Île d'Orléans (patrimoine naturel)

par Fournier, Martin

Horatio Walker, L'Arc-en-ciel, 1893. MNBA.


L’île d’Orléans est reconnue comme l’un des lieux d’établissement pionnier des immigrants français en Nouvelle-France. Elle est aussi le symbole de leur enracinement durable en Amérique du Nord. C'est pourquoi on qualifie souvent l'île d'Orléans de « berceau de l'Amérique française ». En outre, depuis longtemps, les richesses naturelles de l'île et sa beauté fascinent aussi bien les artistes que les visiteurs qui viennent s'y ressourcer. Ces richesses ont aussi permis aux habitants de l'île d'y maintenir pendant plusieurs générations un mode de vie traditionnel. Cet environnement naturel contribue donc pour beaucoup à la valeur patrimoniale de l'île d'Orléans.


Article available in English : Île d'Orléans, a Treasured Natural Heritage

Une île protégée

En 1970, le gouvernement du Québec a fait de l’île d’Orléans un arrondissement historique protégé en vertu de la Loi sur les biens culturels. Le but de cette mesure était de protéger le caractère traditionnel de l’île, son visage façonné par plus de trois siècles d’histoire, son bâti ancien d'une richesse exceptionnelle et la beauté de ses paysages naturels. À cette époque, les banlieues anonymes se multipliaient autour de la ville de Québec, située à proximité, et menaçaient le caractère ancestral de l’île. D’autres mesures de protection, notamment la Loi sur la protection du territoire agricole qui réserve 90 % des terres de l’île à l’agriculture, permettent aujourd’hui aux 300 000 personnes qui visitent l’île d’Orléans chaque année, en moyenne, d’apprécier son riche patrimoine historique et sa beauté naturelle.

Le patrimoine naturel de l’île

L'île d'Orléans en 1781. BAnQ.

L’île d’Orléans est un carrefour, une plaque tournante géographique. Elle se situe à la jonction de trois formations géologiques : la plaine du Saint-Laurent, le Bouclier canadien et la chaîne des Appalaches. Elle occupe un lieu charnière au milieu du fleuve Saint-Laurent, là où le fleuve se rétrécit brusquement, à la limite des eaux saumâtres du large estuaire qui mouillent la pointe est de l’île, à marée haute, et en aval de l’étroit passage qu’emprunte le fleuve devant Québec, tout juste après la pointe ouest de l’île.

Des groupes autochtones ont campé pendant des siècles à l’île d’Orléans, l’été, pour y faire la pêche. Mais ils ne l’ont jamais habitée en permanence. Ils appelaient l'île Minigo, dans leur langue, c'est-à-dire « l’île ensorcelée ».

Après l’établissement permanent des immigrants français, à partir de 1650, trois visions de la nature se sont succédé à l’île d’Orléans. On y a d’abord célébré l’abondance des ressources naturelles. Puis on a remarqué l’harmonie qui régnait entre ces ressources naturelles et les habitants de l’île, qui y pratiquaient en majorité l'agriculture. Enfin, le charme de ses paysages y a pris une grande importance.

L’île d’Orléans, une terre d’abondance

Au temps de la Nouvelle-France et jusqu’au milieu du XIXe siècle, on a décrit à maintes reprises les abondantes ressources alimentaires dont jouissait la population de l’île d’Orléans. On y faisait une pêche miraculeuse à l’anguille et la population avait accès à plusieurs autres espèces de poisson fort appréciées, tels le saumon, l'esturgeon, le maskinongé, le bar et le doré. On pouvait y tuer des tourtes par centaines d'un seul coup de fusil (les tourtes ont disparu vers 1850) et on y chassait d'innombrables oies, canards et outardes; aujourd'hui encore, la sauvagine envahit les « battures » (estrans) de l’île chaque automne et chaque printemps. On a aussi beaucoup vanté la fertilité du sol.

 Maison ancestrale à Saint-Pierre, île d'Orléans. © Martin Fournier.

Dès le XVIIe siècle, ce terroir a donc procuré à ses quelque 2 000 habitants les conditions d’un établissement prospère largement autosuffisant. Par la suite, le commerce des denrées agricoles et des produits de la chasse et de la pêche s’est développé avec Québec, la ville voisine. Les abondantes ressources disponibles ont favorisé à la fois la perpétuation du mode de vie traditionnel des habitants de l’île et un accroissement de sa population. Au XIXe siècle, on qualifiait souvent l’île d’Orléans de grenier à blé et de jardin potager de Québec. Au tournant du XXe siècle, elle en est aussi devenue le verger, avec l’implantation des cultures de pommes et de fraises.

En somme, le niveau de vie des habitants de l’île d’Orléans a toujours été très élevé pour une population de paysans. Car à cet environnement naturel généreux s’ajoutait le privilège qu’aucun pouvoir civil ni religieux ne prélevait une part importante des récoltes, comme en bien d’autres endroits du monde. De plus, la présence d’un important marché urbain y a beaucoup favorisé le commerce. Ces avantages, couplés au savoir-faire et au dynamisme des habitants de l’île d’Orléans, y ont créé un mode de vie stable, paisible et confortable.

L’île d’Orléans, un havre bucolique

À la fin du XIXe siècle, ce mode de vie traditionnel reposant sur une complémentarité séculaire entre les forces de la nature et les êtres humains a séduit maints intellectuels qui supportaient difficilement les transformations rapides du monde urbain : mécanisation, commercialisation, industrialisation. Le mode de vie des habitants de l’île incarnait aux yeux d’un grand nombre d’artistes et d’intellectuels une sorte de paradis perdu. Ils y retrouvaient un passé autrement plus « naturel », humain et chaleureux que le présent qu’ils connaissaient, fait d’engins à vapeur, d’usines bruyantes et sales, de publicités vantardes et de places boursières en effervescence. Comme la division ancestrale des terres avait réservé à chaque famille un espace plus que suffisant pour ses besoins, il restait de larges portions de l’île exemptes de toute construction. Or, ce caractère à la fois sauvage et civilisé de l’île d’Orléans, ce mélange de nature apprivoisée par l’agriculture et de nature à peine fréquentée par l’homme, exerçait un attrait quasi irrésistible sur les membres de cette élite inquiète des bouleversements modernes.

Le peintre Horatio Walker a incarné plus que tout autre cette vision bucolique de l’île d’Orléans. Il a vécu à l'île de 1885 à 1938 (année de son décès).

L’île d’Horatio Walker

Horatio Walker, Labour aux premières lueurs du jour, 1900. MNBA.

On a surnommé Horatio Walker le « chantre de l’île d’Orléans ». Il y séjourne pour la première fois au milieu des années 1880 et s'y sent aussitôt à l’aise. À ce moment, la menace d’une transformation rapide du mode de vie agraire traditionnel n’existe pas encore et Walker arpente l’île d’Orléans avec sérénité. Il contemple la nature et il observe les travaux des habitants sans crainte de voir disparaître ce qui l’enchante.

Le style épique qu’il développe dans ses toiles maîtresses des années 1895-1905 fait d'Horatio Walker le peintre le plus apprécié et le mieux coté en Amérique du Nord. Dans ces œuvres, Walker donne à l’environnement naturel une place dominante, au sein duquel les paysans œuvrent avec force et sagesse afin d’assurer leur subsistance. Un critique écrit à propos de sa toile L’abreuvoir réalisée en 1899 : « S’abreuver, c’est communier, c’est réaffirmer son appartenance à l’ordre universel des choses » (NOTE 1). Un autre critique commente ainsi la plus célèbre toile de Walker, Labour aux premières lueurs du jour, réalisée en 1900 : cette toile évoque l’« équilibre entre l’esprit et le corps quand l’homme vivait selon les règles de la nature » (NOTE 2). Cette image d’une île d’Orléans traditionnelle et romantique, Walker va l’imposer encore plus fortement dans les années 1920, quand il constatera que le mode de vie agraire traditionnel est menacé.

Paradoxe intéressant, Horatio Walker passe la plupart de ses hivers à New York, pour échapper au rude hiver québécois et pour y vendre ses toiles. De la résidence cossue qu’il possède à la pointe ouest de l’île d’Orléans, Walker jouit d’une vue imprenable sur la ville de Québec. Mais lui et les peintres qu’il attire à l’île d’Orléans préfèrent exploiter une tout autre perspective. Plusieurs d’entre eux logent chez la famille Sanschagrain qui habite l’extrémité est de l’île, où la nature domine le paysage, face au large estuaire du Saint-Laurent et à l’imposant cap Tourmente. Cette tension entre nature et culture, entre New York et l’île d’Orléans, entre la pointe est et la pointe ouest de l’île, que séparent à peine trente kilomètres, est caractéristique de cette époque charnière, où se côtoient tradition et modernité.

La pointe ouest de l'île d'Orléans. © Martin Fournier.
La pointe est de l'île d'Orléans, ou pointe d'Argentenay.© Martin Fournier.

 

L’île d’Orléans, un lieu esthétique

|Au fur et à mesure que progresse le XXe siècle, la beauté naturelle de l’île d’Orléans séduit de plus en plus, alors que l’intérêt pour le mode de vie traditionnel s’estompe.

L’île d’André Biéler et de Marc-Aurèle Fortin

André Biéler, Les patates, Argentenay, 1929. © Nathalie Sorensen, Art Gallery of Hamilton.

André Biéler habite à l’île d’Orléans de 1927 à 1930. Immigrant suisse, il y retrouve un peu de sa terre natale. Il écrit qu’à l’île, « tout me semble agréable, le climat, les gens, et par-dessus tout le paysage qui, de tous les points de vue, est le plus beau que j’ai vu au Canada » (NOTE 3). Biéler s’intéresse aux activités quotidiennes des habitants de l’île, encore marquées par les traditions mais déjà influencées par le progrès. L’environnement naturel occupe une grande place dans son œuvre. À l’île d’Orléans, comme dans les nombreuses scènes de campagne qui composent la plus grande part de l’œuvre de Biéler, l’homme et la nature se fondent en harmonie, ils apparaissent en équilibre.

Marc-Aurèle Fortin, Sainte-Famille, île d'Orléans, 1941. © Musée Marc-Aurèle Fortin/SODART (Montréal) 2007, MNBA.

Marc-Aurèle Fortin va peindre à l’île d’Orléans pendant les étés de 1930 à 1933. Là comme ailleurs, Fortin sera frappé par la nature grandiose que l’être humain habite comme un acteur secondaire. Un critique parle de « tous ces paysages truffés de maisons anciennes ou de villages pittoresques […] qui ne sont pour Fortin que des invitations à peindre des relais entre son imagination et la nature, entre son esprit et l’univers » (NOTE 4). Aux yeux de Fortin, la nature qui s’offre en spectacle à l’île d’Orléans et dans les autres régions rurales qu’il aime parcourir, dépasse en inspiration et en accomplissement l’être humain qui s’y inscrit. Son œuvre lumineuse et colorée chante de façon prédominante la beauté vibrante de la nature.

L’île de Félix Leclerc

Félix Leclerc vient pour la première fois à l’île d’Orléans en 1946 pour y découvrir le lieu d’établissement pionnier de son ancêtre Jean Leclerc. Il tombe immédiatement amoureux de l’île et il s’y établira définitivement en 1970, après l’avoir fréquentée et courtisée pendant 25 ans. À cette époque, un pont relie l’île d’Orléans à la terre ferme depuis onze ans (depuis 1935) et cette innovation change progressivement le mode de vie de ses habitants, en les rapprochant des « urbains » de Québec et d’ailleurs. Mais les changements se produisent lentement et Félix Leclerc retrouve à l’île une atmosphère de campagne ancestrale française qui le touche profondément.

Dès son premier contact, Félix Leclerc fait de l’île le cadre d’un nouveau roman intitulé Le Fou de l’île, qu’il écrit sur place en quelques mois, isolé dans une cabane faisant face au fleuve Saint-Laurent et à la Côte-de-Beaupré, dans une sorte de tête-à-tête avec la nature. Le héros du roman, le Fou, échoue à la pointe est de l’île un soir de grande marée, justement là où triomphe la nature immense et inviolée. Ce Fou recherche un idéal planant entre ciel et terre, une « chose qui vole », presque inaccessible et pourtant fondamentale, l’essence de la vie, en quelque sorte. Il poursuit sa quête au milieu des habitants de l’île qui, pour la plupart, ont des préoccupations bien concrètes, alors que lui s’abreuve de nature, de vent, d’eau et de lumière, réfugié dans une cabane faisant face au fleuve.

Félix Leclerc chantera par la suite à maintes reprises cette ambivalence fondamentale de l’île d’Orléans, à la fois cœur et poumon d’un peuple et d’une culture, et cathédrale naturelle :

Félix Leclerc à l'île d'Orléans, vers 1975. © Succession Félix Leclerc.



L’île c’est comme Chartres
C’est haut et propre
Avec des nefs
Avec des arcs, des corridors
Et des falaises

Maisons de bois
Maisons de pierres
Clochers pointus
Sous un nuage
Près d’un cours d’eau
C’est un berceau
C’est comme en France

Le tour de l’île, Félix Leclerc, 1975

La belle île gourmande d’aujourd’hui

Aujourd’hui, plus de 7 000 personnes habitent l’île d’Orléans et des dizaines de nouvelles résidences s’y construisent chaque année. Car la beauté des paysages de l’île d’Orléans et la tranquillité de son environnement, synonymes de qualité de vie, attirent de plus en plus. Les travailleurs aisés des villes aiment venir à l’île d’Orléans se ressourcer, le soir et la fin de semaine, ou s’y retirer pour jouir de leur retraite.

Récolte d'automne à Saint-Pierre, île d'Orléans. © Martin Fournier.

L’agriculture est encore la principale activité économique à l’île d’Orléans et ce patrimoine séculaire y est même en développement. Aux productions traditionnelles de fruits, de légumes et de lait, s’ajoutent maintenant la production de vin et de cidre, de poisson et de gibier d’élevage, de fromage, de confitures biologiques, et la fabrication de produits transformés qui jouissent depuis peu d'une certification officielle « Savoir-faire, île d'Orléans », une première au Québec, garantissant la provenance et la qualité de ceux-ci. Les restaurants de fine cuisine régionale y sont également bien implantés.

Le tourisme est devenu la seconde activité économique en importance à l’île d’Orléans. Les fers de lance de cette industrie sont le riche patrimoine historique, la variété des produits agroalimentaires de qualité et la beauté naturelle des paysages. On peut lire dans la Politique culturelle et patrimoniale de l’île d’Orléans, promulguée en 2005, dans le but de mieux conjuguer traditions et développement, que les paysages « forment à eux seuls une ressource patrimoniale exceptionnelle et comptent parmi les plus pittoresques et les plus recherchés du territoire québécois » (NOTE 5). Les dizaines d’artistes qui ont élu domicile à l’île d’Orléans ces vingt dernières années témoignent de la valeur toujours actuelle de cette île ensorceleuse comme source d’inspiration.


Martin Fournier

Institut du patrimoine culturel
Université Laval, Québec

 

NOTES

1. David Karel, Horatio Walker, Québec, Musée du Québec; Montréal, Fides, 1986, p. 153.

2. Charles Henry Caffin, cité dans ibid., p. 156.

3. André Biéler, cité dans Frances K. Smith, André Biéler : An Artist’s Life and Times, Toronto, Merritt Publishing, 1980, p. 50.

4. Guy Robert, Marc-Aurèle Fortin, l’homme à l’œuvre, Montréal, Stanké, 1976, p. 155.

5. Jean-Michel Schembré, Politique culturelle et patrimoniale de l’île d’Orléans (version abrégée) [en ligne], Île d’Orléans, MRC de L’Île-d’Orléans, 2006, p. 16, http://mrcio.qc.ca/_fr/index.php?option=com_content&task=category&sectionid=4&id=16&Itemid=19.

 

BIBLIOGRAPHIE

Arsenault, Linda, Les producteurs toqués de l'île d'Orléans : recettes / Farmers in Chef Hats : Recipes, Sainte-Pétronille (Qc), L.A. Communication, 2007, 124 p.

Bourque, Hélène, Donald Dion et Brigitte Ostiguy, L’île d’Orléans, un enchantement, Québec, Éditions du Chien rouge, 1999, 48 p.

« Dossier Île d’Orléans : Le goût de l’île », Continuité, no 73, été 1997, p. 17-51.

Fournier, Martin, Jean Mauvide : de chirurgien à seigneur de l’île d’Orléans au XVIIIe siècle, Sillery (Qc), Septentrion, 2004, 187 p.

Gaulin, André, et Norbert Latulippe, L’île d’Orléans, microcosme du Québec, Québec, Association québécoise des professeurs de français, 1984, 137 p.

Karel, David, « Le chantre de l’île d’Orléans », Horatio Walker, Québec, Musée du Québec; Montréal, Fides, 1986, 1re partie, p. 1-117.

Leclerc, Félix, Le Fou de l’île, Paris, Denoël, 1958, 222 p.

Poirier, Jean, Toponymie de l’île d’Orléans, Île d’Orléans, Fondation Minigo, 1985, 137 p.

Roy, Pierre-Georges, L’île d’Orléans, Québec, Commission des monuments historiques de la province de Québec, 1928, 505 p.

 

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  • Extraits du film L'île d'Orléans, reliquaire d'histoire. Titre: L'île d'Orléans, reliquaire d'histoire. Réalisé par Albert Tessier, 1939. Muet. Durée du montage réalisé par l'Encyclopédie : 2 minutes 07 sur une durée totale de 12 minutes 35. Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec, FC08074. Admirée par Champlain comme un «très beau lieu et plaisant à voir » l'ïle d'Orléans nous est ici présentée comme un coin de pays pittoresque et rempli d'histoire. Ses maisons, ses églises, ses habitants, ont gardé un caractère vieille France qui en fait un véritable reliquaire des traditions québécoises.
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    Durée : 2 min 7 sec
  • Île d'Orléans du haut des airs. Extraits des archives de l'Office national du film du Canada Vue aérienne de la pointe est et de la rive sud de l'Île d'Orléans au cours des années 1980. On voit distinctement la forme allongée des parcelles typiques de la division des terres sous le régime seigneurial. On voit que l’exploitation agricole prédomine encore fortement à l’île d’Orléans, dans un terroir fertile, et que les habitations sont concentrées sur ses rives.
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