Pâtisserie Vachon: un patrimoine savoureux

par Corriveau, Dave

Portion d'un étalage présentant d'anciennes boîtes de produits Vachon

Les petits gâteaux Vachon ont laissé une trace durable dans la mémoire collective des Québécois. Qui n’a jamais entendu parler des Ah! Caramel ou des Jos-Louis? Fondée en 1923, ce qui n’était d’abord qu’une modeste boulangerie de village est devenue, au fil des décennies, une entreprise moderne et florissante : ses produits sont distribués dans toutes les régions, et même aux États-Unis, depuis les années 1960! Par son histoire et son succès, la pâtisserie Vachon est devenue un puissant symbole du dynamisme beauceron et un exemple de réussite à la québécoise, imprégnant ainsi le patrimoine culturel régional et provincial.

 

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Vachon aujourd’hui

La maison J.A. Vachon à Sainte-Marie de Beauce, 2012

En 1993, on célébrait les 70 ans de la pâtisserie Vachon. À cette occasion, l’ancienne maison de la famille Vachon, située sur la rue de la Station à Sainte-Marie-de-Beauce, fut transformée en musée, de telle façon que cette bâtisse est maintenant considérée comme faisant partie intégrante du patrimoine de la ville et de la région de Chaudière-Appalaches. La célèbre entreprise a non seulement imprimé sa marque dans le paysage mariverain et beauceron, mais elle fait aussi partie intégrante de la culture populaire du Québec.

En ce début de XXIe siècle, l’entreprise est en effet encore bien présente et compte encore un grand nombre d’employés (le nombre exact ne nous a pas été révélé). Plus d’une génération d’ouvriers et de contremaîtres ont travaillé chez Vachon et y travaillent encore, si bien qu’il est difficile de trouver à Sainte-Marie quelqu’un qui n’a pas déjà été à l’emploi de cette entreprise ou, à tout le moins, qui ne connaît personne qui y ait travaillé. Vachon fabrique toujours près d’une centaine de produits, des Jos-Louis aux Ah! Caramel en passant par les Passion Flakie et la traditionnelle bûche de Noël. Bien que la direction ait changé au cours des années, l’entreprise est encore animée par le dicton que Rose-Anna Vachon a légué à ses fils : «Il faut innover et non pas imiter» (NOTE 1). 

 

Des débuts modestes

Rose-Anna Vachon

L'histoire de la Pâtisserie Vachon a débuté avec le rêve d’une mère. Une mère qui souhaitait avant tout avoir un commerce pour y faire travailler ses fils, la plupart exilés aux États-Unis pour y trouver du travail et se bâtir une vie. L’opportunité de réaliser un tel rêve se présenta lorsque Rose-Anna et Joseph-Arcade Vachon quittèrent leur ferme de Saint-Patrice-de-Beaurivage pour se porter acquéreurs, de la boulangerie Leblond, située à Sainte-Marie-de-Beauce, pour la coquette somme de 7000$. Nous sommes en 1923.

L’un des premiers fils à revenir au bercail fut Louis, le deuxième des garçons de la famille. Celui-ci entreprit d’aider son père à la vente et la distribution des produits de la boulangerie. Habile vendeur, Louis Vachon parvint à convaincre bien des ménagères de renoncer au pain fait maison et d’opter pour un pain Vachon dont la qualité satisfait nombre d’entre elles (NOTE 2).

La boulange était au départ la principale source de revenus, mais rapidement vinrent s’ajouter d’autres produits, non par hasard, mais grâce à une opportunité que Louis Vachon sut saisir. Un marchand ambulant vendait des gâteaux et des biscuits fabriqués à Montréal dans les rues de Sainte-Marie. Achetant pour 15,00$ de marchandise, Louis les proposa à ses clientes…et vendit tout le lot. C’est ainsi que naquit l’idée de diversifier les produits de la boulangerie et d’offrir diverses pâtisseries. Après avoir étudié sérieusement l’affaire, Monsieur et Madame Vachon donnèrent leur accord. La production et la mise en marché commencèrent. Rapidement, le marché local s’étendit aux municipalités environnantes tant pour le pain que pour les pâtisseries. En juillet 1927, la boulangerie J.A Vachon devint J.A Vachon & Fils, boulangers et pâtissiers. En peu de temps, les produits Vachon (petits gâteaux, beignes et même gâteaux de noces) furent connus et distribués partout en Beauce (NOTE 3).

 

Une expansion inespérée

Camion jouet : véhicule de livraison de Vachon & Fils

Les innovations récentes, tant sur le plan de la qualité du produit que sur le plan du service, permirent aux membres de la famille Vachon d’agrandir leur territoire de vente et d’intégrer d’autres membres de la famille à l’entreprise familiale. Bientôt, Simone et Amédée, puis Paul et Benoît Vachon mettent l’épaule à la roue, chacun apportant son ardeur au travail et ses qualités propres. Nous sommes en 1930.

Malgré la crise économique, l’entreprise prospère au fur et à mesure que la réputation de saveur et de qualité des gâteaux Vachon s’accroît. Bientôt, le territoire de vente s’agrandit au-delà des frontières de la Beauce et atteint Québec, Sherbrooke, Rivière-du-Loup et Matane (NOTE 4). Peu à peu, les régions de Montréal, du Saguenay-Lac St-Jean et de l’Abitibi s’ajoutèrent à la liste.

La pâtisserie Vachon à la fin des années 1940

Pendant de nombreuses années, Paul Vachon sera l’âme de la pâtisserie à proprement dit. Son esprit inventif et son goût de l’expérimentation le servent bien, puisqu’il crée un nombre impressionnant de variétés de gâteaux (près de quatre-vingt-huit à une certaine époque), dont certains font encore partie des produits proposés par la compagnie. Le plus célèbre d’entre eux est sans conteste le Jos-Louis, nommé ainsi d’après deux des fils Vachon, Joseph et Louis. Selon la tradition orale locale, monsieur Paul avait créé une pâte chocolatée dans l’espoir de faire un nouveau gâteau populaire et souhaitait lui donner une forme simple, mais accrocheuse. Une fois la pâte cuite, il se serait saisi d’un couvercle de boîte de poudre à pâte qu’il aurait utilisé pour découper deux formes rondes. Il y aurait ajouté une crème pâtissière blanche et aurait simplement joint les deux formes rondes ensemble… Le Jos-Louis était né.

Qui dit succès, dit développement. Bientôt, aux membres de la famille Vachon s’ajoutent un bon nombre d’employés, tant aux ventes sur la route qu’à l’intérieur de la boulangerie-pâtisserie. Les modestes installations initiales sur la rue de la Station, à Sainte-Marie, ne suffisent plus : à l’automne 1936, J.A. Vachon et Fils acquiert le bâtiment de l’ancienne manufacture de chaussures « Diamond » afin de pallier le manque d’espace. Après des réaménagements substantiels, le nouveau local est inauguré le 12 mai 1937 (NOTE 5).

 

Le virage industriel

Carte présentant l'expansion territoriale des petits gâteaux Vachon, tant au Canada qu'aux États-Unis, au début des années 1960

Lentement, mais sûrement, la production de pains et de gâteaux passe d’un mode artisanal à un mode industriel, en partie grâce à l’impulsion de Joseph Vachon. Le succès grandissant de J.A Vachon et Fils ramène au bercail cet autre fils qui travaillait depuis plusieurs années aux États-Unis, comblant ainsi le souhait de Rose-Anna de voir tous ses enfants travailler à l’entreprise familiale. Doté d’un bon leadership, visionnaire et fort de son expérience sur les chaînes de montage américaines, Joseph Vachon s’avère un atout précieux dans l’évolution de l’entreprise, qu’il contribuera à moderniser.

Dès 1940, l’entreprise cesse de fabriquer du pain pour se concentrer plutôt sur la production de gâteaux. Si Vachon a alors 125 employés et une flotte de 30 camions, elle passe à 225 employés et 70 camions en 1947, puis à 350 employés et 125 camions en 1952 (NOTE 6). Tout au long de son développement, l’acquisition de nouveaux fours, convoyeurs, malaxeurs et fouetteuses s’avère un élément clé de l’essor de l’entreprise. Ces machines sont le plus souvent élaborées par des membres de la famille, car les appareils disponibles sur le marché ne conviennent pas aux besoins de l’usine. Ainsi, au fil des ans, les frères Vachon, Paul en tête, construisirent une bonne partie de l’équipement mécanique, ce qui permit d’éliminer les tâches jusqu’alors effectuées de façon manuelle.

Chaîne de montage à l'usine Vachon, avril 1957

Étrangement, la Deuxième Guerre mondiale contribue à l’essor de l’entreprise : en effet malgré le rationnement en graisse et en sucre (un véritable problème pour une pâtisserie, on en conviendra!), J.A. Vachon et Fils parvient à recruter l’Armée Canadienne parmi ses clients réguliers. L’entreprise réalise cet exploit en distribuant gratuitement quelques gâteaux Vachon à de jeunes recrues venues s’entraîner à la base militaire de Valcartier, près de Québec. Bientôt, les soldats achètent des dizaines de boîtes de gâteaux par semaine… et lorsqu’ils partirent quelques temps après s’entraîner ailleurs au Canada, ces mêmes soldats demandèrent à leurs supérieurs d’acheter des tartes et des gâteaux Vachon (NOTE 7). En peu de temps, les commandes de gâteaux arrivent par télégramme de partout au Canada et on pouvait trouver des Jos-Louis de Vancouver jusqu’à Halifax! C’est ainsi que le territoire de la ville de Québec qui était jusqu’à lors le château fort de la pâtisserie Jos Vaillancourt fut lentement mais sûrement pris d’assaut par les produits Vachon.

Les années 1950 et 1960 sont témoins du plein développement de la pâtisserie, alors dirigée par les frères Joseph, Amédée, Paul et Benoît Vachon. C’est essentiellement durant cette période que se réalisa l’un des projets de Joseph Vachon, soit la fabrication des gâteaux sur chaînes de montage. Jugée folie au départ, cette idée prévalut finalement et permit, l’accroissement de la production de gâteaux et l’agrandissement des territoires de vente. En 1969, les gâteaux Vachon étaient distribués de façon permanente jusque sur la côte de l’ouest du Canada et l’entreprise comptait 1200 employés, ainsi qu’une flotte de 425 véhicules (NOTE 8).

Le succès commercial et industriel est complet. Partie d’une simple boulangerie artisanale, la Pâtisserie Vachon (devenue Vachon Inc. en 1960) devient à force de travail, d’ingéniosité et de courage, la plus importante pâtisserie industrielle du Canada (NOTE 9).

 

Une «compagnie patrimoine»

L’année 1970 fut une année charnière pour les Vachon. Paul et Benoît Vachon, les seuls fils du couple encore à la tête de l’entreprise,  décident alors de vendre leur part de l’entreprise, faute d’héritiers bien préparés ou désireux de prendre la relève. Le principal intéressé est Beatrice Food, une multinationale américaine (NOTE 10). Alerté, le gouvernement du Québec, le premier ministre Jean-Jacques Bertrand et le ministre des Finances Mario Beaulieu en tête, presse le Mouvement des caisses Desjardins d’intervenir dans le dossier. Le gouvernement considérait la pâtisserie Vachon comme un symbole marquant de la réussite québécoise « C’est l’image du Québec », auraient-ils plaidés, souhaitant que l’entreprise reste aux mains des Québécois (NOTE 11). C’est ainsi que le 13 mars 1970, le Mouvement des caisses Desjardins devient propriétaire de 83% des actions de Vachon Inc. pour quatorze millions de dollars. Cette transaction est à l’origine de la création du Groupe alimentaire Culinar, dont le gouvernement du Québec et la Caisse de dépôt et de placement du Québec deviendront, plus tard, des actionnaires. Bien qu’en 1987, le groupe Ouimet-Cordon Bleu offre d’acquérir 100% des actions pour deux cents millions de dollars, le Mouvement Desjardins refuse tout net de céder cette entreprise qu’elle considère être sa « compagnie patrimoine » (NOTE 12).

Crémage des bûches de Noël à l'usine Vachon de Sainte-Marie, vers 1983

Sous la direction des nouveaux propriétaires, la pâtisserie Vachon, devenue Culinar, continuera de prospérer et atteindra de nouveaux sommets. Les acquisitions successives de la biscuiterie Lido, de la pâtisserie Jos Vaillancourt et finalement de la compagnie Stuart (longtemps le plus proche concurrent de Vachon à Montréal) permettent à Culinar de prendre de l’expansion. Un exploit unique vient s’ajouter au palmarès de l’entreprise en 1983 : pour la première fois dans l’histoire alimentaire du Canada, une entreprise, la pâtisserie Vachon, produit son dix milliardième petit gâteau. Au cours des années, quelques nouveaux produits sont mis sur le marché, dont « les carrés au Rice Crispies » et toute la ligne des produits «Hop et Go», des collations santé destinées aux enfants. Coup de théâtre en 1999, Culinar vend la pâtisserie Vachon à l’entreprise alimentaire montréalaise Saputo. Néanmoins, Vachon conserve tout ce qui a fait son succès, sa culture et son histoire.

 

Ancrée dans le paysage beauceron

Très impliquée dans la vie communautaire de Sainte-Marie, la famille Vachon a soutenu plusieurs équipes sportives. Ici un chandail aux couleurs de J.A. Vachon & Fils.

L’entreprise Vachon est indissolublement liée à Sainte-Marie-de-Beauce, où elle a laissé sa marque comme nulle part ailleurs. Depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, la pâtisserie a été un partenaire privilégié de l’animation et de l’essor de la ville. Elle a longtemps parrainé plusieurs clubs sportifs (hockey, balle molle, quilles, etc) (NOTE 13) ; elle a aussi donné des fonds au fameux « Déjeuner Beauceron», rendez-vous annuel printanier de gastronomie purement beauceronne qui a connu plusieurs éditions. Le logo de Vachon a occupé pendant de nombreuses années le centre de la glace de l’ancien aréna et continuera de le faire dans le Centre Castel, le nouveau complexe sportif de la ville.

 

Panneau annonçant la Maison J.A. Vachon à Sainte-Marie de Beauce

La toponymie mariveraine témoigne évidemment de l’importance de cette famille pour la municipalité. À tout seigneur tout honneur, l’artère principale de Sainte-Marie a été baptisée «Boulevard Vachon» et traverse la ville de part en part. L’école secondaire locale porte le nom de Polyvalente Benoît-Vachon, en mémoire de cet ancien directeur de la pâtisserie, qui a aussi été commissaire scolaire à Sainte-Marie pendant plusieurs années. Outre l’usine Vachon proprement dite (qu’il n’est malheureusement pas possible de visiter), on trouve bien sûr l’ancienne résidence de la famille Vachon. À l’intérieur de la Maison J.A. Vachon, dans les décors d’antan sont exposées des dizaines de photos anciennes, des vidéos d’archive et des documents historiques, notamment le tablier et le livre de compte de Rose-Anna Vachon ainsi qu’une reconstitution de la première chaine de montage conçue par son fils Paul.

 

 

Un patrimoine bien québécois

La notoriété de la Pâtisserie Vachon ne se fait pas seulement sentir à Sainte-Marie-de-Beauce ou en Chaudière-Appalaches, mais aussi dans la culture populaire, notamment télévisuelle. Ainsi, Vachon a été associée à plusieurs productions culturelles notamment à quelques-uns des films de la série films de la série « Les Contes pour tous » de Roch Demers tels que « La Grenouille et la Baleine » et surtout « Les Aventuriers du Timbre Perdu », où le Jos-Louis fait des apparitions remarquées dans certaines scènes! L’association la plus profitable fut cependant celle avec « La Petite Vie », de Claude Meunier, cette série télévisée ayant été la première à franchir la barre des quatre millions de téléspectateurs (NOTE 14).

 

Livre de recettes «Les desserts de Vachon» publié par Culinar en 1981

 

Signalons enfin, le livre Le Rêve de Rose-Anna Vachon, de Roger Lacasse, paru aux éditions Libre Expression en 1993. Avec un grand souci historique, ce roman raconte l’histoire de la Pâtisserie Vachon, de sa fondation en 1923 jusqu’à la vente des parts de l’entreprise en 1970. Selon la rumeur, un scénario retraçant l’histoire des petits gâteaux Vachon aurait été écrit à partir de ce roman. Conçu par Denise Filiatrault entre 1996 et 1997, ce projet de télésérie de 4 à 5 épisodes ne fut, malheureusement, jamais réalisé. Peut-être le sera-t-il un jour (NOTE 15).

Bien qu’aujourd’hui les pionniers de la Pâtisserie Vachon soient tous décédés, ils auront légué un héritage important : celui d’une histoire à succès et un exemple éloquent de travail et d’acharnement. Mais surtout, subsiste toujours un savoureux patrimoine alimentaire à déguster! 

 

Dave Corriveau

 

 


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Notes

1. Extrait d’une entrevue donné à Télé 4 (maintenant TVA) par Paul Vachon en 1968.

2. Raymond Vachon, Monographie de la Pâtisserie J.A. Vachon &Fils Ltée, mémoire de maîtrise, Université Laval, 1951. p. 4.

3. Vachon, Monographie de la Pâtisserie J.A. Vachon &Fils Ltée, p. 4-5.

4. Vachon, Monographie de la Pâtisserie J.A. Vachon &Fils Ltée, p. 6.

5. Vachon, Monographie de la Pâtisserie J.A. Vachon &Fils Ltée, p. 8.

6. Site web official de Vachon, http://www.vachon.com/fr/historique/

7. Cet événement fait partie de la culture orale de la pâtisserie Vachon, à Sainte-Marie-de-Beauce. Il en est également fait mention dans le livre de Roger Lacasse, Le Rêve de Rose-Anna Vachon, Libre Expression, 1993.

8. Site web officiel de Vachon, http://www.vachon.com/fr/historique/

9. Jacques Palard, La Beauce inc. : Capital social et capitalisme régional, PUM, 2009, p. 274.

10. France Bélanger (dir.), La Beauce et les Beaucerons: Portraits d’une région. 1737-1987. Corporation du 250e anniversaire de la Beauce, 1988, p. 97.

11. Roger Lacasse, Le Rêve de Rose-Anna Vachon, Montréal, Libre Expression, 1993.

12. Bélanger (dir.), La Beauce et les Beaucerons, p. 97.

13. Vachon, Monographie de la Pâtisserie J.A. Vachon &Fils Ltée, p. 54.

14. Site web officiel de Vachon, http://www.vachon.com/fr/historique/

15. «Pionniers de l’entrepreneuship beauceron» [en ligne],  http://joenonante.qc.ca/httpdocs/pdf/LaBeauce%20_Pionniers.pdf

 

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