Construite entre 1824 et 1829 puis modifiée à l’intérieur dans les années 1870, l’église Notre-Dame de Montréal, élevée au rang de basilique en 1982, occupe une place particulière dans l’histoire de la ville et dans l’imaginaire des Montréalais, voire des Québécois. L’architecture de l’édifice, son décor intérieur et ses œuvres d’art suscitent de fortes impressions et sont également porteurs de messages savants, une dualité qui n’est pas étrangère à la présence sulpicienne dans son histoire. Par le contexte culturel de sa création, par ses dimensions imposantes, par son style néogothique qui évoque le monde médiéval, par l’émerveillement que son décor architectural suscite et les mystères de la foi catholique auxquels elle fait référence, Notre-Dame de Montréal est sans conteste une grande église romantique.
Le boulevard Saint-Laurent est une des rares artères montréalaises importantes dont le tracé remonte à l'époque française. Tout à tour chemin rural, puis zone de transit et de commerce en périphérie de la ville fortifiée, il est devenu à la fin du XIXe siècle le théâtre d'un important mouvement d'urbanisation et d'industrialisation qui allait gagner toute la société québécoise. Le boulevard a aussi attiré à lui une diversité culturelle, artistique et linguistique exceptionnelle, souvent née de l'immigration, qui en a fait pendant plusieurs décennies un témoin exceptionnel de la modernité. Pour toutes ces raisons, le boulevard Saint-Laurent a été désigné lieu historique national par le gouvernement du Canada en 1996.
L'Université de Montréal a annoncé en janvier 2009 qu'elle offrirait aux futurs ecclésiastiques un cours de troisième cycle intitulé « La religion des Canadiens de Montréal ». Au lieu de tourner l'affaire en dérision, les médias ont pris la question très au sérieux. Deux mois plus tard, quand on a appris que les soucis financiers du propriétaire américain des Canadiens le forçaient à mettre l'équipe en vente, la nouvelle amena un questionnement, pour ne pas dire une crise spirituelle généralisée. En peu de temps, ces deux évènements laissèrent entendre que les Canadiens étaient plus qu'une équipe de hockey, et qu'ils représentaient un composé essentiel de l'identité québécoise, peut-être un peu comme l'Église catholique à une autre époque. Il y a de quoi se demander si les Canadiens de Montréal ne procurent pas carrément une raison de vivre à des millions d'individus.
À Montréal, la place Royale plonge ses racines dans mille ans d’occupation humaine, de la présence amérindienne jusqu’au milieu du XXe siècle. Véritable carrefour d’échange et de commerce, elle accueille le marché du XVIIe au XIXe siècle. En 1836-1838, l’édifice de la première douane de Montréal y est érigé et, à ses pieds, le square de la Douane est aménagé. Elle prend le nom de place Royale en 1892. Un siècle plus tard, la place Royale et l’ancienne douane sont intégrées à Pointe-à-Callière, cité d’d’archéologie et d’histoire de Montréal, qui les met aujourd’hui en valeur.
Du 27 avril au 29 octobre 1967, plus de 50 millions de personnes ont franchi les tourniquets d’Expo 67 pour visiter ce qui s’avérera l’une des plus grandes expositions universelles de l’histoire. Encore aujourd’hui, Expo 67 demeure un évènement majeur ancré autant dans le paysage métropolitain de la ville de Montréal que dans la mémoire collective du Québec contemporain. Cette manifestation, qui couronnait le centenaire de la Confédération canadienne, rassembla 62 nations participantes, des organisations internationales, des grandes compagnies et des organismes canadiens, tous regroupées autour de la thématique « Terre des Hommes ». Elle a ouvert le Québec sur le monde. Elle a également permis l’émergence de savoir-faire aujourd’hui bien ancrés dans la personnalité distinctive de Montréal et du Québec, comme l’organisation de festivals et d’expositions muséales d’avant-garde. Un circuit culturel et diverses manifestations commémoratives contribuent à garder bien vivant le souvenir de cet événement exceptionnel.
Le Jardin botanique de Montréal est d’abord l’œuvre d’un homme déterminé, le frère Marie-Victorin (1885-1944). Cet éminent botaniste et grand pédagogue canadien-français voulait ainsi sensibiliser ses compatriotes francophones à l’importance des études scientifiques qui étaient peu valorisées à son époque, dans une société encore très traditionnelle. Le Jardin a été l’un des principaux fruits de cette mission auquel Marie-Victorin a consacré sa vie. Aujourd’hui, le Jardin botanique de Montréal, conçu par l’architecte paysager visionnaire Henry Teuscher, est parfois qualifié de « véritable miracle boréal ». Cette institution d’envergure internationale conjugue beauté de la nature et vocation éducative, à l’image du projet de son premier artisan. Il constitue également une attraction touristique majeure de la métropole du Québec.
Dans la partie ouest du Vieux-Montréal, sur la pointe à Callière, se dressent depuis 1693 les vieux murs du premier établissement caritatif de Montréal. Connu comme la « Maison de Charité » ou « l’Hôpital général des Frères Charon ». On y accueillait des pensionnaires pauvres, enfants et adultes abandonnés, leur offrant gîte et compassion. En 1747, Marguerite d’Youville et les Sœurs Grises reprennent l’établissement qu’elles développeront au cours du XIXe siècle, avant leur départ pour un nouveau couvent, en 1871. Partiellement démolis, les bâtiments restants de l’Hôpital général servent ensuite d’entrepôts, avant d’être restaurés pour permettre le retour des Sœurs Grises, en 1981.
À l’été 1701, Montréal est le centre d’un événement historique majeur dans les relations entre les nations amérindiennes et les Français : le traité de la Grande Paix, signé le 4 août. Ce traité met fin à plusieurs décennies de conflits opposant les Iroquois aux Français et à leurs alliés autochtones. En 2001, la société pour la diffusion de la culture autochtone Terres en vues et le musée d’archéologie et d’histoire de Montréal Pointe-à-Callière s’associent pour commémorer le tricentenaire de cet événement. Pendant 150 jours, 150 activités permettent aux nations amérindiennes et aux Québécois de tisser des liens d’amitié et de respect mutuel, tout en soulignant l’importance des relations complémentaires qui existaient entre les Français et de nombreuses nations autochtones à l’époque de la Nouvelle-France.
Chemin du Roy est aujourd'hui synonyme de « route du patrimoine ». En effet, les automobilistes qui circulent sur la rive nord du fleuve entre Québec et Montréal sont invités à emprunter la route 138, qui suit approximativement le tracé du chemin du Roy originel. Là, les panneaux bleus qui jalonnent le circuit touristique du chemin du Roy les guident de ville en village et leur font découvrir les bâtiments et les paysages témoins de notre patrimoine. L'avenue Royale – qui est le prolongement authentique du chemin du Roy originel à l'est de Québec – offre ce même contact avec plusieurs biens patrimoniaux. Mais le véritable chemin du Roy, la première route à relier Québec et Montréal à partir de 1734, révèle en condensé l'histoire des transports dans la vallée du Saint-Laurent.
Louis-Joseph Papineau (1786-1871), homme politique de la plus haute notoriété, possédait depuis 1814 l'une des plus belles maisons de Montréal. En 1831-1832, il la rénova pour la rendre plus attrayante encore. L'architecture et l'aménagement intérieur témoignent du mélange des influences françaises et anglaises qui caractérisent cette époque. En 1834 et en 1837, sa maison fut l'objet d'attaques de la part des loyalistes, puis des membres du Doric Club, opposés à Papineau et à l'émancipation des Canadiens. Cette demeure illustre donc non seulement le drame personnel de Papineau, mais aussi celui de la collectivité canadienne à l'époque des insurrections de 1837-1838. Sa restauration, au début des années 1960, fut le fer de lance du mouvement de renaissance du Vieux-Montréal.
La maison de George-Étienne Cartier (1814-1873), bâtie en 1837, apparaît comme un élégant édifice en pierre. Elle est protégée par un toit en fausse mansarde (1893), trait commun à tant d’autres maisons montréalaises de la fin du XIXe siècle. Une partie du bâtiment recrée l’univers bourgeois où vécut, de 1862 à 1871, la famille du célébrissime homme politique. Cette maison est à la frange nord-est du Vieux-Montréal, angle Notre-Dame Est et Berri. Son emplacement, jadis celui de la citadelle militaire, avoisine l’édifice recyclé de l’ancienne gare Dalhousie (1883-1884), la plus ancienne gare ferroviaire de Montréal, toujours existante. La restauration et l’interprétation qui est faite dans ce lieu historique national permet de comprendre la carrière politique de Cartier et de retracer l’histoire de cette maison, de son quartier environnant et, plus globalement, l’évolution du développement urbain de Montréal. Elle permet également de comprendre le mode de vie et les relations sociales de cet homme politique marquant.
La prestigieuse résidence familiale construite en 1705 pour le gouverneur de Montréal Claude de Ramezay abrite aujourd'hui un musée historique, le Musée du Château Ramezay, situé face à l'Hôtel de ville, au cœur du Vieux-Montréal. Ce bâtiment est l'un des seuls témoins du Régime français à subsister dans la métropole. Ouvert en 1895, le Musée du Château Ramezay est alors le premier musée consacré à l'histoire au Québec. Ce bâtiment est en outre le premier à avoir été classé monument historique par la Commission des monuments historiques de la province de Québec en 1929. Le parcours unique de cette résidence trois fois centenaire illustre de façon exemplaire l'évolution du rôle et de la place du patrimoine dans la société québécoise et canadienne.
Principale porte d’entrée de l’immigration au Québec, Montréal, la plus grande ville francophone d’Amérique, se vit au rythme de la multiculturalité. La présence des communautés culturelles a depuis longtemps fondé l’identité de la métropole, mais elle a souvent été occultée par les cultures francophones et anglophones dominantes. Qu’il soit bâtiment, monument, espace public, œuvre d’art, toponyme ou atmosphère, le patrimoine de la diversité culturelle est bien visible dans la ville. Il marque un territoire, il sous-tend des communautés, et constitue une porte d’entrée pour découvrir les différentes cultures qui animent Montréal. Cet élément se pose désormais comme un enjeu, autant sur les plans administratif et politique que dans la redéfinition du patrimoine proprement montréalais.
En 2012 avaient lieu les célébrations du 400e anniversaire de naissance de Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve. De nombreuses activités et cérémonies se sont déroulées, tant en France qu’à Montréal, dans le cadre de ce qui a été reconnu comme Célébration nationale par le Ministère de la Culture et de la Communication de la France. Mais connaît-on bien celui qu’on qualifie maintenant de cofondateur (en compagnie de Jeanne Mance) et premier gouverneur de Ville-Marie, devenue Montréal, la métropole du Québec? Cet individu dont on commémore la mémoire dans l’histoire et le patrimoine des deux côtés de l’Atlantique.
La population de Montréal assiste presque sans interruption depuis 1843 aux défilés organisés chaque 24 juin par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Ces démonstrations publiques sont un moyen efficace d’illustrer l’idée changeante que la population et les élites se font de leur identité canadienne-française et de leur patrimoine. En effet, ces défilés s’adaptent à l’évolution de la société québécoise et en reflètent les transformations successives. Au fil des ans, on repère des périodes où ils évoquent surtout les traditions ou des épisodes marquants de l’histoire; à d’autres moments, ils témoignent de profonds changements dans les points de repère permettant aux Canadiens français, puis aux Québécois, de se définir.
Le séminaire de Saint-Sulpice est l’un des plus vieux édifices de Montréal. Érigé à partir de 1684 sur la rue Notre-Dame près de l’ancienne église du même nom, ce bâtiment est sans doute aussi l’un des plus anciens en Amérique à avoir conservé sa fonction d’origine, celle de résidence des membres de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice. Faisant partie de l’Arrondissement historique du Vieux-Montréal depuis 1964, il a été classé monument historique en 1985 par le gouvernement du Québec puis reconnu en 2007 comme lieu historique national par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada. Il s’agit là d’un véritable joyau du patrimoine de l’Amérique française.
Le style architectural audacieux du Stade olympique de Montréal, unique en Amérique du Nord, en fait un bâtiment emblématique de la Ville de Montréal. Conçu par l'architecte français Roger Taillibert pour accueillir les Jeux olympiques d'été de 1976, il fait aujourd'hui partie du patrimoine bâti non seulement de la métropole, mais aussi du Québec et du Canada. Si la population démontre, en général, un attachement particulier à cette architecture organique et sculpturale si spéciale, témoin d'un évènement d'importance internationale et de la modernité du Québec, plusieurs facettes de sa construction et de son histoire demeurent méconnues.
Le port de Montréal fut de toutes les époques un maillon important dans l’histoire économique et sociale du Canada. Lieu de transit puis porte d’entrée vers l’Ouest, les ressources patrimoniales qu’il renferme témoignent d’une évolution continue depuis l’arrivée des premiers européens jusqu’à aujourd’hui. Le port a ainsi emprunté plusieurs visages au cours des siècles pour répondre à des besoins économiques et technologiques toujours grandissants. D’un havre naturel utilisé pour l’échouage il devient un port international. Aujourd’hui, il est un lieu patrimonial qui fait partie de l’arrondissement historique du Vieux-Montréal et du lieu historique national du Canada du Canal-de-Lachine.
Au cœur de Victoria, capitale de la Colombie-Britannique et ville de culture essentiellement anglophone, se trouve un fleuron architectural qui rappelle par ses lignes classiques et majestueuses l’apparence sereine des couvents du Québec. Initialement conçue par un Canadien français du Québec, le frère Joseph Michaud, et construite sous la direction d’un architecte de Montréal, l’Académie Sainte-Anne (Saint Ann’s Academy) fut pendant plus d’un siècle la maison-mère des Sœurs de Sainte-Anne sur la côte ouest du pays. Cet établissement se consacra à l’éducation des filles, prodiguant un enseignement d’une qualité telle que des jeunes femmes du monde entier se rendirent à Victoria pour en bénéficier. Après que l’Académie dût fermer ses portes en 1973 pour des raisons principalement financières, le gouvernement provincial racheta le bâtiment et en fit un site du patrimoine, désormais ouvert au public. Bien que l’Académie Sainte-Anne ait été un établissement d’éducation anglophone, son existence nous rappelle la présence et l’influence des Canadiens français dans l’histoire de l’éducation en Colombie-Britannique.
L'hiver québécois est long et rigoureux. Lorsque les premiers Français se sont établis sur les rives du Saint-Laurent, l’adaptation à l’hiver représentait pour eux un défi de taille. Tous les aspects de leur vie ont été touchés : agriculture et alimentation, transports, habitation, vêtement, relations humaines et culture. Les Amérindiens ont grandement facilité leur adaptation. Puis, de génération en génération, l’ingéniosité des habitants et leur volonté d’atténuer les contraintes de l’hiver ont suscité l’invention d’outils et d’équipements plus performants, ainsi que l’apparition de nouvelles façons de faire. Aujourd’hui, il est possible de poursuivre à peu près les mêmes activités à l’année longue, une situation inconcevable il n’y a pas si longtemps. L’adaptation progressive à l’hiver marque notre histoire, notre patrimoine; elle meuble aussi nos musées et nos mémoires.
Le périple qu’Alexis de Tocqueville (1805-1859) a effectué aux États-Unis en 1831-1832 en compagnie d’un collègue magistrat, Gustave de Beaumont, avait comme but officiel d’étudier le système pénitentiaire. En fin de compte, il a surtout permis à Tocqueville de comprendre le phénomène de la démocratie et de son irrésistible avènement. Ce périple a en outre permis aux deux voyageurs de prendre contact avec des manifestations de la colonisation française en Amérique du Nord et avec des communautés francophones ayant survécu à la fin de la présence politique et militaire de la France sur le continent. Ainsi, Tocqueville et Beaumont ont séjourné au Bas-Canada à la fin de l’été 1831 et, du 1er au 3 janvier 1832, en Louisiane, plus spécifiquement à La Nouvelle-Orléans. Les observations réalisées lors de cette dernière visite constituent comme un contrepoint aux observations faites au Bas-Canada.
Les écrits d'Alexis de Tocqueville comptent de multiples pages consacrées à la population, à la destinée historique et à la situation politique et culturelle du Bas-Canada dans l’Empire britannique. Ces pages proposent de sagaces observations et des analyses lucides sur ces sujets. Alexis de Tocqueville (1805-1859) est particulièrement réputé pour son chef-d’œuvre De la démocratie en Amérique (1835), qui présente une brillante analyse de l’irrésistible avènement de la société démocratique des jeunes États-Unis d’Amérique. Dans cet ouvrage, Tocqueville examine de façon perspicace une civilisation caractérisée par le désir de l’égalité, l’individualisme parfois forcené et la tyrannie toujours possible de la majorité. L’ouvrage repose sur des observations méthodiques, engrangées au cours d’un périple de neuf mois dans tout le pays (du 9 mai 1831 au 20 février 1832) avec un collègue magistrat, Gustave de Beaumont. On sait moins que les deux voyageurs ont aussi séjourné au Bas-Canada du 23 août au 2 septembre 1831, parce que ce séjour n’a pas inspiré à Tocqueville un ouvrage spécifique.
Alexis Lapointe est connu sous le nom du «Trotteur», du «Cheval du Nord», du «Surcheval» ou encore du «Centaure». Il a fait l’objet d’admiration, mais souvent aussi de railleries. De son vivant, il est demeuré un modeste travailleur un peu obscur suscitant la joie autour de lui par ses pitreries, mais après sa mort il devint un personnage fantastique ou un incroyable athlète tel que lui-même n’aurait sans doute jamais osé l’imaginer. Et que dire de l’exhumation de ses restes en novembre 1966 au cimetière de La Malbaie, 42 ans après sa mort, ou encore de l’exposition de son squelette dans des musées du Saguenay depuis près de 35 ans? C’est que cet homme de peu semble susciter plus d’intérêt encore après sa mort qu'il n'a pu le faire de son vivant.
Alfred Laliberté a bel et bien été le « grand sculpteur du terroir » canadien-français. Faisant véritable œuvre d’ethnologue, il a coulé dans le bronze, pour les générations futures, quelque 214 statuettes qui témoignent des légendes, métiers et coutumes d’antan. Élevés en l’honneur des gloires nationales, ses monuments commémoratifs – qui ornent aujourd’hui plusieurs places publiques de la province – rappellent les élans patriotiques de la société québécoise au cours des premières décennies du XXe siècle. Saluée par la critique du vivant de l’artiste, sa production fait désormais l’orgueil des principaux musées canadiens et québécois.
L'art animalier est très répandu au Québec. Son origine se perd dans l'anonymat d'auteurs qui ont laissé derrière eux des œuvres étonnantes de réalisme ou, au contraire, très fantaisistes. En sculpture, le bestiaire est riche et diversifié mais presque toujours en lien avec l'habitat naturel des artistes qui, au cours des générations, se sont transmis ce savoir-faire. Autrefois ignoré, parfois même franchement méprisé, le genre connaît depuis quelques décennies un regain d'intérêt auprès des collectionneurs, des chercheurs de différentes disciplines et des muséologues. Entré au musée par la porte de service, la sculpture animalière a récemment acquis ses lettres de noblesse.
En 2011, la communauté francophone de l’Alberta représentait 2,2% de la population de cette province majoritairement anglophone. Depuis longtemps, la sauvegarde de la langue française dans l’Ouest canadien est un combat. C’est pourquoi les Franco-Albertains se sont dotés dès 1926 d’une association permettant de défendre la francophonie et d’assurer à la population d’expression française une éducation en français : l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA). Cette association engagée tant dans les communautés locales qu’au niveau de la politique provinciale et fédérale a joué un rôle prépondérant dans le maintien et la transmission du patrimoine culturel des francophones de la province.
Un astrolabe ayant vraisemblablement appartenu à l’explorateur Samuel de Champlain a été découvert en 1867 près de la rivière des Outaouais. Plus d’un siècle plus tard, cet instrument de précision connu sous le nom d’« astrolabe de Champlain » est devenu l’un des objets patrimoniaux les plus valorisés au Canada. Il fait aujourd’hui partie de l’exposition permanente que le Musée canadien des civilisations consacre à l’histoire du pays. Le parcours singulier de cet objet-icône de l’histoire canadienne ressemble à un conte dont Champlain et l’astrolabe sont tour à tour les héros. Nous vous proposons de découvrir comment cet instrument de navigation du XVIIe siècle a pu acquérir un tel statut patrimonial.
Les commémorations se succèdent : ainsi, en 2008, Québec fêtait le 400e anniversaire de sa fondation; en 2009, Trois-Rivières son 375e et Gaspé son 475e – autant d’occasions de célébrer le patrimoine et de rappeler le passé. Or, au moment même où l’on fête ces anniversaires, un nouveau discours se met en place et propose de nouvelles images du patrimoine : la banlieue et sa maison caractéristique, le bungalow.
Après avoir connu un succès considérable en Europe lors de leur parution en 1702-1703, les trois livres de Lahontan , principalement inspirés du long séjour qu'il a effectué en Nouvelle-France de 1683 à 1693, connurent une longue éclipse. Ils ont été redécouverts dans les années 1970 et sont alors apparus comme indispensables pour mieux comprendre l'évolution de la forme littéraire des relations de voyage et le courant libertaire qui a gagné l'Europe des «Lumières» au 18e siècle. Cette œuvre constitue également un précieux témoignage sur l'histoire du Régime français. Lahontan, anti-héros dont la fortune médiatique n'a rien de comparable à celle de Champlain ou d'autres figures mythiques de la Nouvelle-France, a produit une œuvre qui continue de nourrir notre compréhension du patrimoine culturel et de l'histoire.
Le barrage Daniel-Johnson et la centrale Manic 5, ce complexe hydroélectrique situé à 214 km au nord de Baie-Comeau dans la région de la Côte-Nord, sont encore porteurs d’une symbolique très forte pour une majorité de Québécois. Celle-ci pourrait se résumer par cette simple expression: « Après tout, on est capable »NOTE 1! D’un côté, ce patrimoine (le plus grand barrage à voûte et contreforts au monde) exprime un indéniable savoir-faire mis en action par les ingénieurs d’Hydro-Québec et des groupes d’ingénieurs-conseils québécois. De l’autre, ce complexe hydroélectrique, plus que tout autre, incarne une société qui reprend définitivement en main le développement de son principal patrimoine : ses ressources hydrauliques, pour le mieux-être de la collectivité.
Depuis les années 1980, citoyens et communautés de chercheurs ont lancé un cri d’alarme afin de protéger le béluga du Saint-Laurent. Depuis lors, cette petite baleine blanche à l’allure sympathique est devenue un symbole mondial de la faune menacée. Aujourd’hui, le béluga fait l’objet de nombreuses études scientifiques, et, bien qu’il jouisse de plusieurs mesures de protection, il est encore menacé de disparition. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. En 1920, par exemple, une lutte sanguinaire s’est engagée pour réduire le nombre de bélugas, alors considérés comme l’ennemi des pêcheurs. On les accusait de manger les morues, les saumons et autres poissons d’intérêt commercial. La place du béluga dans la vie des communautés humaines du Saint-Laurent et sa valeur en tant que ressources naturelles à exploiter, ou patrimoine à préserver, se sont donc beaucoup modifiées au fil du temps.
La bière est la boisson alcoolique la plus consommée au Canada et au Québec. Boire de la bière est une tradition qui a pris racine au temps de la Nouvelle-France; le métier de brasseur est donc l'un des plus anciens pratiqués sur les rives du fleuve Saint-Laurent. Les conditions d'exercice de ce métier, ainsi que la popularité de la bière, se transforment cependant sous l'impulsion britannique, quand l'industrie de la bière prend véritablement son envol avec la fondation de la première grande brasserie de l'ère moderne, la brasserie Molson. À la faveur de la Révolution industrielle, la bière devient un produit de consommation de masse, fabriqué et emballé en usine, puis distribué au moyen de réseaux de plus en plus sophistiqués. De nos jours, les microbrasseries revalorisent les pratiques de brassage artisanal, tandis que plusieurs festivals font découvrir et apprécier les variétés de cette boisson très ancienne.
Vers la fin du XVIIIe siècle, les femmes métisses de la région des Grands lacs et de la rivière Rouge, au Manitoba, confectionnaient des mocassins, des sacs à tabac, des selles, des gants et des habits décorés de perles et de soies de couleurs vives qui retenaient l'attention des visiteurs de passage. Grâce au fruit de leur inspiration, elles développent un style distinct de motifs floraux qui deviendra la norme tout au long du XIXe siècle. C'est ce style qui leur valu l'appellation amérindienne de « peuple de broderies de perles à motifs floraux ». Les femmes métisses ont laissé au Canada un patrimoine culturel unique par le style qu'elles ont développé au fil du temps. Bien que cet art ait été oublié et qu'il soit, encore aujourd'hui, largement méconnu du grand public, il existe quelques collections muséales qui mettent en valeur certains de ces objets, notamment celle de James Carnegie (9e Earl of Southesk), exposée au Royal Alberta Museum à Edmonton. En outre, comme par le passé, les femmes métisses continuent de produire et de vendre des vêtements et des objets qui leur permettent d'acquérir une plus grande indépendance économique au sein de leur famille et de leur communauté.
Le corridor formé par le canal de Lachine et ses abords a été reconnu Lieu historique national du Canada en 1996. Ce canal, inauguré en 1825, a permis d'ouvrir à la navigation la voie tumultueuse du Haut Saint-Laurent et a joué un rôle majeur dans le développement de l'Ouest du pays. De plus, sa position stratégique entre les portions est et ouest du Saint-Laurent a amené, sur ses rives, la concentration industrielle la plus diversifiée du pays. Ces éléments ont également favorisé le développement du port de Montréal, faisant de cette ville la première métropole du Canada.
Le castor, petit animal robuste et laborieux, a été officiellement reconnu comme emblème du Canada en 1975. Depuis 1937, sa présence sur les pièces de cinq cents rappelle le rôle prédominant qu’il a joué dans l’économie de la Nouvelle-France, puis de la colonie britannique du Canada aux XVIIe et XVIIIe siècles, alors que les chapeaux confectionnés en feutre tiré de sa fourrure étaient très prisés par les Européens. Animal emblématique de certains groupes amérindiens, le castor est représenté dans de nombreuses armoiries comme celles de la Compagnie de la baie d’Hudson, au XVIIe siècle, et de la Ville de Montréal au XIXe siècle. Il apparaît également sur le premier timbre-poste canadien créé en 1851. De nos jours, le castor, à l’instar de la feuille d’érable, constitue une image fortement évocatrice de l’identité canadienne.
La ceinture fléchée est un symbole vestimentaire fort de la culture francophone d'Amérique. Cet objet a connu un usage quasi généralisé pendant environ un siècle, soit de la fin du XVIIIe siècle à la fin du XIXe, avant de subir un déclin lié à celui du commerce des fourrures. Par la suite, ce « chef-d'œuvre de l'industrie domestique au Canada », comme l'écrivait E.-Z. Massicotte, a toujours été associé aux cultures traditionnelles canadiennes-françaises et métisses. Aujourd'hui, des passionnés se sont investis dans la sauvegarde de cette pratique. Grâce à des artisanes et des artisans qui continuent à tisser des ceintures selon la tradition, cette technique exclusive reste vivante.
La fête de Noël n’a pas été de toujours le foyer d’attention des Canadiens français pendant les mois de décembre et janvier. Jusque tard dans le XIXe siècle, la fête du Nouvel An représentait la grande célébration collective hivernale. C’est, assez étonnamment, sous l’action conjointe des prêtres catholiques et des marchands que Noël va peu à peu remplacer le jour de l’An dans le cœur de la population. Seulement, alors que le clergé cherchait à imposer la figure du petit Jésus, c’est finalement le père Noël qui va bientôt devenir le symbole par excellence du temps des Fêtes.
Le Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF) est le plus ancien centre de recherche sur la littérature, la culture et l’histoire du Canada français. À cet égard, le CRCCF se démarque et joue un rôle de premier plan de par ses fonctions de recherche, de publication, de diffusion, d’acquisition et de conservation d’une riche collection de fonds d’archives. Organisme scientifique et culturel, le Centre est le principal conservateur de la mémoire collective de l’Ontario français, qu’il met en valeur par le biais d’initiatives interuniversitaires, de colloques, d’expositions, de conférences et de publications afin de favoriser l’avancement et l’épanouissement de cette culture.
Le Centre Morrin est un centre culturel de langue anglaise situé à Québec. Son histoire illustre les changements survenus dans les relations entre les francophones et les anglophones au cours des deux derniers siècles. L’édifice, de style néo-palladien, est un lieu historique national du Canada qui a déjà abrité une prison, un collège presbytérien et la plus ancienne société savante du pays. Au cours des dernières décennies, le lieu a pris une importance symbolique pour plusieurs citoyens de la minorité anglophone de la région, qui ont milité en faveur de sa préservation et de son développement.
Créés en 1915 par le ministère de l’Agriculture, les Cercles de Fermières du Québec devaient à l’origine servir de rempart contre les effets néfastes engendrés par l’urbanisation et la modernisation de la société. Dès leur fondation, les Cercles ont eu comme objectif de veiller à la transmission du patrimoine culturel et artisanal du Québec. Ils se sont aussi donné comme mission l’amélioration des conditions de vie des femmes et le bien-être de la communauté. Leur longue histoire, parfois mouvementée, témoigne d’une ferme volonté de poursuivre ces deux aspects de leur mission, en dépit des nombreux défis qui se sont dressés sur leur route. Malgré une baisse importante de leurs effectifs au cours des trente dernières années, les Fermières continuent d’agir aujourd’hui comme gardiennes des traditions et de la justice sociale.
La chanson traditionnelle française demeure l’élément du folklore traditionnel le plus dynamique et le mieux documenté chez les francophones de l’Ontario. En plus du nombre impressionnant de chansons qui ont été recueillies et cataloguées par les folkloristes, la chanson continue de faire partie des fêtes familiales et communautaires à travers les régions francophones de la province. Depuis les refrains entonnés par les premiers voyageurs jusqu’aux festivals culturels contemporains, en passant par les chansons accompagnant les travaux dans les camps de bûcherons, la chanson traditionnelle a toujours reflété les facteurs historiques de peuplement des diverses régions de la province. Plus que tout autre élément de la tradition orale, elle a joué un rôle important dans l’expression identitaires et l’appartenance culturelle des Franco-ontariens. Elle constitue un élément clé de la mémoire collective.
La chasse à l’orignal occupe une place importante dans l’histoire et les traditions québécoises et canadiennes-françaises. Roi des forêts d’Amérique du Nord, gibier fabuleux, cet animal à l’allure puissante et à l’imposant panache incarne la force et l’endurance. Sa chasse a longtemps été non seulement une nécessité liée à la survie alimentaire, mais aussi un rite de passage pour les jeunes hommes. Depuis le milieu du XXe siècle, elle est devenue une activité essentiellement sportive et récréative, qui demeure encore fort appréciée de nos jours, tandis que l’on continue d’admirer la force symbolique et la charge mythique associées à l’orignal.
À un kilomètre du Parlement canadien, le secteur de la chute des Chaudières compte de précieuses traces de l’Amérique française. Le sentier des Voyageurs, les glissoirs à radeaux, le pont des Chaudières et le cadre bâti industriel sont autant de vestiges porteurs d’un vécu francophone interrelié à d’autres communautés. À ces biens s’ajoutent des personnages historiques nationaux dont Philemon Wright, fondateur du patelin qui deviendra la ville de Gatineau. Fait intéressant, la trajectoire historique du secteur des Chaudières se décline en une série d’œuvres paysagères qui ajoutent au lieu à la fois de la mémoire et de l’imagination, soit de l’esprit. Ces œuvres deviennent ainsi un important vecteur de l’esprit du lieu.
Le Cimetière Québec (Quebec Cemetery) est un cimetière militaire administré par la Commission des Champs de bataille britanniques (Commonwealth War Graves Commission, CWGC). Localisé près du village de Chérisy dans le département du Pas-de-Calais (France), le cimetière rassemble des sépultures de soldats canadiens morts pendant la Première Guerre mondiale. Une majorité des combattants qui y sont enterrés étaient des francophones du 22e bataillon du Corps expéditionnaire canadien. Ce bataillon fut anéanti lors de la bataille de Chérisy des 27 et 28 août 1918. Jusqu'à ce jour, Chérisy constitue l'une des pires défaites de l'histoire militaire du Québec. Le Cimetière Québec est un rare lieu de mémoire de cette tragédie.
Situé à Québec, le cimetière Saint-Charles a été construit en 1855, à une époque où les cimetières intra-muros de la ville de Québec étaient progressivement fermés. Initialement destiné à l'inhumation des paroissiens de Saint-Roch, il dessert maintenant 19 paroisses. Ce cimetière-jardin est un témoin important de la perception de la mort du XIXe siècle à nos jours et de l'histoire de l'art au Québec. Visiter le cimetière Saint-Charles, c'est découvrir une partie de l'histoire de Québec: ses commerçants, ses politiciens, ses tragédies, et prendre connaissance de nouvelles tendances en mise en valeur du patrimoine.
Le cinéma direct a profondément marqué l’histoire du 7e Art. Grâce à du matériel de tournage plus léger disponible au cours des années 1950, les documentaristes ont pu s’approcher de leurs sujets et rendre leurs films plus vivants et personnels. En même temps, ces sujets devenaient plus authentiques, plus « vrais », au point qu’on a parfois qualifié ce courant de « cinéma-vérité ». Les cinéastes de l’Office national du film du Canada ont grandement contribué à son développement, particulièrement à la fin des années 1950 et dans les années 1960. Ils ont donné à cette forme cinématographique ses lettres de noblesse en réalisant des films incontournables tels Les raquetteurs, La lutte et Pour la suite du monde. On reconnaît aujourd’hui l’importance des principaux créateurs du cinéma direct au Canada, tels Michel Brault et Pierre Perrault. Les cinéastes qui ont participé à la création de ce mouvement ont légué au monde un nouveau langage cinématographique qui sert encore de référence en 2010, alors que le fruit de leur travail se trouve abondamment documenté par de nombreux écrits et des coffrets de compilation des films des cinéastes les plus connus.
En 2009, le Cirque du Soleil constitue sans aucun doute l'entreprise culturelle québécoise la plus connue sur la scène internationale. Cette indéniable réussite commerciale découle de projets initiés au tournant des années 1980 à Baie-Saint-Paul, dans Charlevoix. Le contexte culturel est alors favorable à ce type d'expérimentation, car depuis les années 1970, une partie de la jeunesse québécoise quitte la ville pour la campagne à la recherche d'un monde nouveau. Charlevoix et Baie-Saint-Paul font alors l'objet d'une redécouverte, cette fois sur le circuit de la culture hippie, quelque part entre la « Gaspésie et jusqu'en Californie » comme le chantait Pierre Flynn... 25 ans après ses débuts modestes dans Charlevoix, cette entreprise culturelle d'envergure reprend désormais sa place dans l'histoire de la localité de Baie-Saint-Paul et s'inscrit de ce fait dans un héritage patrimonial marquant.
Le cirque connaît aujourd’hui un développement spectaculaire au Québec. Bien que présent dès la fin du XVIIIe siècle, il connut son premier véritable élan en terre québécoise en 1984, avec la création du Cirque du Soleil. En se distinguant nettement de l’image traditionnelle du cirque, il a réussi à insuffler quelque chose de nouveau dans cet art, par sa théâtralité et sa grande diversité artistique. De nombreuses troupes ont vu le jour depuis, apportant à chaque fois une nouvelle couleur au genre. Séduisant des centaines de milliers de spectateurs dans le monde, les cirques en provenance du Québec ont désormais une place de choix dans l’univers artistique contemporain. S'inscrivant dans une tradition des arts de la scène et contribuant à la fierté de tout un peuple, ils sont devenus un patrimoine culturel québécois mondialement reconnu.
La Citadelle de Québec est la plus importante fortification construite au Canada encore administrée par des militaires en service actif. Érigée au sommet du Cap-Diamant, elle est adjacente aux Plaines d'Abraham et s'intègre au système des anciennes fortifications de la ville. La Citadelle fut construite par les Britanniques au début du XIXe dans le but de protéger Québec contre une éventuelle invasion américaine. De nos jours, le Royal 22e Régiment des Forces canadiennes y tient garnison et elle abrite l'une des résidences officielles du Gouverneur général du Canada. La Citadelle de Québec est reconnue comme lieu historique national du Canada.
Une tête au-dessus. Voilà peut-être la caractéristique la plus remarquable des personnages qui habitent les tableaux de l'artiste-peintre Claude Le Sauteur (1926-2007). De prime abord, leurs visages peuvent apparaître flous, voire indistincts, parfois leurs yeux paraissent absents. Mais la tête domine. Ce n'est pas une tête torturée, ni éclatée. Pas de place ici pour un surréalisme de façade. Le geste est posé et réfléchi. Le ton est juste. C'est la tête du gardien de phare qui sait observer. L'artiste a séduit les plus grands comme les plus humbles. Il fut à la fois discret et reconnu. Dans ses représentations des paysages, des scènes et des héros du Québec, particulièrement de la région de Charlevoix, les couleurs éclatent un peu, autrement elles apaisent. Comme un gardien de phare, Claude Le Sauteur a vu loin : il est temps de mieux comprendre les regards étonnants qu'il nous laisse sur une facette quasi inédite de notre culture nationale et régionale.
Au Québec, quelques prêtres sont parmi les premiers à utiliser une caméra et à saisir la portée culturelle du cinéma. Deux figures retiennent surtout l'attention : les prêtres Albert Tessier et Maurice Proulx, aujourd’hui largement reconnus comme des pionniers du septième art au Québec. Le cinéma québécois connaît, au début des années 2000, un regain de popularité. Le rôle majeur joué par le clergé dans l’élaboration d’un patrimoine cinématographique et culturel avant la Révolution tranquille des années 1960 demeure cependant en partie ignoré. Pourtant, son apport n’est rien de moins que l’appropriation collective du cinéma, durant une période dominée par les productions étrangères. Le clergé, après s’être initialement opposé au cinéma parce qu’il le considérait comme une invention « importée » pouvant corrompre la jeunesse canadienne-française, a peu à peu encouragé la projection de films dans les salles paroissiales, les sous-sols d'églises, les écoles, les collèges et les couvents. Il y voyait un outil supplémentaire pour véhiculer les valeurs catholiques.
La collection Chauveau est un témoignage inestimable sur la vie intellectuelle au XIXe siècle, sur une personnalité marquante de son temps et sur la constitution des premières bibliothèques publiques au Québec. Le classement d’une bibliothèque ou d’une collection du passé à titre de patrimoine n’est pas chose courante au pays du Québec. De fait, celle composée par le premier ministre Pierre-Joseph-Olivier Chauveau au cours du XIXe siècle est la première à laquelle on ait accordé un tel statut patrimonial, assorti des obligations qui en découlent, c’est-à-dire conservation en l’état, mais aussi en bon état, obligatoirement en territoire québécois à moins d’une permission gouvernementale, inaliénabilité et protection assurée par l’État.
Composée de plusieurs milliers d’objets, la collection Coverdale est l’une des plus importantes dans l’histoire de la conservation patrimoniale au Canada. Rassemblé de 1928 à 1949 par William H. Coverdale, président de Canada Steamship Lines, ce vaste corpus contient des objets ethnographiques, des pièces archéologiques et des œuvres d’iconographie ancienne. La collection est connue principalement pour la représentation qu’elle offre de l’histoire canadienne et de la vie traditionnelle au Canada français.
La Collection Loto-Québec soutient depuis plus de 30 ans les artistes en arts visuels actuels qui vivent et créent au Québec en acquérant certaines de leurs œuvres. Une grande diversité de médiums et de styles est représentée dans la Collection, qui comprend en 2010 plus de 4 200 œuvres issues de toutes les régions du Québec. La très grande majorité des œuvres sont exposées dans les espaces de travail et les espaces publics de Loto-Québec, ou encore dans des centres d'exposition et des musées à travers le Québec. Par ses diverses actions, la Collection Loto-Québec contribue de façon remarquable au développement et à la pérennité de la culture québécoise dans le domaine des arts visuels.
Héritage patrimonial de grande valeur, la collection Paul-Provencher est actuellement conservée au Musée régional de la Côte-Nord situé à Sept-Îles, au Québec. Elle se compose de photographies, de diapositives, d’objets personnels et de peintures, qui forment autant de témoignages exceptionnels de la Côte-Nord d’une autre époque. Dans cette abondante collection, les huiles et les aquarelles de Provencher constituent un ensemble artistique et documentaire remarquable, tandis que les objets rattachés à ses expéditions et à ses activités de chasse revêtent aussi un grand intérêt, révélant la vie amérindienne nord-côtoise et tout particulièrement les activités traditionnelles des Montagnais (Innus). Cette collection s’avère donc un précieux témoignage de l’histoire mais surtout du patrimoine naturel et culturel de cette région du Québec.
La collection Picard provient de cette famille qui a compté trois grands chefs hurons. Ces derniers ont joué un rôle important en tant que représentants de leur nation auprès de l'élite euro-canadienne. Ainsi, la diversité des objets qui la composent est un reflet du double aspect de la culture huronne, à la fois marquée par la proximité culturelle avec la communauté canadienne-française, mais aussi par sa spécificité amérindienne. Constituée progressivement, à différentes étapes de l'histoire muséale de la ville deQuébec, la vocation ethnographique de cette collection est depuis peu reconnue par le Musée de la civilisation.
Plus d’un million d’objets et de spécimens d’intérêt scientifique, artistique ou patrimonial sont rassemblés dans les collections d’enseignement et de recherche de l’Université Laval, héritage légué par ses chercheurs, ses professeurs et ses étudiants. La plupart de ces collections sont actuellement conservées dans la réserve du pavillon Louis-Jacques-Casault. Ces spécimens et artefacts sont autant de témoins du développement de la science et de l’enseignement supérieur en Amérique française, des domaines pour lesquels l’Université Laval et le Séminaire de Québec ont joué un incontestable rôle de pionniers.
Les collections du Séminaire de Québec constituent l’une des collections muséologiques québécoises les plus significatives en raison de la qualité des objets, des œuvres et des documents qu’on y trouve. Le fait que ces collections aient été conservées et développées par une même institution pendant plus de trois siècles dans un même lieu, afin de servir d’outils de développement pour la formation d’une élite francophone, confère à l’ensemble une valeur d’unicité. Confiés depuis 1995 au Musée de la civilisation du Québec, ces œuvres, ces objets et ces documents témoignent de l’histoire et de l’évolution de la culture française en Amérique. Le patrimoine du Séminaire de Québec permet donc de porter un regard unique sur l’histoire de l’Amérique française. C’est pourquoi les archives du Séminaire de Québec sont inscrites depuis 2007 au prestigieux registre du programme Mémoire du monde de l’UNESCO.
Plusieurs figures centrales des premières décennies de la Nouvelle-France et de l’Acadie ont étudié ou enseigné au collège jésuite de La Flèche, telles que le premier évêque de la colonie, François Montmorency de Laval, le promoteur de la fondation de Montréal, Jérôme Le Royer de la Dauversière, et plusieurs missionnaires jésuites, dont deux saints martyrs canadiens, Isaac Jogues et Gabriel Lalemant. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, ce collège situé dans l’ancienne province française de l’Anjou se distingue nettement des autres centres de recrutement missionnaire à destination de l’Amérique. Le collège jésuite de La Flèche a donc joué un rôle clé dans l’épopée missionnaire de la Nouvelle-France et de l’Acadie, ainsi que dans la création de l’Église canadienne.
À l’angle de la rue Kathleen et de l’avenue Notre-Dame, à Sudbury, une plaque de la Fiducie du patrimoine ontarien marque l’emplacement du Collège du Sacré-Cœur. Des milliers d’élèves ont franchi le seuil de cette institution d’enseignement dont les finissants ont occupé d’importants rôles de leadership dans la communauté franco-ontarienne et ailleurs dans le monde. La plaque commémorative se lit comme suit : « Fondé par les jésuites en 1913 et devenu exclusivement francophone en 1916, le Collège du Sacré-Cœur fut le centre d'éducation des jeunes Franco-Ontariens pendant plusieurs dizaines d'années. En 1957, il deviendra l'Université de Sudbury qui, quelques années plus tard, forme la section catholique de l'Université Laurentienne. » Le Collège du Sacré-Cœur a joué un rôle de premier plan dans le développement de l’identité et de la mémoire franco-ontarienne. C’est d’ailleurs en ses murs que la Société historique du Nouvel-Ontario (SHNO) a vu le jour en 1942. Cet organisme revêt une importance particulière dans le domaine du patrimoine : il a pour but de faire connaître l’histoire régionale par l’entremise de ses collections d’archives, de conférences et de publications.
La colline du Calvaire d’Oka est un site patrimonial important, mais quelque peu oublié aujourd’hui. Il est situé au cœur du parc national d’Oka, à l’ouest de l’île de Montréal. La construction de ce chemin de croix remonte aux années 1740, au moment où la Nouvelle-France atteint son apogée. Il prend la forme d’un sentier forestier conduisant à trois chapelles juchées au sommet et le long duquel s’échelonnent quatre oratoires. Au départ, les missionnaires s’en servent pour enseigner aux néophytes amérindiens les moments forts de la Passion du Christ. Puis, au XIXe siècle, le calvaire d’Oka devient l’un des plus importants lieux de pèlerinage du Québec. Depuis 1974, les autorités du parc d’Oka cherchent à protéger le caractère unique de ce site et à mettre en valeur ce joyau d’architecture religieuse datant de la Nouvelle-France.
Le Consulat général de France à Québec, créé sous le Second Empire (Napoléon III) en novembre 1858 pour des motifs essentiellement commerciaux, dans une phase d'entente cordiale franco-britannique, fait aujourd'hui figure de quasi-ambassade. Deux phases majeures de son histoire dessinent l'action et l'image du Consulat depuis 150 ans. Pendant les premières années de sa fondation, la conjoncture politique et économique du Second Empire et la désignation de consuls chargés des affaires du Bas-Canada le font apprécier du gouvernement et de la population. L'autre période marquante commence au début des années 1960, quand la volonté politique partagée de la France décolonisatrice et du Québec de la Révolution tranquille confère à ce Consulat un statut spécial et un rôle essentiel, notamment pour conduire une coopération bilatérale sans équivalent. Depuis un siècle et demi, cette institution incarne la présence de la France et s'inscrit ainsi dans le patrimoine culturel et politique du Québec.
La coutume de Paris a joué un rôle fondamental dans la définition de l'identité des Québecois. Elle a d'abord formé le cœur de ces « lois et coutumes » qu'ils s'efforcèrent de défendre après la Cession de 1763. Puis, malgré des transformations successives du système juridique, elle a laissé son empreinte, dans l'esprit ou dans la lettre, jusque dans le Code civil du Québec et la structure légale du Canada.
Coutume datant du Régime français, la criée des âmes est une pratique culturelle à la jonction du religieux et du populaire. À l’origine, elle prenait la forme d’un encan dont les profits servaient à payer des messes pour les âmes du purgatoire. De nos jours, elle constitue une activité de collecte de fonds originale permettant à des paroisses québécoises de subvenir à l’entretien des églises. À L’Islet-sur-Mer, dans la région de Chaudière-Appalaches, au Québec, une criée des âmes a lieu annuellement depuis 1980. Cette cérémonie est également une occasion privilégiée de ressusciter plusieurs pratiques culturelles ancestrales de la région, comme les promenades en berlots, les conducteurs de carrioles vêtus de « capots de chat » et les bolées de chiard blanc.
L’industrie des croisières sur le fleuve Saint-Laurent possède une longue et riche histoire remontant au début du XIXe siècle. La très forte compétition entre quelques groupes d’hommes d’affaires du Québec a provoqué la naissance d’un véritable empire du transport des passagers qui s’est consolidé avec la formation de la Canada Steamship Lines en 1913. Cette compagnie a administré le célèbre circuit de croisière des « bateaux blancs », qui ont été en activité des années 1840 aux années 1960, ainsi que les luxueux hôtels destinés à sa riche clientèle. Au tournant du XXe siècle, ces croisières, ces hôtels et les régions de villégiature où ils étaient situés jouissaient d’une réputation continentale. De nos jours, cette industrie se tourne de plus en plus vers la clientèle des croisières internationales en positionnant les ports du fleuve Saint-Laurent comme d’incontournables escales.
Près de 3 000 croix de chemin sont aujourd’hui érigées le long des routes du Québec. Elles constituent un précieux héritage patrimonial. Les premières croix sont élevées par Jacques Cartier en signe de prise de possession du territoire. Plus tard, les pionniers font de même pour souligner la fondation d’un village, ainsi que l’habitant lorsqu’il prend possession de son lopin de terre. Plusieurs raisons amènent les Canadiens français à élever une croix de chemin : les cultivateurs en installent près de leurs champs pour invoquer une protection divine; le curé, pour indiquer l’emplacement d’une future église; les paroissiens en placent à mi-chemin du rang et s’y réunissent pour la prière du soir. Si les croix de chemin sont d’abord des objets religieux, leur caractère patrimonial s’affirme peu à peu en imprimant d’un cachet particulier les campagnes québécoises, puis en devenant des objets culturels témoignant du passé de foi de nos ancêtres.
La Croix de Victoria (Victoria Cross) est une décoration militaire décernée pour un acte de bravoure remarquable, pour un acte de vaillance ou d'abnégation audacieux ou extraordinaire, ou pour un dévouement extrême à son devoir en présence de l'ennemi. Cette décoration britannique fut créée sous le règne de la reine Victoria et constitue la plus haute marque de reconnaissance attribuée à des militaires ou à des civils ayant servi dans les forces de l'Empire puis du Commonwealth britanniques. Trois militaires canadiens-français ont été décorés de la Croix de Victoria : le caporal Joseph Kaeble, le lieutenant Jean Brillant et le capitaine Paul Triquet.
En Ontario français, particulièrement dans sa partie septentrionale dont l'occupation date d'à peine un siècle, se perpétue avec une vitalité inégalée un rituel du mariage qui sanctionne l'aîné célibataire le jour des noces de son cadet. Parmi toutes les désignations dont on l'affuble, selon les époques et les régions, la « danse sur les bas » ou la « danse dans l'auge » sont les plus courantes. Curieusement, cette pratique, connue dans toute l'Amérique française, n'a été étudiée que récemment et à partir de terrains périphériques, car les populations anciennes qui en forment le cœur l'ont généralement rejetée, comme la France qui en aurait été la courroie de transmission.
Le 24 juillet 1967, le président français Charles de Gaulle termine son discours sur le balcon de l’hôtel de ville de Montréal par « Vive le Québec libre! ». Cette extraordinaire formule a fait le tour du monde et a contribué à mettre le Québec sur la carte, tout particulièrement celle de la France. Cet événement n’est pas l’aboutissement normal des relations entre la France et le Québec, mais se situe plutôt en rupture complète avec ceux qui ont précédé, et ce, depuis la reprise des relations commerciales en 1855. Pour la première fois, un visiteur français décide de venger la défaite de 1763 en faisant fi des susceptibilités d’Ottawa, de Londres ou de Washington, qu’il irrite néanmoins. De cet événement date l’étroitesse des relations franco-québécoises, maintenues par les gouvernements successifs.
L’enregistrement sur disque de chansons canadiennes-françaises a débuté au tournant du XXe siècle. Alors que la musique anglo-américaine dominait tous les marchés, des facteurs sociaux et culturels comme la forte émigration de Canadiens français aux États-Unis et l’apparition de la musique destinée spécifiquement aux divers groupes ethniques qui immigraient aux États-Unis ont stimulé l’enregistrement de chansons populaires en français. On oublie souvent que la période d’effervescence qui a précédé la Grande Dépression des années 1930 a donné naissance à l’industrie québécoise du disque. En effet, pendant les années 1920, les enregistrements de chanteurs canadiens-français effectués à Montréal se sont multipliés et ont connu un grand succès.
L’église de l’Annonciation d’Oka, au cœur du site patrimonial d’Oka cité par le gouvernement du Québec en 2001, est située sur les rives du lac des Deux-Montagnes, près de Montréal. De style éclectique empruntant à plusieurs courants ornementaux et architecturaux, elle fut érigée entre 1879 et 1883. Elle se distingue par la richesse ornementale de sa façade, par son clocher monumental et son contraste lumineux de pierres rosâtres et de pierres plus pâles. Fermée aux touristes entre 1973 et 1985, elle regagne en popularité au début des années 1990 sous l’impulsion de Claude Grenier, le curé de la paroisse qui organise des visites guidées. Aujourd’hui, la Fabrique de la paroisse voisine de Saint-François d’Assise a pris le relais. Elle offre durant l’été des visites historiques pour faire découvrir l’impressionnant patrimoine artistique de l’église de l’Annonciation d’Oka.
La Révolution tranquille aura sans nul doute constitué le principal courant de modernisation de l'État québécois. En moins de 10 ans, le Québec se relèvera : son économie et sa situation sociale atteindront un niveau comparable à ses voisins du Canada et des États-Unis.Toutefois, l'État providence d'alors ne suffira pas à combler tous les besoins de la population québécoise. Il générera même souvent des situations contradictoires aux objectifs encourus, oubliant même de défendre les intérêts de ses citoyens dans les régions rurales et dans les quartiers populaires des grandes villes. À partir des années 1970, la démocratie classique atteindra ses limites en termes d'efficacité. Émergera alors, autour de pôles relativement circonscrits, un phénomène sociologique neuf au Québec : la vie associative animée par des groupes populaires. C'est le début de la démocratie participative.
La démocratie parlementaire québécoise influera largement sur la transformation et le développement des institutions publiques, et plus particulièrement sur celui de l'administration publique. Entre 1970 et 2000, la population du Québec verra s'accroître la prestation de services, dans un contexte de tertiarisation de l'économie, avec la mise en place d'importantes réformes touchant la gestion de plusieurs secteurs d'activité liés aux services. En moins de huit législatures, les gouvernements successifs auront donné un coup de barre pour moderniser l'État québécois, tout en faisant passer celui-ci de l'ère analogique à celle des technologies de l'information et du gouvernement en ligne, facilitant ainsi l'accès aux services gouvernementaux.
Adam Dollard des Ormeaux, ce personnage emblématique de l’histoire de la Nouvelle-France, a fait l’objet d’un culte patriotique exceptionnel. Le combat qu’il a mené avec une poignée de compagnons contre une armée iroquoise, en 1660, a marqué la mémoire collective. Les célébrations entourant son « exploit du Long-Sault » ont culminé des années 1920 aux années 1960 et ont pris de multiples formes, notamment la fête de Dollard, célébrée chaque année au Québec le même jour qu’on fête ailleurs au Canada la reine Victoria. Toutefois, le remplacement de cette fête par la Journée nationale des patriotes, depuis 2003, indique que la représentation du personnage et de son exploit n’ont plus la même portée. On peut se demander dans quelle mesure Dollard des Ormeaux fait encore partie du patrimoine de l’Amérique française.
Le Domaine Forget de Saint-Irénée, dans la région de Charlevoix, a acquis un statut enviable comme institution culturelle reconnue à l’échelle québécoise, canadienne et internationale. Cette renommée récente repose sur l’initiative de l’homme d’affaires Rodolphe Forget, un personnage quelque peu éclipsé de la mémoire historique québécoise, qui a fait construire en 1901 une luxueuse demeure de villégiature sur le domaine qu’il avait acquis l’année précédente, afin de passer l’été en famille dans ce pittoresque village côtier de Charlevoix. C’est ainsi que Rodolphe Forget a offert une prestigieuse base matérielle et symbolique à la future institution. Après avoir été longtemps un domaine privé puis, pendant plus d’une trentaine d’années, une institution d’enseignement et de soin tenue par des religieuses, le domaine devient en 1978 le site d’une Académie et d’un Festival international de musique classique. Les débuts modestes du Domaine Forget font progressivement place à une institution culturelle dotée d’infrastructures exceptionnelles, jouissant d’une solide réputation sur la scène nationale et internationale auprès des mélomanes.
En 1832, quelques années avant la Révolte de 1837-38, les membres du parti Patriote adoptent un drapeau arborant trois bandes horizontales (verte, blanche et rouge). Après la défaite, la pendaison des Patriotes et la publication du rapport Durham, les Canadiens français se retrouvent à la recherche d'un nouveau drapeau national n'ayant pas le caractère révolutionnaire de ce drapeau tricolore. Quelques années plus tard, lors du défilé du 24 juin 1848 à Québec, la Société Saint-Jean-Baptiste présente à la foule un drapeau qui aurait été témoin de la victoire de Montcalm sur l'armée britannique à Carillon, en 1758. Ce drapeau frappe l'imaginaire du peuple qui, même s'il ne l'adoptera pas comme tel, lui vouera un culte au point d'influencer l'allure définitive du drapeau québécois.
Des lendemains des Troubles de 1837-1838 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les Canadiens français arborent le plus souvent le drapeau de la France, le tricolore bleu-blanc-rouge, qui, à leurs yeux, représente le mieux leur caractère distinct. Mais, au tournant des XIXe et XXe siècles, émerge chez les francophones le désir de se doter de leur propre drapeau, plus en accord avec leur identité nord-américaine. Plusieurs projets soumis dans les années 1901 à 1905 participent à la genèse du drapeau actuel, tout particulièrement le fleurdelisé du curé Elphège Filiatrault et le Carillon-Sacré-Cœur. Après bien des péripéties, le fleurdelisé, tel que nous le connaissons aujourd’hui, devient, le 21 janvier 1948, drapeau officiel du Québec. Depuis, il constitue un symbole fort de l’identité des Québécois, flottant sur les bâtiments officiels du Québec, ainsi que devant bien des résidences privées, ou encore fièrement hissé par la population en diverses circonstances, particulièrement lors des moments forts de son histoire.
Lorsque le drapeau franco-ontarien est hissé pour la première fois au mât de l’Université de Sudbury le 25 septembre 1975, les deux concepteurs, Michel Dupuis et Gaétan Gervais, choisissent de rester anonymes. Ils veulent que le drapeau rassemble toute la communauté franco-ontarienne sans qu’il soit rattaché à un groupe particulier, comme celui de Sudbury ou de l’Université Laurentienne. Leur pari porte fruit. Depuis sa création, le drapeau franco-ontarien s’est visiblement positionné comme l’emblème de la communauté franco-ontarienne dans son ensemble en flottant lors de fêtes, de célébrations, de rallye et de manifestations.
Le réseau ÉCONOMUSÉE® a pour mission de mettre en valeur et de perpétuer les métiers et savoir-faire inspirés des traditions. En alliant culture par la diffusion de métiers traditionnels, éducation par la transmission des savoir-faire et économie par le soutien d'entreprises artisanales, le réseau des ÉCONOMUSÉE agit au service de la diversité culturelle en région, du patrimoine vivant et du développement durable. Inspiré par l'oeuvre de Félix-Antoine Savard à la Papeterie Saint-Gilles, à Saint-Joseph-de-la-Rive dans Charlevoix, ce réseau, créé dix ans après sa mort, compte aujourd'hui une cinquantaine de membres au Québec et dans les provinces atlantiques, en plus de prendre de l'expansion au Canada et à l'international.
L’église Notre-Dame-des-Victoires, dont la construction a débuté en 1688, s’élève à l’endroit considéré comme étant le berceau de l’Amérique française. En effet, sur ce même emplacement, Samuel de Champlain érigeait son Habitation en 1608, acte fondateur de l’histoire de la ville de Québec et du Canada. Le nom de l’église rappelle deux victoires remportées contre les Anglais, lors de tentatives infructueuses de prendre Québec, en 1690 et 1711. Les bombardements qui précédèrent la prise de Québec par les troupes de Wolfe en 1759 laissèrent en ruines de nombreux bâtiments de la Place-Royale, dont cette église. Par la suite, les nombreuses rénovations réalisées pour assurer la survie du monument en ont transformé l’aspect extérieur. Mise en valeur par un système d’éclairage depuis 2008, en l’honneur du 400e anniversaire de la fondation de Québec, l’église Notre-Dame-des-Victoires témoigne aujourd’hui de plus de trois siècles de patrimoine architectural.
« La semence a levé » (Matthieu 13), dit la bannière que la paroisse Saint-Joachim a préparée pour marquer le 125e anniversaire de l’établissement du diocèse d’Edmonton, en 1996. Cette parole extraite de l’Évangile s’applique aussi bien à la paroisse qu’à l’église Saint-Joachim de la ville d’Edmonton. Déclarée monument historique par le gouvernement de la province de l’Alberta, l’église représente bien cette paroisse qui, depuis son établissement au milieu du XIXe siècle et le début du développement de l’Ouest canadien, n’a pas cessé de rayonner et d’enrichir la vie des francophones de la province de l’Alberta. En effet, depuis sa construction en 1854, le premier bâtiment modeste baptisé « Mission Saint-Joachim » a continuellement pris de l’ampleur. En 1899, avec la construction de l’église Saint Joachim actuelle, c’est une véritable institution qui est établie et qui subsiste encore aujourd’hui.
Les escaliers publics sont un aspect incontournable de la culture urbaine de Québec. Difficile de se déplacer à pied sans les éviter. Avec leurs centaines de marches et de paliers, ils constituent des lieux de passage à la fois discrets et essentiels dans une ville où la topographie condamne ses résidents à monter et descendre sans cesse. Ils ont accompagné le développement des quartiers centraux, ils participent à la vivacité de leur quotidien, et ils contribuent à leur charme. À une époque où l'on se soucie d’environnement et de revitalisation du centre-ville, ces escaliers continuent de jouer un rôle important, autant pour les résidents que pour les visiteurs. Ils constituent des témoins de l'histoire de la ville, comme ils ont marqué certaines ruptures géographiques et sociales.
Étienne Brûlé, truchement ou interprète de Samuel de Champlain, est un personnage peu connu de l'histoire de la Nouvelle-France. Il n'a laissé aucuns écrits et on connaît, de son vivant, que très peu de choses à son égard. Son récit de vie, aussi mince soit-il, a cependant fait l'objet d'une métamorphose intéressante au cours des 400 dernières années. Présenté parfois comme traître, parfois comme héros, Brûlé fascine par ses scandales, ses exploits, et par le mystère qui entoure sa mort. Il est aujourd'hui célébré comme le premier Français à avoir habité le territoire de la province de l'Ontario actuelle et certains voient en lui le premier Franco-Ontarien.
En 1890, la congrégation des Eudistes arrive de France afin de fonder une maison d'enseignement pour les Acadiens de la baie Sainte-Marie, en Nouvelle-Écosse. Ils prennent aussi en charge deux paroisses de la région. Au cours des décennies suivantes (principalement jusqu'aux années 1970), les Eudistes vont jouer les rôles d'éducateur, de prêtre, de bâtisseur, d'administrateur, d'écrivain et même de nationaliste. Leur présence à la Pointe-de-l'Église illustre la rencontre qui s’est produite entre la France et l'Acadie, tant au niveau architectural, culturel que cultuel. Le passage progressif d'un personnel composés de pères français à un personnel composé de pères d’origine canadienne va permettre d'établir un point d'équilibre entre ces deux facteurs culturels. La contribution des Eudistes au patrimoine francophone de la Nouvelle-Écosse a pris de nombreuses formes au cours des années.
Félix Leclerc, écrivain à grand succès du début des années 1940, notamment avec Adagio, Allegro et Andante, ne se concevait pas comme un chansonnier. La raison en est fort simple : c’est que la chanson poétique qui était celle de ses rares premiers textes n’était pas prise en compte par l’institution littéraire de son temps au Canada français. Tout au plus, pour les critiques littéraires d’alors, la chanson se confondait-elle avec la chansonnette, un genre futile à leurs yeux, ou avec le folklore, peu estimé. C’est l’accueil fait aux chansons de Félix Leclerc en France qui changera la donne de cette « poésie orale sonorisée » qui était la sienne. En même temps, Leclerc attirait l’attention et donnait du prestige à la « chanson à texte » qui allait bientôt connaître des heures de gloire en France, au Québec et ailleurs au Canada français. C’est l’un des principaux héritages de Félix Leclerc.
Si Montréal a la réputation d'être une ville de festivals, on peut en dire autant du Québec tout entier. Ancrés dans la culture et dans le quotidien des Québécois, s'enracinant dans une longue tradition de fêtes foraines, les festivals s'égrènent tout au long de l'année dans plusieurs centaines de villes et de villages de la province. Environ la moitié de ces rassemblements populaires sont de type saisonnier (festival d'été ou carnaval d'hiver, par exemple), l'autre moitié s'appuyant plutôt sur des expressions culturelles, des manifestations sportives, ou encore sur une caractéristique ou une identité locale particulière. Dans de nombreuses régions, ces événements servent à soutenir la vie communautaire et le développement économique. Les festivals s'avèrent sans contredit un élément constitutif original du patrimoine culturel immatériel du Québec.
Célébrée le 1er juillet, la fête du Canada (ou fête du Dominion telle qu’elle fut officiellement connue jusqu’en 1982) commémore la confédération canadienne de 1867. En 1958, le gouvernement fédéral de John Diefenbaker instaura la tradition de tenir des célébrations officielles à Ottawa, en y associant des éléments à caractère officiel et festif, afin de souligner la date de fondation du pays. La nature des célébrations tenues dans la région de la Capitale nationale s’est transformée au fil des ans afin de refléter de nouvelles conceptions en matière d’identité nationale au Canada. Regroupant des artistes de la scène de partout au pays, ces célébrations, dans l’ensemble, présentent une évolution des concepts liés au patrimoine linguistique et culturel du Canada.
Méconnues, les Filles du roi qui ont immigré en Nouvelle-France entre 1663 et 1673 souffrent encore de la mauvaise réputation qu’on leur a faite injustement. En effet, certains commentateurs ont pris plaisir à les qualifier de « filles de joie », malgré la fausseté maintenant démontrée de cette affirmation. Les commémorations du 350e anniversaire de l’arrivée des premières d’entre elles, qui se sont déroulées tant en France qu’au Québec en 2013, avaient pour but de rappeler leur inestimable contribution au développement de la fragile colonie qu’était alors la Nouvelle-France. Ces célébrations ont aussi mis en valeur leur rôle de « mères de la nation québécoise », titre bien mérité puisqu’elles sont à l’origine d’une grande partie de la population du Québec contemporain.
Il est un patrimoine, bien oublié aujourd'hui, qui a pourtant longtemps servi à représenter le Canada à l'étranger : les films fixes d'enseignement. Ces films servaient de support visuel dans les classes françaises, notamment pour enseigner l'histoire du Canada. Destinés à tous les cycles de l'enseignement primaire et secondaire, ils présentaient des dessins, des photographies ou des tableaux choisis pour leur pouvoir d'évocation de ce que l'on considérait être la « réalité canadienne ». Pour la plupart réalisés par l'Office National du Film, dès sa création (1945), les films fixes sur le Canada ont été remis par l'ambassade du Canada à l'Éducation nationale française et intégrés dans le circuit du cinéma éducateur, où ils ont été utilisés jusqu'à ce que les diapositives les détrônent dans les années 1970. Véritable mine d'or du point de vue iconographique, on commence à peine à découvrir leur potentiel pour étudier la représentation du Canada à l'étranger : plusieurs projets de recherche s'attachent actuellement à numériser, classifier et analyser ce riche patrimoine documentaire.
Floribec fait partie de l’imaginaire collectif des Québécois depuis près de 50 ans. Film, roman, publicités, reportages ont largement participé au fil des ans à la consécration de ce haut lieu du tourisme québécois dans la grande région de Miami, en Floride. Floribec est d’abord né du tourisme pour se transformer en une communauté transnationale. En effet, après avoir visité le sud-est de la Floride, des touristes québécois ont choisi d’y vivre en permanence et de subvenir à leurs besoins en offrant des services en français aux autres francophones. Motels, restaurants, dépanneurs, avocats et autres services destinés aux hivernants sont apparus et ont fait naître une communauté floribécoise dont le style de vie et l’économie reposent essentiellement sur la présence constante de touristes québécois, que ce soit pour une semaine ou plusieurs mois. Il en résulte un milieu francophone hors Québec fort distinct des autres milieux francophones en Amérique du Nord. Mais ce phénomène en déclin est aujourd’hui menacé.
Les vestiges de la première entreprise industrielle du fer au Canada, demeurée en activité de 1730 à 1883, sont conservés et mis en valeur au Lieu historique national Les-Forges-du-Saint-Maurice, situé à 15 kilomètres au nord de Trois-Rivières. Une plaque commémorative déposée sur le site dès 1923 par la Commission des Lieux et Monuments historiques du Canada signale d'ailleurs la reconnaissance précoce de l'importance des forges du Saint-Maurice dans l'histoire du Canada. Les recherches historiques et archéologiques initiées au cours des années 1960 par le ministère des Affaires culturelles du Québec, et prolongées par Parcs Canada depuis 1973, ont fait découvrir la richesse de l'héritage français de ce témoignage du patrimoine industriel dans la région. Elles montrent notamment que la formation de l'établissement s'inspire largement des technologies en usage dansles anciennes forges françaises.
Construit à la hâte au lendemain de la prise de la ville de Québec par l’armée britannique en 1759, le fort Jacques-Cartier fut un quartier d’hiver, ainsi qu’un lieu d’entreposage important pour l’armée française postée dans la région de Québec. Il fut aménagé avec des ressources matérielles et financières limitées et les modes de construction employés, témoins de cette réalité, en font un exemple unique en Amérique. Il s’agit là de la seule fortification de campagne française construite pendant la guerre de Sept Ans et dont il nous reste des traces archéologiques tangibles. Aujourd’hui, le cap sur lequel le fort est construit est en proie à une importante érosion et l’intégrité du site est menacée. Déjà, certains vestiges ont été emportés au bas du cap et ces dommages sont irréversibles.
Le Fort William, centre opérationnel de la Compagnie du Nord-Ouest entre 1803 et 1821, constitue une plaque tournante dans l’histoire du Canada. À compter de 1971, il a été fidèlement reconstruit comme site historique, à 15 km de son emplacement originel à l’embouchure de la rivière Kaministiquia, sur la rive nord du lac Supérieur. Fort William est un lieu de passage majeur à bien des égards. Aux XVIIIe et XIXe siècles, il servait de point de rencontre entre l’est et l’ouest du continent dans l’importante industrie de la fourrure à l’ouest des Grands Lacs. Aujourd’hui, il joue encore ce rôle, mais entre les dizaines de milliers de visiteurs contemporains qui fréquentent ce site chaque année et les personnages autochtones, canadiens-français et écossais de cette époque charnière de l’histoire canadienne.
Le Lieu historique national du Canada du Fort-Témiscamingue-Obadjiwan illustre l’importance de la traite des fourrures dans l’économie canadienne et témoigne de la rivalité franco-anglaise pour le contrôle de ce commerce. Il joue également un rôle central dans la définition identitaire des habitants du Témiscamingue, qu’ils soient d’origine anishinabe (algonquine), française ou anglaise. Cet endroit est fréquenté depuis 6 000 ans. Il a servi de lieu de rencontre et d’échange aux Anishinabes, aux voyageurs français et anglais qui se sont livrés à la traite des fourrures, aux colons canadiens-français du Témiscamingue. Devenu aujourd'hui lieu touristique, le site fonctionne dans un esprit de gestion conjointe entre Parcs Canada et la Timiskaming First Nation en vertu d’une entente de partenariat sur le point d'être conclue. Cette entente a pour objectif d'offrir aux visiteurs un programme d’interprétation pluriculturel.
Le Québec est aujourd'hui jalonné de plusieurs fortifications ou vestiges de ce qui fut jadis des places fortes, témoins de l'histoire militaire de la Nouvelle-France à nos jours. Intimement liées au contexte politique et socio-économique de la colonie, ces fortifications sont de véritables livres ouverts permettant de redécouvrir le passé. L'archéologie, à travers une démarche visant à replacer les découvertes réalisées sur ces sites dans leur cadre historique, permet une lecture approfondie de ces vestiges perdus et retrouvés. Il devient alors possible de retracer la démarche des ingénieurs militaires et des artisans concepteurs de ces ouvrages, de positionner ces lieux à l'intérieur des stratégies de défense de l'époque, mais aussi de voir dans quel état se trouvait la colonie à un moment donné de son histoire.
France Daigle compte aujourd’hui parmi les auteurs acadiens les plus réputés et sa renommée s’étend, au-delà de son Acadie natale, dans tous les pays où l’on s’intéresse à l’histoire et la culture acadiennes. Ayant vécu par moments à Toronto, à Montréal et à Paris et ayant voyagé comme jeune adulte en Europe et jusqu’au Moyen Orient, Daigle est toujours revenue dans la région de Moncton où elle réside, un espace urbain en pleine évolution qu’elle représente comme nul autre. L’Acadie dans ses romans n’est plus celle du passé, repliée sur elle-même : elle est désormais ouverte sur le monde.
Les fresques murales de Québec, qui fleurissent sur les murs de la capitale depuis une dizaine d’années, sont devenues une véritable attraction touristique et un élément fort du patrimoine urbain. Ces fresques illustrent l’histoire de la ville et de ses habitants et permettent aux visiteurs soit de découvrir, soit de se remémorer un fragment du passé. Ce patrimoine encore en construction change le visage de Québec, interpelle le passant et remplit de couleurs et d’histoire des lieux urbains auparavant anonymes.
Les fromages du Québec jouissent depuis longtemps d’une renommée internationale. Le goût pour cet aliment fermier a bien évolué au fil des ans, s’enrichissant de nombreux apports culturels et technologiques. Les premiers colons l’époque de la Nouvelle-France apportent certaines traditions fromagères, puis les innovations techniques anglaises permettent de développer le savoir-faire québécois. Vers la fin du XIXe siècle, l’augmentation de la production laitière et la demande grandissante pour le fromage produit au Québec stimulent l’industrie laitière : le cheddar devient l’un des fleurons de l’économie agricole québécoise. Si la production fromagère s’est longtemps limitée à quelques variétés, on peut à présent trouver au Québec des centaines de fromages de toutes les régions. L’audace de certains artisans québécois conjuguée aux savoir-faire ancestraux des artisans venus plus récemment de France et d’autres pays d’Europe ont considérablement enrichi et diversifié la production québécoise. S’il a une longue histoire, ce précieux patrimoine alimentaire semble promis à un succulent avenir!
La nation métisse d'Amérique du Nord naquit de la rencontre entre les mondes amérindiens et européens entre le XVIIe et le XIXe siècle. Gabriel Dumont, figure emblématique de ce peuple aux côtés de son ami Louis Riel, en défendit les droits par les armes non seulement à Batoche en 1885, mais aussi en paroles en Nouvelle-Angleterre et au Québec, où il tenta à partir de 1888 de présenter les Métis canadiens-français comme civilisateurs des Prairies. Ses capacités d'organisateur, sa loyauté, son esprit de décision et son obstination hors du commun inspirent toujours les multiples organismes métis à travers le Canada et les États-Unis. Les gestes posés par Gabriel Dumont inscrivent en toute légitimité la nation métisse au cœur du patrimoine de l'Amérique française.
La généalogie, c'est avant tout l'histoire familiale, la connaissance des ancêtres, ceux de la première génération comme ceux de la dixième génération. Elle est le résultat d'un ensemble de recherches d'ordre biographique, démographique et sociologique réalisées à partir des archives et des imprimés. Au fil des ans, le Québec s'est taillé une place de choix dans ce champ de recherches particulièrement vivant.
La goélette Saint-André a été construite à La Malbaie, dans le comté de Charlevoix, en 1956. par un des derniers constructeurs de goélettes du fleuve Saint-Laurent, le maître charpentier Philippe Lavoie. Son propriétaire, le capitaine Fernand Gagnon ,a fait du cabotage sur le fleuve Saint-Laurent jusqu’en 1976 principalement entre Montréal et Sept-Îles. À cette époque, les goélettes de bois ont été remplacées par des navires de métal beaucoup plus gros, plus rentables et adaptés à la navigation hivernale. Un des derniers témoins de la longue tradition maritime propres aux Québécois, la Saint-André, a été classée « bien culturel » en 1978. Nouvellement restaurée, elle est conservée au musée maritime de Charlevoix, tout près des rivages qui l’ont vu naître.
Prise globalement, la minorité francophone du Canada a survécu et se développe grâce à un investissement constant dans ce qu’on pourrait appeler la gouvernance communautaire, c’est-à-dire les formes d’organisation qu’elle s’est données afin de se constituer en collectivité et d’influer sur les pouvoirs publics. Aujourd’hui tissée de long en large à travers le pays, la gouvernance minoritaire francophone s’est progressivement instituée contre les assauts d’une majorité souvent malveillante. Par sa persistance et son ressort, cette gouvernance est riche en enseignements et s’inscrit dans le patrimoine culturel de l’Amérique française.
Depuis 1956, Grand-Pré est reconnu par le gouvernement du Canada et par la Société nationale l’Assomption, qui représentait alors le peuple acadien, comme « le foyer historique le plus important du peuple acadien, il rappelle ses heures les plus douloureuses et les plus héroïques et il doit donner aux générations futures l’exemple d’un peuple courageux dont la culture et les actes enrichiront toujours davantage la nation canadienne ». Ce site est un puissant symbole de la Déportation acadienne (1755-1762) ainsi qu’un souvenir romantique du « paradis perdu français » de l’Acadie. Depuis 2012, le paysage de Grand-Pré figure sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le patrimoine religieux est lié de près à l’identité des francophones de l’Ontario. Depuis son édification en août 1907, la grotte Notre-Dame-de-Lourdes offre à la population du Nord de l’Ontario un lieu de rassemblement et de prière important, en plus de représenter un jalon historique à Sudbury. Au cours des derniers cent ans, la grotte n’a cessé d’évoluer. Elle a connu des moments de grande popularité et traversé des périodes d’abandon. Mais grâce aux efforts et au dévouement de plusieurs membres de la communauté, le site reprend aujourd’hui de l’ampleur en tant que lieu d’animation culturelle et de culte œcuménique.
Personnage aux multiples facettes, Henri-Gustave Joly de Lotbinière a été un politicien intègre, homme d'affaires sagace, sylviculteur passionné et figure de marque de la dualité linguistique canadienne au XIXe siècle. Né et éduqué en France, descendant d'une grande famille de la Nouvelle-France, il laisse sa marque dans le paysage politique du Québec, de la Colombie-Britannique et du Canada. Sa passion de l'horticulture et des arbres l'amène à promouvoir la conservation des forêts et à aménager dans le domaine familial un immense parc-jardin romantique, récemment mis en valeur et toujours réputé pour sa beauté et ses espèces rares. Il a laissé le souvenir d'un homme affable à la probité irréprochable, d'un champion de la tolérance et d'un visionnaire dans le domaine du progrès agricole et de la conservation forestière.
À l’arrivée des premiers immigrants français dans la vallée du Saint-Laurent, au début du XVIIe siècle, la raquette à neige était d’usage universel chez les Amérindiens. Elle leur permettait de se déplacer en hiver sans s’enfoncer dans la neige profonde. Les Français les ont aussitôt imités pour vaquer à des occupations parfois vitales comme chasser, faire la guerre, communiquer entre eux ou s’approvisionner en bois de chauffage. Au XIXe siècle, la raquette devient un loisir très populaire dans toutes les couches de la société. Aujourd’hui, après une brève période d’hibernation, elle reprend sa place dans le monde du sport et des loisirs grâce à de récents perfectionnements techniques. Le parcours de la raquette à neige illustre à merveille la persistance d’un patrimoine très ancien et son adaptation à l’évolution de la société, face à une constante de l'environnement canadien : l’hiver.
Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, la traite des fourrures dans les « Pays d’en haut » voit naître deux communautés distinctes issues d’unions entre femmes autochtones et hommes blancs : les Métis francophones et les Métis anglophones (les « Halfbreeds »). Avec le temps, le français ou l’anglais que les enfants métis avaient appris de leur père a évolué de manière particulière et a donné naissance à deux variétés locales : le français mitchif et le bungee -- une forme vernaculaire de l’anglais. Mais ces enfants métis avaient également appris la ou les langues de la mère et une nouvelle langue est apparue, le mitchif, étonnante fusion d’éléments français et d’éléments cris et ojibwés. Tout ce patrimoine linguistique est aujourd’hui en voie d’extinction.
Célébré pour sa beauté, honni pour sa durée, son intensité et ses tragédies, l'hiver est un thème récurrent dans la représentation graphique du Québec, et cela dès la fin du XVIIIe siècle. Cet élément identitaire important a été exploré sous différentes facettes, notamment par les peintres, les photographes et les cinéastes. Depuis les Britanniques servant la cause de l'Empire jusqu'aux nationalistes québécois affirmant l’un des traits les plus pénétrants de leur identité, les images de l'hiver témoignent autant de la réalité de la saison froide que des mythes qu'on lui accole.
Cette petite île de deux kilomètres de long et d’un demi-kilomètre de large, située dans l’estuaire du Saint-Laurent face à la ville de Trois-Pistoles, est reconnue comme site patrimonial tant pour la richesse de ses ressources naturelles que culturelles. La Société Provancher d’histoire naturelle du Canada achète en 1929 l’île aux Basques pour en faire une des toutes premières réserves naturelles protégées au Québec, en raison de sa grande diversité ornithologique. En effet, on y compte quelque 229 espèces recensées, soit près des deux tiers des espèces d’oiseaux connues dans la province. Quant à l’histoire culturelle, l’île renferme une variété importante de sites amérindiens et elle constitue le premier lieu d’établissement des Basques sur le territoire actuel du Québec, à la fin du XVIe siècle. L’île aux Basques est donc l’un des premiers sites d’occupation européenne dans l’est du Canada. Un centre muséographique, baptisé Parc de l’aventure basque en Amérique, a été construit en 1996 sur la terre ferme, à Trois-Pistoles, et un autre sur l’île en 1999, afin d’informer le public de cette page fascinante mais peu connue de l’histoire canadienne. La Commission des lieux et monuments historiques du Canada a classé l’île aux Basques Lieu historique national du Canada en 2001.
L’île d’Orléans est reconnue comme l’un des lieux d’établissement pionnier des immigrants français en Nouvelle-France. Elle est aussi le symbole de leur enracinement durable en Amérique du Nord. C'est pourquoi on qualifie souvent l'île d'Orléans de « berceau de l'Amérique française ». En outre, depuis longtemps, les richesses naturelles de l'île et sa beauté fascinent aussi bien les artistes que les visiteurs qui viennent s'y ressourcer. Ces richesses ont aussi permis aux habitants de l'île d'y maintenir pendant plusieurs générations un mode de vie traditionnel. Cet environnement naturel contribue donc pour beaucoup à la valeur patrimoniale de l'île d'Orléans.
Jack Kerouac, « pape de la Beat Generation », auteur du célèbre roman On the Road, incarne pour plusieurs générations de lecteurs un personnage légendaire de la littérature américaine. Bien qu’elle ait d’abord été publiée en langue anglaise, l’œuvre de l’écrivain s’inspire et se rattache au patrimoine culturel de l’Amérique française. La trajectoire de Kerouac est celle d’un Franco-Américain faisant couramment usage de la langue française pendant toute son enfance dans un « Petit Canada » du Massachusetts. S’il finit par opter pour l’anglais, étant devenu écrivain à New York, il a pourtant clairement envisagé d’écrire en français, comme le révèlent deux manuscrits retrouvés récemment. Sa renommée fut importante dans la francophonie d’Amérique, particulièrement au Québec, où certains ont vu dans sa vie et son œuvre des réminiscences de la condition canadienne-française.
Jacques Cartier est l’un de ces explorateurs européens partis d’Espagne, du Portugal, d’Angleterre et de France au XVIe et au XVIIe siècles, principalement pour découvrir un passage vers la Chine mythique. Cartier est devenu l’un des « découvreurs » d’un nouveau monde, immense continent qui barrait le chemin aux navigateurs : les Amériques. En explorateur méticuleux, il a inventorié un vaste territoire s’étendant du golfe du Saint-Laurent jusqu’au site d’Hochelaga, devenu Montréal, et il a attribué ce territoire au roi de France. Il n’est toutefois pas parvenu à fonder une colonie durable. Les premiers historiens du Canada français l’ont proclamé découvreur du Canada au XIXe siècle, car Jacques Cartier servait très bien les intérêts nationalistes émergents.
L'année 1979 a été marquante en Acadie : en plus de célébrer le 375e anniversaire de sa fondation, on a vu naître et s'instaurer de façon permanente le fameux Tintamarre du 15 août ainsi que deux grands réseaux sociaux : le Conseil économique acadien - qui deviendra le Conseil économique du Nouveau-Brunswick - et les Jeux de l'Acadie. Ces derniers représentent « la manifestation populaire annuelle la plus courue et l'une des grandes réalisations de l'Acadie moderne », comme l'écrivait déjà Daniel O'Carroll en 1993. En effet, les Jeux représentent une formidable occasion d'apprentissage et de dépassement pour tous les Acadiens, jeunes et adultes : ces Jeux ont beaucoup contribué au développement de l'Acadie contemporaine, riche de talents et d'accomplissements.
Joseph Montferrand, dit Favre, mieux connu sous le nom de Jos Montferrand, demeure l’une des plus grandes figures légendaires du Canada français. En Amérique du Nord, le héros porte entre autres le nom de Montferan, Muffraw Mouffreau, Mufferon, Maufree et Murphy. Bien qu’il soit étroitement lié à l’Outaouais, le bûcheron, draveur, contremaître, cageux et homme fort n’est pas originaire de la région. Il y passe toutefois la moitié de sa vie, attiré par l’industrie forestière qui s’avère le moteur du développement de l’Outaouais au XIXe siècle. C’est là qu’il entre dans la légende, puisque encore aujourd’hui, il s’avère impossible de savoir lesquels de ses exploits relèvent du folklore et de la réalité.
Fondé en 1910 par Henri Bourassa, le journal Le Devoir a été le principal véhicule d’une pensée nationaliste canadienne-française s’étendant à l’ensemble du Canada et des États-Unis. Au début du XXe siècle, les communautés de langue française établies en Acadie, en Ontario et dans l’Ouest canadien, voire même en Nouvelle-Angleterre et en Louisiane, paraissaient unies par des aspirations semblables et un désir commun de survivance. Inlassablement, pendant près de cinquante ans, Le Devoir a soutenu d’un bout à l’autre de l’Amérique du Nord les droits politiques et linguistiques des francophones. Ce contexte s’est modifié au moment de la Révolution tranquille quand le journal s’est recentré sur sa mission d’abord québécoise et montréalaise, délaissant la vision continentale qui avait été celle de son fondateur et de ses principaux animateurs. De nos jours Le Devoir a conservé un certain intérêt pour le sort des minorités francophones canadiennes, mais il a cessé de s’intéresser de près à leur évolution et ne reflète plus leurs aspirations politiques, différentes de celles de la collectivité québécoise.
L’accueil fait aux chansons de Félix Leclerc en France, à compter de 1952, a donné le coup d’envoi au développement et à l’émancipation de la chanson québécoise. L’œuvre et la personnalité de ce poète chantant ont par la suite exercé une influence considérable sur plus d’une génération d’artistes qui continuent d’interpréter ses chansons et de saluer l’importance de sa contribution culturelle. Aujourd’hui, des prix et des trophées perpétuent sa mémoire et les traces les plus diverses soulignent l’affection et l’estime que suscite toujours Félix Leclerc dans la population. L’homme et l’œuvre occupent indéniablement le cœur du patrimoine culturel des Canadiens français devenus des Québécois, en plus de rayonner largement dans la francophonie.
Fait remarquable, c’est de la Champagne-Ardenne que sont venus quelques-uns des fondateurs les plus notables de l'Amérique française, en particulier pour Ville-Marie/Montréal. Même si l'apport numérique a été modéré: environ 2,5% du total des habitants. A peu près la même chose que la Bourgogne, un peu plus que la Franche-Comté et un peu moins que la Lorraine, toutes des régions limitrophes. Rien d’anormal étant donné sa position géographique éloignée de l'océan. Depuis l’an 2000, les initiatives se multiplient dans l’ancienne province de Champagne, afin de rappeler l’importante contribution de cette région à l’essor du fait français en Amérique aux XVIIe et XVIIIe siècles.
La démocratie représentative au Québec repose sur une structure d'institutions complexes et reliées entre elles. À cet égard, les institutions concernées par le processus électoral (Parlement, partis politiques, Directeur général des élections) contribuent au bon fonctionnement de la démocratie représentative québécoise, de même qu'à son développement et à son adaptation au changement. Ainsi, la tenue d'un scrutin général, action centrale à toute démocratie, nécessitera toujours la mise en place d'une gestion serrée des opérations, et ce, afin d'en garantir le bon déroulement. Toutefois, la représentation électorale ne sera jamais considérée comme un aspect de la démocratie réglé une fois pour toutes, mais plutôt comme un phénomène perfectible et en constante évolution.
Il fut un temps, au milieu du XXe siècle, où les écoliers québécois terminaient le «salut au drapeau» hebdomadaire par un vibrant «Je me souviens!» À cette époque, le gouvernement du Québec identifiait ses édifices, ses messages et ses publications avec ses armoiries où les citoyens retrouvaient la même devise. La Révolution tranquille a fait disparaître le «salut» et, dans son programme d'identité visuelle, l'État québécois a remplacé les armoiries par la fleur de lis (puis par un fleurdelisé miniature), mais la devise a connu sa revanche en 1978 lorsque le gouvernement Lévesque l'a fait inscrire sur les plaques d'immatriculation québécoises pour remplacer le slogan publicitaire La belle province. Les Québécois ont ainsi leur devise sous les yeux quotidiennement... même s'ils en ignorent souvent l'origine et la signification.
La fève des marais est connue sous le nom de gourgane dans les régions de Charlevoix et du Saguenay-Lac-Saint-Jean. D'origine très ancienne, elle faisait autrefois partie de l'alimentation courante des habitants de la Nouvelle-France. La culture de la gourgane, surtout après le XIXe siècle, sera longtemps identifiée presque exclusivement à la région de Charlevoix où sa présence se maintient, alors qu'ailleurs elle paraît négligée ou même oubliée. Par le biais de l'immigration des Charlevoisiens vers le Saguenay-Lac-Saint-Jean à compter de 1838, la gourgane s'implante aussi dans cette région et y devient une production agricole reconnue. Toutefois, malgré ses grandes qualités nutritionnelles, cette légumineuse occupe une place marginale dans l'alimentation des Québécois d'aujourd'hui. Elle demeure principalement associée à la fameuse soupe aux gourganes, un mets régional typique du patrimoine alimentaire charlevoisien, saguenéen et jeannois.
L'adoption de la loi accordant aux femmes le droit de vote et d'éligibilité modifiera à jamais la démocratie représentative au Québec. Une fois ce droit acquis, les femmes l'exerceront de façon massive et régulière, faisant ainsi mentir ceux qui s'y opposaient, à commencer par les prétentions de l'ancien premier ministre Louis-Alexandre Taschereau selon lesquelles les femmes n'en voulaient pas. Ainsi, la lutte des femmes suffragettes aura permis beaucoup plus que la reconnaissance de ce droit, notamment la possibilité de faire dorénavant valoir le point de vue des femmes dans l'espace public au plus haut niveau, soit au Parlement, et de sortir du rôle traditionnel auquel elles étaient confinées depuis longtemps. Résultat : en 1961, Claire Kirkland-Casgrain deviendra la première femme de l'histoire du Québec élue députée à l'Assemblée nationale, pavant ainsi la voie au changement des mentalités en démocratie.
L’histoire de La Rochelle, c’est l’histoire de ses différents ports qui traduisent la capacité des Rochelais à participer à toutes les dynamiques atlantiques entre le XIIe et le XVIIIe siècle. La participation précoce aux grandes découvertes, les échanges avec les Amériques et avec le reste du Monde au gré des entreprises coloniales et des opportunités économiques installent la ville-port dans le groupe des grandes cités maritimes du monde atlantique. Une vieille histoire ! Il n’est pas étonnant de voir sur le territoire d’une agglomération forte aujourd’hui de près de 150 000 habitants et dans le paysage urbain de la vieille ville, les marques de cette aventure française en Amérique du Nord. Une aventure de coopération France-Québec qui se poursuit d’ailleurs aujourd’hui de multiples façons.
Un théâtre francophone amateur existe en Saskatchewan dès les premiers peuplements francophones dans la province au début du XXe siècle. Toutefois, c'est seulement depuis 1985 qu'y existe une troupe professionnelle francophone. La Troupe du Jour s'est donné comme mission originale de devenir un centre de création dans l'Ouest canadien. Elle a ainsi participé à la formation d'une communauté d'artistes fransaskois. Au fil de son histoire, cette troupe a produit de nombreuses créations originales ainsi que des œuvres classiques du vaste répertoire théâtral de la francophonie. La Troupe du Jour a été intronisée au Margaret Woodward Theatre Hall of Fame en 2003.
La Vérendrye fait partie des explorateurs marquants de l’histoire de la Nouvelle-France. Il reste une des grandes figures emblématiques de l'Ouest canadien du fait qu'il est le premier voyageur à atteindre la région de Winnipeg. Il est particulièrement célébré au Manitoba par des fêtes commémoratives, des événements culturels et par les arts : ces manifestations soulignent que le fait français dans les Prairies remonte aux initiatives du découvreur. Aux yeux de plusieurs, La Vérendrye se présente comme l'archétype du voyageur idéal. Il symbolise le courage et l’esprit d'aventure, des qualités bien ancrées dans la mentalité des voyageurs francophones, métis et anglophones qui ont peuplé progressivement cet espace géographique de l'Amérique du Nord.
L’identité (qui doit être distinguée de la nationalité comme de la citoyenneté) lorsqu’elle est collective, renvoie au sentiment de spécificité qu’éprouve tout un groupe ; elle est à la fois conscience de soi et image que l’autre (ou les autres) envoie de vous. Parfois l’identité est liée à la religion (lorsqu’elle permet de résister ou de s’opposer à un voisin dominant) ; par exemple : l’orthodoxie des Grecs, le catholicisme des Irlandais et des Polonais. Aujourd’hui l’Islam sous sa version radicale et politique est revendiquée comme une marque identitaire d’affirmation (ou à l’inverse comme objet de stigmatisation). La communauté de langue a aussi été dans le passé comme encore aujourd’hui une caractéristique identitaire, parce que l’identité comme le disait Lautréamont est liée à la permanence qui défie les aléas de l’histoire. Ainsi se trouvent associées trois dimensions : mémoire, langue et identité. Contrairement à la théorie allemande du XIXe siècle qui mettait en avant la langue comme fondement exclusif de la nationalité, la tradition française (et aussi francophone) associe la fidélité à la langue à la volonté collective de la défendre et de l’illustrer, et aussi aux luttes collectives qui permettent aux peuples de s’émanciper et de s’affirmer. Rappelons enfin que la langue n’est pas un simple code de communication mais une mémoire ainsi qu’une âme collective grâce aux milliers d’images, de métaphores, de tournures de phrases, de finesses syntaxiques qui la caractérisent, sans oublier les milliers de mots parfois intraduisibles littéralement, tant ils sont enracinés dans un terreau original fertilisé par une histoire que l’on souhaite continuer à écrire en commun.
Depuis 1925, le Cercle Molière présente sans interruption du théâtre en français à Winnipeg, au Manitoba. Le Cercle Molière est reconnu comme la plus ancienne troupe de théâtre au Canada, toutes langues confondues, et représente un des plus beaux fleurons de la culture française enracinée dans l’Ouest canadien. Animée depuis ses origines par des amateurs passionnés de théâtre, la troupe du Cercle Molière est aujourd’hui devenue professionnelle. Elle offre une programmation pour les adultes et pour les jeunes, et donne aussi des sessions de formation en art dramatique. Le Cercle Molière constitue un monument incontournable du patrimoine local; il occupe une place de choix sur la scène des arts et de la culture au Manitoba français. Il a toujours su rallier les énergies de la communauté franco-manitobaine et celle-ci l’a souvent aidé à surmonter les nombreux obstacles qui ont jalonné son parcours.
Homme du peuple, orphelin, modeste ouvrier, humble frère de Sainte-Croix, rien ne destinait le frère André à l'accomplissement d'une œuvre grandiose. Pourtant, depuis plus d'un siècle, son nom est associé à l'un des plus grands sanctuaires chrétiens au monde, l'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal à Montréal. De grands rassemblements de pèlerins se tiennent dans la basilique qu'il a fait construire et des messes y sont célébrées quotidiennement. Cependant, selon le souhait du frère André, c'est l'accueil et l'attention envers les souffrances et les préoccupations des visiteurs qui sont privilégiés. La compassion du frère André envers ses contemporains et l'ampleur de ses accomplissements ont une place de choix dans le patrimoine culturel du Québec.
L'héritage politique du Québec repose sur une longue tradition démocratique. Dès la création du Bas-Canada en 1792, le régime parlementaire pose les balises de l'exercice du politique : le droit de vote et la constitution d'une assemblée où siègent les représentants élus par le peuple. La création de la Confédération canadienne en 1867 vient consolider le régime parlementaire : on met alors sur pied des institutions démocratiques - calqués sur le modèle britannique - et on dote les provinces d'une démocratie parlementaire représentative. Bien sûr, le contexte identitaire et linguistique polarise les débats parlementaires : le Québec réalise cependant des gains concernant l'usage du français dans ses propres institutions et l'expression de son identité culturelle. Suivant étroitement les grands courants de la société québécoise, la démocratie évolue au fil du temps. Elle s'adapte notamment aux nouveaux outils de communication : si les journaux ont longtemps été un véhicule privilégié, les nouvelles technologies sont à présent dans la mire des institutions démocratiques et des services publics. À l'heure du web 2.0, le patrimoine politique et démocratique du Québec témoigne ainsi de sa grande adaptabilité et de ses perspectives d'avenir.
Prêtre, naturaliste, écrivain, éditeur, vulgarisateur scientifique, systématicien et taxinomiste, Léon Provancher fut tout cela à la fois. Les scientifiques d'aujourd'hui le reconnaissent comme le pionnier des sciences au Canada et un des grands naturalistes nord américains du XIXe siècle. Il a fondé en 1868 Le Naturaliste canadien, la plus ancienne revue scientifique francophone en Amérique du Nord, une revue qui continue d'exister de nos jours. La réunion de ses collections en sciences naturelles à l'Université Laval, avec sa bibliothèque scientifique et divers documents le concernant, forme un ensemble patrimonial scientifique unique du XIXe siècle et une source de référence et d'étude pour les chercheurs du monde entier.
Le Québec du XIXe siècle sera marqué par un processus de démocratisation du pouvoir politique, lequel demeurera tout de même l'apanage des classes sociales dominantes et de ses leaders. Ce siècle sera ponctué par trois périodes distinctes au cours desquelles l'expérience démocratique évoluera au gré des luttes politiques. Or, ces dernières seront toujours le fait d'affrontements idéologiques entretenants de positions souvent irréconciliables, allant de l'usage de la langue au Parlement de Québec à l'abolition du ministère de l'Instruction publique, en passant par la création de la Confédération canadienne. La polarisation des débats conduira à la systématisation de l'organisation des partis politiques.
La démocratie québécoise contemporaine repose sur la transparence des institutions parlementaires et la bonne gouvernance. Dans cette optique, le Québec a, tout au long de son histoire, défendu les valeurs démocratiques en développant des « mécanismes naturels » de défense. Pour ce faire, l'État québécois s'inspire de modèles étrangers et fait preuve de créativité en instituant les vigiles appropriées. Une des toutes premières vigiles trouve son origine à l'Assemblée législative, en 1792, en la personne de l'orateur. Élu par les membres de l'Assemblée, ce dernier a comme principal rôle de porte-parole des élus auprès du roi. Plus tard, l'orateur se muera en président de l'Assemblée nationale, et de nombreuses autres fonctions de surveillance de la démocratie seront aussi instituées, comme le vérificateur général ou le protecteur du citoyen. Somme toute, tout en enrichissant son patrimoine démocratique, le Québec a su mettre à contribution un système de protection de la démocratie évolutif, profitant autant aux citoyens qu'aux institutions parlementaires.
Avec la publication de son roman Les Plouffe en 1948, Roger Lemelin créait un univers fictif qui allait connaître un immense succès s’étendant sur plusieurs décennies. L’œuvre est notamment adaptée pour la télévision et diffusée sur les ondes de Radio-Canada dans les années 1950, sous le titre La Famille Plouffe. Ce premier téléroman québécois a immédiatement conquis un vaste public et contribué à l’engouement des Québécois pour ce type de production télévisuelle, toujours très populaire de nos jours. Tour à tour roman, radioroman, téléroman, films et miniséries, l’histoire des Plouffe constitue un riche patrimoine littéraire et audiovisuel qui immortalise le Québec urbain de la fin des années 1930 jusqu’aux années 1950, période de prise de conscience identitaire dans une société en transformation.
La langue française est sans doute l’élément central du patrimoine que partagent les francophones du Nouveau Monde. Pendant plus de quatre siècles, le français d’Amérique a survécu et il a évolué, multipliant les variantes reflétant les environnements naturels et culturels dans lesquels il a pris racine, les chocs et les rencontres qui l’ont marqué, les occupations, vocations et domaines que ses locuteurs ont maîtrisés. Un des documents les plus importants pour l’étude de l’histoire du français nord-américain est le manuscrit intitulé « Façons de parler proverbiales, triviales, figurées, etc., des Canadiens au XVIIIe siècle », un petit calepin rédigé de 1743 à 1758 par le père Pierre Philippe Potier, missionnaire jésuite aux Hurons de la rivière Détroit. Ce lexique du parler canadien-français est le premier et, en fait, le seul à documenter le français parlé en Nouvelle-France. Potier a noté la plupart des mots de son lexique dans la région de la rivière Détroit, où il fut missionnaire de 1744 à sa mort survenue en 1781. Ce document revêt donc une importance capitale pour les francophones de cette région.
Marie Guyard, mieux connue sous le nom de Marie de l'Incarnation, est née à Tours, en France. Elle y a vécu quarante ans, de sa naissance jusqu'à son départ vers le Canada, soit de 1599 à 1639. Elle figure parmi les pionniers de la Nouvelle-France, où elle a notamment implanté le monastère des ursulines à Québec, première école pour jeunes filles amérindiennes et françaises en Amérique du Nord. Elle a habité ce monastère jusqu'à sa mort en 1672. Si sa mémoire est abondamment commémorée au Québec, son souvenir était quasi oublié dans sa terre d'origine, où seule une poignée de fervents, d'érudits et d'édiles, se souvenaient de cette modeste provinciale du XVIIe siècle, échappée vers les « quelques arpents de neige » du Canada. Cependant, depuis les années 1950, grâce au dynamisme et à la bonne volonté d'un groupe formé de Canadiens et de Tourangeaux, soutenus par quelques élus sensibilisés au rayonnement de la langue française en Amérique du Nord, la mémoire de Marie Guyard reprend enfin ses droits à Tours.
La vie démocratique au Québec, comme dans la plupart des pays jouissant d'un régime politique semblable, continue de s'épanouir en raison des différentes instances et formes de participation publique inhérente à son fonctionnement. Ainsi, l'Assemblée nationale, pilier central de la démocratie, ne saurait fonctionner adéquatement sans l'adjonction des commissions parlementaires ou sans la reconnaissance des débats publics au sein de la société civile. Que ce soit en matière de santé, d'éducation, de finances publiques, d'environnement ou, encore, d'accommodement raisonnable, le « vivre ensemble » harmonieusement suppose un exercice d'échange d'idées fait dans le respect des différences. Ce faisant, la société québécoise, notamment l'État et la société civile, aura tout au long de son histoire réussi à mettre en place, tout au long de son histoire, des mécanismes et des lieux appropriés de réflexion visant à maintenir en mouvement la démocratie.
Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau, est un personnage marquant de l’histoire de la Nouvelle-France. Grand administrateur, figure de proue du commerce des fourrures, il a contribué à une large expansion du territoire de la Nouvelle-France. Gouverneur de 1672 à 1682, puis de 1689 à 1698, il a représenté pendant près de vingt ans le roi de France Louis XIV dans l’immense Amérique du Nord française et a repoussé victorieusement l’attaque des Anglais sur Québec en 1690. Il est l’un des personnages les plus connus de l’histoire de la Nouvelle-France au Québec, où son rôle a été maintes fois souligné. Par contre, en France, il est resté dans l’ombre jusqu’à une date récente.
Louis Riel, figure emblématique des Métis, est un personnage central mais controversé de l'histoire du Canada : héros et patriote pour les uns, traître et meurtrier pour les autres. Il a pris la tête de deux mouvements de résistance afin de s’opposer à la politique colonialiste de son temps, d’abord à la rivière Rouge (futur Manitoba) en 1869-1870, puis à Batoche (Saskatchewan) en 1885. Ce visionnaire, « prophète du Nouveau Monde » et père fondateur de la province du Manitoba (1870) a toujours soutenu la cause des Métis. Il a payé de sa vie, le 16 novembre 1885, son rêve d'établir une société autochtone et multiculturelle au sein de laquelle tous les Canadiens auraient vécu en bonne harmonie. Peu d’hommes publics de son temps sont encore aussi largement connus que lui.
La présence francophone en Colombie-Britannique remonte à plus de deux siècles. Plusieurs membres des expéditions des explorateurs Mackenzie et Fraser traversent d’abord les Rocheuses et atteignent le Pacifique, puis des « voyageurs » francophones de la traite des fourrures s’établissent dans diverses régions de la province au cours du XIXe siècle. À compter de 1909, la communauté de Maillardville constitue un autre exemple du rôle joué par les Canadiens français dans le développement de cette province. Quelques centaines de Canadiens français arrivent alors en Colombie-Britannique, recrutés pour travailler dans une scierie située sur les rives de la rivière Fraser, à l’est de Vancouver. À cette époque, Fraser Mills n’est qu’une petite « ville d’entreprise » entourée d’une forêt. Quelques années plus tard, un village comprenant une église, un couvent, une école, un bureau de poste, un poste de police et de pompiers ainsi que quelques commerces a remplacé la dense forêt au nord de la scierie. Le village francophone de Maillardville était né et allait connaître, au fil des décennies, de multiples évolutions.
Le visiteur du Musée de la pulperie de Saguenay ne manque pas d’être étonné par la présence de la maison du peintre Arthur Villeneuve placée à l’intérieur de cet établissement muséal comme un véritable objet d’art. D’abord maison-musée, cette résidence couverte de peintures d’un artiste de la région, le peintre-barbier Arthur Villeneuve, a été l’objet de discussions, voire de controverses avant de s’affirmer comme un témoignage artistique remarquable. Art naïf ou peut-être art brut, les œuvres créées par Arthur Villeneuve paraissent de source traditionnelle ou pittoresque au premier abord, mais possèdent parfois une touche surréaliste. Reconnue comme trésor national par le gouvernement canadien en 1993, la maison du peintre Arthur Villeneuve occupe désormais une place unique dans l’histoire artistique québécoise du XXe siècle.
Le 23 novembre 2001, la maison natale de Gabrielle Roy à Saint-Boniface, dans laquelle elle a vécu de 1909 à 1937, a été désignée « Maison historique » par l'Assemblée législative du Manitoba. Gabrielle Roy, la plus célèbre écrivaine du Manitoba français, dont l’œuvre a été traduite et publiée en plus de quatorze langues, fait partie de l'élite des écrivains francophones du monde entier. En 1947, elle a été la première auteure canadienne à recevoir le prix Femina, décerné en France, pour son roman Bonheur d'occasion. L'ouverture publique de sa maison natale restaurée a eu lieu le 19 juin 2003, après de longues et patientes démarches pour la préserver et la mettre en valeur. Cette maison est depuis un musée qui abrite un centre d'exposition et d'interprétation sur la vie de Gabrielle Roy et de sa famille.
La Maison Kent située dans la haute ville, à proximité du château Frontenac, est l'une des plus anciennes maisons de Québec. Construite à la fin du XVIIe siècle par les Chartier de Lotbinière, elle appartient au patrimoine de la ville. L'intérêt de cette maison réside non seulement dans ses murs vénérables, mais aussi dans l'histoire mouvementée des nombreux personnages qui s'y sont succédés. Au cours des générations, une trentaine de figures historiques ont contribué à tisser l'histoire de la ville et de la province de Québec, au fil des débats et des combats de la société canadienne-française. Ce lieu de mémoire, jalon de l'héritage culturel du Québec, a toujours été un trait d'union avec la France tout au long de son histoire, et encore plus depuis 1980, puisque cette maison abrite le Consulat général de France à Québec.
L’amateur de patrimoine à la recherche de la maison Van Horne sur la rue Sherbrooke à Montréal ne la trouvera pas. À l’endroit où elle a été construite, dans la seconde moitié du XIXe siècle, se dresse aujourd’hui un bâtiment de 17 étages aux lignes épurées. Toutefois, l’importance de la demeure victorienne ne réside plus tellement dans sa valeur matérielle, mais dans le débat soulevé par la campagne de sauvegarde qui défraya la chronique médiatique au cours de l’année 1973. L’offrande consentie à la métropole moderne bouscula les consciences et galvanisa les associations de protection du patrimoine tout en transformant la conception du fonds patrimonial national des Québécois.
En devenant le plus grand joueur de hockey de son temps, Maurice Richard est aussi devenu un héros pour les tous les Canadiens français. Depuis l'émeute causée par sa suspension en 1955, le culte de Maurice Richard s'est sans cesse renouvelé jusqu'à donner naissance à un véritable mythe. L'évolution de l'appropriation collective des exploits du « Rocket » nous informe des valeurs changeantes de la société québécoise et canadienne. Il faut cependant souligner que ce mythe a pu émerger grâce aux exploits sportifs qui ont rapidement atteint une dimension légendaire. Ces derniers ont nourri la construction de son image de héros.
Le hockeyeur Maurice Richard (1921-2000) est beaucoup plus qu'un simple sportif. Le célèbre numéro 9 des Canadiens de Montréal, celui qu'on a surnommé Le Rocket, a été l'objet de toutes sortes d'écrits: des articles de périodiques et des textes savants, des biographies et des recueils de souvenirs, des contes et des nouvelles, des romans et des livres pour la jeunesse, des poèmes et des pièces de théâtre. On lui a consacré des chansons, des bandes dessinées, des sculptures, des peintures, des films et des émissions de télévision. Son visage a orné des vêtements, des jouets, des publicités. On a donné son nom à des lieux publics. Il est incontestablement un mythe québécois.
Placée au nombre des fondateurs de l’Église canadienne, Catherine de Saint-Augustin a été béatifiée par le pape Jean-Paul II en 1989. Née en 1632 à Saint-Sauveur-le-Vicomte, en Normandie, sous le nom de Catherine de Longpré, elle est entrée en 1644 chez les hospitalières de Bayeux. Elle n’a pas tardé à se porter volontaire pour seconder les religieuses ayant la charge de l’Hôtel-Dieu de Québec et elle a débarqué en Nouvelle-France en 1648. Elle y a mené une vie exemplaire puis elle y est morte toute jeune encore, de maladie, en 1668. Sa renommée grandissante au Québec, à compter de la fin du XIXe siècle, a permis à son pays natal de la redécouvrir.
Fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal en 1642, Jeanne Mance meurt en 1673 « en réputation de sainteté », selon mère Juchereau de Saint-Ignace qui est alors supérieure de l’Hôtel-Dieu de Québec. Jeanne Mance est née en 1606 à Langres, en Champagne, et a quitté sa ville natale à l’âge de 34 ans pour répondre à une vocation missionnaire irrésistible qui l’a emmenée au Canada. Les Langrois vont ignorer qu’elle est née parmi eux jusqu’à la découverte de son acte de baptême en 1931. Il faudra alors la mobilisation du clergé québécois en faveur de la béatification de Jeanne Mance, des années 1940 aux années 1960, pour rendre possible la survivance de sa mémoire dans sa ville natale. Aujourd’hui personnalité langroise reconnue, le visage de Jeanne Mance a évolué : la fondatrice de l’Église canadienne est devenue une « infirmière sans frontières » au fur et à mesure que l’Église catholique perdait de son influence, tant en France qu’au Québec. En 2012, elle a aussi été reconnue officiellement co-fondatrice de la ville de Montréal.
Si l’écrivain français Gustave Flaubert (1821-1880) a dit « Madame Bovary, c’est moi », le romancier et poète québécois Félix-Antoine Savard (1896-1982) aurait pu tout autant convenir que Menaud, c’était lui. En effet, Félix-Antoine Savard se laissait souvent désigner sous le nom de « Menaud » par ses amis sans que cela le gêne le moindrement. Rarement a-t-on vu en littérature québécoise un personnage associé aussi étroitement à son auteur, et occupant même presque toute la place dans son œuvre littéraire. De fait, mis à part le roman Menaud, maître-draveur, dont la première édition paraît en 1937, les autres ouvrages de Félix-Antoine Savard demeurent plutôt méconnus. Plus encore, l’histoire et la légende s’entremêlent autour du personnage de Menaud, qui devient presque un être réel dans le discours populaire. Au fil du temps, ce personnage littéraire devenu mythique s'est vu attribuer diverses significations : sociale, culturelle, politique, environnementale. Il a même acquis une fonction touristique.
L’ébénisterie artisanale est un des métiers d’art qui a traversé les siècles, les guerres et les révolutions industrielles, pour parvenir, presque miraculeusement, jusqu’au troisième millénaire. L’ébénisterie québécoise, bien que jeune, plonge pourtant ses racines dans des traditions anciennes. Comme nos ancêtres ont dû apprivoiser l’immensité de notre territoire, dès le début, les premiers ébénistes québécois ont dû apprendre à se suffire à eux-mêmes et à compter sur leur propre détermination. L’adaptation, la dextérité, la patience, la débrouillardise, l’habileté et la volonté de bien faire deviendront des caractéristiques propres à nos pionniers. Chaque meuble ancien québécois témoigne donc de l’adaptation de cette collectivité à toutes les époques de sa courte existence.
Depuis quelques années, on assiste à une véritable renaissance du métier traditionnel de forgeron autour de la ferronnerie d’art, du fer décoratif et de la restauration d’édifices patrimoniaux. Certains centres d’interprétation des métiers du fer, créés sur le site d’anciennes forges, vont jusqu’à offrir aux visiteurs et aux communautés avoisinantes un ensemble de produits utilitaires fabriqués sur demande par des artisans forgerons. Cette résurgence de pratiques que l’on croyait disparues ne peut se comprendre qu’à la lumière de la longue trajectoire historique des forgerons québécois, marquée par un enrichissement progressif des savoir-faire depuis l’époque de la Nouvelle-France. Il faut aussi souligner leur esprit de résilience face à tout ce qui pouvait constituer une menace pour leur profession : environnement inhospitalier, vicissitudes des cycles économiques, percée de la production industrielle de masse après 1850 et avènement de l’automobile au début du XXe siècle.
La pratique des guérisseurs, ces soigneurs du peuple tant décriés par le milieu médical, est plutôt mal connue. Si certains s'en remettent à d'étranges pratiques, à des secrets mystérieux, ou à des rituels religieux, un bon nombre de guérisseurs traditionnels s'imposent comme de simples praticiens sans autre désir que celui de soulager la souffrance humaine. C'est le cas des rebouteurs, appelés communément « ramancheurs » au Québec, dont la tâche consistait à replacer les os disjoints ou sortis de leur emplacement naturel. Aucune magie ici, mais plutôt une tradition héritée d'un long apprentissage et d'une transmission de génération en génération, le plus souvent par le biais de lignées familiales. Ainsi, selon des recherches ethnographiques plus récentes, les ramancheurs ne sont pas des « médecins du ciel » mais plutôt les dépositaires d'une technique ancestrale dont les résultats ont su satisfaire bien des Québécois d'hier, surtout aux époques où l'accès aux services médicaux n'était pas aussi facile que de nos jours.
La fête de la Mi-Carême demeure une tradition bien vivante dans quelques régions acadiennes de l’est du Canada. À Chéticamp et Saint-Joseph-du-Moine au Cap-Breton, à Fatima aux îles de la Madeleine et à Natashquan et Pointe-Parent sur la Côte-Nord du Québec, la randonnée annuelle des mi-carêmes constitue une riche tradition qui se perpétue probablement depuis l’arrivée des premiers colons. À l’Île-du-Prince-Édouard, dans les paroisses de Tignish et de Palmer Road, plusieurs familles conservent une autre tradition, soit la visite annuelle de la mystérieuse Mi-Carême, personnage mythique qui apporte des friandises aux enfants sages. Ces communautés ont conservé des traditions d’origine française qui autrefois étaient connues dans toute l’Acadie ainsi que dans plusieurs régions du Québec.
Tout au long de son histoire, tant du point de vue linguistique que culturel, la population de la Nouvelle-Écosse s'est constamment diversifiée. Sans entrer dans les détails de cette évolution historique, on observe aujourd'hui que la langue française possède un statut minoritaire car elle n'est parlée que par environ 3 à 5 % de la population totale de cette province. On constate par ailleurs que cette population francophone n'est pas homogène, un francophone sur quatre étant né à l'extérieur de la province. Cette variété linguistique, qui résulte notamment des arrivées et des départs d'individus qui se sont établis dans cette province du Canada atlantique, représente un héritage sans précédent qu'il y a lieu de préserver et de promouvoir pour les futures générations.
Le mont Royal est directement associé à l'histoire et à l'identité de Montréal. Dominant la ville, « la montagne », comme l'appellent affectueusement les Montréalais, reste toujours fidèle à ce qu'on attend d'elle : point de repère, haut lieu symbolique et patrimonial où se côtoient nature, culture et histoire. Cette petite colline montérégienne de 232 mètres de dénivellation, que Jacques Cartier a baptisé en 1535 en l'honneur du roi de France et sur laquelle le sieur de Maisonneuve planta une croix en 1643, occupe depuis longtemps une place prépondérante dans le cœur des Montréalais. L'engagement indéfectible qu'elle suscite de leur part depuis 150 ans pour la protéger donne la mesure de son pouvoir identitaire. Cette action citoyenne témoigne aussi du rôle clé que joue parfois la population dans la préservation et la mise en valeur du patrimoine collectif.
Né à Laon, dans le nord de la France, en 1637, le père jésuite Jacques Marquette a découvert le fleuve Mississippi en 1673, en compagnie de Louis Jolliet, explorateur, commerçant et seigneur né à Québec. Le père Marquette est mort près de l’actuelle ville de Ludington au Michigan en 1675. Héroïsé aux États-Unis à partir de 1877, après la découverte de ses ossements, il est resté largement méconnu en France. L’histoire du monument que lui a consacré sa ville natale en 1937 illustre les aléas de la mémoire locale de ce héros américain. Jésuite longtemps renié par les anticléricaux français, le père Marquette n’a finalement pu être honoré dans son pays que lorsqu'on a mis en avant sa figure d’explorateur-cartographe de l’Amérique du Nord.
Le moulin Fleming, situé dans le parc Stinson de l’arrondissementde LaSalle de la Ville de Montréal, fait face au lac Saint-Louis. Construit enpierres des champs en 1827, il est le seul moulin à vent d’inspirationanglo-saxonne du Québec encore debout aujourd’hui. Depuis 1982, il est l’emblèmede la Ville de LaSalle. En 1983, le ministère des Affaires culturelles duQuébec classe le moulin Fleming comme bien archéologique. Restauré en 1990, ildevient un Centre d’interprétation de l’histoire du moulin. Le parcourshistorique du moulin Fleming incarne à la fois l’héritage industriel de LaSalleet la venue d’immigrants de souche écossaise. Ce double héritage fait désormaispartie intégrante de Montréal et de son histoire.
Le Musée acadien de l’Université de Moncton fêtait en 2011 son 125e anniversaire. Fondé en 1886 au collège Saint-Joseph à Memramcook, N.-B., il est le plus ancien et le plus grand des nombreux musées acadiens que l’on trouve dans les provinces Maritimes, au Québec et en Louisiane. Son mandat est de collectionner et de préserver des objets relatifs à l’histoire et à la culture matérielle acadiennes et d’en faire la promotion. Ce mandat couvre tout le territoire de l’Acadie et comprend la période allant de la fondation de l’Acadie jusqu’à nos jours.
Fondé en 1939 le Musée de Saint-Boniface loge depuis 1967 dans le bâtiment le plus ancien de Winnipeg : l’ancien couvent des Sœurs Grises, reconnu lieu historique national exceptionnel par le gouvernement du Canada, désigné par le gouvernement du Manitoba en 1991 et la ville de Winnipeg en 1995. L’édifice constitue d’ailleurs le plus important artéfact du Musée qui a pour mission de le préserver et de le mettre en valeur. Cette institution a également pour mission de faire connaître l’histoire et la culture matérielle des Canadiens français et des Métis de l’Ouest canadien, particulièrement ceux qui sont originaires du Manitoba. Avec sa collection de plus de 25 000 objets, incluant le plus important fonds d’objets se rapportant à Louis Riel au Canada, le Musée de Saint-Boniface joue un rôle culturel majeur au sein de la francophonie manitobaine et de la province du Manitoba.
Situé dans un magnifique hôtel particulier du XVIIIe siècle, le Musée du Nouveau Monde illustre à travers ses collections les relations que la France entretient avec les Amériques depuis le XVIe siècle à partir de La Rochelle, l’un des principaux ports de commerce et d’émigration vers le Nouveau Monde. Peintures, gravures, cartes anciennes, sculptures, mobilier, objets d’art décoratif, évoquent le Canada, les Antilles ou encore le Brésil avec de nombreux témoignages sur le commerce triangulaire et l’esclavage. Une section est consacrée au Far-West et aux Amérindiens.
Marguerite Bourgeoys a joué un rôle clé dans l’histoire de l’éducation au Québec. En effet, elle a fondé la Congrégation de Notre-Dame, communauté de femmes non cloîtrées vouée à l’enseignement et encore active aujourd’hui à travers le monde. De plus, sœur Bourgeoys a laissé une autre trace remarquable dans le patrimoine matériel québécois : la chapelle de pèlerinage Notre-Dame-de-Bon-Secours, dont la construction remonte au milieu du XVIIe siècle. Ce sanctuaire dédié à la Vierge Marie est le plus ancien site montréalais qui ait conservé sa fonction d’origine, soit celle d’accueillir des pèlerins. Ce patrimoine est mis en valeur au complexe muséal Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours/Musée Marguerite-Bourgeoys, créé en 1998.
En mars 1973, quelques étudiants de l'université Laurentienne de Sudbury (Ontario), sous la supervision du professeur Fernand Dorais, mettaient sur pied un spectacle multidisciplinaire pour clore un colloque. Musiciens, comédiens et poètes franco-ontariens se succédèrent sur la scène de l'amphithéâtre de l'auditorium Fraser pendant toute une soirée. La Nuit sur l'étang était créée. Trente-cinq ans plus tard, l'événement attire toujours un public fidèle. Peu importe les difficultés et les nombreux changements subis au fil des ans, la Nuit sur l'étang continue de se donner comme objectif de faire une place à la relève artistique et de fournir aux Franco-Ontariens une occasion de célébration. L'espace d'une soirée, des gens d'un peu partout dans la province se rassemblent annuellement pour chanter en français et recréer ce qu'on a déjà qualifié de « folie collective d'un peuple en party (NOTE 1)».
Tous les pays ont un hymne national et le Canada ne fait pas exception à la règle avec son « Ô Canada ». L'hymne national doit être un symbole rassembleur autour duquel se cristallisent le sentiment d'appartenance et l'identité collective. Il est joué ou chanté lors de cérémonies officielles, ou lors d'occasions solennelles, et il a pour fonction d'offrir un condensé de ce qui représente le mieux un pays, une nation. Toutefois, cela est parfois théorique et l'hymne national peut connaître divers destins, fluctuant au même rythme que se transforme le pays ou la nation. C'est ce qui s'est produit pour le « Ô Canada » dont le cheminement historique est pour le moins étonnant. D'abord chant patriotique canadien-français avant d'être l'hymne national du Canada, il reste particulièrement présent lors des événements sportifs comme les matchs de hockey professionnels, ou les Jeux Olympiques, sans pourtant faire l'unanimité sur sa portée identitaire réelle. Aujourd'hui encore, ce chant composé au 19e siècle est l'objet de réflexions et de reconsidérations diverses.
Les dix conventions nationales acadiennes qui eurent lieu entre 1881 et 1937 revêtent encore de nos jours une grande importance pour quiconque s'intéresse à l'identité acadienne, ainsi qu'à l'histoire et au patrimoine culturel des Acadiens. Ces conventions constituent, dans une très large mesure, le fondement même de ce qui est devenu l'Acadie moderne. Les deux premières présentent un intérêt particulier puisque c'est à Memramcook en 1881, puis à Miscouche en 1884, que les Acadiens s'affirment comme peuple distinct des Canadiens français et se dotent de symboles qui incarneront leur identité spécifique : une patronne, une fête, un drapeau et un hymne nationaux. L'élite acadienne de l'époque espère créer autour de ces symboles l'unité collective des Acadiens et rallier les forces vives de cette nation dans la lutte qu'elle doit mener pour la reconnaissance de ses droits fondamentaux, autant linguistiques et culturels que politiques et sociaux. L'identité acadienne contemporaine puise donc largement sa source dans ces conventions historiques.
Village à très forte majorité francophone il y a à peine 40 ans, Orléans est aujourd’hui une banlieue d’Ottawa dont à peine le tiers de la population est de langue maternelle française. Le fait français n’y a toutefois pas perdu de son dynamisme, cette population affichant une vigueur peu ordinaire non seulement pour le maintien, mais aussi pour le développement de ses acquis. La communauté francophone d’Orléans s’est dotée d’infrastructures culturelles uniques en Ontario. La bataille menée il y a une vingtaine d'années pour que le gouvernement de l'Ontario écrive « Orléans » avec l'accent aigu sur le e, témoigne de sa volonté de s’affirmer à l’échelle régionale et ontarienne.
Bien qu'elle soit la capitale du Canada, Ottawa est une ville beaucoup plus petite que Montréal et Toronto, qui ont jadis souhaité lui ravir le titre de capitale du Dominion canadien. Plus petite, elle fait également moins parler d'elle dans la littérature franco-ontarienne : moins que Toronto, que Montréal et même Québec. Elle se taille néanmoins une place honorable, souvent sous des traits ironiques, parfois même sous des atours humoristiques. C'est du moins ce que nous révèlent certains journalistes, romanciers et nouvellistes franco-ontariens depuis plus de cent ans.
Entre les Laurentides et les Appalaches, la plaine du Saint-Laurent est ponctuée de collines s'étalant d'est en ouest. Ces collines, appelées Montérégiennes, proviennent de montées de magma en fusion qui se sont produites il y a une centaine de millions d'années. L'une d'elles, le mont Royal, s'élève sur la plus grande île de l'archipel de Montréal, au cœur même de la métropole du Québec. Ce parc urbain exceptionnel est l'objet de mesures de protection et de mise en valeur également exceptionnelles. Explorer les multiples richesses et les divers aspects du patrimoine de cette montagne urbaine, c'est renouer avec l'histoire naturelle et humaine de Montréal. C'est aussi découvrir le charme des paysages et des aménagements qui témoignent de la continuelle recherche d'équilibre entre la nature et la culture.
Le parc Montmorency est situé au sommet de la côte de la Montagne, à Québec, et il voisine l’archevêché et l’ancien hôtel des postes. Il a été désigné lieu historique national en 1949 pour commémorer l’un des lieux de réunion de l’Assemblée législative de la province du Canada entre 1841 et 1866, un jalon important de l’histoire de la démocratie au Canada. Plusieurs autres événements et bâtiments ont enrichi le passé de cet endroit qui a été tour à tour un lieu sacré, où ont été inhumés plusieurs pionniers de la Nouvelle-France, un lieu de pouvoir religieux et civil, ainsi qu’un site militaire stratégique. Le parc Montmorency a été la scène de grandes premières historiques.
En 2001, la création du Parc national d’Anticosti vient consacrer l’inscription de ce territoire dans le patrimoine naturel québécois. Ce parc comprend le secteur de la chute Vauréal, considéré comme un haut-lieu naturel méritant des mesures de protection et une reconnaissance de l’État. Mais Anticosti ne se résume pas à ses caractéristiques biophysiques. Sa patrimonialisation ne peut s’interpréter sans considérer les représentations sociales qui y sont associées et l’histoire de son peuplement humain. À ce titre, Anticosti devient un exemple des relations inextricables entre l’humain et son territoire, et montre l’importance d’inclure ces éléments dans les processus de protection et de mise en valeur de la nature québécoise.
En plus de comprendre le site historique de grande valeur de la colline du Calvaire, le Parc national d'Oka, au Québec, se situe dans un environnement naturel d'une richesse exceptionnelle. La géographie et la géologie ainsi que la faune et la flore de ce milieu y ont favorisé l'activité humaine dès la préhistoire. C'est au début des années 1960 que débutent les efforts de protection et de sauvegarde du territoire actuel du Parc, avec la création de la Réserve de chasse et de pêche de Deux-Montagnes, bientôt rebaptisée parc provincial d'Oka, puis parc national d'Oka. Ce territoire couvre actuellement 23,7 kilomètres carrés et abrite plusieurs écosystèmes qui font l'objet d'un programme permanent de suivi scientifique. Refuge pour la flore et la faune laurentiennes, ce parc témoigne de l'étonnante diversité biologique et géomorphologique du Québec méridional.
Le parc national de Miguasha est l'un des sites fossilifères les plus prestigieux au monde. Des milliers de fossiles de poissons, de plantes et d'invertébrés, vieux de 380 millions d'années, y ont été découverts à ce jour. L'UNESCO a d'ailleurs inscrit ce site naturel gaspésien sur la liste du Patrimoine mondial le 4 décembre 1999. Toutefois, bien avant de devenir un joyau mondial, ce site a longtemps fait partie du quotidien de certains habitants de Miguasha qui collectionnaient les fossiles. Ces gens ont d'ailleurs été de précieux collaborateurs des scientifiques qui débarquèrent au tournant du XXe siècle. L'intérêt des scientifiques est toujours d'actualité et de nouveaux spécimens sont encore collectés dans la célèbre falaise par l'équipe de recherche du parc. Certains de ces fabuleux fossiles sont d'ailleurs présentés dans l'exposition permanente du musée d'histoire naturelle de Miguasha qui est situé sur le site même de leur découverte!
En créant le parc national de Plaisance, le 22 mars 2002, le gouvernement du Québec assurait la protection et la mise en valeur d'un échantillon représentatif de la région naturelle des basses-terres de la vallée du Saint-Laurent, mais également d'un territoire reconnu depuis longtemps pour sa grande richesse faunique et floristique. Ce parc situé sur les rives de la rivière Outaouais, dans l'ancienne seigneurie de Louis-Joseph Papineau, est fortement enclavé par les milieux agricoles et urbains. Cet oasis dominé par les milieux humides fait partie des joyaux du patrimoine naturel québécois.
Situé à l’extrémité Est de la Gaspésie, le Parc National Forillon est un site patrimonial de Parcs Canada, représentatif des richesses naturelles et culturelles de la région. Le puissant contraste entre la terre et la mer offre des paysages spectaculaires et incomparables. À Forillon, la mer représente l’élément le plus important parce qu’elle influence tous les aspects du milieu. Elle laisse une empreinte particulière au paysage, façonne le littoral, tempère le climat, supporte une faune marine productive et a généralement été la raison des premiers établissements humains. L’environnement unique du parc est composé de plus de dix formations rocheuses et de colonies d’oiseaux marins. Le site possède également une histoire étonnante. Les premiers Européens se sont installés le long du littoral accidenté, non loin de petites grèves propices pour la pêche au XVIIIe siècle. Dans l’intention de protéger, de mettre en valeur et de transmettre le patrimoine de Forillon, le parc a été créé en 1970. Toutefois, sa création a suscité une controverse puisque les habitants ont été expropriés afin de mettre en place un idéal de nature sauvage.
En toutes saisons, le caractère sauvage du parc national du Mont-Tremblant séduit les visiteurs. Ce parc d'une superficie de 1 510 km2, avec ses montagnes et ses érablières mêlées de sapins à perte de vue, ses 400 lacs et ses six rivières, offre des paysages caractéristiques des Laurentides au nord de Montréal. De sa création comme réserve forestière en 1895 à l'obtention du statut de parc national en 2001, ce territoire a connu plus d'un changement de vocation et de superficie. Tout au long de son histoire, l'usage que les humains y ont fait des forêts et de la faune témoigne de l'évolution des contextes culturels et économiques.
Réalisé entre 1875 et 1886, l’hôtel du Parlement de Québec compte aujourd’hui parmi les édifices les plus représentatifs du patrimoine architectural québécois. Tant par sa facture que par son style, il évoque le passé, le présent et l’avenir d’une nation éprise de démocratie. Son imposante carrure en pierres de taille, sa silhouette distinctive, sa décoration intérieure sont autant d’éléments qui rappellent, selon les intentions de son architecte, Eugène-Étienne Taché, les origines françaises de ce coin de pays en terre d’Amérique. Orientée vers le levant, la façade du bâtiment, édifié tout près des fortifications du Vieux-Québec, s’orne de nombreuses sculptures qui racontent les différentes épopées liées à la fondation du Canada et du Québec. Sur le fronton de l’entrée principale se trouve gravée la devise du Québec : « Je me souviens ». Évocation du chemin parcouru depuis 1534, cette devise actualise l’histoire politique et rappelle à celui qui la lit qu’en ce parlement siègent toujours l’assemblée du peuple et le gouvernement élu.
Les petits gâteaux Vachon ont laissé une trace durable dans la mémoire collective des Québécois. Qui n’a jamais entendu parler des Ah! Caramel ou des Jos-Louis? Fondée en 1923, ce qui n’était d’abord qu’une modeste boulangerie de village est devenue, au fil des décennies, une entreprise moderne et florissante : ses produits sont distribués dans toutes les régions, et même aux États-Unis, depuis les années 1960! Par son histoire et son succès, la pâtisserie Vachon est devenue un puissant symbole du dynamisme beauceron et un exemple de réussite à la québécoise, imprégnant ainsi le patrimoine culturel régional et provincial.
Ville nouvelle du XVIIe siècle, Rochefort fut fondée en 1666 par Louis XIV pour offrir à la Marine un arsenal au débouché du fleuve Charente. Cette fondation répondait aussi à la nécessité de se doter d’une plateforme d’expansion coloniale vers la Nouvelle-France. Frappé d’obsolescence au XIXe siècle, l’arsenal vécut au siècle suivant un déclassement qui l’a mis à l’abri des destructions. Son patrimoine bâti d’exception supporte depuis un quart de siècle le renouveau de la ville. Rochefort mise aujourd’hui sur son passé pour faire face, grâce au tourisme et à la culture, aux rudes mutations économiques qui ne cessent de l’affecter.
Les mouvements de la pensée française ont contribué de façon déterminante à la formation du patrimoine intellectuel, politique et social du Canada français. Les courants de pensée nés et développés en France se sont transportés en Nouvelle-France, au Bas-Canada puis au Québec, où ils ont été enseignés, investis et transformés selon une réflexion propre à l'Amérique française. Au XIXe siècle, l'expansion du cartésianisme et des ambitions de la science favorisée par les voyages transatlantiques ainsi que par des communications plus régulières et plus intenses entre l'Amérique et l'Europe, se manifeste par des débats sur le statut de la connaissance et une réflexion politique et sociale de plus en plus développée. Deux grandes périodes se succèdent. On assiste d'abord au développement de courants de pensée progressistes, inspirés de la philosophie de Descartes. Puis survient un retour prudent aux idées traditionnelles davantage compatibles avec la doctrine catholique. Au final, les échanges constants entre les intellectuels et penseurs de la France et du Canada français sont à la base de la culture contemporaine des communautés francophones du Québec et du Canada.
Les mouvements de la pensée française ont contribué de façon déterminante à la formation du patrimoine intellectuel, politique et social du Canada français. Les courants de pensée nés et développés en France se sont transportés en Nouvelle-France, au Bas-Canada puis au Québec, où ils ont été enseignés, investis et transformés selon une réflexion propre à l'Amérique française. Les établissements français qui s'enracinent en Nouvelle-France dès le XVIIe siècle réalisent le projet visionnaire de fonder une société nouvelle. Plusieurs pionniers de l'époque se réfèrent au mythe des origines de la Bible : Genèse et Actes des Apôtres, pour construire un lieu qui ressemblera au commencement d'un monde. Cette fondation se répercute entre autres dans les établissements d'enseignement créés et animés par des ordres religieux, où s'infiltrent à partir de la fin du XVIIe siècle les idées avant-gardistes inspirées du grand philosophe René Descartes. Ces idées seront déterminantes dans la construction de l'identité des Canadiens français.
Le domaine de l’Abbaye cistercienne de Rougemont en Montérégie constitue un patrimoine naturel unique au Québec. Arrivé à Rougemont en 1932, cet ordre monastique s’est rapidement intégré à l’économie régionale en choisissant la pomiculture comme activité lucrative afin d’assurer sa subsistance et son indépendance financière. Avec ses 35 hectares de pommiers, le verger des cisterciens est le plus important du Québec à être ouvert à l’autocueillette. Une partie des récoltes sert également à la fabrication de vinaigre de cidre, de jus de pomme et d’un cidre élaboré selon la méthode champenoise. En étroite relation avec la nature, les moines ont aménagé sur leurs terrains de vastes espaces verts qu’ils réservent en partie au recueillement des membres de leur communauté, ou qu’ils destinent au repos des visiteurs. De plus, en 2008, ils ont transformé leur forêt de 50 hectares en réserve naturelle privée dans le but de préserver la faune et la flore exceptionnelles du mont Rougemont.
Peu d’événements dans l’histoire du Québec ont donné lieu à autant de parutions que les rébellions de 1837-1838. Surtout, nul événement, lointain ou récent, n’est à ce point constamment invoqué par les enjeux du présent. On n’a qu’à penser à l’apparition inopinée du drapeau patriote lors de la plupart des manifestations publiques. Ce phénomène n’est pas nouveau. Depuis 1837, le regard historien sur les rébellions patriotes a été particulièrement influencé par les conditions historiques où chaque historien se trouvait lui-même plongé. Nous proposons donc une revue sommaire des principaux débats historiographiques qui ont eu cours sur ce thème depuis 175 ans en lien avec le contexte historique, en attendant sans doute qu’une nouvelle génération analyse à son tour le passé avec les yeux du présent.
Le lac Tremblant est connu par la proximité du mont Tremblant qui le surplombe. L’originalité du site réside dans le fait que le lac Tremblant est scindé en deux cantons par un découpage territorial historique qui a engendré deux trajectoires paysagères distinctes. La partie sud du lac et la montagne qui le surplombe se sont développés en une station récréative internationale ; tandis que le nord du lac s’est affirmé dès le début du XXe siècle comme un patrimoine protégé, témoignant des caractéristiques naturelles de la région. La Municipalité de Lac-Tremblant-Nord a ainsi préservé et modelé les paysages qui constituent aujourd’hui son identité propre, fortement revendiquée par ses résidents. Ce patrimoine naturel précocement préservé, à la puissance évocatrice traditionnelle, est aujourd’hui menacé.
En 1863 paraît Les Anciens Canadiens de Philippe Aubert de Gaspé, un roman qui se déroule aux environs de la Conquête de 1759. L'auteur y brosse un tableau de moeurs, qui transmet aux futures générations la mémoire d'un mode de vie alors en voie de disparition. Le succès est immédiat. Non seulement l'oeuvre de Philippe Aubert de Gaspé est-elle fort populaire de son vivant, mais son succès ne se dément pas par la suite. Les critiques n'ont jamais manqué d'encenser l'œuvre, que l'on place au rang de classique de la littérature québécoise. « Premier historien des traditions populaires », « premier mémorialiste du Régime britannique », « chroniqueur de la vie des élites et historien des traditions populaires », voilà quelques épithètes accolées à l'écrivain. Le manoir de Gaspé, symbole autant des Anciens Canadiens que de son auteur, a été reconstruit en 2008, près de cent ans après avoir été détruit par les flammes. Il abrite désormais un musée qui poursuit l'œuvre de son ancien propriétaire.
Au cours des derniers siècles, les forêts de l’est de l’Amérique du Nord ont subi des changements draconiens. L’ouverture des terres par les Européens venus s’y établir et les divers épisodes de coupes forestières qui ont suivi ont provoqué une véritable révolution dans la trajectoire écologique des peuplements. Les forêts de pin blanc n’ont pas été épargnées. Elles ont fait l’objet d’une quête acharnée qui a duré plus de 250 ans. L’exploitation de cette précieuse ressource a été si intense que la majorité des peuplements de l’est de l’Amérique du Nord sont aujourd’hui disparus. La coupe a connu son apogée au XIXe siècle, d’abord pour combler les besoins de la marine britannique, ensuite pour soutenir le développement des villes et des villages du Canada et des États-Unis.
La Place-Royale à Québec est un site historique et archéologique unique en Amérique du Nord. Considérée comme le lieu de naissance de l’Amérique française, elle a joué un rôle majeur dans le développement socioéconomique de la colonie française puis anglaise du Saint-Laurent, du XVIIe au XIXe siècle. À partir des années 1860, la concurrence du port de Montréal entraîne le déclin de celui de Québec et, par le fait même, du secteur de Place-Royale. Dans les années 1940, l’état de décrépitude des lieux engendre la mise sur pied d’un vaste projet de reconstruction qui sera réalisé dans les années 1970 et 1980, en vue de restituer à cet endroit son cachet français d’Ancien Régime. Les fouilles archéologiques et les recherches historiques effectuées à cette occasion ont révélé la richesse patrimoniale exceptionnelle de ce premier centre-ville français d’Amérique.
Le pont de Québec a marqué l'histoire des transports et du génie au Canada. Il est le plus long pont cantilever au monde, faisant 549 mètres de portée libre entre ses piliers principaux et dépassant de 28 mètres le pont Firth of Forth situé près d’Édimbourg, en Écosse. Au début du XXe siècle, les promoteurs du pont de Québec qualifiaient leur projet de huitième merveille du monde, tant sa construction représentait un défi colossal pour l’époque. En effet, cette prouesse d’ingénierie civile a été réalisée avec difficulté, après des décennies d’attente et deux tentatives infructueuses qui ont causé la mort de 89 ouvriers. Finalement, le pont de Québec a été complété avec succès le 20 septembre 1917 devant plus de 125 000 témoins enthousiastes. Il est aujourd’hui considéré comme un chef-d’œuvre mondial d’ingénierie, désigné Monument historique international du génie civil et Lieu historique national du Canada.
Du début du XVIIIe siècle jusqu'au milieu du XIXe, des centaines de ponts de bois couverts ont été construits au Québec. Ces constructions, qui étaient banales dans nos paysages au siècle dernier, ont traversé plusieurs époques de l'histoire économique et politique de la province. La construction systématique de ces ponts à l'architecture distinctive est un phénomène qui est de plus en plus étudié. Remplacés par dizaines lors de la mise à niveau du réseau routier amorcée dans les années 1950-60, moins d'une centaine de ces ouvrages subsistent. Ils font partie intégrante de notre patrimoine bâti.
Avant l’arrivée des brise-glace et des navires à coque d’acier, les ponts de glace représentaient une part de l’identité des habitants vivant en bordure du fleuve Saint-Laurent. Le terme pont de glace désigne un passage balisé situé sur l’englacement entre les deux rives du fleuve Saint-Laurent. Lorsque le plus connu d’entre eux prenait entre Québec et Lévis, c’était une fête. Il permettait des échanges économiques et une socialisation particulière, à la fois pragmatique et festive. Les ponts de glace constituent un patrimoine immatériel en raison des nombreux récits et représentations picturales qui nous sont parvenus.
En 1792, le Bas-Canada, qui deviendra éventuellement la province de Québec, fait sa première expérience en démocratie parlementaire en élisant les membres del'Assemblée législative, qui siégeront à Québec. Jusqu'en 1838, la population ira voter régulièrement, contribuant ainsi à l'établissement d'une toute nouvelle culture politique en terre d'Amérique. Ce faisant, en moins de cinquante ans, la démocratie naissante instillera les vieilles institutions d'alors, insufflant à la population le désir de prendre part aux débats publics par l'entremise de représentants élus. Toutefois, la transition démocratique en cours n'octroiera pas les pleins pouvoirs à l'Assemblée, majoritairement canadienne-française, sinon le droit d'exprimer plus librement ses opinions politiques. Le pouvoir réel sera encore entre les mains d'un cercle restreint d'Anglais, le Conseil exécutif, fidèles à la couronne d'Angleterre. C'est dans ce contexte de tensions, exacerbées par la volonté populaire d'obtenir un gouvernement responsable, que culmineront les Rébellions de 1837 et 1838. Toute cette expérience permettra à l'ensemble de la société d'alors d'adhérer aux pratiques démocratiques riches en éléments patrimoniaux, lesquelles sont toujours bien vivantes.
Au Québec, l’histoire de la presse écrite est intimement liée à celle de la société, de la fin du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours. Cette presse fait son apparition seulement après la Conquête britannique car la monarchie française, soucieuse de contrôler la circulation des idées dans sa colonie américaine, n’autorisera pas l’implantation d’une presse à imprimer en Nouvelle-France. Autre important héritage britannique, le régime parlementaire donnera naissance, au tournant du XIXe siècle, à la presse d’opinion, lieu de débats des idées sociopolitiques. Dans les dernières décennies du XIXe siècle, d’importants changements socioéconomiques engendreront un nouveau modèle de presse écrite qui s’imposera tout au long du XXe siècle, celui du grand quotidien d’information.
Pendant presque tout le XXe siècle, la presse écrite au Québec a été dominée par le modèle d’affaires du grand quotidien d’information, dans lequel l’information journalistique, très diversifiée, côtoie une abondante publicité. Ce modèle est repris par la presse catholique et régionale dès le début du siècle, alors que le format tabloïd s’avère très populaire en milieu urbain auprès de la masse ouvrière à partir des années 1920. Or, dans les dernières décennies du XXe siècle, des changements importants dans les pratiques journalistiques et les habitudes de consommation de l’information transforment considérablement le paysage de la presse écrite. Avec l’avènement du numérique et la pression exercée par les nouvelles technologies sur les médias dits traditionnels, cette presse est appelée à se réinventer à l’aube du XXIe siècle.
Lorsque le jeune Raymond Lévesque écrit les paroles et la musique de "Quand les hommes vivront d'amour" en 1956, il ne se doute pas que celle-ci deviendra après quelques décennies la chanson québécoise la plus célèbre au monde et la plus traduite à l'étranger. Hymne universel, "Quand les hommes vivront d'amour" est aussi connue en France qu'au Québec. Depuis plus d'un demi-siècle, cette belle et douce chanson québécoise a été célébrée et reprise par de nombreux artistes pour son message de paix, de fraternité, et d'espoir. Au fil des enregistrements et des reprises, le public se l'est appropriée : elle est aujourd'hui un incontournable de notre patrimoine collectif.
Plus ancien faubourg ouvrier de la ville de Québec, le quartier Saint-Roch a été pendant longtemps le quartier le plus prospère et le plus populeux de la Capitale, en plus de concentrer une grande part de sa population francophone. Du milieu du XIXe siècle à la fin des années 1950, il constitue le noyau commercial, industriel et manufacturier de la ville. De par la richesse de son architecture et l’esprit créatif et innovateur de ses résidents, le quartier Saint-Roch est le témoin vivant de quatre siècles d’histoire de la ville de Québec. Sa relance est, en soi, un immense chantier de sauvetage, de restauration et de mise en valeur du cœur urbain de Québec.
La lutte pour l'implantation d'une radio francophone au Manitoba et la victoire qui s'en est suivie sont des événements dont l'importance, sur le plan de la préservation de culture francophone au Manitoba, a été très peu relevée. La radio francophone au Manitoba a pourtant été un jalon essentiel dans la défense, le développement et l'affirmation de l'identité franco-manitobaine. Grâce à elle en partie, les francophones du Manitoba ont pu conserver leur patrimoine culturel et artistique contre les coups de butoir portés à leur culture par l'usage de l'Anglais à la radio.
La participation de la Société Radio-Canada au remue-méninges qui a mené à la Révolution tranquille des années 1960, au Québec, a maintes fois été célébrée. Au fil des années qui ont suivi, les émissions culturelles, d'information et de divertissement de la télévision publique, et avant elle, de la radio publique, ont contribué de façon importante à renforcer la culture et à forger l'identité québécoise, en propageant un grand vent d'air frais dans la société. L'apport de la Société Radio-Canada à la vie des communautés francophones du reste du Canada est cependant moins clair. Les francophones d'Acadie, de l'Ontario ou de l'Ouest canadien n'arrivent pas toujours à se reconnaître dans une radio et une télévision très majoritairement québécoises dans sa programmation et dans les intérêts de ses artisans.
Instauré sur les rives du fleuve Saint-Laurent dès la décennie 1620, le régime seigneurial est le plus souvent considéré en tant qu'outil de peuplement et mode d'organisation du territoire. Dans cette perspective, les seigneurs sont perçus comme des colonisateurs qui entretiennent des rapports plutôt harmonieux avec les censitaires, dans le cadre de «droits et devoirs» réciproques. Cette représentation de la seigneurie en sol québécois en néglige cependant les caractéristiques fondamentales : hiérarchie et inégalité sociale. Elle sous-estime également la diversité du «monde» seigneurial et ses transformations dans le temps. La construction de la mémoire seigneuriale a été fortement marquée par l'œuvre de Philippe Aubert de Gaspé ainsi que par les historiens qui en ont subi l'influence tout au long du XXe siècle. Elle a aussi été presque imperméable à la relecture proposée par les historiens québécois depuis les années 1960.
Personnage attachant, hors du commun et guidé par ses passions, le peintre René Richard (1895-1982) a vécu la première moitié de sa vie dans des conditions extrêmes de survie en forêt, à la recherche de lui-même. Fils d'immigrant suisse venu s'installer en Alberta, il choisit de vivre avec les Indiens Cris et les Inuits du Nord du Canada et c'est dans la solitude des grands espaces qu'il devient artiste. En 1927, il décide d'aller étudier la peinture à Paris et y rencontre le peintre canadien Clarence Gagnon. Revenu au pays en 1930, il reprend sa vie de trappeur au Manitoba et c'est finalement à Baie St-Paul, en 1938, qu'il trouve son port d'attache. Jusqu'à la fin de sa vie, il y peint ses paysages lumineux et colorés, à cheval entre la figuration et l'expressionnisme qui émergent au Québec à partir des années 1950. Son œuvre, importante, fait partie du patrimoine artistique du Canada et illustre maints aspects de son patrimoine naturel et humain.
La réflexion et l’action des diplomates écrivains du Canada sont doublement significatives. Leurs analyses politiques et leurs œuvres littéraires les désignent comme des personnalités représentatives d’un pays qui s’est affirmé comme puissance autonome au cours du XXe siècle. Ces diplomates furent non seulement des pionniers de la diplomatie canadienne, mais aussi de remarquables auteurs dont les œuvres, poèmes, romans et mémoires, attestent l’originalité. Parmi eux, Philippe Panneton Ringuet (1895-1960) illustra les lettres canadiennes-françaises avant de représenter le Canada au Portugal. Jean Bruchési (1901-1979), historien et essayiste, fut aussi ambassadeur en Espagne et au Maroc, puis en Argentine. Charles Ritchie (1906-1995), dans ses Mémoires, remarqua que le Canada était devenu « une Nation dotée d’une âme qui lui est propre ». Ces diplomates écrivains ont contribué à construire l’identité du Canada sur la scène internationale, une identité marquée par son engagement pour la liberté.
Le réseau des Sociétés Saint-Jean-Baptiste s’est toujours trouvé à l’avant-garde des mobilisations identitaires et linguistiques des Canadiens français, puis de celles des Québécois. Ce réseau né de l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal, créée en 1854, a contribué à forger les mythes et les symboles entourant l’histoire collective des francophones d’Amérique, y compris les communautés d’origine canadienne et acadienne émigrées aux États-Unis. Il a animé la vie politique, culturelle et sociale depuis plus d’un siècle et demi. C’est pourquoi l’histoire de ce réseau peut être considérée comme le reflet des débats identitaires qui ont jalonné le passé des francophonies canadiennes, notamment parce qu’il a joué un rôle de premier plan dans la formation du patrimoine canadien-français.
L'arrivée des réseaux sociaux et du Web 2.0 (ou Web social) dans l'Internet aura contribué, sans nul doute, à l'émergence de nouvelles pratiques démocratiques. Ces dernières iront donc au-delà de la gouvernance étatique (gouvernement et parti politique), puisqu'elles investissent désormais les différents lieux de participation sociale : associations de tous genres, groupes de discussion, forum d'échanges, blogues personnels ou professionnels, etc. Ainsi, grâce à Internet, l'espace public devient un lieu de socialisation virtuel à partir duquel les citoyens-usagers pourront agir directement sur leur milieu par l'entremise d'un réseautage social formel ou informel : en débattant, en effectuant des choix, en votant. D'ailleurs, les partis politiques favorisent de plus en plus son utilisation, en s'inspirant de l'expérience qui a conduit à l'élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis, en 2008.
La région du mont Mégantic a été reconnue comme la première réserve internationale de ciel étoilé au mois de septembre 2007, par l'International Dark Sky Association. Cette certification vise à reconnaître le leadership de la région pour la préservation et la restauration du ciel étoilé qui constitue l'une de ses grandes richesses naturelles. L'ASTROLab, l'observatoire et le parc national du Mont-Mégantic ont uni leurs efforts pour mettre en œuvre un projet mobilisateur, soutenu par une campagne de sensibilisation, l'adoption de règlements dans 34 municipalités et assorti d'un ambitieux programme de conversion de l'éclairage, afin de préserver la qualité du ciel nocturne de la région. Grâce au contrôle de la pollution lumineuse, la pérennité des activités de recherche, d'éducation et de tourisme en astronomie offertes au mont Mégantic est assuré. Désormais, cette région préserve officiellement un important patrimoine scientifique, culturel, paysager et environnemental.
Jusqu'à la toute fin de la décennie 1950, le Québec vivra en semi-autarcie, replié sur lui-même et gouverné par des élites placées elles-mêmes sous la férule de l'Église et de la bourgeoisie anglophone. Après plus de 16 ans de règne conservateur de l'Union nationale de Maurice Duplessis, la population québécoise optera démocratiquement et majoritairement pour le changement, celui devant conduire aux grandes réformes de la « Révolution tranquille » au Québec. Portée par un vent de renouveau, la décennie 1960 se déroulera sous le signe de la modernité et marquera la naissance de l'État du Québec. Une prospérité économique sans précédent et une volonté d'affirmation collective permettront alors aux Québécois une prise en charge beaucoup plus affirmée de leur destinée. Cette période confirmera que la démocratie est un important vecteur de changement.
En 2001, la rivière Détroit fut ajoutée au Réseau des rivières du patrimoine canadien. Cet honneur suivait sa nomination, l’année précédente, comme rivière patrimoniale par le gouvernement des États-Unis. Seul cours d’eau en Amérique du Nord à recevoir cette double désignation, la rivière Détroit se distingue surtout en raison de son patrimoine culturel et historique. Site du plus ancien établissement européen continu en Ontario, la rivière Détroit est aussi le foyer de la première communauté francophone permanente à l’ouest de Montréal. Les membres de cette communauté célébraient en 2001 les Grandes fêtes du tricentenaire de la région Windsor/Détroit. Sous la devise « Retour aux sources – pleins feux sur l’avenir! », les francophones du Détroit se sont dès lors fixé comme objectif de faire reconnaître l’importance de ce lieu de mémoire de la francophonie ontarienne. Puisque la rivière Détroit est au cœur de la vision et du sens d’appartenance des francophones de cette région, au même titre que le fleuve Saint-Laurent irrigue la mémoire des Québécois.
La Salle est considéré comme l'un des plus grands explorateurs français de l'Amérique du Nord, tant au Canada qu'aux États-Unis. Lorsque l'histoire était enseignée dans les classes des États-Unis, principalement comme chronique héroïque du développement de la nation américaine, La Salle était inévitablement cité au même titre que le navigateur Henry Hudson et les conquistadors Coronado et Ponce de Leon. Afin d'honorer la mémoire de La Salle, on donna son nom à une voiture américaine, comme ce fut le cas pour Pontiac, De Soto et Cadillac, ces autres personnages célèbres de la période coloniale. Cependant, ce sont les récits historiques de Francis Parkman, avec leur portrait héroïque de La Salle, qui ont le plus contribué à fixer l'identité de cet explorateur et la portée de ses exploits dans la conscience nord-américaine. La Salle - que l'histoire populaire a retenu pour avoir été le premier homme à descendre le cours du Mississippi - est une personnalité historique dont la contribution à la conquête européenne et au développement de l'Amérique du Nord ne sera jamais effacée de la mémoire collective.
Le nez de Maurice Duplessis. Telle était la signature de Robert La Palme, célèbre caricaturiste. Sous sa plume acide, le nez de celui qui fut premier ministre de la province de Québec de 1936 à 1939 et de 1944 à 1959 prendra toutes les formes et les allures possibles et imaginables. Ce portrait qu’il fait du Chef a traversé le temps, sorte d’image d’Épinal du Québec des années d’après-guerre. Or Robert La Palme ne fut pas qu’antiduplessiste. De 1963 à 1988, il fut l’instigateur du Salon international de la caricature qui se tient à Montréal, dont le mandat est d’assurer le rayonnement de la caricature. L’œuvre et l’engagement de Robert La Palme ont ainsi laissé une trace tangible dans le paysage culturel québécois.
Robert-Lionel Séguin, historien, ethnologue et muséologue s'est intéressé à la civilisation de l'« habitant », ce premier artisan de la Nouvelle-France, tout au long de sa longue carrière de chercheur. Dès ses premières années universitaires, et lors de ses études doctorales en France, il s'est passionné pour la civilisation matérielle des bâtisseurs de notre pays, qu'il considérait « oubliée » par les chercheurs. Il y a donc consacré sa vie professionnelle. Pendant plus de 30 ans, il a amassé une extraordinaire collection d'archives et plus de 25 000 objets-témoins de la vie quotidienne en Nouvelle-France, puis du Québec rural jusqu'à la modernisation de la société au début du XXe siècle. Ces collections sont aujourd'hui conservées au Musée québécois de culture populaire de Trois-Rivières.
Le Royal 22e Régiment (R22R) est l’un des trois régiments d’infanterie de la Force Régulière du Canada dont le quartier-général se trouve à la Citadelle de Québec. C’est un régiment francophone qui se compose de cinq bataillons dont trois appartiennent à la Force Régulière et deux à la Force de Réserve. Le régiment a participé à tous les engagements majeurs livrés par le Canada depuis la Première Guerre mondiale, en passant par les missions de paix des Nations-Unies et la campagne d’Afghanistan. Sa riche histoire et son patrimoine, tant matériel qu’immatériel sont aujourd’hui mis en valeur de différentes manières au cœur de la ville de Québec.
Au Québec, le patrimoine immatériel religieux des communautés catholiques est en voie de disparition. Les communautés religieuses qui étaient si populeuses par le passé ont vu leurs membres diminuer de manière draconienne à partir des années 1960. C’est pourquoi les traditions d’un grand pan de notre histoire sont menacées de tomber dans l’oubli. Dans ce contexte d’urgence patrimoniale, le projet d’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a pris forme. Parcourant le Québec à la recherche de ce type particulier de patrimoine, celui des pratiques, des rites et des savoir-faire, certains éléments se sont avérés plus riches et plus importants que d’autres. C’est le cas des rituels liés à la fête du sacerdoce, notamment celui de la préparation du gâteau en forme d’agneau pascal que pratiquent encore les sœurs Antoniennes de Marie.
Saint-Malo, « cité corsaire » située en Bretagne, a été fondée en 1308 sur une presqu'île qui permettait une défense contre tout assaillant venu de la mer. Détruite partiellement par un incendie en 1661, elle a été reconstruite dans les années suivantes par l'architecte Vauban qui donna à la ville son allure et son plan originaux, encore visibles aujourd'hui. Pourtant, Saint-Malo a été presque totalement détruite une seconde fois par des bombes incendiaires américaines en août 1944, mais elle a été reconstruite à l'identique après la guerre. Depuis, elle attire de très nombreux touristes venus du monde entier et tout particulièrement du Québec, car Saint-Malo, ville natale de Jacques Cartier, occupe une place spéciale dans la mémoire des Canadiens d'origine française. Saint-Malo est aussi l'un des ports des côtes normande et bretonne qui a participé activement à la pêche à la morue sur les grands bancs de Terre-Neuve du 16e siècle jusqu'à leur dépérissement récent. Saint-Malo est en outre la ville natale de François-René de Chateaubriand, l'un des plus célèbres hérauts français de l'Amérique du Nord.
Peu d’institutions sont davantage associées au patrimoine du Québec que le système seigneurial, implanté sur les rives du Saint-Laurent dès les commencements de la colonisation française. Le paysage, le patrimoine bâti et la toponymie de l’axe laurentien conservent l’empreinte du cadre seigneurial qui ne s’est éteint qu’en 1854, après avoir survécu près d’un siècle sous le régime britannique. Même après cette date, le système seigneurial va continuer longtemps à caractériser l’espace québécois, particulièrement en milieu rural. Si la seigneurie est l’un des éléments constitutifs de la trame historique du Québec, ses traces matérielles et mémorielles dans le territoire ne reflètent pas toujours l’importance de cette institution. Dans certaines localités, les traces du passé seigneurial ont donné lieu à une véritable entreprise de patrimonialisation, tandis que dans d’autres, elles paraissent avoir sombré dans l’oubli. L’exemple de Beauport, l’une des plus anciennes seigneuries canadiennes, peut servir d’illustration à cette situation paradoxale.
Le Séminaire de Québec a été fondé en 1663 par Mgr François de Laval, premier évêque de la Nouvelle-France, afin d’édifier en Amérique les bases de l’Église catholique canadienne. Le Séminaire avait notamment comme responsabilité de veiller à la formation des prêtres, à l’encadrement des pratiques religieuses des colons et à l’évangélisation des autochtones. Après la Conquête britannique, cette communauté de prêtres diocésains deviendra une importante institution d’enseignement en mettant sur pied le Petit séminaire qui offrira le cours classique. En 1852, le Séminaire consolide sa mission éducative avec la fondation de l’Université Laval, première université de langue française en Amérique du Nord. Aujourd’hui, le Séminaire de Québec constitue un ensemble institutionnel d’une valeur exceptionnelle au cœur du Vieux-Québec, classé monument historique en 1968, dont certaines sections remontent au Régime français.
Pointe-à-la-Renommée (Gaspésie) est un témoin phare dans l’histoire maritime du Québec. Dès 1880, une maison-phare en bois y guide les navigateurs. Puis on y aménage la première station de radiotélégraphie maritime au Canada en 1904. Trois ans plus tard, un second phare novateur domine cette pointe. Qu’a-t-il de particulier? Son revêtement est composé de panneaux de fonte préfabriqués, Aujourd’hui, le site patrimonial de Pointe-à-la-Renommée offre au visiteur une interprétation de la fascinante histoire de cette pointe et de sa station de phare. On découvre le mode de vie et les traditions maritimes de ces familles de gardiens du phare et d’opérateurs de la radiotélégraphie maritime. On y apprend aussi que ce phare a été déplacé dans le port de Québec en 1978 pour le sauvegarder. Puis, grâce à la mobilisation d’un comité de citoyens du village de L’Anse-à-Valleau convaincus de la valeur de cet élément central de leur patrimoine, il a été ramené dans son lieu d’origine en 1997.
Situé au confluent de la rivière Saguenay et du fleuve Saint-Laurent, Tadoussac est dépositaire d’un riche patrimoine naturel et culturel. D’abord lieu d’échanges commerciaux entre nations amérindiennes, il est ensuite fréquenté par des pêcheurs basques, bretons et normands puis, dans le premier tiers du XVIIe siècle, il accueille ses premiers véritables établissements. Dès lors, Tadoussac s’affiche comme le port d’attache le plus important de la Nouvelle-France, mais aussi comme le plus important comptoir de traite de l’immense Domaine du roi. L’industrialisation et le développement de la région lui permettent subséquemment de développer son potentiel économique et surtout touristique. Misant sur ses paysages somptueux, ses ressources naturelles et son histoire, Tadoussac s’affirme à la fois sur mer et sur terre, une particularité dont témoignent les multiples manifestations patrimoniales qu’on y trouve encore de nos jours.
Les téléséries d’époque ont connu un immense succès au Québec, depuis l’arrivée de la télévision jusqu’à la fin des années 1990. Un succès tel que certains tournages et lieux de tournage sont devenus eux-mêmes des attractions populaires dès les années 1980. Entre autres, les séries Le Temps d’une paix, Les Filles de Caleb, Cormoran et Marguerite Volant se sont traduites par des récupérations récréotouristiques aux frontières de la valorisation du patrimoine. Du site de tournage qui prenait des allures de site historique, au site historique travesti par sa vocation télévisuelle, ce règne de la valorisation réciproque du patrimoine et de la télévision a pris fin en 1998, avec l’arrivée de nouveaux critères de financement du Fonds canadien de télévision.
La terrasse Dufferin à Québec a été de tout temps un lieu de sociabilité pour les résidents de la ville. Elle s’est également retrouvée au cœur de l’essor touristique de la belle capitale. Aujourd’hui, elle offre aux quelque 2,5 millions de visiteurs qui s’y promènent chaque année un point de vue d’une beauté incomparable sur le fleuve Saint-Laurent et ses alentours. Construite en 1879 dans le prolongement de la terrasse Durham qui s’élevait depuis 40 ans sur les ruines du château Saint-Louis, la terrasse a été nommée en l’honneur du gouverneur Dufferin, véritable sauveur des fortifications de la ville de Québec. De plus, depuis 2008, année du 400e anniversaire de la fondation de Québec, les vestiges des forts et châteaux Saint-Louis situés sous la terrasse sont accessibles au public.
Le théâtre acadien s’est développé lentement durant la fin du XIXe et la première moitié du XXe siècle. Les premières œuvres d’Antonine Maillet marquent en quelque sorte la naissance du théâtre acadien. Depuis 1968, année de la publication des Crasseux de Maillet, le théâtre professionnel en Acadie s’est donc rapidement développé. De grandes carrières d’auteurs de théâtre ont pu éclore, accompagnant la naissance des compagnies de théâtre, les unes n’allant pas sans les autres. Si les premières pièces s’articulaient autour du thème de la survivance, la dramaturgie contemporaine puise dorénavant dans la modernité et l’identité acadienne renouvelée. De nos jours, les troupes de théâtre professionnel d’Acadie sont en réseau avec les compagnies francophones des autres provinces, ce qui favorise les coproductions puis les tournées. Des ateliers d’écriture scénique et des concours d’art dramatique sont organisés afin d’assurer la relève. Par ailleurs, nombre de pièces d’auteurs acadiens sont publiées chez d’importants éditeurs. Toutes ces plates-formes de mise en valeur contribuent à la diffusion et à la vitalité de la dramaturgie acadienne.
Chez les Acadiens des Provinces maritimes, le 15 août est marqué chaque année par le Tintamarre, une grande fête où les gens se rassemblent pour traverser leur communauté en produisant un grand bruit collectif avec des instruments improvisés, exprimant ainsi leur fierté acadienne. Cette pratique est devenue un symbole identitaire, au même titre que le drapeau tricolore et l’hymne Ave Maris Stella, et constitue un élément important de l'image de l'Acadie présentée à l'extérieur des Maritimes. Alors que les autres symboles de l’Acadie doivent leur origine à une prise de conscience qui eut lieu pendant la seconde moitié du XIXe siècle, le Tintamarre a la particularité d’être un phénomène relativement nouveau, remontant au tournant des années 1970-1980.
La rivière Churchill offre, sur un parcours de plus de 347 km, un patrimoine naturel, culturel et historique d’exception qui lui a valu sa candidature au nombre des cours d’eau du Réseau des rivières du patrimoine canadien. L’histoire de la Churchill est marquée par la fréquentation des Voyageurs associés à la traite des fourrures. Ils ont paré cette voie d’eau d’une abondante toponymie française, témoin d’une période qui se révèle être le véritable âge d’or de la langue française sur un territoire qui allait devenir la Saskatchewan.
La toponymie témoigne des diverses phases d¹occupation du territoire québécois en commémorant les personnages et les évènements qui ont marqué son histoire. Les centaines de milliers de noms de lieux qui composent le trésor toponymique du Québec sont gérés par la Commission de toponymie qui s'est vu confier un double mandat : celui d'attribuer des noms à des milliers de lieux encore anonymes et celui de consigner dans ces noms la mémoire des composantes de la société québécoise et des différents époques de son évolution. En quelque sorte, la constitution du trésor toponymique du Québec représente, à plusieurs égards, un inventaire de ses richesses culturelles.
Dans l'espace d'une génération ou deux, la représentation de Toronto dans la littérature franco-ontarienne s'est radicalement transformée, la capitale ontarienne passant de ville anglo-saxonne ennuyeuse à ville multiculturelle incontournable. C'est surtout dans le roman contemporain que la Ville Reine se révèle sous une panoplie de facettes aussi étonnantes qu'appétissantes. Elle est tour à tour la ville que les Canadiens aiment le plus... détester, la rivale de Montréal, la personnification gouvernementale, la Mecque gaie canadienne et la ville à la rue la plus longue au monde.
La tourtière est incontestablement le plat emblématique du Québec. Plus rare dans le menu quotidien, elle trône encore sur les tables lors d'occasions spéciales, notamment pendant le temps des fêtes. Il existe tout de même un débat entre ceux qui considèrent la tourtière du Lac-Saint-Jean comme la « vraie tourtière » et ceux pour qui la tourtière est un plat de taille plus modeste correspondant plutôt à un pâté à la viande. De fait, l’archétype de la tourtière du Lac-Saint-Jean est formé d’une abaisse placée dans un plat large et relativement profond, sur laquelle on dépose de nombreux morceaux de viandes et parfois de pommes de terre, le tout recouvert d’une abaisse, tandis que la « tourtière-pâté à la viande » est un mets plus simple, composé de viandes hachées enserrées entre deux abaisses. Malgré leurs différences, ces tourtières ont une origine commune aussi vieille que le monde et leurs chemins se sont constamment croisés, créant un patrimoine culinaire bien ancré dans les traditions québécoises.
La fête de Noël a significativement évolué chez les Acadiens depuis le milieu du XIXe siècle. D'une fête simple, essentiellement religieuse, elle est devenue, comme partout ailleurs en Amérique du Nord, une grande célébration de la consommation. C'est dans les années 1870 que cette transition s'est enclenchée avec l'introduction graduelle dans les mœurs acadiennes de Santa Claus, de l'arbre de Noël, du bas de Noël et de l'échange de cadeaux. Ces nouvelles traditions sont venues directement ou indirectement de la Nouvelle-Angleterre où elles se sont développées à partir du début du XVIIIe siècle. De nos jours, à l'exception de certaines traditions alimentaires, peu de choses distinguent le Noël acadien de celui célébré dans les autres communautés culturelles de l'Est canadien.
Les célébrations entourant le bicentenaire de l’expédition menée par Lewis et Clark entre St. Louis, sur le Mississippi, et l’embouchure du fleuve Columbia, sur la rive du Pacifique, ont eu lieu en 2004-2006 aux États-Unis. Ces célébrations ont permis une réflexion sur la situation qui avait cours dans l’ouest du continent nord-américain autour de 1800. Elles ont révélé à la fois la dense présence francophone dans cette région et son extrême discrétion mémorielle. Les francophones Toussaint Charbonneau et George Drouillard, notamment, qui ont accompagné et guidé cette expédition, sont réapparus en pleine lumière. Des figures plus discrètes se sont aussi laissé deviner, comme René Jusseaume, Pierre Dorion, Joseph Garreau et tant d’autres, que le Corps de découverte de Lewis et Clark a croisés sur les rives du Missouri, auprès des tribus indiennes au sein desquelles ils pratiquaient le commerce des fourrures.
Le roman Un homme et son péché de Claude-Henri Grignon, publié en 1933, a été immortalisé à travers de nombreuses adaptations à la radio, au théâtre, à la télévision, au cinéma et même en bande dessinée. Les récits gravitant autour de l’avaricieux Séraphin et de la pauvre Donalda rendent hommage à la société traditionnelle canadienne-française de la fin du XIXe siècle, à sa ruralité, à sa culture et à sa langue. Afin d’assurer la pérennité de l’ensemble de l’œuvre de Grignon, la Ville de Saint-Jérôme inaugurait en 2009 l’Espace Claude-Henri-Grignon, lieu d’exposition mettant en valeur de nombreux documents d’archives et des objets ayant appartenu à l’auteur d’un des téléromans les plus populaires de notre histoire télévisuelle : Les belles histoires des pays d’en haut. La popularité des fictions écrites par Grignon a traversé le temps et, encore de nos jours, bien des Québécois savent qui est Séraphin Poudrier et connaissent sa célèbre exclamation « viande à chien ! ».
C'est par l'adoption, en 1867, d'une loi du Parlement de Grande-Bretagne, l'Acte de l'Amérique du Nord britannique (AANB), que sera créé le Dominion du Canada, soit la transformation des colonies britanniques du Canada-Uni (Haut et Bas-Canada), de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick en une fédération de provinces, dont le Québec, et la mise en place d'un régime parlementaire de type monarchique constitutionnel. Cette expérience politique historique reposera sur une loi constitutionnelle, l'ANNB, édictant les différents niveaux de gouvernement et leurs responsabilités. La province de Québec aura ainsi la possibilité d'établir une démocratie parlementaire représentative de sa population, laquelle perdurera. Enfin, les partis politiques deviendront la norme dans la façon de faire en démocratie parlementaire.
Avec plus de 180 programmes d’études et trois campus régionaux, l’Université de Moncton, au Nouveau-Brunswick, est la plus importante institution universitaire canadienne de langue française hors Québec. Fondé en 1963, cet établissement est au cœur du patrimoine acadien et francophone de cette province. Depuis sa création, plus de 45 000 diplômés y ont été formés, ce qui participe activement à la vitalité de la communauté et à son développement. Son mandat éducatif se doublant d’une vocation culturelle, l’Université de Moncton et ses nombreux organismes affiliés contribuent intensément à la promotion de l’histoire, du patrimoine, des arts et des savoirs sur l’Acadie, favorisant ainsi sa vitalité et son rayonnement dans la francophonie.
Pour les férus et les curieux, Val-Jalbert se présente sous deux aspects : un village fantôme devenu attrait touristique et un village modèle, berceau de l'architecture moderne et de la forme urbaine au Saguenay-Lac Saint-Jean. Derrière cette double évocation, une histoire économique et sociale se déploie entre 1901 et 1927 autour de la fabrication de la pâte à papier, un secteur économique très important pour le développement du Québec aux XIXe et XXe siècles. Aujourd'hui, des éléments matériels encore en place à Val-Jalbert témoignent des difficultés qu'a connues cette industrie, au point de conduire à la fermeture et à l'abandon de Val-Jalbert. Ces spécificités ont valu au village d'être classé en vertu de la Loi sur les biens culturels du Québec. Mais il a fallu compter sur une mobilisation et des efforts constants pour que cette reconnaissance se produise et que ce patrimoine d'exception devienne l'un des hauts lieux du tourisme culturel du Québec.
Formé à partir d’un noyau villageois situé à l’est de la rivière Rideau, Vanier a pris son véritable essor au milieu du XIXe siècle avec le développement de la région d’Ottawa engendré par l’industrie du bois. L’implantation d’une classe ouvrière canadienne-française en fera un des plus importants établissements francophones de ce qui deviendra la capitale du Canada. Au cours du XXe siècle, Vanier se développe rapidement tout en s’affirmant de plus en plus comme étant le principal bastion francophone de la ville. Si Vanier connaît une période difficile après la Seconde Guerre mondiale, la ville gagnera cependant une notoriété remarquable sur le plan culturel et s’imposera comme un puissant symbole de la culture franco-ontarienne. Aujourd’hui, grâce à ses nombreuses initiatives de sauvegarde et de mise en valeur mémorielle, Vanier constitue un haut lieu de l’histoire des francophones de la capitale, voire de toute la francophonie ontarienne.
Située dans le centre-ville de Trois-Rivières, la Vieille prison inaugurée en 1822 est une rescapée du grand incendie de 1908 qui laissa debout une poignée d’édifices historiques. Sa valeur historique et architecturale, la notoriété de son concepteur, l’ancienneté du bâtiment et la pérennité de sa fonction ont justifié son classement comme monument historique par le gouvernement du Québec en 1978. La Vieille prison témoigne à la fois d’une période d’innovation sur le plan de l’architecture pénitentiaire au Québec, survenue au début du XIXe siècle, et des vicissitudes de la vie carcérale vécues dans des conditions souvent difficiles par plusieurs générations de détenus entre 1822 et 1986. Aujourd’hui, le concept unique de la visite expérience En prison! permet aux visiteurs de ce bâtiment intégré avec succès au Musée québécois de culture populaire de prendre contact avec la mémoire d’anciens prisonniers qui témoignent de ce qu’ils y ont vécu.
L’arrondissement historique du Vieux-Québec a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1985. Les désignations de « berceau de la présence française en Amérique », « ville fortifiée » et « milieu toujours vivant » ont été principalement invoquées lors de cette décision. Chef-lieu de la Nouvelle-France, gouvernant un territoire s’étendant sur presque le tiers de l’Amérique du Nord, Québec a été le siège des principales institutions de gouvernance civile, judiciaire et religieuse sous le Régime français. Malgré les attaques, les batailles, les changements de régimes et les aléas de la vie économique, Québec a toujours su maintenir son rôle de capitale, conserver sa vitalité ou la rétablir en période plus difficile, préserver et mettre en valeur son patrimoine. Parce que ce patrimoine a été approprié par l’ensemble des citoyens de la ville, le Vieux-Québec est un bel exemple d’un milieu urbain patrimonial vivant qui continue de se construire.
La venue du navire de guerre français La Capricieuse, commandé par le capitaine Belvèze, à Québec et Montréal en juillet 1855 a été un événement considérable. Car cette corvette était le premier navire de la marine français à venir au Canada depuis la Conquête de la Nouvelle-France par les Anglais. L’événement a été célébré de façon extraordinaire par les Canadiens-français d’alors, et il a marqué le paysage de la ville de Québec. Les résultats immédiats de cette visite n’ont pas été conformes aux espoirs qu’elle avait suscités, mais la création d’un consulat de France à Québec en est tout de même une suite presque directe. Comme un écho aux poèmes qui ont perpétué cette visite, la venue de la Capricieuse a longtemps été considérée comme le début des relations franco-québécoises, même si cette impression est trompeuse, car le gouvernement français n’avait aucune intention politique en autorisant cette mission. En réalité, le périple de La Capricieuse a sonné comme un avertissement en France : les réactions canadiennes étaient incontrôlables et il fallait soigneusement éviter de les provoquer.
Le portrait post mortem de Marguerite Bourgeoys est la seule représentation contemporaine de cette femme qui a joué un rôle remarquable dans l'histoire de Montréal au XVIIe siècle. Peint en 1700 par Pierre Le Ber, l'œuvre est conservée depuis ce temps par la Congrégation de Notre-Dame et est actuellement exposée au Musée Marguerite-Bourgeoys. Ce portrait a cependant connu de nombreuses retouches entre le XIXe siècle et le début du XXe siècle, à tel point que son aspect s'est transformé complètement. Sa restauration, en 1963-1964, a permis de redécouvrir à la fois le vrai visage de Marguerite Bourgeoys et l'œuvre authentique de l'un des premiers peintres canadiens.
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Académie Sainte-Famille et œuvre des religieuses hospitalières de Saint-Joseph à Tracadie
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Alfred Laliberté (1878-1953) : la sculpture au service de l’histoire et de l’ethnologie
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Baron de Lahontan
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Stade olympique de Montréal et installations connexes
Interprète : Madame Édouard Bolduc (dite La Bolduc). Enregistré en 1930 par Compo Company Limited [Montréal, QC]. Numéro de tirage: 15771. Durée : 2 min 20 sec. Extrait du Gramophone virtuel. Site Web de Bibliothèque et Archives Canada, www.collectionscanada.ca © Domaine public
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Célébrations de Noël
Interprète : Madame Édouard Bolduc (dite La Bolduc) et sa famille. Enregistré en 1931 par Compo Company Limited [Montréal, QC]. Numéro de tirage: 15855. Durée : 3 min 16 sec. Extrait du Gramophone virtuel. Site Web de Bibliothèque et Archives Canada, www.collectionscanada.ca © Domaine public
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Célébrations de Noël
Interprète : Gaston Saint-Jacques. Auteur/Compositeur : G. Jessel, W. Hirsch, J. Greer (traduction de Roméo Beaudry). Album : Starr-Gennett 12076-A, 1923.
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Débuts de la chanson populaire enregistrée au Canada français
Durée de: 2 min 48. Ô Canada mon pays mes amours! Georges-Étienne Cartier (auteur); Jean-Baptiste Labelle (interprète) Montréal, 1941 Bluebird, B-1222 Extrait de la collection d’enregistrements sonores Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Durée de: 2 min 10. Vive la Canadiennne : regimental march of Royal 22nd Regiment Anonyme (auteur) Fanfare de H.M. Canadian Grenadier Guards Dirigée par Jean-Josaphat Gagnier Montréal, His Master’s Voice, Victor 216611 Source : Site Web de la Bibliothèque et Archives Canada, www.collectionscanada.ca © Domaine public
Alexis de Tocqueville, Tocqueville au Bas-Canada. Écrits datant de 1831 à 1859. Datant de son voyage en Amérique et après son retour en Europe. Montréal, Les Éditions du Jour, 1973, 185 pages. Collection : “Bibliothèque québécoise ”. Présentation de Jacques Vallée. Taille: 58 Kb
« L'enregistrement des disques à Montréal », Le Passe-Temps, no.649, 1919, p.519
Article :
Débuts de la chanson populaire enregistrée au Canada français
« Maurice Richard a compté son 50e but à Boston », Montréal Matin, 19 mars 1945, p.19
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René O. Boivin, « C'est l'âme national qui vibre en la Fête ... », La Patrie, 25 juin 1934, p.1-2
D. Latte, « Convention anti-seigneuriale de Montréal », La Minerve, 31 août 1854, p.2
Article :
Régime seigneurial au Québec
Article évoquant la restauration du portrait de Marguerite Bourgeoys. Taille: 700Ko
Article :
Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys
© Tous droits réservés, 2007
Encyclopédie du patrimoine culturel
de l'Amérique française.