Québec à partir des années 1950. Son œuvre, importante, fait partie du patrimoine artistique du Canada et illustre maints aspects de son patrimoine naturel et humain.
Le réseau des Sociétés Saint-Jean-Baptiste s’est toujours trouvé à l’avant-garde des mobilisations identitaires et linguistiques des Canadiens français, puis de celles des Québécois. Ce réseau né de l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal, créée en 1854, a contribué à forger les mythes et les symboles entourant l’histoire collective des francophones d’Amérique, y compris les communautés d’origine canadienne et acadienne émigrées aux États-Unis. Il a animé la vie politique, culturelle et sociale depuis plus d’un siècle et demi. C’est pourquoi l’histoire de ce réseau peut être considérée comme le reflet des débats identitaires qui ont jalonné le passé des francophonies canadiennes, notamment parce qu’il a joué un rôle de premier plan dans la formation du patrimoine canadien-français.
La région du mont Mégantic a été reconnue comme la première réserve internationale de ciel étoilé au mois de septembre 2007, par l'International Dark Sky Association. Cette certification vise à reconnaître le leadership de la région pour la préservation et la restauration du ciel étoilé qui constitue l'une de ses grandes richesses naturelles. L'ASTROLab, l'observatoire et le parc national du Mont-Mégantic ont uni leurs efforts pour mettre en œuvre un projet mobilisateur, soutenu par une campagne de sensibilisation, l'adoption de règlements dans 34 municipalités et assorti d'un ambitieux programme de conversion de l'éclairage, afin de préserver la qualité du ciel nocturne de la région. Grâce au contrôle de la pollution lumineuse, la pérennité des activités de recherche, d'éducation et de tourisme en astronomie offertes au mont Mégantic est assuré. Désormais, cette région préserve officiellement un important patrimoine scientifique, culturel, paysager et environnemental.
En 2001, la rivière Détroit fut ajoutée au Réseau des rivières du patrimoine canadien. Cet honneur suivait sa nomination, l’année précédente, comme rivière patrimoniale par le gouvernement des États-Unis. Seul cours d’eau en Amérique du Nord à recevoir cette double désignation, la rivière Détroit se distingue surtout en raison de son patrimoine culturel et historique. Site du plus ancien établissement européen continu en Ontario, la rivière Détroit est aussi le foyer de la première communauté francophone permanente à l’ouest de Montréal. Les membres de cette communauté célébraient en 2001 les Grandes fêtes du tricentenaire de la région Windsor/Détroit. Sous la devise « Retour aux sources – pleins feux sur l’avenir! », les francophones du Détroit se sont dès lors fixé comme objectif de faire reconnaître l’importance de ce lieu de mémoire de la francophonie ontarienne. Puisque la rivière Détroit est au cœur de la vision et du sens d’appartenance des francophones de cette région, au même titre que le fleuve Saint-Laurent irrigue la mémoire des Québécois.
Les rivières de la Gaspésie attirent de nos jours des pêcheurs venus du monde entier pour pêcher le saumon, surnommé le roi des rivières. Les autochtones de la région ont été les premiers à pratiquer la pêche au saumon. Ils ont par la suite été imités par les colons européens arrivés au début du XVIIe siècle. Ce sont les Britanniques qui introduisent la pêche sportive dans les rivières gaspésiennes au XIXe siècle. Cette pratique se développe d’abord avec les clubs privés pour se démocratiser par la suite sous la pression populaire et s’imposer avec la pêche commerciale. Encore aujourd’hui, l’économie de cette région du Québec s’appuie sur cette activité qui a non seulement créé de nombreux emplois mais aussi tout un patrimoine matériel et immatériel, un héritage collectif qui repose sur un écosystème fragile.
La Salle est considéré comme l'un des plus grands explorateurs français de l'Amérique du Nord, tant au Canada qu'aux États-Unis. Lorsque l'histoire était enseignée dans les classes des États-Unis, principalement comme chronique héroïque du développement de la nation américaine, La Salle était inévitablement cité au même titre que le navigateur Henry Hudson et les conquistadors Coronado et Ponce de Leon. Afin d'honorer la mémoire de La Salle, on donna son nom à une voiture américaine, comme ce fut le cas pour Pontiac, De Soto et Cadillac, ces autres personnages célèbres de la période coloniale. Cependant, ce sont les récits historiques de Francis Parkman, avec leur portrait héroïque de La Salle, qui ont le plus contribué à fixer l'identité de cet explorateur et la portée de ses exploits dans la conscience nord-américaine. La Salle - que l'histoire populaire a retenu pour avoir été le premier homme à descendre le cours du Mississippi - est une personnalité historique dont la contribution à la conquête européenne et au développement de l'Amérique du Nord ne sera jamais effacée de la mémoire collective.
Le Royal 22e Régiment (R22R) est l’un des trois régiments d’infanterie de la Force Régulière du Canada dont le quartier-général se trouve à la Citadelle de Québec. C’est un régiment francophone qui se compose de cinq bataillons dont trois appartiennent à la Force Régulière et deux à la Force de Réserve. Le régiment a participé à tous les engagements majeurs livrés par le Canada depuis la Première Guerre mondiale, en passant par les missions de paix des Nations-Unies et la campagne d’Afghanistan. Sa riche histoire et son patrimoine, tant matériel qu’immatériel sont aujourd’hui mis en valeur de différentes manières au cœur de la ville de Québec.
Saint-Jean-Port-Joli est situé sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent à quelque 120 kilomètres à l’est de Québec. Comme tous les villages de la Côte-du-Sud, ses origines remontent au XVIIe siècle et son patrimoine religieux au XVIIIe siècle. Plus récemment, Saint-Jean-Port-Joli s’est taillé une réputation nationale dans le champ de l’art religieux populaire que symbolise la figure emblématique de Médard Bourgault, sculpteur sur bois, dont les œuvres ornent le temple paroissial et maints endroits du territoire. Ce patrimoine du XXe siècle est tout à la fois paysager, immobilier, mobilier et immatériel.
Saint-Malo, « cité corsaire » située en Bretagne, a été fondée en 1308 sur une presqu'île qui permettait une défense contre tout assaillant venu de la mer. Détruite partiellement par un incendie en 1661, elle a été reconstruite dans les années suivantes par l'architecte Vauban qui donna à la ville son allure et son plan originaux, encore visibles aujourd'hui. Pourtant, Saint-Malo a été presque totalement détruite une seconde fois par des bombes incendiaires américaines en août 1944, mais elle a été reconstruite à l'identique après la guerre. Depuis, elle attire de très nombreux touristes venus du monde entier et tout particulièrement du Québec, car Saint-Malo, ville natale de Jacques Cartier, occupe une place spéciale dans la mémoire des Canadiens d'origine française. Saint-Malo est aussi l'un des ports des côtes normande et bretonne qui a participé activement à la pêche à la morue sur les grands bancs de Terre-Neuve du 16e siècle jusqu'à leur dépérissement récent. Saint-Malo est en outre la ville natale de François-René de Chateaubriand, l'un des plus célèbres hérauts français de l'Amérique du Nord.
Le site historique Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons situé au bord de la rivière Wye (anciennement Isiaragui en langue huronne), un affluent de la baie Georgienne, témoigne avec fierté d’un des chapitres les plus dramatiques de l’histoire de la Nouvelle-France. La reconstitution contemporaine des vingt-deux édifices entourés d’une palissade qui fait revivre les dix ans d’existence de cette mission jésuite fortifiée (1639-1649) représente un étrange paradoxe. En effet, la rencontre marquée par des conséquences tragiques de deux peuples fondateurs du Canada, les Ouendats (ou Hurons) et les Français, est commémorée dans une région aujourd’hui très anglophone, par un organisme de langue anglaise, Huronia Historical Parks/Parcs historiques de la Huronie, où œuvre quelques francophones et personnes bilingues. Ce site historique en terre ontarienne n’en demeure pas moins un joyau du patrimoine français des tout débuts du Canada.
Peu d’institutions sont davantage associées au patrimoine du Québec que le système seigneurial, implanté sur les rives du Saint-Laurent dès les commencements de la colonisation française. Le paysage, le patrimoine bâti et la toponymie de l’axe laurentien conservent l’empreinte du cadre seigneurial qui ne s’est éteint qu’en 1854, après avoir survécu près d’un siècle sous le régime britannique. Même après cette date, le système seigneurial va continuer longtemps à caractériser l’espace québécois, particulièrement en milieu rural. Si la seigneurie est l’un des éléments constitutifs de la trame historique du Québec, ses traces matérielles et mémorielles dans le territoire ne reflètent pas toujours l’importance de cette institution. Dans certaines localités, les traces du passé seigneurial ont donné lieu à une véritable entreprise de patrimonialisation, tandis que dans d’autres, elles paraissent avoir sombré dans l’oubli. L’exemple de Beauport, l’une des plus anciennes seigneuries canadiennes, peut servir d’illustration à cette situation paradoxale.
Le Séminaire de Québec a été fondé en 1663 par Mgr François de Laval, premier évêque de la Nouvelle-France, afin d’édifier en Amérique les bases de l’Église catholique canadienne. Le Séminaire avait notamment comme responsabilité de veiller à la formation des prêtres, à l’encadrement des pratiques religieuses des colons et à l’évangélisation des autochtones. Après la Conquête britannique, cette communauté de prêtres diocésains deviendra une importante institution d’enseignement en mettant sur pied le Petit séminaire qui offrira le cours classique. En 1852, le Séminaire consolide sa mission éducative avec la fondation de l’Université Laval, première université de langue française en Amérique du Nord. Aujourd’hui, le Séminaire de Québec constitue un ensemble institutionnel d’une valeur exceptionnelle au cœur du Vieux-Québec, classé monument historique en 1968, dont certaines sections remontent au Régime français.
Le style architectural audacieux du Stade olympique de Montréal, unique en Amérique du Nord, en fait un bâtiment emblématique de la Ville de Montréal. Conçu par l'architecte français Roger Taillibert pour accueillir les Jeux olympiques d'été de 1976, il fait aujourd'hui partie du patrimoine bâti non seulement de la métropole, mais aussi du Québec et du Canada. Si la population démontre, en général, un attachement particulier à cette architecture organique et sculpturale si spéciale, témoin d'un évènement d'importance internationale et de la modernité du Québec, plusieurs facettes de sa construction et de son histoire demeurent méconnues.
Désigné lieu historique national par le gouvernement du Canada en 1974, l’emplacement du phare de Pointe-au-Père, quelques kilomètres à l’est de Rimouski, fut reconnu comme tel « à cause de son rôle historique à titre d’important centre de services de pilotage » et « parce qu’il a été un important feu pour la navigation dans le golfe et le fleuve ». Dès lors, cette station devint un lieu de mémoire qui, au fil des 35 années subséquentes, s’est développé au fur et à mesure de l’appropriation de cet objet patrimonial par les divers intervenants. Une fonction muséale s’est notamment greffée au phare de Pointe-au-Père, rassemblant in situ des collections pour la plupart rattachées l’histoire maritime du Bas-Saint-Laurent et du Québec.
Pointe-à-la-Renommée (Gaspésie) est un témoin phare dans l’histoire maritime du Québec. Dès 1880, une maison-phare en bois y guide les navigateurs. Puis on y aménage la première station de radiotélégraphie maritime au Canada en 1904. Trois ans plus tard, un second phare novateur domine cette pointe. Qu’a-t-il de particulier? Son revêtement est composé de panneaux de fonte préfabriqués, Aujourd’hui, le site patrimonial de Pointe-à-la-Renommée offre au visiteur une interprétation de la fascinante histoire de cette pointe et de sa station de phare. On découvre le mode de vie et les traditions maritimes de ces familles de gardiens du phare et d’opérateurs de la radiotélégraphie maritime. On y apprend aussi que ce phare a été déplacé dans le port de Québec en 1978 pour le sauvegarder. Puis, grâce à la mobilisation d’un comité de citoyens du village de L’Anse-à-Valleau convaincus de la valeur de cet élément central de leur patrimoine, il a été ramené dans son lieu d’origine en 1997.
Situé au confluent de la rivière Saguenay et du fleuve Saint-Laurent, Tadoussac est dépositaire d’un riche patrimoine naturel et culturel. D’abord lieu d’échanges commerciaux entre nations amérindiennes, il est ensuite fréquenté par des pêcheurs basques, bretons et normands puis, dans le premier tiers du XVIIe siècle, il accueille ses premiers véritables établissements. Dès lors, Tadoussac s’affiche comme le port d’attache le plus important de la Nouvelle-France, mais aussi comme le plus important comptoir de traite de l’immense Domaine du roi. L’industrialisation et le développement de la région lui permettent subséquemment de développer son potentiel économique et surtout touristique. Misant sur ses paysages somptueux, ses ressources naturelles et son histoire, Tadoussac s’affirme à la fois sur mer et sur terre, une particularité dont témoignent les multiples manifestations patrimoniales qu’on y trouve encore de nos jours.
À chaque printemps au Québec, depuis les origines de l’établissement français en Amérique du Nord, a lieu la traditionnelle récolte de l’eau d’érable en vue de fabriquer le célèbre sirop d’érable. Autrefois artisanale, la récolte de l’eau d’érable se fait aujourd’hui grâce à des procédés industriels. Au-delà de l’image folklorique qui lui est souvent rattachée, il s’impose maintenant comme un produit commercial reconnu et fort apprécié tant à l’échelle nationale qu’internationale. Avec 74% de la production mondiale de sirop d’érable, le Québec domine le marché international où se retrouvent également des producteurs de l’Ontario, des maritimes et des États-Unis, tout particulièrement de la région de la Nouvelle-Angleterre. Néanmoins, les traditions anciennes sont toujours de mise et le repas à la cabane à sucre fait partie des événements coutumiers encore fort populaires dès l’arrivée du printemps au Québec.
La terrasse Dufferin à Québec a été de tout temps un lieu de sociabilité pour les résidents de la ville. Elle s’est également retrouvée au cœur de l’essor touristique de la belle capitale. Aujourd’hui, elle offre aux quelque 2,5 millions de visiteurs qui s’y promènent chaque année un point de vue d’une beauté incomparable sur le fleuve Saint-Laurent et ses alentours. Construite en 1879 dans le prolongement de la terrasse Durham qui s’élevait depuis 40 ans sur les ruines du château Saint-Louis, la terrasse a été nommée en l’honneur du gouverneur Dufferin, véritable sauveur des fortifications de la ville de Québec. De plus, depuis 2008, année du 400e anniversaire de la fondation de Québec, les vestiges des forts et châteaux Saint-Louis situés sous la terrasse sont accessibles au public.
Le théâtre en français est une institution ancrée dans la longue durée en Alberta. La présence francophone y remonte à l’époque des premières explorations et de la traite des fourrures, mais si le fait français a pu s’y perpétuer jusqu’à nos jours, c’est notamment grâce au développement de pratiques culturelles fortes. Les premières manifestations théâtrales apparaissent dans la province dès la fin du XIXe siècle. Par la suite, de nombreuses troupes franco-albertaines se succéderont : en contribuant à maintenir cet art de la scène bien vivant, elles se trouveront à préserver un riche pan du patrimoine culturel francophone de l’Alberta.
À compter de 1948, le père jésuite Germain Lemieux recueille des milliers de chansons et des centaines de contes auprès d’informateurs francophones du nord de l’Ontario. L’exceptionnelle collection qu’il constitue alors, en une trentaine d’années d’enquête, est conservée au Centre franco-ontarien de folklore qui a comme mission de préserver et de mettre en valeur ce patrimoine oral. C’est dans ce but que le Centre s’est associé à l’auteure Rachel Desaulniers et aux Productions Roches Brûlées pour créer et présenter dans plusieurs régions de l’Ontario français la pièce de théâtre Ti-Jean et le nénuphar de la destinée, basée sur les contes traditionnels recueillis par le père Lemieux.
Chez les Acadiens des Provinces maritimes, le 15 août est marqué chaque année par le Tintamarre, une grande fête où les gens se rassemblent pour traverser leur communauté en produisant un grand bruit collectif avec des instruments improvisés, exprimant ainsi leur fierté acadienne. Cette pratique est devenue un symbole identitaire, au même titre que le drapeau tricolore et l’hymne Ave Maris Stella, et constitue un élément important de l'image de l'Acadie présentée à l'extérieur des Maritimes. Alors que les autres symboles de l’Acadie doivent leur origine à une prise de conscience qui eut lieu pendant la seconde moitié du XIXe siècle, le Tintamarre a la particularité d’être un phénomène relativement nouveau, remontant au tournant des années 1970-1980.
La rivière Churchill offre, sur un parcours de plus de 347 km, un patrimoine naturel, culturel et historique d’exception qui lui a valu sa candidature au nombre des cours d’eau du Réseau des rivières du patrimoine canadien. L’histoire de la Churchill est marquée par la fréquentation des Voyageurs associés à la traite des fourrures. Ils ont paré cette voie d’eau d’une abondante toponymie française, témoin d’une période qui se révèle être le véritable âge d’or de la langue française sur un territoire qui allait devenir la Saskatchewan.
Dans l'espace d'une génération ou deux, la représentation de Toronto dans la littérature franco-ontarienne s'est radicalement transformée, la capitale ontarienne passant de ville anglo-saxonne ennuyeuse à ville multiculturelle incontournable. C'est surtout dans le roman contemporain que la Ville Reine se révèle sous une panoplie de facettes aussi étonnantes qu'appétissantes. Elle est tour à tour la ville que les Canadiens aiment le plus... détester, la rivale de Montréal, la personnification gouvernementale, la Mecque gaie canadienne et la ville à la rue la plus longue au monde.
Les tours Saint-Nicolas et de la Chaîne marquent l’entrée du port de La Rochelle, qui a joué un rôle important dans l’aventure atlantique engagée par les Européens au XVIe siècle. C'est entre ces tours que passaient les chaloupes qui emportaient passagers et marchandises, aussi sont-elles l'une des dernières images aperçues par les migrants lorsqu'ils quittaient la France. Partiellement détruite suite à une explosion au XVIIe siècle, la tour de la Chaîne reste à ciel ouvert jusqu’à la fin du XIXe siècle. Des restaurations successives, à partir de 1998, ont permis d’en faire un lieu d’exposition et un lieu de mémoire de ces hommes et femmes partis construire un nouveau monde au-delà de l’Atlantique.
La tourtière est incontestablement le plat emblématique du Québec. Plus rare dans le menu quotidien, elle trône encore sur les tables lors d'occasions spéciales, notamment pendant le temps des fêtes. Il existe tout de même un débat entre ceux qui considèrent la tourtière du Lac-Saint-Jean comme la « vraie tourtière » et ceux pour qui la tourtière est un plat de taille plus modeste correspondant plutôt à un pâté à la viande. De fait, l’archétype de la tourtière du Lac-Saint-Jean est formé d’une abaisse placée dans un plat large et relativement profond, sur laquelle on dépose de nombreux morceaux de viandes et parfois de pommes de terre, le tout recouvert d’une abaisse, tandis que la « tourtière-pâté à la viande » est un mets plus simple, composé de viandes hachées enserrées entre deux abaisses. Malgré leurs différences, ces tourtières ont une origine commune aussi vieille que le monde et leurs chemins se sont constamment croisés, créant un patrimoine culinaire bien ancré dans les traditions québécoises.
La fête de Noël a significativement évolué chez les Acadiens depuis le milieu du XIXe siècle. D'une fête simple, essentiellement religieuse, elle est devenue, comme partout ailleurs en Amérique du Nord, une grande célébration de la consommation. C'est dans les années 1870 que cette transition s'est enclenchée avec l'introduction graduelle dans les mœurs acadiennes de Santa Claus, de l'arbre de Noël, du bas de Noël et de l'échange de cadeaux. Ces nouvelles traditions sont venues directement ou indirectement de la Nouvelle-Angleterre où elles se sont développées à partir du début du XVIIIe siècle. De nos jours, à l'exception de certaines traditions alimentaires, peu de choses distinguent le Noël acadien de celui célébré dans les autres communautés culturelles de l'Est canadien.
Les célébrations entourant le bicentenaire de l’expédition menée par Lewis et Clark entre St. Louis, sur le Mississippi, et l’embouchure du fleuve Columbia, sur la rive du Pacifique, ont eu lieu en 2004-2006 aux États-Unis. Ces célébrations ont permis une réflexion sur la situation qui avait cours dans l’ouest du continent nord-américain autour de 1800. Elles ont révélé à la fois la dense présence francophone dans cette région et son extrême discrétion mémorielle. Les francophones Toussaint Charbonneau et George Drouillard, notamment, qui ont accompagné et guidé cette expédition, sont réapparus en pleine lumière. Des figures plus discrètes se sont aussi laissé deviner, comme René Jusseaume, Pierre Dorion, Joseph Garreau et tant d’autres, que le Corps de découverte de Lewis et Clark a croisés sur les rives du Missouri, auprès des tribus indiennes au sein desquelles ils pratiquaient le commerce des fourrures.
Arpenter les Twin Cities aujourd’hui, c’est laisser se dévoiler les couches enfouies de l’histoire de l’Amérique française. Les traces de la présence francophone y sont en effet multiples, quoique discrètes. Le Father Hennepin Bluffs Park sur les chutes Saint-Antoine entretient le souvenir des explorations du XVIIe siècle. La rue Larpenteur doit son nom à l’une des familles dominantes de la région des années 1830 aux années 1850. Le Cretin-Derham Hall High School et les co-cathédrales de Minneapolis et de Saint-Paul sont des signes toujours visibles de l’influence du catholicisme français dans la région. Il est facile de se laisser porter par l’histoire de ces lieux, même si localement la mise en valeur de ce patrimoine n’a rien d’évident.
Le roman Un homme et son péché de Claude-Henri Grignon, publié en 1933, a été immortalisé à travers de nombreuses adaptations à la radio, au théâtre, à la télévision, au cinéma et même en bande dessinée. Les récits gravitant autour de l’avaricieux Séraphin et de la pauvre Donalda rendent hommage à la société traditionnelle canadienne-française de la fin du XIXe siècle, à sa ruralité, à sa culture et à sa langue. Afin d’assurer la pérennité de l’ensemble de l’œuvre de Grignon, la Ville de Saint-Jérôme inaugurait en 2009 l’Espace Claude-Henri-Grignon, lieu d’exposition mettant en valeur de nombreux documents d’archives et des objets ayant appartenu à l’auteur d’un des téléromans les plus populaires de notre histoire télévisuelle : Les belles histoires des pays d’en haut. La popularité des fictions écrites par Grignon a traversé le temps et, encore de nos jours, bien des Québécois savent qui est Séraphin Poudrier et connaissent sa célèbre exclamation « viande à chien ! ».
C'est par l'adoption, en 1867, d'une loi du Parlement de Grande-Bretagne, l'Acte de l'Amérique du Nord britannique (AANB), que sera créé le Dominion du Canada, soit la transformation des colonies britanniques du Canada-Uni (Haut et Bas-Canada), de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick en une fédération de provinces, dont le Québec, et la mise en place d'un régime parlementaire de type monarchique constitutionnel. Cette expérience politique historique reposera sur une loi constitutionnelle, l'ANNB, édictant les différents niveaux de gouvernement et leurs responsabilités. La province de Québec aura ainsi la possibilité d'établir une démocratie parlementaire représentative de sa population, laquelle perdurera. Enfin, les partis politiques deviendront la norme dans la façon de faire en démocratie parlementaire.
Pour les férus et les curieux, Val-Jalbert se présente sous deux aspects : un village fantôme devenu attrait touristique et un village modèle, berceau de l'architecture moderne et de la forme urbaine au Saguenay-Lac Saint-Jean. Derrière cette double évocation, une histoire économique et sociale se déploie entre 1901 et 1927 autour de la fabrication de la pâte à papier, un secteur économique très important pour le développement du Québec aux XIXe et XXe siècles. Aujourd'hui, des éléments matériels encore en place à Val-Jalbert témoignent des difficultés qu'a connues cette industrie, au point de conduire à la fermeture et à l'abandon de Val-Jalbert. Ces spécificités ont valu au village d'être classé en vertu de la Loi sur les biens culturels du Québec. Mais il a fallu compter sur une mobilisation et des efforts constants pour que cette reconnaissance se produise et que ce patrimoine d'exception devienne l'un des hauts lieux du tourisme culturel du Québec.
Formé à partir d’un noyau villageois situé à l’est de la rivière Rideau, Vanier a pris son véritable essor au milieu du XIXe siècle avec le développement de la région d’Ottawa engendré par l’industrie du bois. L’implantation d’une classe ouvrière canadienne-française en fera un des plus importants établissements francophones de ce qui deviendra la capitale du Canada. Au cours du XXe siècle, Vanier se développe rapidement tout en s’affirmant de plus en plus comme étant le principal bastion francophone de la ville. Si Vanier connaît une période difficile après la Seconde Guerre mondiale, la ville gagnera cependant une notoriété remarquable sur le plan culturel et s’imposera comme un puissant symbole de la culture franco-ontarienne. Aujourd’hui, grâce à ses nombreuses initiatives de sauvegarde et de mise en valeur mémorielle, Vanier constitue un haut lieu de l’histoire des francophones de la capitale, voire de toute la francophonie ontarienne.
Le port de Montréal fut de toutes les époques un maillon important dans l’histoire économique et sociale du Canada. Lieu de transit puis porte d’entrée vers l’Ouest, les ressources patrimoniales qu’il renferme témoignent d’une évolution continue depuis l’arrivée des premiers européens jusqu’à aujourd’hui. Le port a ainsi emprunté plusieurs visages au cours des siècles pour répondre à des besoins économiques et technologiques toujours grandissants. D’un havre naturel utilisé pour l’échouage il devient un port international. Aujourd’hui, il est un lieu patrimonial qui fait partie de l’arrondissement historique du Vieux-Montréal et du lieu historique national du Canada du Canal-de-Lachine.
L’arrondissement historique du Vieux-Québec a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1985. Les désignations de « berceau de la présence française en Amérique », « ville fortifiée » et « milieu toujours vivant » ont été principalement invoquées lors de cette décision. Chef-lieu de la Nouvelle-France, gouvernant un territoire s’étendant sur presque le tiers de l’Amérique du Nord, Québec a été le siège des principales institutions de gouvernance civile, judiciaire et religieuse sous le Régime français. Malgré les attaques, les batailles, les changements de régimes et les aléas de la vie économique, Québec a toujours su maintenir son rôle de capitale, conserver sa vitalité ou la rétablir en période plus difficile, préserver et mettre en valeur son patrimoine. Parce que ce patrimoine a été approprié par l’ensemble des citoyens de la ville, le Vieux-Québec est un bel exemple d’un milieu urbain patrimonial vivant qui continue de se construire.
Le portrait post mortem de Marguerite Bourgeoys est la seule représentation contemporaine de cette femme qui a joué un rôle remarquable dans l'histoire de Montréal au XVIIe siècle. Peint en 1700 par Pierre Le Ber, l'œuvre est conservée depuis ce temps par la Congrégation de Notre-Dame et est actuellement exposée au Musée Marguerite-Bourgeoys. Ce portrait a cependant connu de nombreuses retouches entre le XIXe siècle et le début du XXe siècle, à tel point que son aspect s'est transformé complètement. Sa restauration, en 1963-1964, a permis de redécouvrir à la fois le vrai visage de Marguerite Bourgeoys et l'œuvre authentique de l'un des premiers peintres canadiens.
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Alexis Lapointe dit le Trotteur (1860-1924) : l’homme et sa légende
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Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) Éducation française en Alberta
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Boulevard Saint-Laurent: au coeur de la montréalité
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Cercles de Fermières du Québec
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Chasse à l’orignal Collection Paul-Provencher, histoire et mémoire de la Côte-Nord
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Contribution des Canadiens français à l’expédition de Lewis et Clark: la mesure d'un continent
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Drapeau du Québec : le fleurdelisé
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Éducation française en Alberta
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Films fixes de l’ONF en France : un certain regard sur le Canada
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Paysages emblématiques de Lac-Tremblant-Nord, un patrimoine naturel et culturel
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Festival International de Louisiane
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Maurice Richard, 1ère partie: le hockeyeur Maurice Richard, 2e partie: le mythe
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Sainte-Anne de Beaupré (RÉSUMÉ)
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Ti-Jean et le nénuphar de la destinée: théâtre et patrimoine oral franco-ontarien
Entrevue réalisée par Fabienne Joliet et Louise Royer Fabienne Joliet interroge M. Rickson Outhet sur la période où son grand-père s'est établi avec quelques autres personnes sur les rives du lac Tremblant-Nord. M. Rickson Outhet raconte dans quel esprit des professionnels et des artistes, surtout anglophones, ont vécu et séjourné dans ce havre naturel, puis comment la communauté de Lac-Tremblant-Nord a évolué. Durée de l'extrait : 6 min 10
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Paysages emblématiques de Lac-Tremblant-Nord, un patrimoine naturel et culturel
Taille: 44 Kb
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Alexis Lapointe dit le Trotteur (1860-1924) : l’homme et sa légende
Contient les règlements, ordonnances, informations et noms des localités. Taille: 39 Kb
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Paysages emblématiques de Lac-Tremblant-Nord, un patrimoine naturel et culturel
Informations supplémentaires sur l'abbé Jessé Fléché, premier prêtre séculier d'Acadie, Paul Le Jeune et la fédération des Amitiés Nord-Américaines de Champagne-Ardenne (ANACA).
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La Champagne-Ardenne, terre de fondateurs de la Nouvelle-France
Exposition présentée en exclusivité nord-américaine au Musée national des beaux-arts du Québec, du 4 octobre 2007 au 6 janvier 2008
Article :
Musée national des beaux-arts du Québec: espace, patrimoine et identité
Version PDF d’une présentation PowerPoint. Raymond Quenneville, Parcs Canada Taille: 2Mb
Article :
Pin blanc d'Amérique: préservation
Article de Gérald Tremblay paru dans L'Action catholique, vol. XXI, no 1, dimanche 6 janvier 1957, p. 1-2.
Article :
René Richard, peintre paysagiste
© Tous droits réservés, 2007
Encyclopédie du patrimoine culturel
de l'Amérique française.