Chanson traditionnelle française en Ontario

par Bénéteau, Marcel

Pochette du CD «À la table de mes amis» de Marcel Bénéteau
La chanson traditionnelle française demeure l’élément du folklore traditionnel le plus dynamique et le mieux documenté chez les francophones de l’Ontario.  En plus du nombre impressionnant de chansons qui ont été recueillies et cataloguées par les folkloristes, la chanson continue de faire partie des  fêtes familiales et communautaires à travers les régions francophones de la province. Depuis les refrains entonnés par les premiers voyageurs jusqu’aux festivals culturels contemporains, en passant par les chansons accompagnant les travaux dans les camps de bûcherons, la chanson traditionnelle a toujours reflété les facteurs historiques de peuplement des diverses régions de la province. Plus que tout autre élément de la tradition orale, elle a joué un rôle important dans l’expression identitaires et l’appartenance culturelle des Franco-ontariens. Elle constitue un élément clé de la mémoire collective
. 

Article available in English : Traditional French Songs in Ontario

Chansons et appartenance culturelle

La chanson traditionnelle, bien établie en Nouvelle-France, accompagne les premiers voyageurs et explorateurs qui traversent le territoire ontarien et prend racine avec les colonisateurs qui s’implantent dans les différentes régions du territoire ontarien. Le plus ancien peuplement se trouve dans la région du sud-ouest, aux alentours de la ville actuelle de Windsor, remontant à la fondation de la colonie du Détroit par les Français en 1701. Pendant plus d’un siècle, le petit peuplement de la rive sud du Détroit demeurera la seule présence française permanente en territoire ontarien. Les descendants de ces premiers colons – qui habitent aujourd’hui Windsor et les comtés d’Essex et Kent – maintiennent des traits culturels distincts et des particularités linguistiques reflétant l’ancienneté de ce peuplement éloigné du cœur de la Nouvelle-France.

Régions francophones de l'Ontario

La seconde région qui sera colonisée par des francophones à partir des années 1830 est le territoire le plus proche du Québec actuel. Des habitants du Bas-Canada majoritairement francophone, attirés d’abord comme main-d’œuvre pour l’exploitation forestière, traversent la rivière des Outaouais et forment des communautés agricoles dans les comtés de Prescott et Russel, entre Ottawa et Montréal. À la même époque, d’autres colons du Bas-Canada viennent joindre les descendants de Métis voyageurs qui s’étaient établis autour de Penetanguishene, dans l’ancienne Huronie de la baie Georgienne. Vers la fin du 19e siècle, une nouvelle vague d’immigration en provenance du Québec viendra coloniser le moyen-nord de l’Ontario. Attiré cette fois par le travail dans les chemins de fer et la foresterie et, plus tard, l’exploitation minière, ce groupe s’établira le long de l’axe Mattawa – Sudbury – Sault Sainte-Marie, au nord du lac Huron. Vers le milieu du 20e siècle, la colonisation du grand nord créera deux autres régions de peuplement francophone – le Témiscamingue ontarien et la « Grande zone argileuse » qui s’étend de Timmins à Hearst.

Chacun de ces groupes, dont les descendants forment aujourd’hui la majorité de la population franco-ontarienne, a quitté la vallée laurentienne à une époque différente de son évolution politique et culturelle. Issues d’un foyer commun, les diverses communautés ont amené et maintenu un patrimoine oral reflétant l’époque de leur implantation en Ontario, les conditions de leur établissement et la nature des contacts qu’elles entretiennent avec les autres communautés ethno-linguistiques. Chacune a aussi exploité son environnement de façon distincte. Ces différences s’entendent toujours dans les traditions orales développées par chaque groupe et se manifestent dans les particularités régionales qui colorent le répertoire franco-ontarien.

 

Un patrimoine historique

Les chercheurs ont noté une longue association de la chanson avec le concept d’identité franco-ontarienne. Par exemple, Jean-Pierre Pichette, dans son Inventaire ethnologique de l’Ontario français, fait allusion aux voyageurs qui parcouraient les Pays d’en haut (comprenant l’Ontario actuel) et qui « avaient coutume de chanter pour se donner courage et coordonner leurs efforts. »(NOTE 1) Il souligne que la pratique était notée par tous les mémorialistes et missionnaires des 18e et 19e siècles, citant entre autres « l’excitation de Gustave de Beaumont qui, de passage à Sault-Sainte-Marie en août 1831, apprécie fort la ‘gaieté charmante’ des Canadiens et la ‘foule de vielles chansons françaises’ qu’ils chantent en ramant, et qui constate alors que ‘le caractère français se perd difficilement’ »(NOTE 2).

Voyageurs franchissant une cascade en canot, de Frances A. Hopkins, 1869

Pichette cite aussi un touriste français qui entend chanter « Isabeau s’y promène » lors d’un arrêt de train dans le Nouvel-Ontario (région de Sudbury) en 1908 : « Cette romance mélancolique et très douce est pourtant comparable à un hymne de victoire. La petite voix à peine distincte au fond de la nuit signifie que la race canadienne-française est là, qu’elle conquiert paisiblement le Nipissing. »(NOTE 3) Germain Lemieux, pour sa part, évoque le rôle de la chanson pour les habitants qui s’établissent dans les Grands Lacs à l’époque de la Nouvelle-France : « On chantait pour se rappeler son enfance, pour chasser l’isolement ou par besoin d’exprimer sa joie ou sa douleur. La chanson

française n’était pas morte et ne mourra pas; au contraire, une partie du répertoire médiéval et de la Renaissance va s’enrichir, en terre canadienne, de rythmes et de refrains nouveaux. »(NOTE 4) Pour lui, les chansons de voyageurs et de bûcherons, en particulier, resserrent les liens entre le pays d’origine et l’implantation dans un nouveau territoire : « Nos pionniers franco-ontariens répètent fidèlement l’épopée des découvreurs, des explorateurs et des voyageurs, épopée qu’ils n’ont pas apprise dans les anthologies historiques, mais sur les lèvres d’un vieillard, ou d’un vieil ami autrefois voyageur. Et c’est ainsi que nos chansons de voyageurs, aussi rugueuses que les mains des bûcherons ou des draveurs dont elles rapportent l’histoire, ont immortalisé à leur manière la vie et la mort d’une partie de nos ancêtres. »(NOTE 5).

Malgré ce patrimoine revendiqué, les témoignages directs de chansons traditionnelles sur le territoire ontarien sont relativement rares avant le début du 20e siècle. En plus de l’exemple cité plus haut, Pichette ne découvre qu’une douzaine de références dans la littérature, incluant certaines généralisations chez Ernest Gagnon et Hubert Larue qui « autorisent à croire que quelques-unes des chansons qu’ils ont publiées avaient cours en Ontario. »(NOTE 6) C’est seulement dans l’ancien peuplement du sud-ouest (région de Windsor) que nous recueillons des témoignages concrets d’un répertoire vaste et étendu ayant cours bien avant le début du 20esiècle. En effet, plusieurs cahiers manuscrits datant de 1895 à 1900 contiennent des centaines de chansons chantées par des familles établies dans cette région dès le début du 18e siècle. Quelques-uns de ces cahiers contiennent même les noms des chanteurs de chaque chanson, faisant d’eux des documents ethnologiques de grande valeur. Par exemple, le manuscrit du cultivateur Félix Drouillard, commencé à Rivière-aux-Canards en 1897, comprend les paroles de 228 chansons françaises, dont 172 sont de tradition orale et 56 de sources littéraires (le cahier contient aussi les paroles de 47 chansons anglaises).

Page du manuscrit de Félix Drouillard

Une cinquantaine « d’informateurs » sont identifiés, ce qui nous permet d’analyser le rôle de la famille et des liens communautaires dans la composition et la diffusion de ce répertoire. Sauf une ou deux exceptions, les 172 chansons traditionnelles du manuscrit sont des premières attestations en Ontario. Bon nombre d’entre elles, comme La rose blanche, L’hirondelle, Messagère des amours, Le cou de ma bouteille, La bergère aux champs et Maréchal Biron, entre autres, sont les plus anciennes versions attestées en Amérique française.

Félix Drouillard – avec une dizaine d’autres scripteurs du sud-ouest à la même époque – nous aide à établir la base du répertoire traditionnel en Ontario français. Ce qui frappe dans ce répertoire est la rareté déconcertante de chansons en laisse (communément appelée chansons à répondre) qui, dans les régions plus proches du Québec, constituent la plus grande partie du répertoire. Dans la région du Détroit – comme chez les Acadiens, les Métis de l’Ouest et d’autres communautés établies avant l’implantation de la grande diaspora québécoise du 19e siècle – elle joue un rôle mineur et ce sont les chansons narratives strophiques qui prédominent.

 

La collecte folklorique

L’intérêt des ethnologues pour la collecte de terrain date de la deuxième décennie du 20e siècle. L’entrée en fonction de Marius Barbeau au Musée national d’Ottawa en 1911 marque le début de la collecte scientifique de matériel folklorique au Canada français. Bien que la plupart de ses enquêtes de terrain ont lieu en Gaspésie, dans Charlevoix et dans le Bas-Saint-Laurent, Barbeau recueillit presque 200 chansons dans la région d’Ottawa entre 1916 et 1960. Ses collaborateurs Édouard-Zotique Massicotte et Gustave Lanctôt ont collecté 650 chansons supplémentaires. La région d’Ottawa demeura le terrain principal de ces enquêteurs. Un informateur de Massicotte, Honoré Cantin, de Hawksbury, contribua à lui seul à l’ajout de 169 chansons au répertoire ontarien. On doit une mention spéciale à Lucien Ouellet du Musée des civilisations, qui recueillit 239 chansons dans la région d’Ottawa vers la fin du 20e siècle.

Recueil de chansons folkloriques franco-ontariennes

Le nord ontarien – le Nouvel Ontario – fut la deuxième région enquêtée et celle qui, à date, a fourni la récolte la plus importante de chansons traditionnelles. Le musicien et folkloriste François-Joseph Brassard, originaire du Saguenay, mena des enquêtes pionnières dans la région de Kapuskasing et Strickland dans les années 1940. Son informateur le plus important, Urbain Petit, lui chanta 465 chansons. Monsieur Petit, originaire du Québec, d’où il émigra à Strickland à l’âge de 53ans, avait appris presque la totalité de son répertoire dans sa province d’origine. Pour lui et d’autres émigrants de sa génération, ces chansons constituaient sans aucun doute un lien avec leur province d’origine. Ces gens ont joué un rôle capital en implantant cette culture traditionnelle dans un nouveau foyer.

Mais le chercheur le plus important pour le nord de l’Ontario demeure le père Germain Lemieux, s.j. Né à Cap Chat, en Gaspésie, en 1914, Germain Lemieux arriva à Sudbury en 1941 pour enseigner au Collège du Sacré-Cœur. En 1948, la Société historique du Nouvel Ontario lui confia la tâche de sonder les « pionniers franco-ontariens » autour de Sudbury pour voir «à quel point ils avaient conservé l’esprit français »(NOTE 7).  Les résultats encourageants qu’il obtint furent le point de départ d’une longue carrière comme folkloriste. Mieux connu pour son travail sur les contes(NOTE 8)Germain Lemieux mena aussi une collecte importante de chansons entre 1948 et 1980, consignant dans ses archives plus de 2 000 versions de 735 chansons traditionnelles recueillies dans le moyen-nord ontarien, de Mattawa à Sault Sainte-Marie. Ce répertoire demeure en grande partie inédit et inconnu; sauf pour quatre petits cahiers chansonniers mettant en vedette environ 150 chansons, car le père Lemieux n’a pas publié sa collection(NOTE 9). Une étude sommaire publiée en 1964 (Chanteurs franco-ontariens et leurs chansons) apporte quelques réflexions sur la forme et le contenu du répertoire(NOTE 10). Enfin, une cassette Ce qu’ils m’ont chanté nous donne un échantillon très restreint de cette collection monumentale.

Père Germain Lemieux s.j.

Une dernière source s’impose pour le nord ontarien. Depuis 1981, le département de folklore et d’ethnologie de l’Université de Sudbury (DFEUS) maintient des archives d’enquêtes effectuées par ses étudiants. Institué en 1981 par Jean-Pierre Pichette, le fonds contient jusqu’à présent quelques 2 000 enquêtes sur divers sujets. Les chansons traditionnelles recueillies s’élèvent à environ 8 000. La grande majorité provient du nord ontarien et peut être considérée comme la suite des enquêtes de Germain Lemieux. Plus que toute autre collection, celle-ci nous informe sur l’état du répertoire ontarien aujourd’hui. La chanson traditionnelle demeure bien vivante, même si la diversité du répertoire a régressé au fil des ans. On peut noter des taux de plus en plus élevés de chansons à répondre et la disparition presque complète de chansons strophiques ainsi qu’en forme de dialogue.

Enfin, il faut mentionner des enquêtes de l’auteur du présent article dans la région sud-ouest de la province, autour du Détroit. Environ 1 700 versions de quelques 645 chansons traditionnelles ont été recueillies et classées entre 1990 et 2001 (y inclus les chansons du manuscrit de Félix Drouillard). Ces trois dernières collections – Lemieux, Bénéteau et le DFEUS – représentent à elles seule 11 000 versions de 1 500 chansons recueillies sur l’ensemble du territoire ontarien.

Le classement et la numérisation de ces collections, présentement en marche à l’Université de Sudbury, est un pas important vers la mise en valeur et une meilleure compréhension de ce vaste répertoire. Puisque, malgré ces chiffres impressionnants, une analyse approfondie reste à faire afin de dégager une vue d’ensemble cohérente. L’origine québécoise de la population franco-ontarienne a parfois rendu difficile la reconnaissance de la spécificité du répertoire franco-ontarien. Pour citer Pichette : « On peut rappeler pour la chanson ce qu’on a parfois avancé de la littérature et même de la communauté franco-ontarienne : si peu différente de la tradition québécoise, elle passe presque inaperçue aux yeux du lecteur qui la consulte dans des chansonniers québécois(NOTE 11). .  Germain Lemieux résume ainsi la valeur de la région de Sudbury comme terrain d’enquête : « Le seul groupe canadien-français de la région de Sudbury forme comme un résumé des nombreux centres traditionnalistes du Québec et de l’Acadie… »(NOTE 12) Mais avec le classement des trois collections majeures recueillies sur le sol ontarien, il devient possible de saisir la spécificité de ce répertoire. Si les premiers folkloristes qui se sont penchés sur les régions limitrophes du Québec documentent bien cette « extension » du territoire culturel d’origine, les enquêtes récentes apportent un éclairage nouveau sur le dynamisme de ce répertoire en évolution et ses spécificités régionales. La collection Bénéteau, par exemple, nous fournit une base historique spécifique du territoire ontarien. Quant aux collections Lemieux-Brassard-Bourassa, elles documentent l’implantation d’une population québécoise sur un nouveau terrain, illustrant ce qu’elle a choisi de conserver et de valoriser. Enfin, la collection du DFEUS témoigne de l’évolution du répertoire traditionnel face aux influences du multiculturalisme et des médias. Ensemble, ces collections dessinent l’émergence d’une identité franco-ontarienne basée sur un héritage culturel en constante évolution.

 

Rôle des artistes

Les artistes ayant exploité la chanson traditionnelle française en Ontario ont été relativement rares. Malgré l’importance de la chanson traditionnelle dans la vie sociale et familiale, malgré son rôle évident dans la formation identitaire de la communauté franco-ontarienne, la population dans son ensemble a démontré une certaine réticence à valoriser cet élément de ses traditions sur le plan culturel et artistique.

Compilation du groupe «Les Cokrels»

Bien qu’il soit parfaitement acceptable de célébrer ses racines en famille, la place publique a été lente à accueillir cette forme d’expression culturelle en dehors du temps des Fêtes. Depuis quelques années certains folkloristes et musiciens œuvrent pour changer cette perspective avec des résultats fort encourageants. Mais l’Ontario n’a pas connu d’explosion « trad » comme cela s’est produit au Québec. Pourtant, Garolou, un des premiers groupes à connaître un grand succès avec des chansons traditionnelles dans les années 1970 – aussi bien au Québec qu’ailleurs au Canada français – a été formé par les frères Michel et Bobby Lalonde de l’est ontarien. Leurs arrangements rock progressif ont produit plusieurs chansons à succès, comme VictoriaAh toi, belle hirondelle, Germaine et La belle Françoise. Mais leur effort pionnier a eu peu de suite : Donald Poliquin, originaire de Hearst, a lancé deux albums traditionnels dans la décennie qui suit : Poliquin  (1982) et Ziguedon (1987). Dans les années 1990, Marcel Bénéteau a réalisé trois disques comprenant 60 chansons du sud-ouest ontarien sous le titre Vieilles chansons du Détroit (1992-2000). Cette initiative a quand même eu une certaine influence, car une douzaine de groupes québécois et français ont repris des chansons du sud-ouest ontarien (Les Chauffeurs à pied, Entourloube, Vent d’arrière et Cabestan, entre autres).

Depuis quelques années, la scène traditionnelle est un peu plus active, particulièrement dans l’est ontarien : le groupe Deux Saisons, de la région d’Ottawa a eu un succès international avant de se retirer de la scène en 2004. Depuis 2007, le groupe reformé avec le chanteur Louis Racine de Casselman roule sa bosse sous le nom de La ligue du bonheur. Le groupe Swing, également de l’est de la province, a atteint le palmarès à quelques reprises avec son fusionnement de musique traditionnelle et hip-hop, avec des titres d’albums comme La chanson s@crée  etTradarnac. À Sudbury, Les Cokrels ont également lancé la compilation énergique Rocklore

 

L’avenir

Il est a souhaité que les récents travaux de mise en valeur du répertoire traditionnel franco-ontarien inspireront de nouvelles générations d’artistes à jeter un regard nouveau sur ce fonds inépuisable d’inspiration. La numérisation en cours des archives du Centre franco-ontarien de folklore (incluant la collection de chansons Germain Lemieux) et de l’Université de Sudbury facilitera grandement la consultation du répertoire par les artistes, les chercheurs et le grand public dans toute la francophonie. La sauvegarde de ce patrimoine étant maintenant assuré, il reste à le diffuser et à le mettre en valeur.

 

 

Marcel Bénéteau

Directeur du département d'ethnologie et de folklore

Université de Sudbury

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Notes

 


1. Jean-Pierre Pichette, Répertoire ethnologique de l’Ontario français. Guide bibliographique et inventaire archivistique du folklore franco-ontarien, Ottawa, les Presses de l’Université d’Ottawa, 1992, p. 21.

2. Ibid., p. 22.

3. Ibid., p. 24

4. Germain Lemieux, Chanteurs franco-ontariens et leurs chansons, Sudbury, La Société historique du Nouvel-Ontario, Documents historiques nos 44-45, 1964, p. 20.

5. Ibid., p.29.

6. Pichette, op. cit., p. 22

7. [7] Germain Lemieux, « Mon projet cinquante ans plus tard », dans Jean-Pierre Pichette (dir.). L’œuvre de Germain Lemieux, s.j. Bilan de l’ethnologie en Ontario français. Actes du colloque tenu à l’université de Sudbury les 31 octobre, 1er et 2 novembre 1991, Sudbury, Prise de Parole et Centre franco-ontarien de folklore, p. 29.

8. Voir Germain Lemieux, Les Vieux m’ont conté, vol. 1 – 33, Montréal, Éditions Bellarmin, 1973-1993.

9. Germain Lemieux, Chansonnier franco-ontarien I et II, Sudbury, La Société historique du Nouvel-Ontario, Documents historiques 64, 1974) et Documents historiques no 66, 1975; voir aussi Folklore franco-ontarien : chansons I et II, Sudbury, Société historique du Nouvel-Ontario, Documents historiques 17, 1949 et Documents historiques 20, 1950.

10. Germain Lemieux, Chanteurs franco-ontariens et leurs chansons, Sudbury, La Société historique du Nouvel-Ontario, Documents historiques nos 44-45, 1964, p. 20.

11. Pichette, Répertoire… p. 40.

12. Lemieux, Chanteurs franco-ontariens…, p. 14.

 

Bibliographie

Jean-Pierre Pichette, Répertoire ethnologique de l’Ontario français. Guide bibliographique et inventaire archivistique du folklore franco-ontarien, Ottawa, les Presses de l’Université d’Ottawa, 1992, p. 21.

Germain Lemieux, Chanteurs franco-ontariens et leurs chansons, Sudbury, La Société historique du Nouvel-Ontario, Documents historiques nos 44-45, 1964, p. 20.

Germain Lemieux, « Mon projet cinquante ans plus tard », dans Jean-Pierre Pichette (dir.). L’œuvre de Germain Lemieux, s.j. Bilan de l’ethnologie en Ontario français. Actes du colloque tenu à l’université de Sudbury les 31 octobre, 1er et 2 novembre 1991, Sudbury, Prise de Parole et Centre franco-ontarien de folklore, p. 29.

Germain Lemieux, Les Vieux m’ont conté, vol. 1 – 33, Montréal, Éditions Bellarmin, 1973-1993.

Germain Lemieux, Chansonnier franco-ontarien I et II, Sudbury, La Société historique du Nouvel-Ontario, Documents historiques 64, 1974) et Documents historiques no 66, 1975; voir aussi Folklore franco-ontarien : chansons I et II, Sudbury, Société historique du Nouvel-Ontario, Documents historiques 17, 1949 et Documents historiques 20, 1950.

 

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